Je suis sortie de la cafétéria avec Tamsin. En fait, je suis restée avec elle pendant tout le temps de la prise d'otage, cachées sous une table. On tremblait comme des feuilles pendant tout le long, et surtout, on s'est faites petites. Quand nous sommes sorties, des policiers sont tout de suite venus vers nous, ainsi que des infirmiers. Ils nous demandaient de les suivre, nous demandait comment nous allions, si nous étions blessés, si nous avions besoin de quelque chose, besoin de parler aussi. Je suis restée silencieuse face à l'infirmière qui s'occupait de moi. Celle-ci ne cessait de me dire que je devais aller parler à quelqu'un si ça n'allait pas, que je risquais d'avoir du mal à dormir quelques jours. Elle finit par aller chercher des calmants quand je l'entends parler avec une autre infirmière, qui dit que "ceux de la conférence viennent d'être délivrés". De la conférence ? La conférence comme la conférence où Avery devait se rendre ce matin ? Tout de suite, je me lève, sans prendre compte de ce que l'infirmière me crie. Il faut que je le trouve. Je sens mon coeur battre tellement fort, alors que je cours entre toutes les tentes disposées par les secours dans la cours devant Memorial Hall. Je me sens complètement paniquée à l'idée qu'il lui soit arrivé quelque chose, et plus je passe du temps à le chercher, plus je sens la panique monter et les larmes border mes yeux.

Juste après avoir pris ma sœur dans les bras, je sors de l’amphithéâtre. Je me fiche de tous ces ambulanciers et policiers. Je vais bien, mais peut-être pas Holly. Son message n'a pas arrêté de tourner dans ma tête. Il faut que je la retrouve. Tout de suite. Maintenant. Je rejoins rapidement Memorial Hall,  découvrant une foule de personnes autour. Les flics, les infirmiers, les blessées. Et même quelqu'un sous un drap. Mon cœur loupe un battement. Pitié, ce n'est pas Holly. Nan, se doit être l'agresseur. Pitié, mon dieu. Je ne pourrais pas le supporter. Je tourne sur moi-même, paniquant. J'ai peur. Puis, après quelques minutes de recherche je l’aperçois à quelques mètres. « HOLLY » Je cours vers elle, la prend dans mes bras. Oui, c'est bien elle. En chair et en os, tenant debout et sans blessure apparente. « Tu vas bien. Tu vas bien. » dis-je à voix haute pour me rassurer.

Je panique. Il y a tellement de gens dehors, des blessés, des gens qui parlent avec la police. Tellement d’agitation que j’ai l’impression que je ne le trouverai jamais. Et pleins de scénarios défilent dans ma tête. Je regarde autour de moi, presque désespérée quand j’entends, « HOLLY » Je me tourne vers cette voix et j’aperçois Avery. Mon Dieu, j’ai l’impression que je vais tomber tellement toute la pression retombe d’un coup. « Tu vas bien. Tu vas bien. », me dit-il alors qu’il me sert dans ses bras. Je resserre un peu plus mes bras autour de lui en hochant la tête,  « Quand j’ai su que y’avait aussi quelqu’un là-bas je.. je.. »   J’ai vraiment eu la peur de ma vie.  « J’ai eu tellement peur.. »  , dis-je tout bas dans un sanglot alors que les larmes coulent à flot sur mes joues. Je me recule pour le regarder, prenant son visage entre mes mains,  « Tu vas bien ? On t’a rien fait ?  » Si le gars dans son amphi était aussi dérangé que le notre, il aurait pu tirer sur n'importe qui.

La peur, sentiment bien trop fort et trop dur à supporter. Pourtant, elle, moi, et tous les pauvres étudiants et enseignants présent ont dû l'encaisser. Le temps de quelques minutes certes, mais c'est suffisant pour avoir une trace de traumatisme. Un peu comme un fer rouge ayant marqué la mémoire. Aussi triste que ça. Voir Holly saine et sauve apaise mon coeur. Il n'a plus à battre à 1000 à l'heure. Elle est en vie. C'est tout ce qui compte. Egoistement, j'me fiche de l'état des autres. Je me fiche de savoir s'il y a des victimes. « Quand j’ai su que y’avait aussi quelqu’un là-bas je.. je.. J’ai eu tellement peur.. » Tout comme moi. Ajouté à cela le stress de voir sa soeur parler au fou. Ses joues laissent couler ses larmes tinté de soulagement. Je suis bien là, oui, en vie. « Tu vas bien ? On t’a rien fait ? » D'un geste de la tête, je nie. Augustus ne m'a pas touché, ce qui n'est pas le cas d'autres étudiants. J'ai bien cru que le dénommé Maxime allait être achevé sous nos yeux impuissants. « Tout va bien Holly. Je vais bien j'te le jure. » Il faut qu'elle se calme. Avoir les yeux bouffis n'arrangera rien du tout. Cela ne servira qu'à lui rappeler ce dur moment. « Les flics l'ont arrêté ? »

Je ne peux pas me calmer. Je n’y arrive pas. Pourtant, il est bien là. Devant moi. Il a l’air d’aller bien, il n’a pas de blessure. On ne lui a pas fait de mal, je devrais être soulagée. Et je le suis. Mais toute la pression accumulée pendant les dernières heures tombe enfin, et m’empêche de me calmer. Mes mains tremblent encore, et je n’arrive pas à contrôler toutes les larmes qui coulent sur mes joues. « Tout va bien Holly. Je vais bien j'te le jure. » J’hoche la tête en inspirant doucement pour essayer de me calmer, retirant mes mains de ses joues pour agripper ses avants bras en fermant les yeux. « Les flics l'ont arrêté ? » J’ouvre les yeux pour regarder Avery, et je repense à ce que j’ai vu. « Je.. non.. non il.. » Je soupire, ma voix tremble j’ai l’impression d’être incompréhensive. « Les flics lui ont dit que sa copine était morte.. alors il.. s’est tiré une balle dans la tête.. » Je ne l’ai pas vu tirer, parce que j’étais cachée sous la table avec Tamsin. Mais j’ai vu son corps tomber à terre, et ce sont des images que je n’oublierai jamais. « Ils.. ont arrêté le vôtre.. ? » Je regarde autour de moi, « Y’a pas de blessés graves ? Y’avait des gens qu’on connaissait avec toi ? » Maintenant que je sais qu’Avery va bien, j’commence à flipper pour les autres.

