Etoile des Neiges [Dawee

Elle mentirait si elle disait que Blue Mountain ne lui rappelle pas la Wind River, et que ça lui met un peu de baume au cœur, sachant que cette année, ils n’y mettront pas les pieds. D’ailleurs, c’est pour cette raison qu’elle a délaissé aujourd’hui sa moitié, parce qu’elle a eu envie d’explorer cette montagne qu’elle ne connait. Tout en lui donnant, évidemment, rendez-vous dans leur cottage pour mieux se réchauffer après avoir passé la journée à crapahuter dans une forêt enneigée. Puis ce n’est pas comme si elle n’avait pas passé du temps avec lui depuis qu’ils sont ici. Les pistes, à maintes reprises, ils les ont dévalées, lui, un peu plus qu’elle, assuré.

Mais aujourd’hui, ce n’est qu’avec des raquettes aux pieds qu’elle s’y est aventurée. Appréciant le froid, les paysages, mais aussi et surtout le fait de retrouver un tantinet son côté sauvage. Elle ne voit pas les minutes défiler, se rassure d’avoir un très bon sens de l’orientation plus elle s’enfonce entre les sapins, et se galvanise tout de même de cette petite pointe d’adrénaline qu’elle éprouve face au fait d’être seule dans la nature.
Les pensées vagabondes, elle ne prend pas directement conscience de ne pas l’être, seule, justement, mais qu’il y a bel et bien, à proximité, un autre étudiant qui a eu la même idée en cette journée. Seulement, entre les banchages, elle remarque qu’il s’abaisse afin de ramasser une chose qu’elle ne voit pas, du coup, elle reste en retrait, répond à ses instincts de de protection face au danger. Néanmoins lorsqu’il se redresse et qu’elle comprend ce qu’il vient de faire, elle n’a pas le temps de récupérer de quoi attaquer la première, ou tenter de l’arrêter, puisque sa boule de neige fuse dans sa direction, et que même si elle n’est pas de nature vulgaire, la brune ne peut s’empêcher de prononcer, « Quel con. » L'esquive risque d'être compliquée.

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Cela dit, même si elle pensait l’esquive délicate à réaliser, elle possède un instinct de survie assez développer pour se cacher juste à temps, derrière un tronc suffisamment grand. Toujours derrière l’arbre durant quelques secondes, elle entend, dans la neige, les pas de la silhouette qui s’approchent d’elle, et bien qu’elle reste méfiante, elle se décide à sortir de sa cachette. « J’ai cru voir une grosse bête. » Il s’explique et elle le reconnait, derechef. Ces derniers temps, elle estime, d’ailleurs, l’avoir croisé un peu trop souvent. « Tu m’en diras tant. » elle soupire, malgré elle le ton véhément, tandis qu’elle tente de se détourner, n’ayant aucune envie de s’attarder à ses côtés, de s’offrir avec lui, un aparté.

Alors qu’elle s’apprête à reprendre sa promenade, refusant d’être distraite par un Witter, il décide de l’apostropher, de lui voler de son temps, « Après… » un regard lui est décoché, ce serait probablement trop simple, s’il n’y avait pas un après. « Je vais devoir te suivre. J’suis perdu. » De ses mots, l’amérindienne n’en est pas très convaincue, se demande si Wendy aurait pu s’avouer perdue. « Tu es sérieux ? » elle ne peut pas s’empêcher de supposer qu’il ne l’est pas, croyant presque qu’il s’agit d’une blague dont les subtilités seraient difficiles, pour elle, à assimiler. « Dale, » en regardant autour d’eux, « si tu me suis, » ramassant de la neige ici et là, « moi je ne te louperais pas. » La douce Haiwee n’a pas envie de faire des efforts pour une fois. En fait, un brin sadique, elle réalise qu'elle la lui lancera dans tous les cas.

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Cet agacement qu’elle éprouve à son égard, il n’a eu de cesse de grimper à chacune de leurs rencontres inopinées. Dale, c’est simple, c’est avec les nerfs de l’amérindienne, qu’il aime jouer. Et malgré toute sa douceur, il parvient plus rapidement que certains à l’irriter. C’est peut-être dans ses gênes, qui sait. « C’est pas du harcèlement, j’suis perdu… » Mais c’est plus fort qu’elle, elle a du mal à y croire, parce que le mensonge et la manipulation font foncièrement parties de son histoire.

La neige a bientôt la forme désirée et l’étudiant continue de se décaler, une entreprise qu’il avait débuté après avoir affirmé le fait de ne pas la harceler. « Enfin si. » Elle fronce les sourcils, effrayée de comprendre ce qu’il vient de prononcer, « Un peu. » est-ce qu’il voit cette possibilité comme un jeu ? Qu’importe à la vérité, parce qu’il tente de se cacher au moment où elle se décide à tirer.

Elle pourrait regretter son geste, néanmoins le fait de l’avoir loupé, ça tend à l’agacer. Allant même jusqu’à songer qu’elle est frustrée et qu’elle se devrait de retenter. Mais puisqu’il est à terre, elle éprouve presque de la pitié. « MAUVAISE ! » si elle avait hésité en une fraction de seconde, ce cri arrive à la convaincre de réitérer, de plus, elle remarque que lui est déjà prêt à réattaquer. Alors elle s’abaisse, ramasse de la neige encore une fois, « Mauvaise… » qu’elle rumine tandis qu’elle forme une boule, et quand elle repose ses prunelles sur lui ce n’est que pour le voir s’essayer de tirer sur elle sans même essayer de se relever. Elle en grimace, et le projectile est plus que simple à éviter. « Tu peux parler ! » Tirer sur un homme à terre, ce ne serait pas elle, ce serait un brin cruel…

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