Taking care of YOU || ((ft Leslie))

Le corps face à la porte, il pense à ce qui l’amène ici aujourd’hui le Wayne. Finalement, c’est étrange de devoir être là pour raisonner son père, lui demander de lever le pied, prendre soin de lui. L’inverse, lui, n’avait jamais paru bizarre ou déplacé. Ni même quand il le faisait avec ses adelphes. Après tout, c’était lui l’aîné, lui le grand frère. C’était normal qu’il veille sur les autres et pourtant, veiller sur leur père comme il devait le faire aujourd’hui, lui faire entendre raison sur sa propre santé, ça provoquait en lui quelque chose de morose, comme si une terrible vérité le frappait soudain. Il n’est ni invincible, ni éternel. Et peut-être que le père de famille avait également besoin que l’on lui rappelle cette vérité. Alors pour celà, qui de mieux choisi que celui qui a produit les mêmes erreurs un an plus tôt. Que celui qui a poussé son corps à bout jusqu’à être hospitalisé pour surmenage. Personne. Quelque part, c’était évident. Si Lyssandre était là, ce n’était pas uniquement à cause de sa position d’aîné, mais aussi parce qu’il savait très bien ce qui pouvait suivre, ce qui allait suivre si leur père continuait dans cette voie.

Le poing qui tape contre la porte, il enclenche la poignée sans même attendre de réponse le Wayne. Après tout, il est toujours chez lui ici. Ils le sont tous, malgré leurs adresses disparses dans toute la ville. « Papa, c’est moi. » Annonce-t-il alors qu’il repousse la porte derrière lui, restant dans l’entrée pour se défaire de son manteau et écharpe qu’il dépose négligemment sur le canapé en avançant dans le salon. L’absence de réponse le laisse perplexe, mais bien vite, il comprend qu’il n’est pas seul dans l’appartement familial. Un bruit sourd se fait entendre dans la cuisine, un bruit fort, suivi de plusieurs jurons, comme il n’en avait jamais entendu. Fatigué et irritable, il connait ça l’ainé, se souvient avec quelle facilité les nerfs lâche quand tout le reste du corps est sur le point de craquer. Sans attendre, il se dirige vers la cuisine, constate les dégâts, mais se fiche bien de ce qui est de nature matérielle. Non, son inquiétude, elle, elle est pour l’homme qui se tenait seul dans la cuisine jusqu’à son arrivée, pour l’homme qu’il n’avait jamais vu si épuisé. « Est ce que ça va ? Tu t’es fait mal ou brûlé ? » L’interroge t-il derechef, cherchant déjà les réponses à ses questions sur le corps de son paternel.

Leslie était angoissé alors qu'il venait de mettre un plat au four, pour réchauffer les petits plats qu'avait apporté sa fille, Dahlia, dans des tupperwares, quelques jours plus tôt, alors qu'il se remettait encore de son intoxication alimentaire. Elle avait été costaud, il fallait dire ! Heureusement qu'Andy avait été là pour l'aider à passer ce moment éprouvant autant pour son corps que pour son mental. Il avait vraiment du mal à lever le pied, et il avait l'impression d'être encore très épuisé, alors que son estomac était redevenu à la normale. Bizarre.  Sans doute un contrecoup de tout cela. Ce n'était pas pour cela qu'il était stressé, de toute façon, mais bien parce que son fils Lyssandre lui rendait visite, lui ayant indiqué par message qu'il désirait lui parler. Cela ne présageait jamais rien de bon, s'il voulait le voir et en discuter de vive voix. Quelque chose était encore arrivé à Florian ? Oh il espérait que non ! Mais en même temps, Lyss ne lui aurait pas dit que tout allait bien si cela concernait la santé de son petit-ami, ou s'ils s'étaient séparés de nouveau. Oh, il voulait tant que les choses se passent bien entre ces deux-là...

