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South Boston @Enola Parker

26 12 2024 Ambiance

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Les premières répétitions des chorales pour l’épiphanie se font déjà entendre dans les rues desservant la Old South Church. Entre deux chants de Noël, les chœurs s’emballent et les plus hardis peuvent s’aventurer dans l’alcôve où tout n’est que décoration de rêve. Derrière la crèche taille humaine, l’ostensoir trônant au beau milieu de l’autel brille de mille éclats sous les spots lumineux qu’un technicien est en train de régler alors que les portes ne seront ouvertes encore que pour quelques jours avant que la Noël et le réveillon ne soient passés. Et c’est pour cela qu’il est allé s’y perdre ce soir, juste le temps d’attendre qu’Enola le rejoigne pour aller visiter ce que tout seul il a bien du mal à aborder : le marché. Les chalets vont bientôt fermer boutique mais il vaut mieux tard que jamais, allumant un cierge en l’honneur de ses parents qu’il a visités pas plus tard que la semaine dernière et pour tous ceux de sa lignée qu'il ne pourra plus jamais recroiser. La flamme grésille et frémit au gré des courants d’air que la porte grande ouverte laisse passer et pourtant elle demeure et se bat pour subsister. Cependant, d’un coup d’œil à sa montre il détermine qu’il est temps d’y aller parce que jamais son ex-femme ne viendra ici le chercher.

Alors réajustant le col de son impair une fois sur le parvis de l’église, le regard dévisageant les nuages chargés qui dans le firmament étoilé pleurent leur floconneuse amertume, il emboite le pas aux nombreux passants afin de se mêler à eux dans le seul but d’atteindre leur point de rencontre. Il la retrouve sous cette même pluie de flocons, devant la vitrine d’un grand chocolatier dont la réputation n’est plus à faire, une véritable sommité dans son domaine. Certainement trop absorbée par ce qui y est exposé, elle ne l’a pas encore repéré, sa silhouette se formant petit à petit au travers du reflet brouillé par la neige dans la vitre qui lui fait face, tout en observant par-dessus d’elle ce sur quoi se porte son intérêt. «  Bonjour les bonnes résolutions… »

South Boston @Enola Parker

26 12 2024 Ambiance

mention alcool

Au travers de la vitrine il observe juste quelques secondes durant les tablettes, répliques à l’identique de ce film qu’ils ont survolé alors qu’ils étaient en quête de tout ce qu’elle lui avait proposé mercredi soir dernier. Mais contrairement à ceux du petit écran, ceux-là n’ont visiblement pas cette même magie insufflée, aucun ticket d’or sous le papier. « Pas de liste à Noël, mais une de résolutions, alors ? » Elle a eu le temps de se retourner pour le jauger, un tantinet amusée par la vision qu’il peut donner, sous sa capuche pelucheuse et malmenée.  Des résolutions ? A quoi bon ? Il n’arrive jamais à les tenir depuis des années sauf peut-être une : celle de se maintenir en forme sans se ménager, voilà la seule qu’il a adoptée comme un leitmotiv, une ritournelle rigoureusement appliquée surtout depuis qu’il est célibataire, n’ayant rien d’autre à faire.

Mais cette année, il va faire un effort puisque les choses se sont stabilisées et qu’il a du temps libre, assez pour s’adonner à une autre occupation, le Comité n’étant plus qu’un vague souvenir. D’ailleurs en parlant de ce dernier, il n’entend pas grand-chose de ce côté : pas de fête de la bière, pas de voyage organisé. Mais il faut dire qu’il ne s’y est que très peu intéressé depuis, sait juste qu’ils sont trois à avoir repris le flambeau. Et pourtant, il effleure dans sa poche quelque chose qu’il avait presque oublié, un bon qu’il a gagné en début de mois pour avoir participé à cette tombola, une forme de solidarité envers les nouveaux représentants. D’ailleurs en parlant de résolutions…. « Si. Me mettre aux rollers. » Pas avec ceux qu’il a empochés, ce serait un peu déplacé mais puisqu’il compte les lui refiler autant qu’elle ne soit pas toute seule à chuter. « Peut-être me représenter l’année prochaine. » Aider son prochain derrière un masque lui a toujours plu, sans compter qu’il faisait un sacré bon boulot, perfectionniste et attachant au moindre détail toute son importance, réglé comme du papier millimétré sur les dates, les mises en place d’événements. Mais encore faudrait-t-il retrouver un ou une partenaire à la hauteur de ses attentes, ce qui est loin d’être chose aisée. C’est une idée qui lui est venue comme un courant d’air, aussi rapide que légère. « .... Potentiellement participer au truc étudiant l’été là. » Pour la première fois de sa vie, il compte concourir à ce summer camp pour pallier à la crise de la quarantaine qu’il sent dangereusement venir. « Et boire moins aussi. » Mais çà, ce n’est que pour la faire rire parce qu’il s’en sait incapable dans le fond, ne considérant pas la boisson comme une addiction.

South Boston @Enola Parker

26 12 2024 Ambiance

mention alcool

Autant de résolutions qu’il ne tiendra peut-être pas, se regardant au travers de la vitre pour juger de son reflet et sonder l’homme qu’il y voit. « Ca signifie que tu veux moins me voir, ça ! » Mais c’est elle qui avec son effarement surjoué lui fait baisser les yeux sur sa silhouette, un peu surpris par ses paroles parce qu’il n’a jamais souhaité lui implanter dans son crane cette drôle d’idée. Des lapsus révélateurs il en a déjà fait mais de façon générale ils ne ressemblent en aucun point à ce qu’il vient de souffler. D’autant plus qu’ils sont en général lâchés que lorsqu’après quelques bières il se sent grisé. A la place de l’éther il aurait bien trouvé un substitut pour continuer à passer quelques soirées en sa compagnie tandis qu’elle, elle aurait pu boire selon ses envies.

