sheng's a$$ fanclub ─ Lyssace

Ok, bon, récapitulons. Un raclement de gorge se fait entendre alors qu'il se redresse un peu sur sa chaise, et Ace tend la main face au bazar étalé sur la table. On a donc... Deux boules de Noël de la même taille, complètement vierges, et y'en a deux autres en stock au cas où on se foire. Des marqueurs, des pinceaux, de la peinture ─ ton domaine pas le mien ça ─ du fil, de la glue, des paillettes si on en a envie et... d'autres conneries... Sa main attrape une petite boite transparente dans laquelle il peut voir une multitude de perles et autres confettis. Aucune idée de pourquoi elle m'a filé ça en cadeau. Enfin, j'imagine que c'est pour décorer les boules. Reposant la boîte, Ace pousse un long soupire et se tourne vers Lyssandre, assis en bout de table, non sans lui offrir un sourire malicieux. J'pense qu'on est parés pour créer la parfaite boule-cul de Sheng. Et si en prime tu peux nous mettre une petite musique de Sicile pour l'ambiance, je crois qu'on aura tout gagné. lâche-t-il avant de rire. Qu'ils sont cons, tous les deux ; mais ça fait du bien de penser à rien d'autre que les bons souvenirs de cet été, quand ils ont tous célébré la fin du Summer Camp sur la plage. La légende du cul de Sheng, même si nous n'avons jamais pu la lire, prendra ainsi vie au travers de cette fameuse double boule qui ira twerker dans un sapin ─ si pas celui de Sheng, au moins celui de Haiwee. Et Ace ricane déjà en songeant à la tête outrée de la brune face à la décoration.

C’est indéniablement l’une des idées les plus connes qu’il ait pu avoir. Encore…. Il faut dire qu’il n’était pas non plus vraiment aidé avec Ace qui n’avait même pas essayé de le stopper; de le faire renoncer. Au contraire, lui aussi avait foncé, comme le Wayne, tête la première. A croire qu’ils étaient destinés à avoir ensemble des idées chaque fois plus absurdes que la précédente, même s’il se demandait comme ils pourraient faire pire la prochaine fois. Mais au fond, ça lui plaisait à Lyssandre, de retrouver son amitié avec Ace, de retrouver ensemble cette insouciance qui en deviendrait presque leur marque de fabrique. Surtout après tout ce qu’il s’était passé ces deux derniers mois. Il n’oublie pas, que le coréen a préféré lui mentir que de lui faire confiance, qu’ils ont eu leur différents, notamment après l’incident Amore, mais cette histoire lui a aussi montré ce qu’il ne voulait pas être le Wayne. Une boule de haine et de rancune constante, incapable de faire preuve de la moindre empathie. Malgré lui, il avait grandit dans cette histoire Lyssandre. Pas seulement vis-à-vis d’Ace, mais aussi vis-à-vis d’autres envers qui il avait nourrit une certaine colère pendant des années. Ce qui n’était pas le sujet du jour. Non, le sujet du jour, c’était celui qui cet été avait dominé bon nombre de leurs conversations : le magnifique cul de Sheng. « C’est ça ! On a tout ce qu’il faut, et plus encore ! » Il faut dire que le Wayne possédait déjà une belle panoplie de peintures et feutres en tout genre qui pouvaient avec succès servir pour ce genre d’activités. « Parce que généralement, c’est un truc qu’on fait avec des enfants et que l’idée se veut plus… Conventionnelle. » Affirme t-il en secouant un petit flacon de perle tel un gamin obsédé par le bruit. « Jsuis sur qu’en cherchant bien, j’peux trouver un truc ambiance pizzéria ou verger méditerranéen. » Malgré tout, il opte pour quelque chose de plus soft, faisant défiler des musiques à la mode, à volume modéré. « Il va finir par regretter de nous avoir rencontré cet été avec nos conneries. » Lance-t-il, amusé, même s’il ne pense pas Sheng capable de nourrir une quelconque rancune pour une telle blague bon enfant.

