ma naissance et mon enfance.

Il était une fois, dans une ville plutôt paisible du Texas, un jeune couple d'environ dix sept-ans. Ils étaient tous deux fort fort amoureux, mais ô combien insouciants. Ils venaient tous les deux d'un milieu plutôt défavorisé et ils s'estimaient chanceux de s'être retrouvés. Pour eux, c'était le coup de foudre. Lui, il avait lâché l'école à ses quinze ans pour devenir mécanicien et elle... Oh elle, douce innocente. Elle allait à l'école à temps partiel et le reste du temps, elle dansait dans les bars pour avoir de quoi gagner le pain de ses propres parents. Un beau jour, ils eurent une relation sexuelle non protégée. Ils étaient jeunes et insouciants, l'ai-je déjà dit ? Si bien que quelques mois plus tard, la jeune femme découvrit avec stupeur que ses règles avaient cessé. Jamais auparavant elle ne s'était préoccupée de ce genre de détail. Six mois plus tard naquit Cocaïne. Les nouveaux parents voyaient l'enfant comme un jouet, comme une source de plaisir et non pas comme une responsabilité à part entière... Ils élevèrent tant bien que mal leur petite fille, mais à l'aube des deux ans de Cocaïne, un grave évènement se produisit. En effet, un soir où les parents eurent laissé la petite seule - parce qu'ils étaient partis " faire les courses " -, elle se mit à hurler. Les voisins ont fait une plainte et les services sociaux sont débarqués. Ils n’ont pas pris beaucoup de temps à comprendre que... Cocaïne... n’était pas en sécurité chez ce couple hideux de Houston. ~

la maison d'accueil et mon adoption

Les services sociaux confièrent donc Cocaïne à une famille aimante de Clovis, en Californie. Famille qui n’avait jamais pu avoir d’enfant et qui souhaitait plus que tout au monde pouvoir un jour vivre le rêve - et les emmerdes - d’être parent. Le bébé fut renommé Brooke Harley et au fil des mois et des visites des services sociaux, tous se rendirent compte que la belle petite Harley était bien plus heureuse auprès des Taylor-Coppeland. Les nouveaux parents étaient comblés et ils offraient à la petite tout ce dont elle pouvait rêver. Une chambre parfaitement décorée, des jouets adaptés, des activités parents-enfants et bien plus. Harley grandit donc dans une ambiance plus que conviviale et chaleureuse. Elle adorait ses parents et le leur manifestait tous les jours sans même savoir qu’au fond, ils n’étaient pas réellement ses parents. Au six ans de la petite fille, les Taylor-Coppeland l’adoptèrent finalement et légalement. Après plusieurs années de démarche, c’était enfin officiel. Brooke Harley Taylor-Coppeland faisait partie de la famille.

trouver sa voie et aller jusqu'au bout.

Harley grandit et grâce aux bons soins de ses parents, elle fut amenée à découvrir plusieurs sphères. Ses parents étaient des artistes nées et des intellectuels dévoués. Au primaire, elle toucha donc à un peu de tout. La littérature, la musique, le chant, la danse, la peinture... Et le meilleur dans tout ça, c’est ce que c’est elle qui choisissait. Ses parents n’ont jamais été contrôlants, au contraire. Ils l’ont toujours appuyé dans ses choix, un point c’est tout. Ils n’étaient pas là en train de la forcer ou de l’obliger à faire quoi que ce soit. Arriva enfin l’adolescence, le moment où la jolie brunette entra au lycée. Son parcours scolaire était impeccable en tout point et au fil des années, cela ne fit que s’améliorer. Elle s’entoura de bons amis, de bons professeurs. Elle fit même partie de plusieurs clubs et associations étudiantes. Vers les quinze ans, la jeune femme décida d’aller de l’avant de suivre sa passion : le chant. Elle travailla donc lentement, mais sûrement, sur sa future carrière.  

l'amour avec un grand A.

