one last time ─ Falce #11

Chose promise, chose due. Les cadeaux remballés et le carton scellé, Ace a conduit jusque chez Fallon pour les lui rendre, attendant d'avoir ramenée Aurea chez elle pour pouvoir le faire. Et en bas de la résidence, il hésite. Un moment. À se demander si Fallon est chez elle, et si elle risque de croiser sa route durant les quelques minutes où il ne fait que passer ─ mais, même s'il la voit, qu'est-ce que ça change ? Une nouvelle dispute ? Allez, bouge-toi. Profonde inspiration, gros soupir, et il s'élance à l'intérieur de la résidence. Au bon étage, il vérifie que tout est calme, puis s'avance jusque devant la porte. Le colis est déposé, et lorsqu'il se retourne vers l'ascenseur, Ace songe à partir sans demander son reste ─ mais, et si on lui vole les cadeaux ? Hésitation. Juste quelques secondes ; puis il avance jusqu'à l'ascenseur, appuie sur le bouton pour en ouvrir les portes... avant de trottiner en vitesse jusque chez Fallon, sonner, et repartir vite fait en sens inverse. Glissé dans l'ascenseur, ce dernier referme ses portes et commence sa descente, avec Ace qui soupire, main fourrées dans ses poches.

Contenu de la lettre:

@Ace Chung/tw ; ras for the moment

Corps épuisé, muscles brisés de fatigue, notre chère étudiante souffre d’insomnie. Ce n’était pas bien grave, car le lendemain, c’était certes samedi. Mais elle passe son temps à se tourner, encore et encore, dans son lit. Ses pensées ne cessent de la tourmenter ces quelques jours. Elle repasse douloureusement, les images de la nuit blanche à errer sans but, la bagarre qui a éclaté devant ce bar tandis qu’elle s’était arrêtée pour tenter de calmer les esprits. À la place, elle s’est mangée une belle droite sur sa lèvre. Elle caresse alors sa joue rougie et le coin de ses lèvres, là où une fine couche de sang séché repose. Serre les mâchoires et fronce les sourcils, parfois en grognant de colère contre elle-même, car ça l’apprendra à vouloir faire le bien. Elle aurait dû rester dans son coin et les regarder se battre jusqu’à ce qui con parmi eux, finisse par mourir. L’Australienne franchit le hall de son immeuble, appuie sur le bouton d’ascenseur dans un long soupir las. Les cernes de quelques jours visibles sous les yeux... Et quand les portes s’ouvrent enfin, c’est le visage de l’Asiatique qui lui apparaît. Le cœur rate soudainement un battement, mais Fallon remonte rapidement son écharpe sur sa bouche. Elle comprend aussi vite, le motif de sa présence. Pourtant, elle glisse dans l’ascenseur, lui barrant ainsi la route. Les portes se referment derrière elle. Ses billes vertes grandes, ouvertes, fixent le garçon sans un mot. Elle a une mine à faire fuir, mais qu’importe... — Puisque t’es là, je vais aussi te rendre les tiens. Voix cassée, étouffée dans le tissu.

Les portes s'ouvrent et alors qu'il s'apprête à sortir, Ace se fige totalement, surprise sur le visage en voyant Fallon ─ et elle n'a pas le temps de réagir suffisamment vite pour qu'Ace ne remarque pas la blessure à sa lèvre. Sa mine déconfite. La fatigue. Instantanément, alors qu'elle se planque, l'indignation se pointe chez lui ; qui l'a blessée ? Forcément, il imagine le pire au début, mais se dit que dans le cas où quelque chose avec lui se serait produit, il l'aurait su. Route bloquée, Ace se retrouve contraint de remonter les étages en sens inverse et il soupire en entendant ses mots, détournant son regard. Il a envie de demander. Savoir ce qu'il s'est passé. Pourquoi elle est blessée, encore ; pourquoi elle a l'air aussi fatigué. Mais y'a ce sentiment étrange qui lui dit que c'est pas sa place de le faire, que ça serait même de trop. Alors il se renfrogne, dos appuyé contre la paroi. T'as pas été assez rapide pour te cacher. lâche-t-il. Ding. Ils arrivent au bon étage et comme pour relâcher la tension, les épaules d'Ace se redressent alors qu'il se tient droit, le regard rivé sur les portes qui s'ouvrent. Enfin j'imagine que j'ai pas l'droit de demander ce qui s'est passé, hein ? Y'a de la distance. Braqué, encore. Sur la défensive, comme si à tout moment, elle allait l'attaquer.

