l'amour & l'horreur des cages

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Je venais de passer une semaine tout en émotions avec une femme au physique enjôleur qui en aurait fait saliver plus d'un. Au delà des apparences il y avait ce centre parsemé d'imperfections qui causaient le charme du tout. Elle m'avait fait sourire, m'avait donné envie de lui faire plaisir, de l'embrasser, de l'écouter, de l'instruire aussi sur l'aventure qu'était mon existence. Je m'étais complètement laissé aller, absorbant le plus d'expériences possible pendant que notre union dura, mais à toute nouvelle semaine sa chance d'être différente. En me levant ce matin, elle était déjà oublié. Elle resterait cette oasis perdue dans le temps et l'espace. J'aurais aimé prolonger nos conversations jusqu'à en oublier d'être moi, mais j'avais des règles, une mission plus importante que le moindre bonheur passager... j'avais pour mission d'être libre et d'exister en mon entière capacité. J'avais pour envie de goûter les variétés et de tout essayer, j'avais surtout horreur des cages, des cases, horreurs de porter un titre, aussi honorifique soit-il. Je préfèrerais la laisser ainsi, sur une belle note nostalgique qu'on ne pourrait jamais lui enlever.

Je passai la journée dans ma chambre, loin de tous les regards indiscrets, restant habillé au strict minimum comme j'avais toujours détesté la sensation du tissus contre ma peau. Je jouais à des jeux vidéo, criant sur la télévision quand je devais m'avouer mauvais perdant. Mes plantes recevaient aussi quelques soins, bien cajolés au fond de mon garde-robe, mes vêtements, eux, étendus partout au sol. C'était une journée sans drame, sans rire, une journée parfaite pour la chasser de mon esprit pour toujours. Mais c'était difficile, sans doute plus que ce ne l'avait été jusqu'alors. Elle avait ce je-ne-sais-quoi qu'on ne voulait pas laisser filer, mais je le devais, j'y étais résigné. C'était mon devoir. Je comblai son manque en m'enroulant confortablement dans ma couette, me sentant pris de toutes parts, comme je l'avais vécu dans ses bras. J'empoignai la télécommande de ma Xbox, entreprenant de débuter une nouvelle partie, cette fois-ci résigner à gagner et à ne pas me laisser sombrer dans la plénitude de mes souvenirs à court termes. En vain.

J'avais choisi la plus belle robe de mon dressing pour ce soir. Je voulais être la plus jolie, lui faire tourner la tête que de simple sourire et d'un battement de cils. Je voulais lui plaire, assez pour l'entendre me le dire de sa propre bouche. J'étais surexcitée et à la fois stressée de le retrouver. J'avais cette boule qui me tordait tout l'estomac, mais aussi cette motivation de pouvoir revoir son beau visage. Je craquais littéralement pour lui. Il savait quoi me dire pour me faire rêver, me faisant boire la moindre de ses paroles alors que je me sentais comme une princesse le temps d'un instant. J'avais l'impression qu'il me connaissait mieux que personne, sachant comment répondre à mes attentes, comment me faire voler jusqu'à m'imaginer mon petit coin de paradis sur un nuage flottant. J'avais hâte, hâte qu'il débarque dans les minutes qui suivent de son allure masculine et son regard ravageur. J'avais décompté les jours, et même les heures avant d'arriver à ce soir. J'étais même venue à l'avance au bar, tellement impatiente de passer un nouveau moment avec lui et discuter avec lui. Il ne lui avait fallu pas grand chose pour s'emparer de mon coeur. Je m'étais attachée à lui à la vitesse d'une étoile filante, laissant mes battements de coeur suivre le moindre de ses mouvements. Je ne pouvais m'empêcher de regarder ma montre toutes les minutes en aspirant l'heure fatidique. Plus que six petites minutes, et il devrait pointer le bout de son nez en passant cette petite porte du bar. Je lançais souvent des regards vers l'entrée alors que je l'attendais à une table libre. Je décidais de ne rien commander pour le moment, préférant l'attendre sagement, prenant mon mal en patience. Mais ma patience avait des limites. Je voyais l'heure tourné, dépassant celle que l'on s'était fixée lors de notre dernière