Il fut tiré de ses pensées lorsque le four se mit à biper, indiquant que le plat était à la bonne température. Il se hâta d'éteindre, ouvrir la porte pour en sortir ce qui y était contenu, mais, malgré les manique, alors qu'il se relevait doucement, le plat glissa, allant s'écraser au sol. Le contenant était brisé et le repas étalé sur le sol. « Non ! » s'écria-t-il. « Mais quel idiot ! Je suis trop bête ! Mais c'est pas possible ! » cria-t-il, les larmes lui montant aux yeux. Il ne savait pas pourquoi, mais il était sur les nerfs en ce moment, très irritable, et surtout, prêt à pleurer à la moindre contrariété. Les larmes ne coulèrent pas, mais il resta pantois, à se lamenter dans sa barbe, jusqu'à ce qu'une voix familière le tire de sa misère.
« Lyss ! Quand est-ce que tu es entré ? Je ne t'ai pas entendu.» demanda-t-il, le regardant d'un air fatigué comme jamais. « Ça va.. Mais je suis tellement stupide qu'on a rien à manger. Mais t'en fais pas, je vais préparer autre chose... » dit-il, passant une main rapidement contre ses yeux pour effacer toute micro-trace de larme qui pouvait s'y trouver.

Il ne se souvient pas Lyssandre, quand il a vu son père perdre son calme de la sorte pour la dernière fois, mais cette image lui provoque une certaine angoisse, liée à la peur d’avoir peut-être poussé le bouchon un peu trop loin, eux aussi. Ils étaient toujours serviables et n’avaient jamais rechigné à aider leur père quelque soit la tâche, mais peut-être que finalement, ils n’en avaient pas fait assez, peut-être que finalement, eux aussi en avaient trop déposé sur ses épaules. Dans un soupir de culpabilité, il examine Leslie, tente de voir s’il a pu se blesser ou si seul ses nerfs sont sur le point de craquer. Devoir le conduire à l'hôpital ou appeler Andy serait sûrement la goutte de trop, l’évidence même qu’ils n’ont pas réussi à préserver l’homme qu’ils chérissent tous le plus au monde. Mais rien ne semble indiquer qu’il ait physiquement pû être victime d’un accident domestique, alors il se recule Lyssandre, commence à attraper de quoi ramasser les éclats de verres brisés et ce qu’ils contenaient quelques minutes auparavant. « Je viens d’arriver. Juste le temps d’enlever mon écharpe et mon manteau. » Mais aussi suffisamment longtemps pour entendre son père perdre son sang froid. « Tu n’es pas stupide. Ce n’est pas grave. » Il ajouterait bien un petit commentaire sur la cuisine de sa soeur pour plaisanter, mais vu son état, il n’est pas certain que cela le fasse rire. Alors il s’abstient, commence à s’accroupir pour ramasser prudemment les morceaux de verre. « Tu devrais t’asseoir, parce que j’aimerais te parler, j’vais gérer le repas. » Parce que ça sera plus facile pour lui, d’avoir quelque chose à faire pendant qu’ils ont cette discussion, mais aussi parce que cela est la raison même de sa présence. Obliger son père à lever le pied. Il se redresse à plusieurs reprises, s’active pour tantôt jeter des choses à la poubelle, pour attraper de quoi essuyer le sol. « Avec les autres, on s’inquiète un peu pour toi… » Un peu, un euphémisme, parce qu’ils s’inquiètent tous que l’état de santé de leur père puisse s'aggraver. « On trouve que tu as l'air fatigué en ce moment et… A fleur de peau…. » La scène à laquelle l'aîné des enfants venait d’assister en était un bel exemple. « Et ce genre de… Symptômes, je les reconnais. » Après tout, lui aussi y avait fait face, il y a un an alors qu’il avait imposé à son corps un rythme intenable dans l’espoir de réussir à payer ses factures par lui-même. « Et j’ai pas envie que tu fasses comme moi. » A se retrouver à l'hôpital après s’être évanoui au travail, ajoutant contusion et entorse à son état de santé déjà déplorable.

