Je n’ai jamais été aussi actif sur meetsme que depuis quelques jours, ce qui souligne le sentiment de solitude qui m'assaille dernièrement. Il n’a pas été question de swiper à tout va, car je sais parfaitement que me retrouver avec trente conversations en cours, dans lesquelles je répète principalement la même chose, me conduira à fermer l’application et ignorer tout le monde. Bien que je n’ai pas mieux à faire que discuter puisque je suis toujours sans emploi, c’est le genre de situation où je peux très vite me sentir submerger - ou juste blasé. Ce que je veux, c’est du concret. Pas des conversations inutiles où l’on prétend essayer de se connaître - je m’en fous qu’iel soit en troisième année d’études ou restaurateur, tout comme de sa couleur préférée. Je rêve de compagnie, de bras dans lesquels me perdre un instant, sans faux semblants. Inutile de prétendre s’intéresser l’un à l’autre au delà de l’aspect physique, derrière un profil qui stipule noir sur blanc qu’on ne cherche qu’à s’amuser, ou s’oublier. Et Ange, il l’a bien compris. Il ne fait pas semblant. Paradoxalement, c’est pourtant celui qui s’est le plus livré sur sa vie, ses blessures et ses attentes, le tout à travers quelques messages. C’est ce qui m’a convaincu de le rejoindre sans chercher à en apprendre davantage, ce que je pourrai toujours faire sa peau contre la mienne. Son adresse entrée dans l’appli, je saute dans un uber qui prend la direction de Cambridge. C’est là que je réalise que je ne sais même pas s’il est étudiant ou dans la vie active, s’il a vingt-deux ans ou dix de plus, mais ça m’est égal. Je remercie le chauffeur, descend du véhicule et lui envoie un sms pour signaler ma présence, car je n’ai pas pensé à lui demander son nom de famille et ceux qui se trouvent sur les sonnettes du bâtiment ne m’inspirent rien. La porte s’ouvre finalement et ça papillonne dans mon estomac, comme toujours à l'orée d’une nouvelle rencontre. Cela fait une éternité que mes mains de ne sont pas aventurées sur un corps masculin, autre que celui de Wade, et il y a une certaine hâte à découvrir chaque parcelle de son corps qui ne sont pas dévoilées sur sa photo de profil. Les portes de l’ascenseur s’ouvrent, je fais deux pas et mes yeux le trouvent dans l’encadrement de porte de son appartement - peut-être bientôt, temporairement, le mien.Hey. Je m’approche, lève la main pour attraper délicatement son menton entre mon pouce et mon index et sonder son regard. Mes lèvres ne sont qu’à quelques millimètres des siennes mais je ne l’embrasse pas, préférant lui faire part de mes intentions et le laisser agir en conséquence, ayant déjà eu la mauvaise surprise de me faire remballer dans le passé pour avoir été trop vite. Mais il m’a dit que je n’aurais pas le temps de visiter l’appartement, et j’espère pouvoir le prendre au mot.
(Jacob T. Walsh)
✩ i hate it here✧ i'm lonely but i'm good, i'm bitter but i swear i'm fine. i'll save all my romanticism for my inner life and I'll get lost on purpose.