conversation. Je m'inquiétais, peu à peu, m'imaginant tout scénario possible. Je me rassurais en me disant qu'il n'avait que du retard, qu'il n'allait plus tarder à arriver, mais plus le temps passais et plus mes espoirs retombaient. J'imaginais très vite le pire des scénarios, écartant toute possibilité qu'il ai oublié notre rendez-vous, en pensant qu'il lui était peut-être arrivé quelque chose en cours de chemin. Et pour en avoir le coeur net, je lui envoyais un message alors qu'aucune réponse ne se manifestait de sa part. Mon inquiétude s'étalait de plus en plus, en sans plus attendre, je décidais de quitter la table vide pour sortir du bar. Je voulais en avoir le coeur net, et pour me rassurer qu'il était toujours bien en vie, je ne pouvais que me rendre chez lui. Si ça tombe, je me faisais du soucis pour rien et peut-être que pendant que je partais pour voir s'il allait bien, lui était en chemin pour me rejoindre. J'arrivais alors devant sa maison fraternelle et passais aussi vite le pallier pour marcher jusqu'à sa chambre. Face à sa porte, je tendais l'oreille aux bruits de fonds que j'entendais avant de frapper d'une mélodie bien connue. « Jay, tu es là? » demandais-je d'un ton suffisamment haussé pour que l'on m'entende de l'autre côté.

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C’était plus difficile qu'anticipé, il me semblait manquer d’oxygène en imaginant le bonheur que je m’apprêtais à laisser derrière moi, et pourquoi? Pourquoi me retourner l’estomac alors qu’elle accepterait sans doute de me reprendre? Je l’avais vu dans ces yeux, c’était quelque chose de merveilleux et d’unique et de toute à fait nouveau surtout. Et pourtant je ne fis rien, laissant mon envie la plus primaire en suspend, me noyant sur l’écran, dans ce monde imaginaire et violent qui me permettait de passer ma colère. J’étais tellement concentrer que je n’entendis qu’à peine le cognement à la porte. Une main s’acharnait à se faire entendre, mon coeur perdis son rythme naturel pour laisser place à la peur de mes hypothèses. Mais qui pouvais… « Jay, tu es là? » Je reconnu cette voix aussi. Un sourire illumina mon visage, puis s’éteint aussitôt, mon coeur balance. Je me levai d’un bon, hésitant à ne simplement pas ouvrir, elle finirait par partir non? Mais la chose était trop évidente, on pouvait tout entendre, le vacarme de la télévision me trahissait depuis la première seconde. Je me précipitai vers mon garde-robe, rangent mes plants bien en sûreté au fond, puis refermant les portes pour ne pas alerter Lilly à la vue de ce que je faisais et préférais garder secret. Je trébuchai dans mes vêtements au sol, me remettant en mémoire ma partielle nudité. J’enfilai un jeans rapidement, puis une chemise fripée que je ne pris pas le temps d’attacher avant de lui ouvrir. Son visage, si fin et si beau, m’attendait sur le pan de la porte. «Qu’est-ce que tu fais là?» Soufflais-je le visage faussement enjouée. J'entrouvris la porte pour la laisser entrer, la laissant d’abord me passer sur le corps. Je tendis un bras pour lui attraper le cou, plongeant avec douceur dans sa chevelure brillante, geste que j’imitais d’un de ces films américains que j’avais vu et revu. Mes lèvres capturèrent les siennes un si court instant qu’il était difficile de dire si nos lèvres s’étaient réellement rencontrées. Je reculai, reprenant ma place au bord de mon lit, les pieds battant l’air. Je repris la manette de jeu entre mes doigts, tenter de reprendre ma partie, mais je savais que c’était impolie. Mes yeux caressèrent son entière beauté pour la première fois, mon appétit s’éveillant malgré mon envie de lui être insensible. «Tu es très belle, tu allais quelque part?» J’essayais de ne pas sembler jaloux, de ne pas me montrer trop curieux malgré la vérité de la chose. Pour qui se faisait-elle aussi belle? Je ne pouvais plus supporter de la regarder sans me jeter à sa gorge alors je tournai les yeux vers la télévision, appuyant par réflexe sur le bouton vert, le bouton de la remise en jeu… je continuai à jouer, l’oreille tendue malgré tout, la langue tirée, l’horreur des cages au fond du coeur.