Leslie observa son fils qui commençait à ramasser les débris de verre, ainsi qu'à déblayer les restes de nourriture étalés sur le sol. « Ne touche pas à ça, tu vas te blesser ! Je vais le faire tout à l'heure ! » Mais il avait à peine formulé cette phrase que son enfant était déjà en train de s'accaparer cette tâche, au péril de ses mains, indiquant à son père de s'asseoir parce qu'il avait à lui parler. S'asseoir ? Était-ce si sérieux qu'il devait être assis pour l'écouter ? Risquait-il de faire une attaque? Lyss avait-il peur de sa réaction? Est-ce qu'il avait échoué et ses enfants avaient peur de tout lui dire?
Encore très touché par son inaptitude à sortir le plat du four, il s'assit lourdement sur l'une des chaises dans la cuisine, tout en continuant à observer Lyssandre, le cœur battant. Il commençait à redouter ce que l'autre avait à lui dire... Et si c'était grave ?

Et enfin, le verdict. Ils s’inquiétaient pour lui ? Mais pourquoi ? Leslie le regarda un moment les yeux écarquillés. Oh ! Ce devait être à cause de sa maladie récente et sa fatigue inhabituelle. Enfin, inhabituelle... Il s'y était accoutumé depuis le temps. « Non, non ! » s'exclama-t-il. Il se souvenait bien de la fois où Lyssandre leur avait fait une frayeur, de par son évanouissement, dû à son surmenage ! Mais ce n'était pas la même chose du tout ! Absolument pas ! Il n'était pas sur le point de se retrouver à l'hôpital ! « Je suis un peu fatigué à cause de mon intoxication, j'ai eu des nuits compliquées. » indiqua-t-il doucement. « Quelques jours ou semaines, et tout ira bien. Ne vous inquiétez pas pour moi, mes petits cœurs, il n'y a aucune raison. Tout ira bien... » dit-il. Mais une fois encore, il avait les larmes aux yeux qui lui montaient. Il était tellement nul qu'il en était venu à créer du souci à ses propres enfants ! Normalement, c'était à lui de s'inquiéter, pas l'inverse !

Il passe outre la contre-indication Lyssandre. Il ne va pas se blesser, et au pire, même si ça devait être le cas, que seraient quelques coupures à côté de la santé entière de son père ? Rien, et c’est pour cette raison qu’il balaye l’interdiction sans même lui accorder une réelle importance. Ce n’est pas quelques morceaux de verre qui vont lui faire peur, il en a vu d’autres, en a ramassé d’autres. Ca n’a rien d'exceptionnel, et aussi minime soit la corvée, s’il pouvait l’épargner à son père, il le ferait. C’est pendant ce moment qu’il choisit donc d’introduire la raison de sa venue, d’amorcer cette discussion qu’il craint. Non pas qu’il s’inquiète que Leslie le prenne mal ou s’emporte contre lui, mais au contraire, il s’inquiète de ce déni puissant dont lui même est régulièrement victime, s’inquiète de ces oeillères qu’ils savent si facilement se mettre sans jamais réussir à les enlever. Et peut-être que pour cette raison, il n’aurait pas dû venir seul l'aîné de la fratrie. Peut-être qu’il aurait dû inviter les autres à le suivre, dès aujourd’hui, pour qu’ensemble, leurs mots aient plus de poids.

