everyone has a breaking point ─ Tayven #1

Sur le coup, il a cru rêver. C'était rien de plus qu'une simple promenade un peu détente au détour d'un parc, initialement, puis il l'a vue. Une chevelure brune facile à reconnaître, songeant on dirait Taylor. Une pensée fugace, sans signification quelconque, ni même s'attendre à avoir raison ; alors quand elle s'est retournée pour sourire à quelqu'un et qu'il la reconnue, Archer s'est figé sur place. C'est elle. Aucune idée qu'elle était de retour ; depuis quand ? Pourquoi ? Et où était-elle partie ? La rumeur disait qu'elle était retournée en Inde, mais étrangement, ça lui a pas suffit comme explication, et la frustration de ces dix mois de silence l'a rongé. Le sentiment d'abandon transformé en colère et désir sauvage d'avoir des explications, il l'a suivie, discrètement. Traversant le parc, prenant les mêmes transports, curieux de voir où elle se rend et aussi, pour observer comment elle est, quand elle se doute de rien. Détendue. Tranquille. Elle va bien. Et ça l'énerve, lui, de se dire qu'elle va bien et semble même pas penser au fait qu'elle est partie et l'a laissé. Est-ce qu'elle a songé à le prévenir ? Clairement pas. Jusqu'à l'entrée même de sa résidence, Archer la suit, gardant une bonne distance pour ne pas se faire repérer, mais c'est à la vue de la porte sécurisée et du code qu'il n'a pas réussi à complètement lire depuis sa planque qu'il décide de courir ; des grandes enjambées jusqu'à arriver à tenir la porte avant qu'elle ne se referme. Les phalanges empêchant la porte de poursuivre son mouvement, il parvient à se glisser à l'intérieur de la résidence ─ et Taylor est devant la porte de l'ascenseur. Là, juste à quelques mètres de lui. Y'a qu'eux deux, personne d'autre. Archer, dans son accoutrement presque trop suspect, planqué derrière son écharpe et dans sa casquette, juste pour cacher son visage des caméras, exprime sa colère dans son regard ─ et dans sa voix. Tu comptais me faire savoir que t'étais revenue ?

Rentrée hier du Canada, je me remets de mes émotions à l’aide de ce que je préfère. Un gobelet rempli de café que je viens d’acheter au kiosque se trouvant dans le parc non loin de chez moi. Mes prunelles s’éparpillant sur les nombreuses décorations de Noël présentes ici et là. Si j’avais envie d’oublier l’imminence des fêtes et la solitude qui va avec, Boston ne se prive pas pour me la rappeler. Heureusement, pour la première, j’ai choisi de travailler. Le réveillon de la Saint Sylvestre, en revanche, ce ne sera pas le cas, mais dans le fond, c’est moins douloureux qu’un Noël sans famille, n’est-ce pas ? Est-ce que je serais allée jusque dans le Kentucky, si elle était toujours là ? La réponse, elle te flingue Taylor, alors la question, ne la pose pas.

J’ai le cœur alourdi, malgré les nombreuses gorgées, du coup je reviens sur mes pas, décide de rentrer. Quelques minutes plus tard, je passe la porte de mon bâtiment, appelle l’ascenseur et puis… « Tu comptais me faire savoir que t'étais revenue ? » Mes mouvements figés à cause de cette voix, j’ai besoin de quelques secondes, les doigts crispés sur mon reste de café, avant de me retourner. Les portes de l’ascenseur s’ouvrent dans mon dos, et je recule d’un pas, le regard fixé sur toi. « T’as disparu le premier. » Alors plus que pour tous les autres, je n’avais aucune raison de me justifier.