With a little help from my friends. [Skye]

mood | La reprise des cours qu’il donnait ne débutait réellement qu’en Janvier mais il lui fallait néanmoins préparer son retour, récupérer la liste de ses élèves, communiquer son programme et ses besoins et prendre des nouvelles de ses élèves, savoir s’ils rempilaient avec lui ou avaient décidé de se consacrer à d’autres cours comme seuls la prestigieuse université pouvait leur offrir. Ce jour, il avait notamment prévu de passer également à la bibliothèque pour plancher, par avance, sur les pièces qu’il souhaitait proposer à ses élèves. Il avait bien envie de s’essayer à la mise en scène de comédies musicales. Il n’avait pas eu un été de tout repos et les mois suivants ne le seraient pas davantage compte tenu de ses projets cinématographiques qui se cumulaient de sorte que le début d’année 2025 en perspective lui paraissait comme une douce période d’accalmie à l’horizon. D’autres avantages s’ajoutaient dans la balance, comme de revoir plus régulièrement son meilleur ami, professeur secondaire d’arts, ou d’aller voler dans les plumes de son petit ami, commis administratif qui avait manifestement besoin d’un peu de couleur dans son bureau terne avec ses collègues ternes. Indubitablement, le corps enseignant de Harvard manquait de flamboyance. Il était là pour rétablir la balance en toute modestie qu’il ne possédait pas.

Après avoir déjeuner avec Oli et avant d’aller chahuter Percy à la fin de sa journée de travail, il prit la direction de la Widener Librabry où il récupéra progressivement les livres qu’il avait en tête sans pour autant trouver tout son bonheur. Après un rapide tour sur l’un des ordinateurs mis à disposition, il réalisa que le dernier ouvrage qu’il avait en tête se trouvait dans une section dont il fallait demander l’accès deux semaines à l’avance. Homme à la patience limitée, il se rapprocha du lieu considéré et avisa un professeur ou assistant de professeur qui passait dans le coin. “Hé, mec.” l’interpella-t-il. “Tu travailles ici ? Tu peux me rendre un service ?” Il jeta un regard suspicieux autour de lui. “Tu peux juste surveiller qu’il n’y ait personne et me prévenir si quelqu’un arrive ?” Lui laissant à peine le temps de répondre et considérant que la réponse serait, de toute manière positive, il entreprit de crocheter la porte de la réserve avec sa carte de professeur.

Skye était à la bibliothèque, comme à son habitude. C'était un lieu où il passait énormément de temps, presque tous les jours en vérité, et plusieurs heures d'affilée. Souvent, il aimait à rentrer travailler chez lui, mais parfois, c'était bien plus pratique de rester à l'Université, pour perdre moins de temps et ainsi s'assurer plus de révisions. En effet, lorsqu'on prenait les transports et que l'on rentrait chez soi, il y avait cette coupure qui nous faisait perdre un peu de motivation. On avait ensuite plus de mal à s'y remettre. Surtout qu'à la maison, Oedipus venait le voir, alors il allait ensuite le promener quelques minutes. Puis, il était l'heure des papouilles et des caresses. Ensuite, il était temps de manger, avec Armand lorsqu'il rentrait tôt lui aussi, et ensuite seulement, Skye se mettait à réviser. Alors qu'avec la bibliothèque, il y allait tout de suite, et une fois satisfait de son avancement, il rentrait et pouvait faire tout ce qui avait été indiqué plus haut dans ce paragraphe sans avoir de regrets !

Alors qu'il était en train de chercher un livre dans un rayon, un homme l'interpella. Il avait l'air d'avoir son âge, ou par là. « Salut... » répondit-il, se demandait s'il le connaissait, les sourcils froncés, l'air hésitant. « Non, je ne... » Il n'eut pas le temps de terminer sa phrase que l'inconnu lui demandait de faire le guet, tout en se mettant aussitôt à crocheter la serrure de la réserve. « Pardon, mais vous faites quoi ? » demanda-t-il finalement ! Hé ! Il ne voulait pas d'ennuis ! Il ne voulait pas se faire virer pour être complice de vol à la bibliothèque ou il ne savait quoi de tordu quand même ! Après, ce type avait peut-être une bonne raison de faire ce qu'il était en train de faire, laissant lui l'ombre du doute...

mood | Dans les faits et concrètement, il aurait pu passer dans les circuits légaux et faire sa demande de consultation et d’emprunt de l’ouvrage considéré. Il aurait même pu demander à Oli ou même à son propre petit ami de faire jouer leurs relations pour obtenir ce manière plus rapide. Mais cela impliquait de reporter à plus tard la consultation. Et si Kitt ne devait avoir qu’un défaut - parmi tant d’autres, il est vrai - c’était son impatience. Il n’avait pas envie de reporter à plus tard. Il n’avait pas envie de demander de faveurs. Il voulait tout, tout de suite et il l’aurait quoi qu’il lui en coûte. Même si cela signifiait qu’il se ferait taper sur les doigts par la Doyenne elle-même. “T’inquiète, j’ai le droit.” rassura-t-il son interlocuteur et complice de dernière minute. On ne pouvait pas réellement dire que ses actions se trouvaient en adéquation avec ses affirmations mais Kristofer Vermeer n’était pas homme à s’ennuyer de contrariété. “Je suis professeur et je suis pressé. Trop pour attendre de suivre les formalités.” Il lui adressa un de ses fameux clins d’oeil qui se voulait séducteur et lui permettait généralement d’obtenir tout ce qu’il désirait. Ou presque.

“Ah !” Il poussa un petit cri de victoire et satisfaction mêlée lorsqu’au bout de quelques minutes de jeu, la porte finit par céder. “Tu viens ?” interrogea-t-il son complice du moment, avant de pénétrer à l’intérieur, ne prêtant pas attention au fait qu’il le suivait ou non. “Ferme la porte derrière toi.” l’incita-t-il pour éviter qu’ils ne se fassent repérer trop facilement. A grandes enjambées, il se dirigea vers le rayon art littéraire, son regard accrochant sur les recueils de poésie d’un professeur de Harvard. Il le saisit et le montra à son interlocuteur : “Faudra m’expliquer pourquoi ce genre de livre se retrouve ici ? Comment on peut mettre du Baudelaire à côté du De Contrignac ? Tu sais qu’il enseigne ici ? Il est aussi intéressant qu’un jour de pluie à Bismarck.” Il secoua la tête avant de poursuivre son exploration jusqu’au rayon théâtre, celui qui l’intéressait.