@Ace Chung/tw ; ras for the moment

Elle ne veut pas s’étendre sur l’incident d’hier, mais cela semble le préoccuper. Après tout, elle est en vie et n’a qu’une petite lèvre blessée. S’il fallait blâmer quelqu’un, c’était elle. Encore une fois, un tel acte de violence aurait pu être évité si elle n’avait pas décidé à ce moment-là, de jouer les justicières. Mais heureusement, elle va bien. Alors, blondie hausse les épaules et lorsque les portes s’ouvrent, elle les franchit. — Ce n'était rien, y avait une bagarre devant un bar, on était plusieurs à vouloir les séparer, et j’ai reçu une droite par erreur. Le gars s’est excusé après. Les pas stoppent devant le paquet. Sûrement ses cadeaux. Soupire qui s’échappe, les mains sortent de son manteau tandis qu’elle se baisse pour ramasser. Elle ouvre le paquet et découvre une lettre. Fronce les sourcils. L’Australienne se souvient alors de ses mots. "Une exception" qu’il disait. Vraiment ? C’est pour cela que tout ce qu’elle mérite, c’est une lettre déposée devant sa porte avant de filer comme un voleur ? Parce qu’elle se doute bien du contenu de la lettre, Fall. Des mots qui vont venir lui serrer davantage le nœud dans l’estomac. Énième soupir discret. Elle n’a plus la force de se battre. Car elle souffre en silence. Elle secoue la tête, les lèvres s’étirent dans un sourire sarcastique. Elle calle le paquet contre sa poitrine tandis qu’elle ouvre la porte. Dépose le paquet sur la petite table à l’entrée. — Entre. Libre à lui de le faire ou non. Distante. Elle s’éloigne. Puis revient avec son paquet, qu’elle tend à son tour. — Je n'ai même pas eu l’occas de les mettre. Donc tu peux même les revendre pour récupérer ton fric. Et sa voix n’est même pas sèche. Elle est juste lessivée. — Et attends... Elle se baisse pour prendre la lettre. Ouvre la main du coréen pour y glisser le bout de papier. — J’aurais préféré écouter le contenu de vive voix. Mais si tout ce qu’elle mérite, c’est une lettre, alors cela voudrait dire qu’il est capable de lui mentir, lui aussi. De lui vendre des mots qui n’ont aucune valeur à ses yeux. Tout le monde joue, finalement.

Rien de plus qu'une droite perdue sur sa joue, sans conséquence particulière. Ça le rassure dans le fond, mais Ace sait aussi que Fallon serait capable de mentir pour le tenir à l'écart d'un problème dont elle ne veut pas qu'il se mêle ─ alors il ne dit rien, préférence offrir le silence comme réponse, comprenant et approuvant que la discussion à ce sujet ne soit pas davantage poussée. La vue du paquet qu'il a laissé à l'entrée lui donne envie de s'éclipser alors qu'il se rappelle qu'à l'intérieur, il y a une lettre ; malgré la tête qui lui souffle de tourner les talons et d'en finir là, le corps ne bouge pas. Et il est mal à l'aise. Salement mal à l'aise, même. Il n'entre pas cela dit, reste sur le pas de la porte, Vador au loin qui surveille. Ils se regardent un instant, se jaugeant, et la méfiance habituelle d'Ace à l'égard du chien protecteur est juste inexistante à ce moment. Fallon réapparaît rapidement avec son paquet et Ace fronce légèrement les sourcils, furtivement, avant que son expression renfrognée s'accentue quand la lettre lui est remise. Papier qu'il regarde, plié, et le silence retombe, malaisant. Malgré la colère qu'il éprouve face à leur situation, ça fait mal. Mal de se dire qu'ils en sont là, que ça s'est brisé, et qu'ils sont probablement mieux loin l'un de l'autre ─ surtout elle loin de lui. En silence, ses doigts déplient le message, et il le relit en silence, sans rien dire. Les secondes s'écoulent, si bien qu'on sent l'hésitation chez lui, comme une remise en question entière dans ces quelques secondes où il s'accable tout seul d'un poids invisible. Il a pas envie de dire ces mots. De les prononcer de vive voix. Il hésite, un moment, à être juste un connard et partir en disant que ça n'en vaut pas la peine parce que de toute façon, ils ne vont pas se reparler ─ ce qu'il aurait fait, avant. Mais Fallon est une personne chère à son coeur aujourd'hui, une amie malgré l'ambiguïté, et quelqu'un qui mérite son respect et ses efforts. Lire ? Improviser ? Mentir ? Refuser ? Partir avec la lettre ? S'énerver ? Le regard sombre d'Ace se relève sur Fallon. Et j'aurais préféré ne pas me retrouver une énième fois sur le pas de ta porte à te dire au revoir. Encore. Il lui tend à nouveau la lettre qu'il referme d'un mouvement de ses doigts, les yeux baissés dessus. Je te remercie simplement pour ces derniers mois et te souhaite d'aller mieux rapidement.