Sûrement qu’il aurait dû même, alors qu’il observe la première réaction de son père sur le sujet. Le déni, clair, évident, comme l’étudiant lui-même l’exprimait systématiquement. Les mêmes excuses heurtent ses tympans, ce qui le pousse à s’interroger Lyssandre. Etait-il lui-même toujours ainsi à trouver des excuses pour justifier de ne pas voir ce qu’il ne voulait pas voir ? En avait-il abusé il y a un an, quand les rythmes du travail et des cours étaient trop pesants, quand il avait été confronté aux mensonges de Florian ? Amères leçons durement apprises, bien que partiellement et pas par toute la famille. Les enfants avaient besoin d’être tenus par la main pour apprendre à marcher. Peut-être que cette fois, c’est eux qui devaient aider leur père à tenir sur ses pieds et avancer. « Papa, s’il te plait… » Il marque une pause, se laisse tomber sur les genoux pour pouvoir relever les yeux vers lui et poser son regard sur sa silhouette. « Moi aussi j’ai passé des jours à me dire que ça passerait, qu’il suffirait que je dorme un peu dans les jours qui viennent, et ça n’a rien changé. J’ai mis des semaines à m’en remettre, et avant ça, passé deux jours à l’hôpital. Et si tu penses que je fais erreur, va au moins voir un médecin s’il te plait. » Parce que ça serait peut-être la seule personne qu’il n’oserait contredire, la seule expertise qu’il n’oserait remettre en question. « Et on est pas les seuls à le penser et à s’inquiéter. Andy aussi… » Il n’a pas envie de mêler le légiste à la discussion, mais il ne pouvait refuser d’ajouter un poids supplémentaire dans cette discussion. Après tout, ils étaient six à penser la même chose. Il serait bien obligé de les écouter.

Leslie ne s'était pas rendu compte que les membres de sa famille s'inquiétaient à ce point pour lui. Certes, il avait été malade et cela l'avait mis à mal, le rendant faible l'espace de quelques jours, car il était surmené. L'intoxication alimentaire avait été la cerise sur le gâteau. Mais, à présent, il allait mieux et il n'y avait rien à craindre, n'est-ce pas ? Il devait juste rattraper son retard (plus facile à dire qu'à faire), et tout rentrerait dans l'ordre. Il écouta cependant Lyssandre lui parler de son inquiétude, ainsi que de celle des autres. Cependant, il secoua la tête, s'apprêtant à lui répondre encore une fois qu'il n'y avait pas de quoi s'inquiéter, que ce n'était pas la même chose, qu'il ne finirait certainement pas à l'hôpital comme ce qui était arrivé à son fils un an plus tôt, qu'il avait l'habitude. Bref, beaucoup d'excuses. Mais il n'eut de toute façon pas le temps de répondre car un nom ressortit subitement dans le discours de son interlocuteur.

« Vous avez parlé à Andy ? Quand ça ? » demanda-t-il. Qu'est-ce que le légiste leur avait raconté ? Est-ce que c'était au sujet de ses malaises ? Il se sentait parfois épuisé, avec la tête qui tournait, mais il n'avait plus eu de malaises du tout depuis la dernière fois ! « Qu'est-ce qu'il a dit ? » Il avait penché la tête sur le côté, regardant Lyssandre avec curiosité. « Et pourquoi est-ce que je devrais voir un médecin ? » Il n'y avait pas de pilule magique pour rattraper son retard pour ne plus être fatigué ! Il se reposait déjà comme il le pouvait !

