il était un petit navire qui n'avait ja-ja-jamais navigué ohéohé

Vous savez ce qu'on va faire ? On va rapidement passé sur le début de ma vie. C'est pas comme si c'était particulièrement intéressant. Un jour mon père a rencontré ma mère. Il lui a probablement payé un mojito parce que ça sonne mexicain et que ma mère s'appelle Perdita, donc offrir un mojito ça faisait bien. Sauf que ma mère est née à Los Angeles et que son nom c'est Miller. Son père s'appelle Andrew. Du coup j'imagine qu'il s'est pris un vent. Puis finalement ma mère a du vouloir pécho mon père, parce que comme tous les Halberstam c'était un beau gosse. Bon après ils ont forcément fait des choses mais je préfère ne pas y penser. Voyez, mes parents doivent rester asexués à mes yeux. C'est des parents quoi. Ils ont pas le droit, ils le font une fois pour me créer et c'est tout. Enfin voilà, j'ai grandi dans une famille relativement équilibré, dans une maison relativement grande, relativement heureux à Fresno. À l'époque, mes parents avaient une idée bien précise sur ma destinée. Je devais être un élève moyen au collège, puis me révéler au lycée, être un excellent joueur de basket ou de foot, sortir avec une blondasse, partir à UCLA avec la blondasse, avoir un truc en droit ou en médecine, m'acheter ma première voiture avec le compte en banque où ma mère mettait toutes ses économies pour mes études, me marier avec la blondasse, avoir quatre gosses. Un jour je vous montrerez l’emblème de Fresno, il y a une feuille dessus. Je savais déjà tout petit que la botanique jouerait un important rôle pour moi. Mais pour l'instant, on en est encore au moment où je suis un vrai p'tit garçon et que j'aime pas me battre. Même qu'un jour j'étais sur mon vélo et il y a eu une histoire de pédale. Ça m'a saoulé parce que mon vélo il était neuf. Du coup j'ai demandé au mec qui m'emmerder de m'aider avec mon problème de pédale. J'ai jamais compris pourquoi ils se sont foutus de ma gueule. Il était beau mon vélo.  

j'me tire me d'mande pas pourquoi j'suis parti sans motiiiiif

Ne vous inquiétez pas je me suis pas barré de chez moi brisant le petit cœur parfait de mes parents. Je suis pas assez méchant pour ça. Mais en fait, je crois que ma mère aurait moins souffert de me voir partir que ce qu'ils nous aient arrivé. Je lui ai demandé de prendre la taille au-dessus au tee-shirt qu'elle m'avait acheté. Ma mère ne voulait pas m'acheter de tee-shirt en dessus de la taille 14 ans. Elle flippait trop. Elle disait toujours que le jour où ça arriverait, j'allais brusquement devenir vieux. Elle se disait sûrement que si je commençais à acheter mes fringues au rayon homme, j'allais devenir un rebelle de la vie. Je voulais bien faire des efforts, mais un jour elle a du arrêter de me faire mon lit, de m'acheter des fringues en 12 ans, de m'aider à faire mes devoirs. Mais vous voyez, l'intelligence c'est un gêne qui se transmet, vous voyez mon niveau d'intelligence ? Ma mère c'est pareil, et elle avait raison. Ah le lycée, période bénie. L'expérience de la vie. Cette fille emballée sur du Zucherro, les tentatives de surf, les premières clopes fumées en cachette, puis fumées devant tout le monde, les premiers joints, les premières cuites, puis les cuites tout court et ce pote qui aimait se shooter au sirop Efferalgan. Il voulait faire le caïd, attention. Puis j'ai envoyé mon dossier à Harvard, là par contre je suis parti. Au lieu de rester faire mes études au soleil comme Jenifer, j'ai préféré partir dans le Massachusetts, là où il tombe 126 cm de pluie par an.

ça y est j'suis grand j'm'en vais à l'école sans ma maman

Maintenant que je suis à Harvard, je pense qu'il est temps de faire un point sur ce que vous devez savoir sur moi. J'parle pas de ma famille, de mes amours, mes amis d'avant. Ça on s'en fout. On est Cambridge là, je vous ai croisés ou je vais vous croiser. Vous voulez en ressortir vivant n'est-ce pas ? Ne laissez pas vos ordinateurs traîner, je pourrais facilement y implanter un gentillet virus bien chiant appris par un pote féru d'informatique au lycée. Et même si je fais rien de ce genre, je risque de balancer sur Facebook, Twitter et le site de la Maison Blanche toutes vos photos dossiers. Ça marche avec les téléphones. Ne pensez pas que l'Ice Tea ne peut pas être la cause d'une terrible gueule de bois, je pourrais vous prouver le contraire. Le sport, c'est à la télévision. Point. Autre chose, un peu de second degrés les gars ! C'est pas parce que je dis qu'à la manière d'un Max Boubil j'ai croisé votre mère sur Chatroulette qu'il faut le croire. Enfin ça c'est vrai, mais vous voyez le genre. Il n'y a aucune raison pour que je vous fasse chier, il n'y a aucune raison pour que je le fasse pas non plus.
PS : j'ai vraiment des cours d'études de la femme. Et c'est sérieux ok ? Là par contre, aucun second degrés n'est toléré.