@Ace Chung/tw ; ras for the moment

Pourquoi ? Pourquoi ça fait si mal ? Les larmes qu’elle retient de force. Qu’elle empêche de sombrer sur sa joue lorsqu’il s’avance, pose à nouveau le papier dans sa main. — Mais tu l’fais pourtant. À chaque fois. Sa main de libre vient serrer davantage un bout de son manteau, les yeux et la tête baissés sur ses doigts contre les siens. Un pied écorché sort de dessous le manteau. Elle recule, mais pas assez. Fallon ne sait plus si elle respire encore, si c’est une simple illusion. Ces mots balancés ne sont-ils qu’une vérité ou une affabulation ? Elle se pince la lèvre, là où elle en oublie la blessure, grimace soudainement. Sa main pâle aux doigts fins, aux ongles vernis de nacre, quitte son manteau pour baisser l’écharpe et caresser la plaie, histoire d’apaiser la douleur. — Je te souhaite la même chose... Demoiselle écrase le papier du bout des ongles. Se force à ne pas craquer. Elle se le répète même plusieurs fois dans la tête. Ne craque pas Fall. Ne craque pas... — Je ne veux pas la lire... Car je sens déjà la douleur s’immiscer... Là. Ici. Paume fermée qui vient s’abattre sur son cœur, à travers la chair. — Pourquoi ? Tu veux m’infliger ça ? J’aurais préféré que tu me détestes. Déteste-moi Ace. Lève les ténébreuses sur son visage, pour les ancrer ensuite dans les siennes. Ça sera plus facile à encaisser. Son sado-maso-fardeau qui l’a impliquée dans ces souffrances depuis son adolescence, guide finalement toute son existence...

À chaque fois. Est-ce que c'est lui qui prend la fuite, ou elle qui le repousse, cette fois-ci ? Plus sûr de rien, en vrai. La différence étant que contrairement aux autres fois, elle ne le retient visiblement pas. Elle accepte, semble-t-il, que ça se termine là. Pas d'indignation, pas de colère, juste de la douleur. Le papier légèrement froissé, Ace n'en décroche pas son regard, écoute les mots de la blonde avec la douleur qui pulse au même rythme que la sienne. Mais c'est pas pareil. Il sait qu'il ne vit pas les choses de la même façon. Et pour cette raison, Ace finit par retirer sa main, gardant le message, résigné à ne plus le lui montrer. Je pense pas que te détester aurait rendu les choses plus faciles... Léger soupir, les épaules s'affaissent. Sachant que de nous deux, c'est toi qui es la plus en droit d'être en colère. De me détester. Dis lui. Alors il prend une profonde inspiration et relève le regard pour lui faire face, malgré l'envie de fuir. T'es quelqu'un d'extra, Fall. T'es belle, drôle, intelligente, sensible, altruiste, et tu m'as beaucoup apporté ces derniers mois. T'as encaissé des choses que t'aurais jamais dû avoir à supporter, mais tu l'as fait, sans jamais m'rejeter la faute dessus, te plaindre, ou te laisser abattre. Sur bien des plans j'dirais même que t'as été bien plus une battante que moi. Un bref souffle amusé lui échappe alors qu'un sourire s'esquisse rapidement, avant de disparaître progressivement. Mais tu mérites d'être aimée. Pas d'être... comme on est, alors qu'on sait tous les deux que j'pense toujours à Rose, et que je cherche pas à m'en défaire. J'dis pas que c'est un adieu mais... il va te falloir du temps. Au moins pour te défaire de ces sentiments. Ça s'ra douloureux, un moment, j'en doute pas, mais ça va passer, certainement plus vite qu'on ne le pense. Tu t'en remets toujours. Et quand la douleur sera partie, là on pourra peut-être se retrouver. Dans son fil de pensées, Ace songe que tant qu'il restera à ses côtés, tant qu'il sera à proximité, Fallon sera prisonnière de ses sentiments ; un peu comme Rose et lui le sont des leurs, incapables de s'en débarrasser à force de se croiser. Avoir conscience du fait qu'elle vit un amour à sens unique lui rappelle constamment des choses dont il la prive en étant là, malgré l'excuse derrière laquelle il se planque ; Fallon veut que je sois là. Mais même à ça, y'a une limite. J'sens bien que ce que je t'offre suffit plus, et j'ai envie d'te voir heureuse... mais ça sera pas avec moi que tu le seras. Je suis désolé. L'hésitation de rajouter ces trois mots le démange, mais il se mord la langue, jugeant que ses paroles sont suffisamment difficiles à encaisser sans qu'il n'en rajoute encore une couche.