Ca les avait tous soudainement frappé en plein coeur, l’inquiétude. Suffisamment pour qu’ils se décident instantanément à écouter Andy, malgré les ressentiments de certain.es à son égard. Lyssandre lui-même avait mis de côté la mauvaise humeur qu’il pouvait éprouver à proximité de la nouvelle moitié de son père pour se concentrer sur l’essentiel, sur ce qui était vraiment important. Une discussion qu’il aurait d’ailleurs pu avoir seul avec l’homme, mais puisque cela concernait leur père, il ne pouvait pas garder cela pour lui. Et alors qu’il se retrouve face à Leslie, visiblement pas loin de la crise de nerf, il se félicite, pour une fois, d’avoir pris la bonne décision. Ils ne seraient pas trop à le surveiller, à faire attention aux signes. Pas si Andy s’y mettait également. Un nom qu’il cite, malgré lui, parce qu’il lui semble qu’il faut au moins cela pour que son père l’écoute. De quoi faire naître chez le plus jeune une pointe de colère, de jalousie, de tristesse. Pourquoi ne pouvait-il pas écouter son fils comme l’adulte qu’il était pour une fois ? « C’est lui qui est venu me parler. » Lui qui a jugé préférable de se confier aux enfants d’une Wayne plutôt que d’essayer de faire entendre raison à son petit-ami - têtu, qu’on se le dise - par lui-même. « Ce que toi tu nous a pas dit. » A mi-chemin entre le reproche et l’inquiétude dans le timbre de sa voix, il lève les yeux vers son père Lyssandre, la mâchoire légèrement crispée. « Il nous a dit pour les malaises. » Ceux dont lui ne leur à pas parler, ceux que lui a passé sous silence alors qu’ils auraient pu se révéler grave. Très grave. Ceux qui les inquiète les Wayne, plus que l’intoxication alimentaire en elle-même. « Juste pour être sûr que c’est que de la fatigue et que tu n’es pas malade. » Une possibilité grandissante, à son âge que quelque chose puisse se cacher derrière les malaises, derrière la fatigue, derrière tout état de santé inhabituel. « Parce que même si ce n’est rien, il pourra peut-être te conseiller des vitamines, ou ce genre de choses. » Quelques jours de repos vis à vis du fast-food également. Juste de quoi le soulager un peu.

Ainsi, c'était Andy qui était venu parler à ses enfants, par inquiétude pour lui. Leslie poussa un petit soupir. Oh, il comprenait d'où venait cette inquiétude, parce qu'il aurait été tout aussi effrayé si leurs rôles avaient été échangés. Si Andy ou un de ses enfants faisaient ce genre de malaises, même dans une configuration telle qu'une intoxication alimentaire... Mais son petit-ami n'aurait pas dû inquiéter le reste de la famille. Sans doute que cela le rassurait, de les avoir mis dans la confidence. Il ne l'en blâmerait pas, et ne lui en voudrait pas. Pas pour avoir pris soin de lui, même s'il croyait que c'était un peu trop pour pas grand chose.

« Je vois. » répondit-il, baissant les yeux un instant. « Mais il n'y a pas lieu de vous en faire. C'est vrai, j'étais vraiment épuisé, mais c'était l'intoxication. Maintenant, ça va beaucoup mieux, plus aucun malaise à déclarer ! Je te promets ! » Certes, il se sentait parfois un peu faible, avec la tête qui tournait, lorsqu'il était assis devant son écran, où en train de préparer une commande au fast-food, mais cela arrivait que de temps en temps, et l'impression ne durait que quelques secondes. Pas de quoi s'alarmer ! Sinon, il serait allé chez le médecin de lui-même (bien sûr).
Pas besoin de vitamines, et encore moins de rendez-vous chez le médecin !
« Vraiment, ça va aller ! Je mange bien, je m'hydrate bien, je fais un peu d'activité physique, y a pas de raison. » dit-il, avec un petit sourire se voulant rassurant.

Il aurait préféré que les informations viennent autrement Lyssandre, préféré que cela ne reste qu'entre eux ou presque. Leslie était leur père, c'était normal qu'ils s'inquiètent tous pour lui, qu'ils veillent en retour tout comme il avait veillé sur eux. Mais au lieu de ça, le père de famille leur avait caché les détails de son état, peut-être plus grave qu'il ne l’imagine lui-même. Une confirmation qu’il ne pourrait avoir auprès de ses enfants, aucun d'entre eux n'ayant vraiment été passionné par la médecine un jour dans sa vie. Mais par chance, Andy avait les connaissances nécessaires pour déceler certaines anomalies, pour faire preuve de plus de vigilance face à certains symptômes. Et si l'aîné de fratrie ne portait pas encore vraiment dans son coeur la nouvelle moitié de son père, il devait au moins reconnaître qu'il avait été  perspicace en incluant les enfants de Leslie dans la confidence. Une transparence que personne ne pourrait lui reprocher, pas même Lyssandre. A défaut d’aimer son humour, peut-être apprécierait-il au moins son honnêteté. Plus que celle de son père en cet instant.

