lendemain de la prise d'otage + j'avais encore du mal à réaliser ce qui s'était passé hier. Je n'étais pas réellement prête à revivre de telles choses quoi que le contexte fût bien différent. Hier soir, j'avais dormi à l'appartement "d'urgence" comme je l'appelais, qui se trouvait en ville et qui me permettait d'avoir un endroit où dormir en cas, justement, où les confréries fermeraient, ou si j'allais en soirée et que je ne pouvais pas rentrer à l'université.. bref. J'avais décidé que même si les maisons risquaient de rouvrir, je ne pouvais pas rester y vivre. Ce n'était pas juste une question d'avoir peur, non, c'était ce sentiment d'insécurité, cette appréhension face au danger, je ne pouvais juste plus rester ici. Mais en ce dimanche, j'avais remit les pieds sur le campus, j'étais allée jusqu'à la maison de ma confrérie, et je regardais le panneau un instant. J'avais l'impression que cela faisait une éternité que je n'y avais pas mit les pieds, alors que cela ne faisait qu'une semaine tout au plus. J'étais revenue pour déposer un papier comme quoi je ne tiendrais plus de logement ici, mais finalement, j'étais restée en contemplation sur l'horizon qui cernait la confrérie. L'amphithéâtre.. n'était pas si loin. Non, me dis-je en secouant la tête, je ne devais pas y repenser, il ne fallait tout simplement pas. En tournant la tête, je vis d'ailleurs une silhouette connue, et m'approchais alors d'elle. Qu'est-ce que la vice-présidente faisait-elle seule dehors? « Maxine? » demandai-je alors en m'approchant d'elle.

En se levant, le lendemain de la prise d'otage, elle se posta devant un miroir et regarda son reflet longuement. Maxine n'avait pas dormi. Ou alors quelques minutes. Et ça se voyait sur son visage. La blonde passa doucement une main sur son visage, se demandant si elle pouvait aller devant une école primaire et effrayer les gosses. La jeune femme inspira longuement avant de décider de se laver et s'habiller. Une fois cela fait, elle se reposta de nouveau devant le miroir avant de se maquiller, surtout pour cacher sa tête de mort-vivante. Puis, étant satisfaite, elle attrapa son sac et sortit de chez elle rapidement. Maxine se dirigea vers Harvard, lentement, redoutant son arrivée là bas. Elle savait déjà qu'elle ne remettrait jamais les pieds dans la Widener Library, jamais. Sa confrérie lui manquait horriblement, mais elle n'était plus sûre d'y remettre les pieds pour dormir. Maxine ne savait même pas pourquoi elle était venue à Harvard. Peut être pour voir quelques visages familiers ? Sûrement. Néanmoins, ses pieds la guidèrent vers le bâtiment de sa confrérie. Les filles de sa confrérie lui manquaient beaucoup, elle avait envie de rebosser encore pour sa confrérie. Le regard de Maxine se perdait sur le bâtiment, on aurait pu avoir l'impression qu'elle regardait dans le vide. Elle ferma les yeux un instant, soupirant longuement avant d'entendre une fille prononcer son prénom. C'était la voix de Suzy. Maxine se retourna alors vers elle, souriant un peu. Bonjour Suzy. C'était tout ce qu'elle avait trouvé à dire, il ne fallait pas trop lui en vouloir.

Je me demandais comment ce genre d'évènements étaient pris en charge par les autorités, le doyen, le gouvernement, même. Finalement, on nous autorisait encore à nous balader sur le campus malgré ce qu'il s'était passé la veille, bien que des policiers ne soient pas rare à croiser. Mais cela dit, le campus était vide. Je supposais que bien des gens étaient à l'hôpital, d'autres avec leurs proches, et d'autres ne souhaitait pas sortir, tout simplement. En même temps, ça allait vite être mon cas. Je me sentais mal à l'aise, ici, dans les murs d'Harvard, alors que je m'étais remise de la bombe il y a encore peu de temps; tout cela marque les esprits, et personne n'a envie de vivre ça, encore, et encore, et de se retrouver avec cette boule au ventre à chaque pas effectués dans son propre établissement. Devant la cabot house, je faisais pâle figure; je n'avais franchement pas l'air de la fille distinguée chic et élégante, mais plutôt de celle qui avait peu envie de rester là, qui s'était habillée pour passer cinq minutes dehors; au diable les avis, je n'étais pas tant d'humeur. « Hey.. qu'est ce que tu fais là? » demandai-je avec un léger sourire. Je n'avais pas envie de paraître déprimante bien que je fus déprimée, et je n'allais pas lui demander si ça allait; je supposais que personne, soudainement, ne se dise "oui, je vais super bien!" après ce qui s'était passé hier, c'était surréaliste, impensable également. Cela dit, ça me faisait du bien de voir Maxine, même si elle n'allait pas bien non plus, je veux dire, voir un visage que je connaissais, à qui j'avais l'habitude de parler, savoir que physiquement au moins, elle allait bien.. c'était déjà suffisant, pour moi. Je me contentais de ces petits détails pour me dire que tout irait bien.

La dernière fois que Maxine avait ressenti un tel sentiment d'insécurité c'était après l'évènement de la bombe. Mais là, c'était différent. C'étaient des élèves qui en avait agressé d'autres. Des viols, des agressions et des prises d'otages qui se sont soldées par des morts. Une fille de la cabot house était dans les quatre preneurs d'otages. Elle était dans sa propre confrérie et personne n'avait rien vu venir. Maxine commençait à devenir un peu parano à cause de ces évènements. Elle savait qu'elle n'était pas la seule à être comme ça, c'était tellement évident. Peut être que Suzy pensait la même chose ? Maxine n'oserait pas demander, surtout à un tel moment. Ça l'étonnait d'ailleurs de croiser une cabot en un tel jour, mais ça lui faisait plaisir. La vice-présidente se tourna doucement vers la blonde et s'approche d'elle, en essayant de lui sourire, se voulant être rassurante même si elle avait l'impression qu'une bombe nucléaire avait explosé dans son propre corps. Je ne sais pas trop. J'avais besoin de réfléchir je pense.. malgré tout ce qui s'est passé, mes pieds m'ont conduit devant la cabot house. Jetant un coup d'oeil à l'édifice, Maxine soupira un peu, son coeur se serrant un peu. Et toi ? Maxine voulait aussi savoir ce que Suzy faisait là, ça l'étonnait de la croiser. Elle devait se sentir aussi mal que Maxine, et le seul moyen de le savoir était de lui poser la question. Mais dans ce cas, rien que la regarder donnait une réponse. Suzy avait du être très secouée par les derniers évènements.