i look deep into your eyes. ((KLAUS))

combinaison enfilée. les boots font craqueler le bois de la terrasse. paysage tout en blanc sur des kilomètres. froid doux, presque apaisant sous la couche de tissus. le bonnet vissé à la tête. attrape la rembarde d’ébène, la vue qui fait ressortir l’azur translucide. lui qui se durcit devant les dunes enneigées. abandonne le cottage pour se perdre dans les alentours. pour une fois, la solitude avait bon goût. ici. loin d’un boston bruyant. mouvementé. l’accalmie trouvée dans les hauteurs glacés du Canada. sentiment d’être dans un autre monde. toujours fascinée quand j’connais qu’une italie sèche. entre les peupliers, la tête levée vers les majestueux de verts et de cendres. déambule, sans but. sans personne. les maux laissés là-bas. morts.

Méconnaissable. Lui, dans tout son attirail, est juste impossible à identifier. Un grand gars dont les bottes écrasent la neige alors qu'il revient d'une promenade matinale. Il serait retourné à l'intérieur de l'immense bâtisse dans laquelle bon nombre d'étudiants logent si ce n'était pas la vision d'une brune qui l'arrêtait dans son trajet. Trop loin dans son angle mort pour qu'elle puisse le remarquer, lui, en revanche, a reconnu facilement le profil. Lena. Calme. Tranquille. À déambuler et laisser quelques bruits discrets de craquement de bois briser le silence. Klaus pourrait passer à côté et rentrer sans lui accorder un regard, mais l'envie de profiter de son anonymat le pousse à... oser. Et Lena, sans même qu'elle ne puisse l'anticiper, devient la cible d'une boule de neige sauvage qui vient la frapper à l'arrière de son épaule. Et quand elle se retournera, elle le verra, ce grand bonhomme planqué dans son accoutrement, une autre boule de neige à la main, à attendre qu'elle réplique.

valse muette, laisse traînée de cratères dans la neige poudreuse. abime l’éclat, poupée porcelaine dans labyrinthe immaculé. le silence de la solitude contre le hurlement des maux. oasis polaire, semblable au néant. écho d’un intérieur cadavérique. détonation résonne au milieu du rien abyssale. l’épaule touchée en traître. sursaute quand le coup explose en morceaux contre la combinaison. me retourne, sec, les yeux qui cherchent qu’un court instant avant de s’arrêter sur la silhouette. lointaine. dissimulée sous tas de vêtements. trop pour en apercevoir les détails. un visage. un souvenir. une autre boule déjà à la main, armé pour un jeu auquel j’avais pas envie de jouer. - va jouer ailleurs. froid. distant. continue d’observer encore un peu pourtant, l’inconnu intriguant. curiosité malsaine, force à rester dans le même champ de vision. clouée sur place, comme pour attendre la révélation.

Va jouer ailleurs. Pas d'humeur ─ sans surprise. Maussade. Sombre. Alors qu'elle est entourée d'un blanc éclatant, son humeur fait tache. Klaus sait que s'il parle, le moindre mot trahira sa voix et il sait qu'elle le reconnaîtra. Peut-être pas immédiatement, mais elle comprendra. Elle l'entendra, fera le lien, et il préfère garder l'anonymat pour l'heure, alors il ne pipe aucun mot. La brune ne fuit pas pour autant, et ne lui tourne pas le dos non plus, donc soit elle est intriguée, soit elle est méfiante. Dans tous les cas, c'est à lui d'agir. Et il ne s'en prive pas. Puisque sa cible décide de ne pas rendre l'attaque, il la prévient alors, d'un geste assez obscur. Sa main libre se soulève et il ne lève que son index face à elle, signifiant "un". "Un" quoi ? Un essai ? Une boule ? Une chance ? Une minute ? Aucune idée, le sens va rester flou ; car après quelques secondes, c'est le bras armé da la boule de neige qui se lève à nouveau pour tirer. Et il fait mouche.

je pourrais reprendre ma route. t’ignorer. recommencer à essayer de panser la douleur à coups de gelures. refroidir les plaies encore vives. trop récentes. l’encaisse pas. scène qui repasse même quand l’esprit lutte pour chasser les murmures d’une déception trop lourde. l’index se lève, retiens l’attention. qu’est ce que tu m’veux, putain ? t’attendre ? rester ? l’incompréhension qui remplisse encore les rétines jusqu’à ce que mes mains se lèvent, geste soudain. protège le visage quand tu lances une deuxième boule. elle qui vient s’écraser contre le cache cou en plusieurs éclats gelés. neige éclabousse les cheveux qui retombent sur les épaules. - putain ! les yeux se baissent pour regarder les dégâts avant de ramasser une boule. tassée rapidement pour te la renvoyer d’un coup brusque. nonchalant.

Ça l'énerve, sûrement. Et c'est tant mieux. Qu'elle rage un coup, s'énerve, évacue sa colère en lançant à tout va des boules de neige contre ce parfait inconnu. Peut-être que ça l'aidera, débloquera le gel autour du cadenas qu'elle s'est imposé, bloquant l'entrée à quiconque s'approche. La boule frappant le bras qu'il vient de lever pour se protéger, Klaus apprécie le répondant et, sous son protège-cou épais, il sourit, pas mécontent de la voir répliquer. Alors il se penche à nouveau, refait rapidement une boule, et la bataille peut commencer, peut-être plus... sauvagement. Une, puis deux ; celui qui s'en prend à Lena a décidé qu'il ne la laisserait pas tranquille, et s'il évite minutieusement la tête, c'est pour ne pas la blesser. Mais les épaules, les bras ou les jambes ; là par contre, il vise. Il tire. Il lance.
Et mine de rien... ça l'amuse. Beaucoup. De juste lancer des boules de neige, s'en prendre dans la poire, ou en esquiver d'autres.

mysterieux. sous le surplus de vêtements. trop loin, pour capter un regard. un indice. la distance qui fait défaut, me laisse dans l’intrigue. me laisse porter. au pire, qu’est c’que je risque à jouer avec toi ? au moins, les pensées se font plus rares soudainement. les murmures devenus que des bruits de fonds, presque imperceptibles. trop occupé à esquiver les boules que tu lances sans même me laisser l’temps de reprendre le souffle. ferme les yeux, tends le bras pour éviter qu’elle m’explose à la gueule. mais elle passe à côté, éclat d’un rire qui venait plus exploser sur les lèvres depuis longtemps. termine derrière un arbre, trop fin pour moi. suffisant pour ramasser un tas de neige, - t’es vraiment nul.. arrogance sifflée derrière l’arbre. penche un peu, la paume accrochée à l’écorce pour me donner la puissance de te toucher. - t’es sûr que tu veux pas changer de jeu ? rictus espiègle. deux boules lancées une après l’autre.