J'étais bonne à toujours m'imaginer le pire dans ce genre de situation préférant à tout prix de penser à la réelle explication de son absence. En un rien de temps, j'avais quitté la table et me retrouvais devant la porte de sa chambre. J'étais persuadée qu'il était là. J'entendais le vacarme de la télévision traverser ses murs. A première vue, il allait bien, suffisamment pour en déduire qu'il regardait un film d'action ou jouait tout simplement à un jeu. J'insistais sur les coups que je donnais, attendant qu'il décide enfin de m'ouvrir. Il ne pouvait pas m’échapper et faire comme s'il n'était pas là, je savais pertinemment qu'il y avait de la vie derrière cette porte. Il ne venait pourtant pas tout de suite, ce n'est qu'après quelques minutes qu'il décidait enfin de montrer le bout de son nez. « Qu’est-ce que tu fais là? » Il semblait étonné de me voir là. Je ne comprenais rien. Il était là devant moi, la chemise ouverte. Il n'avait rien de quelqu'un qui s'apprêtait à me rejoindre un jour ou l'autre. Je ne répondais même pas à sa question, faisant quelques pas afin de pénétrer dans sa chambre alors qu'il me donnait l'accès. Il m'attrapait d'abord par le cou afin de déposer ses lèvres sur les miennes pour me relâcher aussi vite. Il reculait afin de prendre place au bord de son lit alors que je restais là où il m'avait laissée. Je réalisais la tournure des événements. Tout était si clairs, il suffisait de regarder l'état de sa chambre; télévision allumée, jeu mis en pause. Jeremiah n'avait aucunement l'intention de venir au rendez-vous que l'on s'était fixé la dernière fois. Il était tout simplement entrain de jouer à une de ces jeux vidéos stupides comme si de rien n'était. Même ma naïveté était incapable de rivaliser avec la vérité des choses actuelles. « Tu es très belle, tu allais quelque part? » Ces paroles ne pouvaient que confirmer. Il m'avait oublié, littéralement. Il m'avait posé cette question sans le moindre soupçon. J'en oubliais son compliment, n'y prenant même pas plaisir à l'entendre me le dire. La déception s'emparait de tout mon être. « Je viens à penser que tu m'as oubliée. » Je ne savais pas si je devais être en colère, ou si je devais être compatissante. « Je t'ai attendue plus d'une heure. » ajoutais-je alors qu'il avait repris le cours de sa partie, portant son regard sur l'écran et ne m'accordant que ses oreilles comme attention. « Tu aurais pu me prévenir au lieu de me planter comme ça. » Pas un sourire, juste des paroles. Mon coeur se tortillait dans tous les sens de savoir qu'il m'avait oublié.

