i'd rather be anywhere but here ─ Acena

Cet Ace là, lui-même est pas super familier avec. Il le planque, l'ignore, le regarde pas. Le laisse prendre la poussière et se faire ravager par les blessures, l'usure et la gangrène. Il ignore l'évidence, préfère regarder ailleurs ou se boucher le nez que lui faire face pour lui parler et l'accepter. Alors quand Lena tente de le rassurer, lui qu'il n'est pas fautif, la nécrose se répand un peu plus, et Ace tique. Un froncement de sourcils bref, et le corps parle instinctivement. La main sur la poignée, il ouvre rapidement la portière et sort du véhicule sans répondre. L'angoisse remonte, les boyaux qui se tordent et les mots se bousculent dans sa tête alors qu'il s'éloigne. Où ? Il sait pas. Juste, il marche, respiration forte. Fuyard.

les mots ouvrent la boîte de pandore. poussé sans l’vide de tes émotions refoulées. elles qui viennent saisir tes os, contaminées tes artères. témoin du chaos que je t’ai poussé à embrasser. là, face à tes démons qui dansent autour d’toi. l’ongle qui griffe la peau d’une phalange insensible. essaye de rassurer mais, le bruit de la portière fait relever la tête. trop vite, ton corps qui s’éloigne et dans le même élan, je pousse la porte pour courir un peu. te rattraper par le bras. force le contact, sans rien dire, tire pour que ta silhouette percute la mienne. les bras qui s’enroulent autour de ta nuque. serre. assez pour pas que tu t’échappes. l’étreinte affirmée. le cœur qui vibre de ta douleur. - tais toi.. murmuré contre ton épaule. - dis rien s’teuplait.. la souffrance jumelle. mes bras qui forment un noeud autour de ta nuque. - pars pas.

Arrêté de force, le contact du corps de Lena contre le sien, Ace n'est pourtant pas surpris. Pas dans cet état. Se taire ? Pas partir ? Et qu'elle le tienne comme ça, pour faire quoi ? Ça ne dure que quelques courts instants avant qu'Ace ne la force à retirer ses bras et recule d'un pas pour la regarder. Le regard en panique, douloureux, le visage de quelqu'un qui se retranche dans l'ombre pour se protéger. Pars pas ? Partir où !? J'ai pas... Pas quoi ? Qu'est-ce qu'il a pas ? Le regard qui se perd, à droite, à gauche, la respiration forte et les gestes sont chaotiques. Qu'est-ce... j'ai pas... je peux pas... j'ai... c'est pas... Le regard se détourne, la respiration se perd dans un rythme irrégulier alors qu'il est erratique, les mains passant dans les cheveux alors que son corps balance légèrement à chaque pas confus. Ça doit plus arriver... C'est... pas normal... J'ai pris... je sais pas... j'comprends pas...

trop court. le moment dans tes bras. pas assez pour colmater les brèches que j’ai créé dans tes murailles. les murs qui tombent un à un et le corps est repoussé. arraché à tes cauchemars. décolle du tient. capte l’angoisse dans ton regard, sous les néons qui éclairent mal. elle brille plus fort qu’eux. confusion sur les lèvres qui remuent au hasard. s’enfonce dans les abysses, presque avalé par la noirceur de tes souvenirs. - ace, ace.. regarde moi. tente de ramener à la raison. la voix qui grimpe sur la tienne pour que t’écoutes plus que moi. plus les voix dans ta tête. plus les chuchotements de tes serpents. attrape ton visage entre les paumes, face à face, essaye de canaliser les sentiments qui explosent. - regarde moi ! plus fort. les yeux dans les tiens, égarés. - respire.. respire.. s’il te plaît, calmes toi. répète les mêmes mots. respire, expire, comme toi. exagère la ventilation pour que tu suives la mienne. - respire.. ça va aller.. murmure des promesses bancales. - j’te promets. les doigts qui creusent ton visage. pouce ose la caresse sur le relief de ta pommette.