Les yeux levés au ciel, il soupire Lyssandre, alors qu’il entend pour la énième fois le même disque que celui qu’il écoute depuis son arrivée. Impossible de faire plus obstiné. « Tu aurais dû nous en parler quand même. L’un d’entre nous aurait pu rester ici quelques jours Ou on se serait relayé. Imagine si tu t’étais cogné la tête. Ou blessé dans la chute ? Tu prends ça trop à la légère ! » Trop pour le jeune Wayne qui a déjà perdu une mère et qui en plus, n’a pas envie de perdre un père. Son père. « T’es vraiment une tête de mule. Ca te demanderait pas grand chose d’aller voir le médecin. Tu pourrais avoir une carence en vitamine ou en fer. Ca serait l’histoire de quelques semaines de compléments et on en parlerait plus . Et puis même toi tu te sentirais mieux. Tu serais plus en forme, donc tu avancerais plus efficacement sur ce que tu dois faire. » Il en serait le premier gagnant Leslie, contrairement à ce qu’il pense sûrement pour faire autant d’histoire à l’idée d’aller voir un médecin. « Ne serait-ce que pour ton intoxication alimentaire, tu aurais dû consulter. C’est pas sérieux de t’être fié uniquement à Andy. » Parce qu’il n’est pas vraiment de ceux qui soignent, et que s’il devait avoir de mauvaises intentions à l’égard du Wayne, ce dernier ne s’en rendrait surement pas compte. « Et tu donnes un très mauvais exemple à tes petits-enfants. » Quoi ? Eux aussi avaient le droit de peser dans la balance non ?

Leslie poussa un large soupir devant l'obstination de son fils. Lyssandre qui jouait souvent les butés sur bien des égards, s'amusait à présent à lui faire la morale ! Bon, peut-être qu'il avait un peu raison, mais son père ne le voyait malheureusement pas de cet œil. « Je n'avais aucune raison de vous inquiéter ni de vous déranger ! Andy est resté deux jours avec moi pour s'assurer que tout irait bien ! » riposta-t-il simplement, fier de lui et de sa réparti. En effet, il n'avait pas été seul pendant ces moments de malaise. Certes, il en avait encore un peu parfois, mais pas à ce point. La plupart du temps, c'était comme une grande faiblesse qui le prenait, de façon inopportune. Il n'avait qu'à s'asseoir un peu pour que cela passe. Pas de quoi en faire toute une histoire !

Il croisa les bras contre sa poitrine, un peu énervé, alors que Lyssandre continuait son monologue. Comme quoi, il devrait consulter. Mais voyons ! On allait pas embêter la médecine pour si peu ! Cela pouvait passer du jour au lendemain ! La preuve, il allait bien à présent ! Puis, si on joue sur les mots, il avait déjà embêté la médecine par le biais d'Andy, qui avait pris soin de lui, au point de poser des jours de congés. Heureusement qu'il avait beaucoup d'heures supplémentaires et qu'il n'avait rien perdu à le faire, sinon Leslie s'en serait voulu. « Oh ça va ! Arrête de sortir tout le monde pour me culpabiliser ! » déclara-t-il. « Et c'est quoi cette remarque au sujet d'Andy ? Je lui fais totalement confiance ! Il aurait appelé un autre médecin s'il avait un doute ! » s'écria-t-il « Est-ce que c'est pas plutôt ton problème ? » demanda-t-il ensuite. « Parce que tu n'arrives pas à surmonter le fait que j'ai quelqu'un dans ma vie ? » Il avait été un peu brutal, peut-être, mais dans l'énervement, on mesure moins ses mots.