@Ace Chung/tw ; ras for the moment

Couper l’cordon pendant qu'il soit encore temps. Avant de devenir celle qu’elle n’aurait jamais dû devenir. Les mots la touchent, mais pas assez, pour contenir la douleur. Pas assez pour la réconforter. Alors elle abandonne Fallon, elle recule, soupir. L’écoute étaler ses vérités. Celles qui font super mal. Qui vous blesse le myocarde à coup de lame. Elle en a aussi. — On ne se retrouvera plus. Vérité crachée... Parce que lorsqu’elle enterrera la douleur, c’est lui et ses souvenirs qu’elle enterrera. — Lorsque tu monteras dans cet ascenseur, je n’existerais plus. Parce que c’est trop facile. Trop facile de laisser une quelconque brèche ouverte. Il ne comprendra jamais sinon, ce qu’il a perdu. — Alors on peut dire que ce sont des adieux. T’entendras plus ma voix. Tu verras plus mon visage. Ace. Dis-toi que je suis morte. La sérénité dans la voix, mais pourtant, elle sent ses jambes l’abandonner. Quand on arrache un pansement, il faut le faire d'un coup, n’est-ce pas ? Elle doit vivre cette souffrance, expérimenter cette douleur. Alors seulement, il lui sera possible de s’ancrer dans la chair de l’existence, d’appréhender la vie et de choisir son contraire. — Je le sais maintenant, que je n'étais pas une exception. Et que toi, t'étais finalement pas si différent des autres. Nouvelle quête, mentir pour se faire détester au plus profond de son âme. Il a toujours pris des décisions à sa place et là, présentement, il le fait encore. Pour cela qu'elle rassemble son courage, qu’elle garde ce calme tranchant, parce qu’il y a longtemps, que sa paume aurait atteint sa joue. — Je ne serais plus un poids lourd sur tes épaules. Ça, c’est dit. Nerveusement, elle glisse une mèche blonde derrière l’oreille. — On redeviendra de parfaits inconnus. Des mots blessants, qui se ruent entre ses lèvres, forcés d’appuyer là où ça fait mal. Elle se blesse, elle aussi, mais elle ne laisse rien paraître. Rien voir du mal qui la ronge. — Je ne suis pas une grande perte. T’as tes brunes pour te consoler. Allez hop, un dernier pour la route en espérant avoir suffisamment provoqué sa colère pour qu’il la déteste. Le sarcasme dans la voix, le sourire faux. Ultra faux. — Si t’as terminé, tu peux t’en aller. Tout ce qu’elle désire, c’est être détestée, de pouvoir le détester. Lui dire qu’il a été le parfait connard qu’il ne voulait pas être. Il l’a usée, comme une poupée, et maintenant qu’il en a plus besoin, c’est l’abandon. Elle le savait Fall, que tout ça, c’était un putain de ramassis de conneries. Trop conne de s’être laissée faire.