Les mains de Lena le forcent à la regarder et Ace s'arrête, cherchant lui-même à trouver un point d'ancrage dans son regard et sa voix. Les yeux braqués sur les siens, les tremblements tant bien que mal contenus, il hoche frénétiquement la tête à sa requête et tente de calquer sa respiration sur la sienne, conscient qu'elle chercher à l'aider. Inspire profondément ; expire longuement. Encore, et encore, en répétition jusqu'à ce qu'il arrive à calmer les battements affolé du coeur. Ok... ok... Mots répétés, pour faire écho à ce qu'elle lui dit ; jusqu'à ce qu'enfin les sourcils se brise en une expression douloureuse et resserre ses doigts sur les mains de Lena, toujours sur son visage. Ça arrive. Il se calme. C'est bon... ça passe...

poitrine gonfle et dégonfle. sur le même rythme. devient mélodie d’accalmie, les tremblements plus éloignés. la crise d’angoisse qui s’apaise petit à petit, quand le corps raide se soulage doucement. continue le même schéma, longtemps, jusqu’à te sentir expier les restes d’une panique qui existe pas. pas ici. trop loin pour te toucher ce soir, pour subir les coups. pour les regarder. le visage se contracte dans une agonie. hoche la tête d’un signe encourageant. quand tes mains rejoignent les miennes, le pouce caresse un peu plus encore la joue. - éteint ton cerveau maintenant.. éteint tout. oublie tout. les conseils comme des ordres. - y’a personne ici.. à part nous. à part fallon qu’tu vas aller retrouver. le pouce lâche ta joue pour se lever, pincer la phalange au dessus de la mienne. - ok ?.. tu seras bien là bas.. t’es plus fort que c’que tu penses. ça arrive d’craquer, j’m’en fou que tu craques parce que t’as l’droit. parce que j’sais que c’est dur. mais il a pas l’droit de gagner, lui. quand il t’as déjà trop pris.

Éteindre le cerveau, les pensées, la panique. Plus facile à dire qu'à faire. Retrouver Fallon après ─ et dans quel état ? Lui parler ? Rien dire ? Le regard d'Ace se ferme, l'expression froncée. Plus fort que ce qu'il pense ; pas sûr. Ravagé, rongé. D'autres encaisseraient tellement mieux. Ont vécu tellement pire, et pourtant, ils tiennent mieux le coup ─ dégage ces comparaisons. Il hoche machinalement la tête, mais peine à croire les mots de Lena encore. Il lui faut encore du temps avant d'arriver à apaiser le souffle anxieux. Et finalement, c'est lui qui vient la chercher, les mains se dérobent aux siennes pour passer ses bras autour d'elle et la serrer. Un contact humain, de la chaleur, un ancrage. Un rythme cardiaque sur lequel se calquer avec force, réprimant quelques tremblements discrets. Juste besoin de ça. Rien de plus. Pour se calmer.

le regard qui sonde, se retrouver à détester ce qu’il voit. toi. dans cet état là. à s’être trop rapproché ces derniers temps, trouve ton mal être important. le besoin de te soigner, un peu. la compassion qui s’pointe, l’inquiétude aussi. pas trouver de meilleurs solutions. rien, pour calmer le feu qui te grignote ce soir. à nu devant moi, ton humour habituel, sans le rôle que tu te donnes, sans la mascarade dans lequel tu t’abrites pour ne pas succomber. juste, l’homme. blessé. meurtri. craintif. juste un vrai toi, vulnérable. comme le gosse que t’as été un jour. vouloir sauver sans en avoir la force. essayer aujourd’hui, pour nettoyer la culpabilité de pas l’avoir sauvé, elle. les mains qui se décrochent, ton corps qui vient chercher le mien. prise par surprise. pas s’y attendre. et, fermer les yeux, les bras qui s’enroulent autour de ton cou. les doigts qui remontent dans tes cheveux. que ma présence te guérisse un peu. juste un peu. mieux que rien. - tu vas attraper froid.. murmuré contre l’oreille. le pouce caresse le crâne sous les mèches fines. douces.

Badum, badum. Les rythmes réguliers des coeurs se superposent, et Ace parvient progressivement à délaisser la panique. Complètement. Les yeux clos et le visage enfoui, juste le temps de se reprendre. De reprendre le dessus, le contrôle de ses émotions et de ses pensées. Les fantômes sombres qui rôdent dans la pénombre de la nuit se retirent, un à un, et les murmurs se font discrets. Silencieux. Jusqu'à ce qu'il n'y ait plus que le silence de la nuit et les bruits de la ville. La voix de Lena l'extirpe de ses songes encore flous, et il rouvre les yeux. Froid. Le froid qui rappelle qu'il est encore bien vivant. Avec une profonde inspiration, ses poumons s'emplissent d'air, gonflant la cage thoracique alors qu'il serre Lena contre lui ─ puis il relâche tout. L'étreinte, l'air, le contact. Il se redresse, le regard baissé, honteux malgré lui d'avoir eu un semblant de spectacle pitoyable face à elle. Ça va aller. Je crains pas l'froid. Soupir lent, discret. Désolé d'avoir... paniqué. Un peu. La culpabilité ronge le coeur, encore un peu.