Tout le long de son adolescence, Harley ne s’était jamais vraiment intéressée aux hommes. Elle préférait davantage travailler sur ses contrôles, ses révisions, sa musique et j’en passe. Elle voyait pourtant toutes ses amies se mettre en couple, mais ça ne la dérangeait pas pour tout l’or du monde. Un beau jour, par contre, elle eut ce qu’on peut appeler le coup de foudre. Il était beau, il était grand, il était fort. Elle avait seize ans et lui trente. Il était directeur d’un label à Clovis et elle, elle était devenue une petite stagiaire à ses côtés. Au départ, c’était innocent et professionnel, mais cela prit vite d’autres proportions lorsqu’il l’invita à aller manger un morceau chez lui. Ils finirent par se mettre ensemble, à l'insu des parents d’Harley. La jeune femme était en amour par dessus la tête, complètement absorbée par les mots doux du jeune homme - ou de l’homme, plutôt. Il lui a même donné la chance d’enregistrer quelques démos et de voir l’envers du décor; la gestion d’un label, l’aspect marketing... C’était beau. C’était parfait... Jusqu’au jour où il voulut plus.

l'echec avec un grand E.

Harley était à ses pieds. Tout ce qu’il lui demandait, elle le lui offrait sur un plateau d’argent. Et ça, il l’avait bien compris. Il devint alors très vite manipulateur, se servant d’elle à ses propres fins. Les morceaux qu’elle avait enregistrés, il les revendait dans son dos. Les nombreuses fois où il lui avait demandé de venir passer la journée comme secrétaire, c’était sans la payer... Il était vraiment nocif pour elle, toxique même. Et un jour, ce fut le coup de grâce. Ils étaient chez lui - évidemment - et ils étaient confortablement installés sur le canapé. Il se fut insistant. Plus insistant qu’à l’habitude. Jusqu’alors, Harley refusait toujours très poliment, ne se sentant malheureusement pas prête à passer à l’acte. Ce soir-là, il en fut tout autre. Malgré tes cris, malgré tes débattements. Ce soir-là, tu rentras chez toi en pleurant et tu expliquas tout à tes parents.

Cette année là, l’année de tes seize ans, tu eus vraiment l’impression de tout perdre. Tout. Ta dignité en tant que femme, ta motivation, ton inspiration, ta vitalité... Tu étais souillée, humiliée. Et tu ne voulais plus qu’une chose : partir.

départ de Clovis pour Boston.

Malgré les évènements marquants de tes seize ans, tes notes ne ressentirent pas les coups, bien au contraire. Tu finis ton lycée avec un diplôme impeccable et d’innombrables mentions. Tu étais une élève appréciée, aimée. Et tous autour de toi étaient loin de se douter de l’enfer que tu avais vécu. Seulement, tes parents étaient conscients eux. D’où le fait qu’ils t’offrirent, comme cadeau, un aller simple pour Boston, direction Harvard. Ce rêve ! Tu rêvais depuis déjà deux ou trois ans d’aller y étudier le marketing et le chant. Chose qui, grâce à deux parents aimants et adoptifs, tu pouvais enfin réaliser.

La première année, tu eus un peu de difficulté à t’adapter. Les cours étaient difficiles, les gens bien différents. Plusieurs garçons t’abordèrent, mais tous étaient plus... étrangle les uns les autres. Au bout de deux ans, tu sombras dans une immense dépression, ne trouvant plus ta place nulle part. Tu compris que tout ça, toutes ces embrouilles venaient du jour où on t’avait volé ton innocence. À partir de ce moment, tu te repris en main, commençant thérapie de groupe, séance de cocooning, atelier sur l’estime de soi, abonnement au gymnase de la ville, quelques contrats de chant par-ci, par-là... Et tu te transformas réellement. Tu deviens qui tu es vraiment.

et maintenant, où en sommes-nous ?

Tu viens de terminer ta sixième année et tu comptes bien obtenir ta maîtrise en marketing et même, pourquoi pas, tenter le doctorat ? Tu as des rêves plein la tête, de l’ambition à en faire pâlir les plus faibles. Plus rien ne t’arrête. Plus rien ne peut t’arrêter... Sauf peut-être l’amour. Oui, avec le temps tu t’es reconstruite, apprenant à vivre avec toi-même... Cela dit, tu ne crois pas pouvoir faire confiance aux hommes de si tôt. Et alors ? On est bien seule, non ? Jamais mieux servi que par soi-même. ~