Heart Stopper [William]

Noël... Une période qui était devenue bien fade pour Ilithya depuis ces dernières années. Depuis le divorce de ses parents, depuis la disparition de son frère et depuis son propre divorce. Petit rire intérieur alors qu'elle réalise qu'elle n'a fait que reproduire le schéma parental... Wonderful. Vêtue de son long manteau noir, serré à l taille, elle arpente les rues de Boston, en quête de cadeaux.
Mais peut-être que cette année, le miracle de Noël sera enfin là. Elle ne sait toujours pas comment elle a fait pour arriver à réunir son père et sa mère pour l'occasion. Les 'festivités' se dérouleront chez elle et ses parents viendront la rejoindre. Son père arrivera à l'aéroport le 22 Décembre et sa mère, qui ne vivait qu'à une heure d'ici, arriverait le 24 dans la matinée. Ilithya était un peu stressée à l'idée de se retrouver seule avec son père pour 48 heures, c'était quelque chose qui n'était pas arrivé depuis des années... Depuis qu'elle avait quitté l'Angleterre. Et par conséquent, elle se retrouvait là, à se demandait ce qu'elle pouvait bien foutre.
Elle passe devant les devantures des magasins de la rue principale, son regard traine sur deux ou trois trucs. Elle a déjà quelques paquets, contente d'avoir trouvé quelque chose pour sa mère, ainsi que pour des amis. Elle s'arrête devant une boutique avec des montres en vitrine, une habillée d'un cuir noir retient son attention. Et elle se dit qu'elle pourrait peut-être offrir cela à quelqu'un qui l'a aidée récemment, contre toute attente, juste pour le remercier... La surprise avait été de taille et l'était toujours. Et puis la conversation qu'ils avaient eu il y a 3 mois lui revient en mémoire. Si elle avait puis lui jeter une lampe à la figure, elle l'aurait volontiers fait, avec son air suffisant. Ilithya lève les yeux au ciel alors que son cœur se serre: à moins qu'elle ne se voile encore totalement la face et qu'en réalité, c'est une toute autre voie qu'elle aurait aimé emprunter, une bien plus paisible. Elle secoue doucement ses longs cheveux sombres alors que ses doigts se posent sur la vitre froide. Et elle pousse la porte.

Elle ressort de sa quatrième boutique avec un petit paquet élégamment fait et le range dans un sac plus gros, pour ne pas risquer de le perdre. Ses talons raisonnent légèrement sur le sol alors qu'elle avance de nouveau dans la rue, à la recherche du cadeau pour son paternel, une vraie plaie ! C'est à ce moment là que son téléphone sonne, une fin d'après midi de Décembre. Ilithya ne se doute pas une seule seconde que le glas sera sonné. Elle trouve le portable dans son sac et son cœur manque un battement alors qu'elle voit le numéro qu'elle ne connait que trop bien. L'ambassade.

*William*, qu'elle pense alors que son âme se réchauffe lentement, espérant encore et toujours l'impossible.

Elle décroche et les secondes deviennent de plus en plus longue alors qu'elle écoute l'employé avec qui elle a été si souvent en contact, ce dernier étant presque devenu son "ami".

*Je suis désolé Miss Wright*, qu'il conclu.

Et tout devient flou autour de la brune. Son univers se fissure alors qu'elle reçoit la nouvelle comme un coup de massue. En elle, tout se craquelle, telle une poupée de porcelaine qui verra sa dernière danse. Elle raccroche alors qu'elle se met un peu à l'écart, s'adossant contre le mur le plus proche. Coup de chance pour elle, la rue n'est pas si bondée qu'elle l'aurait pensé. Peu de monde remarque son état, alors qu'elle tremble de plus en plus et qu'elle se retient pour ne pas pousser un cri de détresse, alors que son être tout entier hurle. Elle à beaucoup trop chaud alors que le mot retentit dans sa tête: mort. Son frère est mort, ils avaient retrouvé son corps il y a quelques jours et avaient eu besoin de faire quelques tests pour l'identifier. Chaud, bien trop chaud. Elle enlève son manteau alors qu'elle est toujours adossée au mur, le froid mordant ses bras nus, mais elle s'en contrefiche. Elle ne ressent plus rien, vide, si rapidement. Et alors qu'elle porte une main à son cœur, la douleur insupportable, elle lève les yeux et croise le regard de quelqu'un qu'elle connait. Merde. C'était quoi la probabilité pour qu'elle tombe sur LUI maintenant ?! Elle ne l'avait jamais croisé depuis toutes ses années où ils vivaient si proches l'un de l'autre, ayant emménagé dans la même ville, sans vraiment le savoir. Et c'était maintenant que le destin avait choisi s'entremêler leurs chemins. Putain mais quelle blague.
Les larmes déjà présentent dans ses yeux rouges, elles n'ont pourtant pas encore inondées ses joues. Mais en le voyant, en cet instant même, en face d'elle, les vannes s'ouvrent et c'est en silence qu'elles roulent ses son visage rosi par le froid.

- William..., qu'elle finit par prononcer d'une voix cassée.

Pas le bon, pas son frère, non; lui, il ne pourra plus jamais se tenir devant elle, jamais... Mais son ex mari, oui. Et tout s'écroule, le sol se dérobe sous ses pieds alors que l'émotion est trop forte à supporter. Flou, tout est flou. Respirer, elle a besoin de respirer...