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Il ne m’avait fallut que d’une seconde pour réaliser que mon baiser ne l’avait pas embaumé comme il semblait le faire d’habitude. J’étais déçu, pour une fois que je prenais plaisir dans celui d’une autre, dans le sien. Ces yeux ordinairement emplis d’étoiles étaient maintenant assombris par quelque chose qui ne lui allait pas vraiment, pas du tout. Je préférais son sourire et sa contagion. « Je viens à penser que tu m'as oubliée. » Je fronçai les sourcils en haussant les épaules par réflexe, mais sans comprendre. Oublié... mais comment avait-elle pu deviner que c’était exactement ce que j’essayais de faire pour elle? L’oublier, la remplacer et puis faire comme si elle ne m’avait jamais même rencontré. « Je t'ai attendue plus d'une heure. » Une heure? Je plissai les yeux, le regard perdu sur mon écran alors que j’appuyais sur le bouton vert. Elle ne faisait pas le moindre sens. Je n’arrivais même plus à réfléchir de toutes manières, le jeu avait débuté et je ne voulais pas perdre ni gaspiller mes vies. « Tu aurais pu me prévenir au lieu de me planter comme ça. » Sa voix manquait de couleurs, manquait d’appétit. C’était assez démoralisant pour me faire dévier les yeux de ma télévision, mon doigt appuyant sur le bouton noir cette fois. «Tu pourrais t’exprimer plus clairement s’il te plaît? Je ne t’ai pas oublié clairement, tu es Lilly et je suis Jeremiah et tu n’as visiblement plus envie que je t’embrasse alors je ne le ferai plus. C’est ce que tu voulais entendre?» Je lâchai la manette, la laissant sur le lit alors que je me relevais pour la rejoindre. «Mais ça me manquera.» Soufflais-je les deux yeux rivés sur ses lèvres roses et sucrées. Je tendis une main pour lui attraper une mèche de cheveux. Ils étaient si doux contre ma peau. «Je déteste te voir ainsi, je m’ennuie de tes étoiles... où les as-tu cachées?» Je parlais de ses yeux, de ce premier compliment que je lui avais fait sur leur beauté, sur leur profondeur. Le regard presque admiratif qu’elle m’avait jeté pas plus tard que la semaine dernière me manquait lui aussi. Tout pour la ravoir, pour encore mieux la quitter ensuite.

Je m’étais imaginé le pire des scénarios, m’inquiétant de ne pas le voir alors qu’en fait il était tout simplement occupé à jouer à un jeu vidéo. Je ne savais pas comment je devais réagir. Devais-je être rassurée de le savoir en vie ou en colère de m’avoir clairement posé un lapin ? Être les deux à la fois semblait être la meilleure idée, mais bizarrement la colère prenait le dessus. J’aurai sans doute apprécié ce baiser qu’il m’avait déposé sur les lèvres dans d’autres circonstances, mais ce n’était pas vraiment le cas en ce moment-même. Mes bras se croisaient instinctivement sous ma poitrine alors que je restais non loin du pas de la porte. Mon regard s’était posé sur son maudit jeu vidéo avant de se glisser sur lui et lui faire comprendre la raison de ma venue. « Tu pourrais t’exprimer plus clairement s’il te plaît? Je ne t’ai pas oublié clairement, tu es Lilly et je suis Jeremiah et tu n’as visiblement plus envie que je t’embrasse alors je ne le ferai plus. C’est ce que tu voulais entendre? » Ces paroles devenaient presque ridicules. Je commençais à prendre l’habitude et n’étais même plus étonnée à l’entendre rétorquer des choses de ce genre. Un vrai enfant qui tentait d’échapper la réalité en la détournant en enfantillage. Il décidait de stopper ses occupations, mettant en suspend son activité pour s’avancer vers moi. Encore une fois il faisait l’innocent, jouant le rôle à la perfection, arrivant toujours à me mettre dans sa poche. « Mais ça me manquera. » En aucun cas je voulais me passer de ces baisers. C’était comme me demander de vivre sans oxygène. Je tentais pourtant du mieux que je pouvais de rester indifférente, mais les traits de mon visage me trahissaient aussi vite. Je le détestais en ce moment-même. D’un geste de la main, il s’emparait d’une de mes mèches blondes qui pendait librement. « Je déteste te voir ainsi, je m’ennuie de tes étoiles... où les as-tu cachées? » Je décroisais mes bras, les laissant revenir le long de ma taille alors que mon regard ne se détachait pas du sien. Il avait toujours l’art de m’amadouer en l’espace d’un geste et d’une parole, juste le temps de dissiper ma colère. J’en oubliais presque qu’il m’avait lamentablement planté, me laissant pendant une heure seule à attendre sa venue. Maudit sois-tu. « A quoi tu joues? » lui demandais-je clairement. Sa personnalité m’intriguait, tellement que j’en étais devenue accro et qu’elle m’avait séduite. « Tu m’énerves. » ajoutais-je alors que toute expression de haine avait disparu de mon visage. Je ne savais quel pouvoir il avait sur moi, mais j’étais vraisemblablement sous son emprise. « J’espère que tu as prévu quelque chose pour te faire pardonner. » J’avais beau être naïve, je demandais tout de même une faveur en échange de ma bonté. A chaque fois je venais à tout effacer, passer au-dessus du mal que l’on me faisait inconsciemment, alors un retour n’étais jamais trop demandé.

