lost in frost and found in chaos (scaim)

@Scott Guerin -- le hors-piste qui vire au labyrinthe. scott devant, toi derrière, l’ombre qui s’étire dans la poudreuse. perdu. le silence hurle plus fort que le vent. un chalet planté là, sauvetage improvisé. tu pousses la porte, ça grince comme un râle. mec, c’est un film d’horreur. rien. zéro réseau. zéro issue. t’poses ton cul sur un banc, les doigts gelés, le souffle qui fume dans l’air glacé. dehors, la nuit tombe.

@Naim Wolford - La poisse agglutinée à leur cul. Les deux cons qui se pensent plus malin que les pisteurs. Eux qui vont trop loin. Deviennent les perdants. Déambule dans le froid enneigé. Trouve refuge dans un chalet de secours. Buée froide. Sort de ses lippes, tandis qu’il referme la porte derrière lui.     « Qui crèvera le premier ? Naim le téméraire ou Scott l’imperturbable ? » Il préfère en rire. De cette situation merdique. Dans l’espace restreint, il fouille du regard.    « Normalement devrait y avoir un truc pour contacter les secours. » Mais rien ne se presente. Rien.

@Scott Guerin -- son rire t’arraches un sourire. nerveux. gelé. un truc qui s’casse dans l’air glacé. tu te frottes les mains, t’redresses un peu. les épaules lourdes. le souffle court. naim le téméraire, hein ? j’te parie que c’est toi qui tiendras pas la nuit. un clin d’œil, pour masquer l’écho du silence qui pèse. t’cherches du regard, t’accroches à l’espoir d’un objet, un truc, n’importe quoi. mais rien. que dalle. le vide. alors tu lâches, mi-sérieux, mi-foutage de gueule. attends, t’es sûr qu’il y a pas un couteau de chasse ici ? que tu m’tues direct ? comme ça, au moins, t’auras une vraie excuse. un peu trop amer, comme une gorgée d’eau de mer. tu poses ton sac, l’air goguenard, mais l’cœur qui tape plus fort. tu passes une main sur ton visage, le souffle court. t’essaies de faire genre, mais le silence te bouffe, et scott doit bien le voir.

@Naim Wolford – Fuse la remarque. Capte un sous-entendu. A moins peut-être, que ce soit dans sa tête. Les sourcils froncés, il reste près de la fenêtre. Se dérobe à son regard. A son silence. Parce qu’il fait style que tout va bien. Qu’il ne ressent pas cette aigreur. Elle qui le ronge de l’intérieur. Lui fait tourner la tête jusqu’à s’en faire des films. Ça fait un moment que ça dure. Que la proximité se fait distante. “ T’crois que je t’ai fait venir ici pour quoi ?” Il utilise la plaisanterie. Continue dans son jeu. Sauf, que lorsque ses opales se posent sur lui, elles ne sourient pas. Aucune trace d’humour.

@Scott Guerin -- tu croises ses opales, mais t’y vois rien de doux. rien qui brille. ça serre, là, juste sous la cage. un poids qui s’plante. ses mots glissent, mais l’ton cogne. ça résonne en toi, trop fort, trop vrai. t’avales, un peu de travers. joue le jeu, naïm. joue. ouais, j’sais pas, pour m’abandonner dans le froid ? genre, un test de survie. t’essaies de sourire, mais c’est bancal. t’vois bien qu’il esquive. qu’il reste près de la fenêtre, loin de toi, loin d’tout. ton rire sonne creux, perdu dans l’froid. t’te mords la lèvre, un réflexe. l’impression qu’tu passes à côté, qu’y a un truc qui t’échappe. t’inspires, l’air glacé qui brûle la gorge. t’sens l’angoisse qui monte, l’film qui commence dans ta tête. t’en fais trop, sûrement. comme d’hab.

@Naim Wolford - Elle est injuste sa frustration. Il en a conscience. Il sait que c’est ridicule. Pourtant, il persiste à la ressentir. À avoir l’impression que son meilleur pote le délaisse. Qu’il fait trop de trucs sans lui. Il en vient à se dire qu’il s’éloigne, mais c’est con. Totalement con. Il y a quelques mois, il aurait donné n’importe quoi pour le voir comme ça. À essayer de re vivre. Seul. Sans forcément l’ombre à ses côtés. Alors, pourquoi il a ça en lui ? Lui aussi, il s’isole Scott. Il bosse comme un malade. Comble les lacunes de ses deux dernières années. Donne tout ce qu’il a pour réussir. Il est injuste. À la fenêtre, il reste. Ignore le rire dont il ne remarque même pas le malaise. Trop centré sur ses propres émotions. Égoïste.   « C’est plus ton truc ça. Pas l’mien. » Il se dérobe toujours à son regard. Avant même qu’il n’est prononcés ses mots, il le savait. Qu’il allait trop loin. Qu’il allait blesser la seule personne avec qui il se sentait entier.

