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Cela faisait quelques jours que vous aviez atterri aux Maldives, cette destination de rêve qui se dessinait sous vos yeux. Ça vous changeait largement de l’Europe ou encore de Boston qui, d’après la météo de ton iPhone était recouverte du manteau de neige épais. Ici, le soleil était au rendez-vous vous et les températures avoisinaient les trente degrés, ne baissant que d’un degré ou deux la nuit. Tu t’étais déjà fait dévorer par les moustiques et bien, tu te tartinais de crème solaire toutes les deux heures, ta peau avait légèrement rougi et était douloureuse par endroits. Aujourd’hui, les garçons avaient décidé de passer un peu de temps ensembles, de profiter de se retrouver entre potes pour s’amuser et oublier un peu les tracas de la vie. Quant à toi, tu comptais demander à Carla et Cassie si elles voulaient t’accompagner pour une petite balade en ville, mais tu avais trouvé la villa totalement dépourvue de vie, un silence de mort y régnant, simplement dissipé par le bruit assourdissant des vagues qui roulaient en tonneaux pour venir s’écraser le sable immaculé. Pas le moindre mot, rien, seulement la solitude. Tu savais bien que Carla ne te portait pas dans son cœur et elle te le faisait savoir à sa manière. Pourtant, ce n’était pas faute d’avoir essayé de te réconcilier avec ta belle-cousine, mais c’était sûrement peine perdue. Enfin… Surtout quand Orion n’était pas dans les parages. Bizarrement, lorsqu’il était là, elle semblait te tolérer, mais sans plus. Un long soupir s’échappa de tes lèvres avant que tu ne t’affales sur le sofa, passant tes mains contre ce ventre qui s’était bien arrondi durant les fêtes. Tu te surprenais à parler à ton enfant, parce qu’il était le seul compagnon qui ne te quitterait jamais. Pourtant, bien que tu tentais de ne pas être affecté par cette solitude pesante, tu ne pouvais pas contenir des flots de larmes qui roulaient sur tes joues encore et encore. Tu avais fini par te vêtir d’un maillot de bain et d’un paréo, tu avais fini par t’allonger sur les transats de la piscine, lunettes de soleil sur le nez et bouquin de médecine entre les mains. Tu ne savais pas quand les autres reviendront alors, tu comptais profiter du calme pour apprendre un peu plus sur le corps humain bien que tu savais que Gabe râlerait de voir que tu avais apporté tes cours en vacances. Le soleil était à son zénith depuis un petit moment lorsque tu entendis des moteurs de quads se stopper et un brouhaha rauque dans un mélange d’accents américains et britanniques. Les garçons étaient de retour et avaient visiblement fait les fous avec leurs engins de location. Ils étaient tellement dans leur euphorie du moment que, lorsqu’ils avaient plongé dans la piscine, ils n’avaient absolument pas remarqué ta présence dans un coin discret, t’étant décalé plus à l’ombre pour éviter de devenir rouge comme un homard. Ce n’est que lorsque Gabriel en sortit pour se récupérer une canette qu’il finit par s’approcher de toi.
(Clémence Pastor-Moretti)