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Je pouvais voir son visage se décomposer en mille luxures. Elle ne savait pas me résister clairement et ce ne pouvait être qu’une bonne nouveau. Je m’approchais d’elle, confiant dans mes assurances, mes doigts s’entrelaçant à une mèche de ses cheveux. Je les trouvais si doux et si beau, leur couleur me ramenait à mes souvenirs de nous, ce couple qui était né il y a de ça à peine quelques jours, mais cela m’avait semblé être une éternité. Elle décroisa les bras, signe qu’elle laissait s’évacuer quelques parcelles de sa colère mal placée. « A quoi tu joues? » J’arquai un sourcils pour toute réponse, elle savait exactement ce que je faisais et elle ne pourrait pas l’empêcher. Elle était prisonnière, je lui plaisais, c’était écrit partout sur son si joli visage. Miam. Un sourire se glissa au coin de ma bouche, narquois et hautain. «J’essaie simplement de te faire sourire.» Soufflais-je en tirant un peu plus sur ses cheveux. C’était vrai, mais il y avait aussi une autre part de vérité que je n’osais dire. « Tu m’énerves. » Ajouta-t-elle pour m’amuser davantage. «Je suis né pour ça chérie.» Ma main plongea dans la profondeur de sa chevelure, trouvant le fond de sa tête pour le frôler doucement, le tenter. « J’espère que tu as prévu quelque chose pour te faire pardonner. » C’était injuste de me demander de faire pardonner une faute que je n’avais pas même commise. Alors que je réfléchissant à mon échappatoire je murmurai les mots les moins sexy et les moins en contextes que j’aurais pu décemment choisir. «Sous le toit des Lowells habite le plus grand rassemblement de talents en Amérique du Nord.» C’était sans rapport direct, mais ça me gagnait un peu de temps. Je secouai rapidement la tête, perdu dans les possibilités. J’approchai mes lèvres des siennes, m’arrêtant juste avant de l’embrasser, la friandise ne serait pas pour maintenant. «Que veux-tu? Une place dans mon coeur, une sortie, des excuses ou bien… un orgasme?» Je ponctuai le dernier mot avec appétit. Elle avait le choix, mais je lui indiquais mes préférences. Tout pour la faire taire, tout pour la faire hurler. Hum. Je me reculai un peu, glissant ma langue avide contre mes lèvres en attendant sa réponse.

