La blonde se promenait dans Cambridge, sans but quelconque. Elle sortait de CambridgeSide, où elle avait dépensé une fortune en vêtement et où elle avait fait des bonnes affaires. Elle était satisfaite de ses achats, d'autant plus qu'elle avait réussi à trouver le cadeau d'anniversaire de sa fille. Enfin l'un des cadeaux. Elle avait mis énormément de temps à le trouvé, mais elle avait réussi. Une Lockhart n'abandonnait jamais.

Alors qu'elle marchait, une musique attira son oreille. Bien qu'elle n'aimait plus cela, elle ne pouvait pas s'empêcher à son ami d'enfance lorsqu'elle entendait une guitare. Il était un artiste né, elle l'avait toujours pensé mais avait toujours regretté de perdre contact. D'autant plus qu'elle l'avait perdu de vue au mauvais moment de sa vie, celui où elle avait eu le plus besoin de lui. Après ça, elle le revoyait de temps en temps quand elle venait en Irlande avec ses parents...mais elle l'avait toujours évité.

Une fois toute proche de la musique qu'elle entendait, elle regarda cette personne et entrouvrit la bouche d'étonnement. « Ar...zian ? », demanda-t-elle, choquée et surtout surprise de le voir ici.

Je ne rêvais définitivement pas, mon ami d'enfance était sous mes yeux. Guitare à la main, en train de chanter une chanson que j'aimais beaucoup. Je me surpris à fermer les yeux et me laisser porter par sa voix, décidément il n'avait pas changé. Toujours aussi talentueux, et d'aussi loin que je m'en souvienne : il avait toujours aussi bien chanté. A l'écouter, les yeux fermés, mes souvenirs refaisaient surface et je me surprenait à sangloter silencieusement. Je nous revoyais en Irlande (quand nous y allions tous les deux !), hauts comme trois pommes, à chanter toute l'après-midi dans les pleines. Je nous voyais nous cacher pour être tranquilles, jouer à cache cache, compter les étoiles, deviner la forme des nuages, courir après les moutons. Je m'amusais tellement avec lui, et rapidement il est devenu l'ami le plus précieux que j'avais. Et quand nous n'allions pas nous cacher dans les pleines, nous étions près de nos instruments favoris. Il faisait de la guitare, et je l'accompagnais au piano à chanter près de lui. J'avais six ans quand j'ai entendu Defying Gravity pour la première fois, encore aujourd'hui elle est la chanson que je préfère. Je la chantais tout le temps, avec une justesse et une technique impressionnante pour mon jeune âge. Mais le plus fou était la puissance vocale que j'avais, alors que j'étais toute petite. Encore aujourd'hui, je gardais cette puissance, mais tintée d'un voile de douceur mais...je ne chantais plus. Je ne chantais plus depuis que Matthieu m'avait séquestré ou alors, dans de rares occasions et mes retrouvailles avec Arzian devait faire partie d'une de ses rares occasions. Lorsqu'il eu terminé, je m'approchai en chantant doucement Defying Gravity d'une voix calme et douce. J'eu un sourire triste, des milliards de souvenirs remontant à la surface. Des bons comme des mauvais. « Something has changed within me, something is not the same. I'm through with playing by the rules, of someone else's game. Too late for second-guessing, too late to go back to sleep : it's time to trust my instincts. Close my eyes and leap. (...)». Une fois la chanson terminée, je m'arrêtais devant lui, des papillons dans le ventre. Je lui fis un sourire, et pris doucement une de ses mains comme j'avais l'habitude de faire lorsque nous étions enfants. « Alors comme ça tu ne viens pas me dire bonjour, pirate  ? », le taquinais-je. Au fond de moi, je lui en voulais d'être partit et de m'avoir laissé mais...le voir devant moi, me donnait envie de le prendre dans mes bras et de le serrer.  

《Sérieusement Arzian ?》 , dis-je en riant. 《 Les courses poursuites après les moutons, les longues heures à chanter et faire de la musique dans les pleine et les nuits à la belle étoiles ne te rappellent rien ? 》 . S'en était presque vexant mais je devais avouer que j'avais énormément changé depuis son départ. J'avais vieillis et j'étais devenue une femme qui était loin de l'enfant qu'il avait connu. J'étais loin de la petite blondinette, qui courrait dans les champs sur ses petites jambes. J'étais loin de la jeune adolescente souriante, avec une bouille de petite fille. J'étais très loin de tout ça. Aujourd'hui,  j'étais une femme au regard assuré, mâture et souriante. J'étais toujours blonde, j'avais toujours ce côté enfantin dans mes yeux bleus mais j'étais devenue une adulte et une mère, rien que ça m'avait fait changer. J'avais énormément mûris et les trais de mon visage avaient laissé place à une jeune femme, une vraie. Lorsqu'Arizan était parti, je n'étais qu'une adolescente, une femme en devenir. Il n'avait jamais connu cette femme que j'étais devenue et c'était donc normal qu'il ne me reconnaisse pas. Ça me faisait quand même peur ! Et s'il ne se souvenait pas de moi ? Et s'il avait un sosi et que ce n'était pas lui ? Je me demandais bien comment je ferais dans ce cas là. Peut-être que je ferais semblant d'être une folle, sortie d'hôpital psychiatrique...même si ce n'était franchement pas crédible. Autant me prendre la honte de ma vie auprès d'un si beau jeune homme. J'allais devoir aviser selon sa réaction, et ça me faisait peur. Il réussissait à me déstabiliser et à faire tomber toute la muraille que je m'étais construite. Je détestais ça, mais de toute façon il fallait bien que je laisse tomber ma carapace si je voulais retrouver mon meilleur ami, mon ami d'enfance. Je me décidais donc à faire le grand saut.《 Ruby Lockhart, pour te servir. 》 , dis-je en m'inclinant. 《 J'espère que tu reconnaîtra mon nom, au moins. Ça serait vexant sinon !》 . Cette situation me stressait tellement qu'en j'en riais nerveusement. La main qui tenait celle d'Arzian tremblait et mon coeur battait à la chamade. J'avais l'impression que j'allais tomber dans les pommes tellement j'angoissais et ça m'énervait de ne pas comprendre ce qu'il m'arrivait. Pourquoi je m'emballais autant ? Ce n'était qu'Arzian. Je le connaissais depuis longtemps, tout autant qu'il me connaissait comme deux gouttes d'eaux (à quelques détails près, qui avaient changés depuis la dernière fois qu'on s' était vus..). Alors pourquoi je stressais ? Je n'avais pas de raison d'être dans cet état et je ne comprenais pas pourquoi. C'était peut être la peur qu'il ne me reconnaisse pas ? Qu'il m'ait oublié ? Que ce ne soit pas lui ? Je n'en savais strictement rien, tout ce que je savais c'est que la peur me prenait aux tripes. J'avais envie de vomir et...non. Non, il ne fallait pas que je vomisse à ses pieds. Je perdais déjà ma dignité à réagir comme ça, alors si je vomissais : je pouvais m'enterrer six pieds sous terre. Par chance, cela n'arriva pas. Je sentis seulement deux bras m'entourer avant que je ne puisse analyser la situation. Attend, qu'est ce qu'il se passe là ?