Le regard s'écarquille légèrement face aux baffes mentales qu'il se prend, mais aucune colère n'en résulte. Même s'il ne partage pas son avis, il a pas l'envie de défendre sa position, son opinion. Aurea cette nuit, aujourd'hui Fallon, la distance se creuse entre lui et les autres, avec plus de pertes que de gains. L'abandon mord ses entrailles et lacère le coeur, alors qu'il a désespérément cherché des liens, des connexions pour ne pas retomber dans la solitude d'avant. Celle où il était seul avec les ombres et les démons de son esprit ─ mais il comprend. Il comprend le but de la manoeuvre, méthode qu'il a lui-même employé. Être dur, blessant et cruel pour couper l'envie à l'autre de se rapprocher. Et là, c'est lui qui se retrouve de l'autre côté, à prendre les coups. Sans broncher. Sans s'énerver. Juste le regard douloureux et résigné, alors qu'elle lui dit de partir s'il a terminé. Le voile de silence qui retombe après cette sentence n'a rien de plaisant. Il est lourd, oppressant, étouffant, et Ace grave dans son esprit ses mots et son attitude alors qu'elle accepte elle aussi cette défaite. Lentement, il hoche la tête, en même temps que le regard se baisse légèrement ; puis ses épaules se tournent, le pied pivote, et le corps finit par se détourner complètement de Fallon pour lui tourner le dos et s'éloigner en silence jusqu'à l'ascenseur, toujours présent à l'étage ; et jusqu'au retour au rez-de-chaussée, Ace n'aura pas soufflé le moindre mot. Seul le regard exprime la douleur de cette perte, sans pouvoir dégager cette terrible sensation qu'il s'enferme dans une cage dont il ne veut pas.

@Ace Chung/tw ; ras for the moment

Renfermée de nouveau comme une huître, comment a-t-elle pu être si stupide ? Elle est terrifiée, en sueur, le corps tremblant, le cœur battant, paralysée, stupéfaite, à la fois torturée. Tout vient de cet œil-là, qui a vu sa timidité, sa culpabilité, sa maladresse, ses caprices, sa jalousie, sa naïveté. Sa poisse. Sa faiblesse. Oui sa faiblesse. Celle qu’elle ne voulait pas laisser voir. Elle lui a fait confiance, Fall. Elle qui pensait qu’il ne l’abandonnerait pas. Fatiguée. De toujours être celle qui lui court après, qui se rabaisse à la fin. Qui pardonne à chaque fois, ses mots blessants, ses attitudes détachées. Ses mensonges. Parce que là, oui, elle commence à croire qu’il lui a menti, plusieurs fois. Que ses mots, n’ont été sans aucune valeur, seulement là pour la forme. Pour la plonger dans cette illusion de croire qu’elle était assez importante pour qu’il la retienne. Les poings se forment quand il disparaît de son champ de vision, la Fallon faible, l’aurait encore rattrapé, comme à chaque fois, mais plus maintenant. Car blondie se rebelle. Elle en a marre d’être la seule à tenir à ce point. Alors, elle relâche les nerfs, haletante, elle vient fermer doucement la porte tandis que les premiers sanglots martèlent son esprit. Front plaqué sur le bois de la porte, paume qui caresse la texture. Elle craque. Elle s’effondre au gré de la brise du matin. Le corps qui pivote, qui glisse le long de la porte, en larme, la voix étouffée, elle se retient encore, jusqu’à ce que Vador court vers elle en aboyant. Sa langue muqueuse vient cueillir ses larmes, alors qu’il pleure, lui aussi, petits bruits de tristesse qui lui parviennent. Pour l’accompagner, lui montrer qu’il est là, qu’il a mal à la voir dans cet état. Son museau se pose sur son épaule alors qu’elle se réfugie contre le corps de l’animal. Elle le serre tout contre lui. Visage enfoui. Les larmes tranchantes qui brûlent douloureusement ses joues. — Ça fait si mal... Vad... Qu’elle confie à son chien. Finalement, le seul qui n’osera jamais l’abandonner. Ce cœur qui saigne dorénavant, elle n’aurait jamais pensée que ça puisse faire aussi mal... Elle pleure encore et encore... Jusqu’à ce que ses propres perles de larmes finissent par l’abandonner elles aussi...