J'étais comme hypnotisée par lui. Ma colère s'était envolée en un rien de temps, à en oublier qu'il m'avait planter. J'étais trop naïve, trop attendrie par cette façon de se comporter avec moi que j'en oubliais ses défauts, préférant ne voir que le meilleur. Je me persuadais d'une situation qui n'était qu'illusoire. Mon coeur le voulait trop pour se remplir de haine et de rancune. « J’essaie simplement de te faire sourire. » Je buvais la moindre de ses paroles, ne les prenant que par leur bon côté pendant qu'il jouait avec une de mes mèches. Il me contrôlait complètement, j'étais incapable de lui dire non en l'envoyant bouler. Sa présence m'était trop indispensable pour agir de la sorte. J'espérais quelque chose de lui dont il était incapable de me donner. « Je suis né pour ça chérie. » Il avait le don de me répondre d'une manière directe, m'empêchant de rétorquer différemment. Il m'énervait tellement que je finissais toujours par lui revenir. Mon coeur se froissait à chaque fois que je le voyais avec une autre. Je fermais les yeux, m'adaptais naïvement à sa manière de se partager avec autant de liberté. J'attendais en ce moment-même un geste, un signe de sa part pour se faire pardonner de cette soirée. Je l'avais attendu bêtement pendant près d'un heure à table, sans jamais le voir arriver. Et puisque je n'arrivais à prendre le chemin de la colère avec lui, je ne pouvais que demander le minimum. « Sous le toit des Lowells habite le plus grand rassemblement de talents en Amérique du Nord. » J'arquais légèrement un sourcil, ne voyant aucun rapport direct avec ce que je lui demandais. Sans doute faisait-il tout pour gagner du temps avant de répondre à ma demande. Il avait approché ses lèvres des miennes, mettant en jeu cette tentation d'y céder alors que je ne bougeais d'un centimètre. Je n'osais pas, faisant face à cette envie, préférant rester sage jusqu'à voir ce qu'il me réservait. « Que veux-tu? Une place dans mon coeur, une sortie, des excuses ou bien… un orgasme? » Il me donnait le choix de plusieurs options. Avant même que je ne puisse frôler ses lèvres, il s'était reculé attendant ma réponse. « Tu sais très bien ce que je veux. » Ce que je voulais était bien plus que des mots, qu'un instant qui s’effaçait le lendemain. « Ce n'est pas qu'une simple place dans ton coeur, ou d'un orgasme. » soufflais-je alors que mon regard fixait le sien. Je ne reprenais que les choix qui m’intéressait le plus parmi ceux qu'il m'avait énuméré. « Je te veux toi, et j'ai pourtant la nette impression que ce n'est pas dans tes options. » Je savais pertinemment ce qu'il était réellement, je n'étais pas non plus aveugle. « Mais crois-moi que je vais t'apprendre à en faire une possibilité. » J'étais complètement déterminée à l'apprivoiser, à lui apprendre à aimer la vie autrement.

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À ma remarque, elle ne sembla pas réellement absorber l’information alors j’insistai; « Il y a une réelle ouverture d’esprit, un sentiment familial dans cette maison. J’adore être Lowell.» Je souris, bêtement, comme seul moi savait le faire aussi justement. On aurait pu croire que mes mots étaient contrôlés par la volonté d’une force supérieur. Qui sait? C’était peut-être le cas. Je m’approchai d’elle, partageant son air et envahissant sa bulle sans le moindre remord. Son parfum ravissait mon esprit comme seul lui savait le faire. J’ignorais maintenant comment j’avais pu croire que notre histoire devait s’éteindre ainsi… ma passion pour elle était toujours bien vivante, renaissant de ses cendres davantage à chaque seconde ajoutée. Je lui demandai avec certaines arrière-pensées ce qu’elle voulait en échange de son pardon. « Tu sais très bien ce que je veux. » J’haussai les épaules. Je préférais largement qu’elle me le dise bien clairement, que je soit assuré de ne plus faire d’erreur. « Ce n'est pas qu'une simple place dans ton coeur, ou d'un orgasme. » Dommage, ces deux-là serait donné gratuitement sans le moindre mal. Elle se faisait gourmande, c’était pas bien. « Je te veux toi, et j'ai pourtant la nette impression que ce n'est pas dans tes options. Mais crois-moi que je vais t'apprendre à en faire une possibilité. » Je glissai une main dans mes cheveux, soudainement nerveux qu’elle réussisse sa quête en envenimant mon cerveau, en changeant mes habitudes. «Ne trouves-tu pas que tu en demandes un peu trop?» Je n’aimais même pas la simple idée d’essayer. J’étais bien ainsi, j’avais survécu grâce à mes principes jusque là, c’était une recette parfaitement gagnante. «Je n’ai pas envie d’appartenir à quelqu’un, je n’en serais même pas capable. Trop de règles, trop de privations… Et j’y gagnerais quoi en plus? Qu’est-ce qui est si merveilleux dans un couple pour que vous ayez tous la conviction que c’est exactement ce qu’il manque à votre bonheur?» Le collet de ma chemise se resserrait tranquillement autour de ma gorge comme un étau. Je n’arrivais plus à respirer, plus à réfléchir. La perspective d’être en cage m’effrayait. Je déboutonnai le premier bouton tout en haut pour me libérer un peu. On pouvait sans doute le voir dans mes traits, cette peur qui émanait, qui me conquérait.

