First day of the year (Joaquin)

Je m'étais retrouvé là, en haut de l'immeuble, sans veste et tremblante. J'étais complètement désorientée, partagée. La dépression ne m'avait plus quitté depuis la mort de mon jumeau. Et j'avais sombré lentement. Mon traitement n'avait plus aucun effet, en tout cas c'est l'impression que j'avais. Et là, j'avais touché le fond. J'allais faire une connerie. C'était le point de non-retour. Alors je ne sais pour quelle raison j'ai écrit à Carmen. "Je vais faire une connerie, viens me chercher. Pitié." accompagné de ma localisation. Je l'ai guidé jusqu'à moi. Pourquoi elle ? Je ne sais pas. Parce qu'elle me joue dans la tête depuis le baiser, depuis les messages. Elle m'a ramené chez elle, dans l'endroit qu'elle partage avec son copain. Je me sens comme une intruse, mais elle ne m'a pas laissé le choix. Je suis assise en tailleurs sur le canapé, enroulée dans un plaid, les mains serrées autour de la tasse de thé que Carmen m'a préparée. Je regarde dans le vide, silencieuse. Quelqu'un entre dans la pièce, mais ce n'est pas Carmen. Je suis un peu surprise de voir Joaquin approcher. Je me sens rapidement mal à l'aise. Je culpabilise. Parce que l'Argentin, il a un visage doux, il a l'air gentil. Je me sens comme une horrible personne actuellement. - Merci... d'avoir accepté de m'accueillir... J'aurais compris qu'il refuse et je l'aurais mérité. J'ai embrassé sa copine, ça craint...

Joaquín s’arrêta dans l’encadrement de la porte, le regard posé sur elle. Assise en tailleur sur le canapé, enroulée dans un plaid, elle semblait si petite, si fragile. Les mains crispées autour de la tasse de thé, elle fixait un point invisible devant elle. Il ne savait pas vraiment quoi dire, mais il savait qu’il devait être là, pour Carmen et pour cette fille qui avait manifestement atteint ses limites. Il s’approcha lentement, comme pour ne pas la brusquer, et s’assit sur le fauteuil en face d’elle. Il croisa ses mains, les laissant pendre entre ses genoux, observant un instant le silence qui pesait dans la pièce. Elle releva finalement les yeux vers lui, l’air mal à l’aise, presque coupable. Il prit une profonde inspiration, réfléchissant à la meilleure façon de répondre. « C’est normal… » finit-il par dire. « Tu as besoin de quelque chose ? » Il s’adoucit, son regard suivant les mouvements de ses mains tremblantes autour de la tasse. « Ce qui m’importe, » reprit-il, « c’est que tu sois là. Que tu sois en sécurité. Carmen m’a dit à quel point tu n’allais pas bien, et... je sais à quel point c’est difficile de demander de l’aide. Alors, pour ça, bravo. » Joaquín secoua la tête. « Tout le monde mérite de l’aide. Même quand on pense qu’on a tout foiré. Surtout dans ces moments-là. » Un silence s’installa, mais cette fois, il semblait moins oppressant. Joaquín laissa son regard se perdre un instant sur la tasse de thé qu’elle serrait comme un ancrage. « Écoute, » ajouta-t-il après un moment, « je ne vais pas prétendre que je te comprends ou que je sais ce que tu ressens. Mais... je sais ce que c’est de se sentir au bord du gouffre, de penser que personne ne sera là pour nous rattraper. Et je sais aussi que, parfois, il suffit d’une personne, d’un geste, pour nous rappeler qu’on n’est pas seuls. » Le garçon se demanda si elle allait pleurer. « Alors, reste ici autant que tu en as besoin, » continua-t-il, son ton plus doux. « Je ne te jugerai pas, et je suis sûr que Carmen non plus. On est là pour toi. » Il se contenta de hocher la tête. « Essaie de dormir un peu, » dit-il.

@Nayvee Vanderwaal