Mais parce qu’il n’a jamais été un grand loquace et que les débordements de sentiments n’ont jamais été son apanage il se fait silencieux tandis qu’elle sort quelque chose de sa poche sans qu’il n’ait été convenu de surprises entre eux. « Bon, » ce qui n’était qu’une promenade à la base se transforme pour lui en moment un peu gênant parce qu’il est venu les mains vides, loin de s’imaginer un instant seulement recevoir un présent. « Elle n’est pas totalement de luxe. » Les mots prennent à présent tout leur sens lorsqu’il constate de la boite une fois entre récupérée, estampillée d’un nom dont il a vaguement entendu parler et pour cause c’est celui d’une marque de grand horloger. Les traits froncés et le regard fixe sur la boite, il craint ce qu’il y a à l’intérieur en sachant pertinemment qu’Enola ne roule pas particulièrement sur l’or. « Me semble que c’est ce que tu avais demandé. » Demandé oui mais sans grade certitude de voir un jour son souhait être exaucé. « J’ai rien pu faire pour ton frigo, par contre. » Il n’a pas encore ouvert le boitier et pourtant il sait que ne pas le faire serait synonyme d’affront envers son ex qui a eu la gentillesse de le lui donner. « Devant un café, au chaud, » qu’il indexe la boite en la soulevant avant de la ranger soigneusement dans l’une de ses poches. « On peut passer par Beacon Hill, » le quartier le plus décoré en cette saison et qui attire toujours les curieux en quête de magie et de sensationnel une fois la nuit tombée.

Alors il l’invite à lui emboiter le pas en direction des maisons décorées qui jalonnent les marchés de Noël, offrant comme tous les ans à tous de quoi s’émerveiller. Des guirlandes électriques et nombreux luminaires en tout genre égayent les vieilles façades en pierre comme jamais, des animaux lumineux sur les marches des perrons animent de façon silencieuse les pas de porte des maisons. Certaines se sont parées sur leurs devantures de projecteurs qui font chuter de fictifs flocons parmi des messages lumineux, arrêtant net les passants pour les lire au fil de leur déploiement. Pensif devant l’une d’entre elles, il pose tout de même la question : « Tu l’as décoré ? » Son bar forcément, celui où il n’est plus allé depuis un certain moment.  

South Boston @Enola Parker

26 12 2024 Ambiance

mention alcool/ mauvaises intentions

Agrémenter son bar de quelques guirlandes et branches de sapin pourrait attirer la clientèle en manque d’attention à la saison de Noël, ceux qui sont esseulés en ces périodes de fêtes de fin d’année et qui n’ont d’autres lieux pour faire des rencontres entre deux bières ou deux cafés, souhaitant se sentir moins seuls alors que d’autres sont accompagnés et bien entourés. Ce serait un peu son cas s’il n’avait pas en horreur ce que lui inspire le réveillon avec des étrangers, ne voulant surtout pas être la cible d’une quelconque pitié. Alors lui le passera seul devant sa télé à défaut d’avoir trouvé un contrat pour occuper cette foutue soirée. « Tu connais mon père. » Pour l’avoir croisé de nombreuses fois du temps où ils étaient mariés, il se souvient d’un homme qui apprécie les festivités les valeurs de la famille et sur ce point ils s’entendaient plutôt bien, allant tous les deux pécher les week-ends au détriment de leurs moitiés, afin de disserter silencieusement sur le but de la vie. « Il aurait fait un arrêt cardiaque si je ne l’avais pas fait. » D’ailleurs... « Et ta mère ? Je n’ai jamais trouvé son point faible, » elle qu’il n’a jamais pu sentir, il n’a jamais su comment la faire calancher et pourtant ce n’est pas les idées qui lui manquaient.  Une fois, il était même allé jusqu’à lui offrir une version débridée du kamasoutra en prétextant s’être planté en préparant les paquets, une erreur volontaire pour faire grimper sa tension. Mais c’était son beau-père qui avait pris la chose le plus à la légère, souhaitant le conserver. Après quoi, le mastodonte avait espéré que ce regain d’énergie, ce nouvel élan d’activité vienne à bout de la vieille mégère. Non, elle avait résisté… Et ça ne l’avait même rendue plus aimable pour autant. Tout ce qu’il avait gagné, c’était la gratitude de son amant qui l’invitait de plus bel à venir pêcher. « Si seulement …. » Il serre le poing en souriant, pensant à l’instant où la séniore passera l’arme à gauche, le vice dans les yeux pour la première fois depuis longtemps.

Mais grillé dans ses élucubrations qui viennent de s’embraser, il se reprend pour continuer, marchant de nouveau en direction de la grande place non loin où les chalets ont été installés. Il y en a pour tous les gouts, de l’artisanat local, poteries, bijoux, écharpes, jusqu’aux confiseries en tout genre qui embaument le marché. C’est d’ailleurs ce qui les guident progressivement vers le stand dédié aux spécialités de saison, des marmites bouillonnantes exposées et appelant les plus gourmands à céder à la tentation : le vin chaud. Inutile de préciser que lui s’est arrêté devant, faisant semblant d’hésiter alors qu’il savait d’emblée qu’il allait y plonger. « Un verre ? Il est chaud mais… » C’est une façon comme une autre de le déguster. D’un coup de tête bienveillant il fait donc signe à la vendeuse de lui en servir un pour commencer parce qu’il est sûr lui d’y gouter.