Je ne cernais pas toujours très bien son personnage. Ils jouaient plusieurs rôles que je finissais par perdre le fil de l'histoire. J'avais ainsi pris l'habitude de m'y faire, de n'y apporter sans grande attention, comme cet échappatoire qu'il tentait en vint de se frayer. « Ce n'est pas la question Jay. » Ca m'importais peu de savoir sa fierté d'être Lowell. Cette conversation n'avait sans doute pas sa place actuellement, alors que je m'apprêtais tout bonnement de lui faire part de mes intentions. Je comprenais très vite que je touchais un sujet sensible. Sans doute n'aimait-il pas aborder ce domaine. Il s'en était toujours sortit, sans aucun regret, sans aucun remord, ne se posant même pas la question de ce que devait ressentir l'autre personne. Je devais le faire réagir, lui faire comprendre certains principes de la vie. Je me laissais embarquée dans cette embuscade, ne réfléchissant même pas à l'ampleur de mes paroles. Je fonçais, les yeux fermés, prenant le courage à deux mains. « Ne trouves-tu pas que tu en demandes un peu trop? » Certainement pas. Ce que je lui demandais n'était que le strict minimum de ce que je voulais réellement. Son visage se crispa subitement alors que la nervosité se montrait à travers ses gestes. « Je n’ai pas envie d’appartenir à quelqu’un, je n’en serais même pas capable. Trop de règles, trop de privations… Et j’y gagnerais quoi en plus? Qu’est-ce qui est si merveilleux dans un couple pour que vous ayez tous la conviction que c’est exactement ce qu’il manque à votre bonheur? » Je soupirais en entendant ses paroles. Je m'attendais surement pas à une réponse enthousiaste. Je savais pertinemment qu'il allait aller à contre-sens, défendant du mieux qu'il pouvait sa position en tant que polygame. « C'est toi qui t'obstines à ne voir que les mauvais côtés d'appartenir à une seule et même personne. Ce n'est pas une question de règles, ni de privations mais de maturité. Tu ne pourras pas indéfiniment t'approprier toutes les femmes que tu veux. A un moment donné tu te retrouveras seul à jouer à ce jeu Jeremiah. » Sans doute gérait-il bien les choses, arrivait-il toujours à avoir ce qu'il voulait, tels un caprice qu'un enfant fait à ses parents et finit par obtenir. Le sort finira par se retourner vers lui un jour ou l'autre, le laissant planer dans la solitude la plus profonde pour le punir de son égoïsme. « As-tu idée de qu'est-ce que le bonheur à deux, ce genre de moment qui reste indéfiniment gravé dans ta mémoire et qui te permet de surmonter tout? » Je savais que le convaincre n'allait pas être une chose facile. « Pourquoi te conditionnes-tu autant à vivre de cette manière? Qu'est-ce qui t'effraie? » lui dis-je en m'approchant de lui, voulant le mettre en confiance du mieux que je pouvais. Je voulais tout savoir, tout pour l'avoir. Il était tellement obstiné sur sa vision du monde que le faire grandir allait être à la limite d'une mission impossible.