Un accident. Un coma artificiel. Les mots résonnaient dans ta tête comme un écho incessant depuis hier. Tu n’arrivais pas à y croire. Ta meilleure amie était dans un coma. T’avais espéré ne jamais avoir à vivre cela et pourtant quand tu avis reçu le sms, t’avais la sensation que tout s’était écoulé autour de toi, que les murs s’effondraient autour de toi et que tu perdais pieds. Ça avait été horrible, cette sensation. Tu te demandais si Briony avait ressenti cela aussi quand tu t’étais retrouvé dans le coma en septembre. Tu ne voulais même pas l’imaginer, cette douleur que de perdre une des personnes les plus importantes dans ta vie, tu ne la connaissais que trop bien. Tu te rappelais de la première overdose où tu l’avais trouvé et où tu avais passé la nuit à veiller sur elle, voulant t’assurer qu’elle allait bien et que rien n’allait lui arriver. Maintenant, tu ne savais même pas si elle allait se réveiller. Un coma artificiel, bien qu’il ne soit pas induis par des blessures mais par des médicaments, certains patients pouvaient ne pas s’en réveiller. T’allais prier pour que cela n’arrive pas. Après t’être mise d’accord avec Andy, tu quittais la maison, déposant les jumeaux à la crèche. Tu ne voulais pas appeler la nounou pour quelques heures et ton tuteur était occupé au travail. Il avait dû partir pour une conférence à Washington le lendemain du bal. Puis ça leur ferait du bien d’être entouré d’autres enfants pour jouer. Tu te rendis après vite au supermarché pour acheter une grande boite de chocolat pour Andy. Tu ne savais que trop bien que la bouffe de l’hôpital pouvait être dégueulasse. Puis, tu passais acheter une peluche pour Briony. Bien qu’elle ne la voie qu’à son réveil, ça lui ferait du bien, de l’avoir avec elle, en tout cas c’est ce que tu espérais. Tu te rendais alors à l’hôpital, connaissant le chemin que trop bien, peut-être trop bien à ton goût mais la vie était ainsi. Certains connaissaient le chemin vers les bars par cœur, tu connaissais celui vers l’hôpital. Chacun sa vie comme on dit si bien. Tu demandais alors la chambre du vice-président eliot et t’y rendis très vite. Tu ne savais pas ce qui allait se passer si tu le voyais. T’étais énervée. Furieux qu’il ait pu monter dans une voiture alors qu’il était bourré. Tout le monde avait bu trop au bal, mais fallait être raisonnable et ne pas conduire dans ce genre d’état. Tu préférais toquer alors, attendant une réponse de sa part.

Feldt devait probablement être en colère. Et à vrai dire, c'était parfaitement compréhensible... J'étais moi-même en colère contre moi-même. J'comprenais pas. D'habitude, j'conduis pas quand j'suis bourré, quand j'bois, j'fais gaffe à rentrer avec quelqu'un d'autre mais là... J'avais bu, trop bu pour réaliser qu'j'étais vraiment saoul, peut-être. On sait tous qu'un mec bourré c'est pas un mec raisonnable, et j'l'avais plus été suffisamment ensuite pour nous empêcher de faire c't'erreur-là, et comme personne ne nous avait vus partir... bref. Comme quoi, il avait suffit d'une fois, d'une seule et unique fois pour que l'irréparable se produise, pour que les deux passagers de l'autre voiture décèdent et pour que Briony se retrouve dans le coma. Plus jamais. J'savais, j'le sentais au fond d'moi, qu'je toucherais pas à une goutte d'alcool avant un bon moment. Je soupirai longuement, me redressant dans mon simple fauteuil. Parce qu'à la base, ce n'était pas ma chambre mais celle de Briony, mais les médecins arrivaient pas à m'en faire sortir. ils devaient m'apporter un lit, mais visiblement ils avaient beaucoup d'boulot, puisque mon lit n'était toujours pas arrivé. J'avais mal aux côtes, les bandages m'aidaient à m'tenir droit mais j'trouvais aucune position qui puisse me soulager, et avec un pied dans l'plâtre, j'avais pas beaucoup de choix de toute manière. Je soupirai, exaspéré par toutes mes blessures quand j'entendis quelqu'un toquer à la porte, j'étais même pas capable de me relever pour aller ouvrir, le combo côtes cassés et jambe immobilisée ne me le permettait pas. Vous pouvez rentrer, dis-je simplement sans savoir qui s'trouvait derrière la porte. Feldt devait venir, c'était prévu, mais on n'est jamais à l'abri d'une visite surprise.

Qu'est-ce que tu foutais là avec un paquet de chocolat et une peluche? Tu aurais dû ne rien apporter, prete a engueuler Andy pour sa putain de connerie. Tu etais en colere contre Andy, et tu avais tellement envie de lui foutre un poing dans la gueule pour avoir conduit bourré. Mais est-ce que cela allait changer quelque chose? Est-ce que cela ferait sortir Briony de son coma? Non, elle allait y rester et en sortir, tu ne sais quand. Ca te faisait chier, parce qu'elle avait pas besoin de cela dans ta vie, et toi non plus. Tu aurais aimé pouvoir parler avec Briony du retour d'Elios, mais tu ne pouvais pas parce qu'elle était dans le coma, et il n'y avait personne d'autres à qui tu pourrais en parler. C'était bien trop compliqué, la vie en ce moment. Debout devant la chambre, tu attendais que l'on te dise d'entrer. Tu ne savais pas ce qui t'attendait la derrière et tu en avais presque peur. Dans quel état se trouvait tes deux amis? Dans quel état était Briony? Finalement, la voix d'Andy se fit entendre. Tu pris une grande inspiration avant d'ouvrir la porte. Tu refermais derrière toi avant de te tourner vers Andy. Tu avais du mal à regarder Briony et pourtant au final ton regard se tournait sur la jeune Mather. C'était difficile. "Hey..." Finis-tu par dire, t'approchant du lit. Tu étais un peu inconfortable. Tu ne savais pas quoi dire ou faire.