@Scott Guerin -- t'regardes scott, sa pique qui reste en suspens. "c’est plus ton truc, pas l’mien." ça résonne, ça s’plante. t'sais pas quoi répondre. t’es sur la défensive, mais t'le prends pas contre lui. contre toi, ouais. ça te bouffe. t'sens la panique qui monte. ouais, c'est ça. ton ton est sec, mais t’le veux pas méchant. c’est juste que t’sais plus gérer. le vide entre vous, ça t’crève le cœur. alors tu te tournes vers ton téléphone, t’essayes de trouver une excuse, une échappatoire. écran noir. zéro barre. rien. ça t’énerves encore plus. super, pas de réseau. c’est génial. t’lâches ça, mais ça sonne creux. t’sens ton cœur cogner, la tête qui chauffe. t’sais pas quoi faire, quoi dire. tu mates scott du coin d’l’œil, il évite ton regard, toujours près de la fenêtre. ça te tue. c’est pas comme ça que ça devait se passer. pas entre vous. t’crois que c’est ta faute, forcément. tout est toujours ta faute, non ? tu passes une main nerveuse dans tes cheveux, l’air glacé qui pèse. t’essaies d’avaler l’amertume, mais elle reste coincée. bon, on fait quoi maintenant ? subtile métaphore. de vous deux, de votre galère. laquelle ? ta voix claque, un peu trop fort. la colère qui monte, mais pas contre lui. contre cette situation pourrie, contre toi-même, contre l’impuissance qui t’étouffe. t’voudrais juste, pour une fois, tout réparer. mais t’sais pas comment.

@Naim Wolford - Il n’écoute plus rien Scott. La tête prise par ses propres démons. Ses insécurités. Enfin, il le regarde. Pivote son ovale vers lui. « C’est quoi qui a changé ? » Entre eux. N’est-ce finalement que le fruit de son imagination ? Le résultat de ses propres peurs. De son isolement volontaire sans l’être réellement. Il a cette impression Scott, de stagner dans un brouillard dense. De mettre du temps à le traverser. Et de parfois, voir la sortie se faire plus lointaine.

t’croches son regard, enfin. mais y’a rien d’léger. tout pèse. c’est quoi qui a changé ? ça cogne dans ta tête, ça rebondit. et toi, t’sais pas quoi répondre. parce que t’le sens, ce truc qui s’effrite. ça colle à vos basques, comme un vieux spectre. et toi, t’as cette boule au ventre, ce poison qui murmure que c’est toi. que c’est toi l’problème. toi et ta tronche fermée, toi et ton humeur pourrie. ces dernières semaines, t’as été infecte, dur, insupportable. scott doit en avoir marre. il s’éloigne. c’est ta faute, non ? tu t’accroches à rien, parce qu’y a rien. que dalle. tu te figes, la gorge qui se serre, et t’lâches, comme un vase fêlé. j’sais pas, scott. mais c’est moi, pas vrai ? c’est moi qui déconne. tes mots tombent dans le vide, comme un écho étouffé. t’tournes la tête, t’fixes ton téléphone, mais zéro réseau, zéro secours. t’es là, prisonnier de tes pensées, à tout garder, tout bouffer. et à l’intérieur, ça t’défonce. une marée noire qui t’envahit. -- @Scott Guerin

@Naim Wolford – Prend le blame, le garçon. Rejette la faute sur lui-même. Toujours cette même façon de se flageller. Continuellement. Il en retire aucune satisfaction Scott. Parce qu’il sait que c’est autant de sa faute. La sienne à lui. A moins que ce ne soit la faute de personne et qu’ils agissent juste comme n’importe quel ami. Avec parfois, l’envie de distance. Sauf, qu’eux deux, c’est pas ça. Ils sont pas juste meilleur ami. Ils sont frère. Accroché l’un à l’autre dans leur propre instabilité. A essayer de ne pas emporter le second dans sa merde. Constamment en équilibre. Mais un équilibre qui rend leur lien unique. Lassitude dans son soupire. Baisse les yeux un instant. Honteux. “C’pas toi.” Dans sa réponse, il tente de le convaincre. “J’veux dire. C’est peut-être juste normal. D’être moins accroché.” Les mots sortent. Difficilement. La sensation d’être trop vulnérable. D’employer des termes qui ne lui correspondent pas.