Épaisse est la chaleur. + Fallon

LIBRE - Épaisse est la chaleur quand il la pénètre. Mains glacées attaquées par des lames de rasoir. L’ombre pénètre le bar déjà plein. Dans un vestiaire, il délaisse sa veste. Arpente les lieux vêtues d’un pantalon de ski noir et d’un haut thermo régulant de la même couleur. La couronne de Laurier qui se distingue. Fidèle à lui-même. Au bar, il tente une percé. Commande du vin chaud. Espérant au passage une place de libre, mais rien. Aussi, verre en main, il fait demi tour. Part à la recherche d’une table où poser son cul. Aucune. Sauf une. Occupé par une seule personne. Pas l’choix.  «  J’peux ? » Sans attendre de réponse, il prend assise sur la banquette.

@Scott Guerin/tw ; ras for the moment

Assise autour d’une table, en solo dans ce bar, je prends conscience de la douleur sourde qui bat comme un pouls dans tout mon corps. Elle est douce, feutrée, mais indéniablement là, omniprésente et le froid n’arrange guère les choses. Quelle que soit la partie de mon corps à laquelle la douleur s’intéresse, je la sens vibrante, envahissante. Je replonge à corps perdu dans les méandres de mes pensées, le verre glisse à l’entrée de mes lèvres, appose une légère caresse sans pour autant boire. Jusqu'à ce que ta voix me ramène sur terre. Lève les billes vertes sur ta carcasse qui prend ses aises sans même attendre mon avis. Sourire amusé. Dissimulé. — Je t’en prie. Tant que tu es sur ta lancée, tu veux pas non plus me piquer mon verre ? Agite doucement le verre. L’air moqueur. Moitié de l’ovale qui s’enfonce dans l’écharpe.

@Fallon Hardley – De sa poche, il s’apprête à dégainer son portable. Histoire de s’occuper. De garder un oeil sur ses mails. Seulement, sa voisine en a décidé autrement. La main en arrêt, il relève son regard vers elle. Croise les orbes vertes de la jeune femme. Entre eux, se dresse son verre à elle. “Et boire tes restes ? Non, mais s’tu veux m’en payer un, t’gêne pas.” Sourire en coin. Laisse deviner l’amusement. “Il fait pas assez chaud ?” Fait référence à l’écharpe. Celle qui camoufle la moitié de son visage.

@Scott Guerin/tw ; ras for the moment

J’oublie dans mon silence feutré, le silence glacé de ce froid, malgré la chaleur qui berce solennellement cet endroit. Le sourcil arqué, sourire qui naît à la commissure de mes pulpeuses. — Alors t’es comme ça toi ? Pose le verre au milieu de la table et fais signe au barman en levant une main. — Ce sera un chocolat chaud pour monsieur ! Offert par mes soins. Et rajoutez y un peu de crème chantilly par-dessus s’il vous plaît ! On pourrait croire qu’il est pour moi ce verre. Mais c’est avec la plus grande sournoiserie que j’ai agi. — Pssst... Approche. Penche le corps vers la table pour libérer un peu le menton de l’écharpe. — Tu l’vois ce gros bouton rouge d’froid ? Pas l’choix, faut que je le cache. Il me rend laide... Replace l’écharpe dans un rire. — C’est notre secret mh ? Le verre que je saisis à nouveau pour apporter à mes lèvres, faisant glisser doucement l’échappe pour boire une petite gorgée.

@Fallon Hardley - « T’aurais préféré que j’bois ton verre ? » Lippes sans sourire, mais les yeux rieurs. Regarde celle qui commande un chocolat chaud. Il la laisse faire. Il ne lui signale pas le fait qu’il n’aime pas spécialement ça. Vin chaud porté aux lèvres, il en vient à découvrir son visage. Fin menton. Les pulpeuses pleines. Et ce bouton qu’on voit à peine. « Déjà gardien de tes secrets. » La carcasse qui se renfonce contre la banquette. « C’dangereux d’faire confiance au premier venu. »

@Scott Guerin/tw ; ras for the moment

Beauté de la lumière qui joue avec le verre coloré que je lève devant tes yeux, et qui teinte ma peau de reflets vivants et chatoyants. Une onde de bonheur me soulève. Un plaisir pur, physique, primaire. Animé par les festivités joyeuses de la saison. — Pourquoi pas ? Je suis d’humeur généreuse cet après-midi. Glisse mon verre de vin chaud jusqu'à toi, qui viens de t’enfoncer dans le dos du fauteuil. — Bois. Joyeux Noël, ho ho ho ! Lippes tirées sous la canine taquine. Puis je repose mon fessier sur le fauteuil. Coude sur table, paume vient se hisser contre ma nuque sous la crinière et les traits s’immobilisent sur les tiens. Sans un mot, te passe sans indiscrétion au scanner. Plisse les yeux, essaye de lire ton esprit. Sherlock Holmes à mes heures perdues. — Tu n'as pas l’air dangereux toi. Tu renvoies de bonnes ondes. Sourire qui s’étire le long de ma mâchoire. — C’est quoi ton petit prénom ? T’as l’air d’un Willy, William, Shakespeare ? Oula... Et moi, j’ai l’air de vouloir te faire fuir surtout. Rire qui fend légèrement les pulpeuses.