« Les flics lui ont dit que sa copine était morte.. alors il.. s’est tiré une balle dans la tête.. » Alors aucune justice ne sera rendue. Ce gars n'aura jamais droit à une peine respectable. C'est certainement la meilleure solution pour lui. Aucune redemption, mais une mort qui l'a soulagé. C'était le seul moyen d'oublier. « Alors il n'y a plus rien à craindre. » Augustus est mort, et lui aussi. Reste à savoir si d'autres agresseurs courent toujours. « Ils.. ont arrêté le vôtre.. ? » Je nie d'un geste de la tête. « Il a eu le même destin que le tien. Il s'appelait Augustus.. » Je doute qu'elle connaisse, mais reveler son prénom me permet de me libérer. Etrange, mais j'ai l'impression de plus avoir de secret. « Y’a pas de blessés graves ? Y’avait des gens qu’on connaissait avec toi ? » Retour de la panique dans les yeux de la brune. Soupir et regard baissé, je repense aux minutes passées dans l’amphithéâtre. « Wyatt et Bri étaient avec moi. Ils ne sont pas bléssés. Par contre, y a un pote de Bri qui s'est pris un coup de couteau. Et y en a d'autres qui ont eu le malheur d'ouvrir la bouche.. mais pas de mort. »

« Alors il n'y a plus rien à craindre. » Je regarde silencieuse. Non, il n’y a plus rien à craindre. Mais je ne suis pas sûre d’arriver à mettre un pied dans cette cafétéria maintenant. Je n’arrête pas de revoir el corps de Gaetan tomber au sol, et rien que cette pensée me donne des frissons. « Il a eu le même destin que le tien. Il s'appelait Augustus.. » Je fronce un peu les sourcils, « Il s’appelait Gaetan. De ce que j’ai compris, il était à la Winthrop.. tu le connaissais ? » Il y a des chances qu’Avery lui ait déjà parlé une ou deux fois comme il était dans la même maison que lui. « Wyatt et Bri étaient avec moi. Ils ne sont pas bléssés. Par contre, y a un pote de Bri qui s'est pris un coup de couteau. Et y en a d'autres qui ont eu le malheur d'ouvrir la bouche.. mais pas de mort. » Je me mords la lèvre et je m’approche d’Avery pour me remettre contre lui en fermant les yeux. « On peut juste rentrer ? J’veux pas rester ici.. » Y’a trop d’agitation, trop de monde. J’ai besoin d’être au calme et surtout, j’ai besoin d’arrêter de penser à ce qui est arrivé.

« Il s’appelait Gaetan. De ce que j’ai compris, il était à la Winthrop.. tu le connaissais ? » Mon coeur se serre en entendant ce prénom. Lui ? C'est ce fou qui a tiré sur toutes ses personnes. Mes yeux s'étonnent face à la triste réalité. « Euh.. ouais, c'était mon bizut. » Un sentiment de mal être m'envahit. J'ai côtoyé le type aux milles et une agressions. Il fallait se méfier des apparences. J'aurai dû être mon aveugle même si le brunet cachait bien son jeu. « On peut juste rentrer ? J’veux pas rester ici.. » Evidemment. Qui voudrait rester dans le coin ? « Ouais, viens on se barre. » Plus on est loin de cette horreur, mieux se sera. « Y a eu des blessés chez toi ? »

Quand je lui dis le nom de l’agresseur, j’ai l’impression qu’il pâlit. Ouais, il doit le connaître pour réagir comme ça.  Pour toutes les fois où j’suis allé à la Winthrop, toutes les fois où j’ai dormi là-bas, sachant que la gars qui violait les filles étaient peut-être dans la chambre juste à côté.. ça m’donne froid dans le dos.  « Euh.. ouais, c'était mon bizut. » Je grimace légèrement, n’osant même pas ce qu’il devait ressentir à ce moment là. Mais j’veux pas qu’il s’en veuille de ne rien avoir vu, car personne n’a réussi à trouver les coupables avant aujourd’hui. Personne ne pouvait savoir. « Ouais, viens on se barre. » Je prends son bras pour marcher jusqu’au parking. J’ai du mal à marcher trop vite, j’ai les jambes encore un peu tremblantes. « Y a eu des blessés chez toi ? » Je soupire, « Les gens n’étaient que des cons. Ils ouvraient leur gueule pour s’la jouer super héros mais ils réalisaient pas qu’il fallait juste la fermer. Y’a juste deux filles qui ont été blessé.. à la fin, il a tiré un peu partout et j’crois que des personnes ont été touché comme ça.. mais j’connaissais personne, à part..une fille qui était avec moi à Nemesis.. on était toutes les deux cachées sous la table.. » Je lâche son bras pour ouvrir mon sac à main et prendre les clefs de ma voiture, « Tu peux conduire ? J’suis pas sûre d’être en état là.. » Au pire, s’il n’est pas non plus en état, on rentrera à pieds. Mais moi là, j’peux juste pas.