Ouais c'est sûr que tu craftes pas des culs musclés à la maternelle... lâche Ace en ricanant. Les yeux suivent le flacon de perles entre les mains de Lyssandre, un peu secoué pour faire un bruit presque chantant. Sur le visage, y'a le sourire qui est collé et ne diminue pas. Une petite pause en pleine période chaotique, préférant délaisser l'évidence d'un danger prochain, pour se concentrer sur l'oasis de tranquillité avec Lyssandre. Besoin de rire, de sourire, se détendre, se rappeler les bons moments. La main se tend pour attraper une des deux boules qu'il regarde minutieusement, tout en répondant à l'affirmation de son comparse. Tu crois ? Ça serait dommage. J'l'ai revu d'ailleurs y'a trois-quatre jours là. La boule tourne entre ses doigts alors qu'il se rappelle l'épisode du déménagement d'urgence en pleine nuit. Il m'semble aller bien en tout cas. Toujours fidèle à lui-même... et j'pense qu'une bonne blague de merde comme ça, en vrai, ça lui fera plaisir. Et peut-être Haiwee aussi en vrai, vu que ça vient de nous. Parce que si ça venait d'une autre, la blague n'aurait certainement pas eu la même saveur. Depuis ce mois d'août, il était maintenant évident que Lyssandre et Ace tiennent une sacrée couche de connerie et que les idées de merde peuvent rapidement s'enchaîner. L'asiatique attrape alors un feutre, sans retirer le capuchon, et se penche vers Lyssandre pour lui montrer son idée. Si on arrive à découper ici, comme ça... en faisant cette ligne... on devrait pouvoir coller la boule à l'autre et former un cul. Mais j'me demande si ça ferait pas des fesses trop écartées ? Deuxième boule attrapée, placée à côté pour comparer. Faudrait peut-être couper un peu la deuxième non ? Pour faire un cul moins Kardashian.

« Pourtant, à cette période, c’est sûrement là où le mot te fait le plus d’effet. » Qui a cette âge n’a jamais rigolé en prononçant ce mot, ou en l’ayant entendu. Il sourit d’ailleurs à cette pensée le Wayne, à cette évocation de la candeur enfantine, à cette pureté, à ce mot qui fait tellement rire, sans que les adultes ne parviennent à se souvenir pourquoi. Même si dans leur cas, ça semble encore un peu différent parce que leur âme d’enfant, elle n’est pas si loin. « Non, en vrai je pense pas. Ca reste une blague bon enfant. Et puis c’est comme un prix. Si peu de personnes peuvent y prétendre. Il devrait plutôt être flatté. » Ou en tout cas, amusé espérait le Wayne. Après tout, il n’y avait pas de mauvaise intention dans leur geste et sa dulcinée était bien au courant de cette passion que provoquait le fessier de sa moitié. « Ah ouais ? Moi je l’ai pas revu quasiment. Enfin, vite fait lors de la manif pour la réouverture des confréries. Mais pas depuis. Par contre je recroise souvent Haiwee. » Toujours aussi douce, bienveillante. Fidèle à elle-même. « Etant donné que c’est le cul de Sheng et que je pense qu’elle sait très bien que le voir c’est tout ce qu’on pourra jamais en faire, oui surement. » Après tout ce n’est pas comme s’ils étaient sérieux, comme s’ils pouvaient représenter un quelconque danger pour leur couple. Ni l’un ni l’autre. « J’avoue, trop arrondi pour être le cul de Sheng. Faudrait réussir à le rendre un peu plus… Musclé. Genre un peu plus anguleux. Mais si on coupe ça risque de faire moche… » Il voit déjà les bords élimés, rugueux de la boule à neige. « En vrai, j’ai peut être ce qu’il faut… » Il se lève et part fouillé dans une boite au fond de sa chambre, vidant son contenu sur le sol, regardant les tubes, un à un. « C’est une espèce de mastic. Ca devrait pouvoir nous permettre de faire un peu comme de la pâte à modeler. On peut en mettre sur le bord et le façonner nous même comme ça, on se fait pas chier à couper ? » Ce qui pour le Wayne ne semble pas si évident sans abimer le reste.

Ace, dans son éternelle naïveté et confusion, confond le sens du mot "période" quand Lyssandre lui répond, et il arque un sourcil, semblant convaincu. Il a pas compris qu'il parlait de l'âge, et pense qu'il fait référence à Noël, alors Ace se questionne : en quoi la période de Noël est celle où le mot "cul" fait le plus d'effet ? À la maternelle de surcroît ? Mh, peut-être. Mais pour la suite, il a raison. Peu de chance que Sheng s'offusque de ce cadeau étrange et un peu beauf, mais drôle ─ après tout, lui aussi a joué le jeu en Août dernier, puis c'est le genre de légèreté qui fait sourire. Ace ricane néanmoins, amusé par l'idée que Haiwee puisse être un peu jalouse et possessive du postérieur qui, techniquement, ne lui appartient pas. Penché vers Lyssandre, Ace fait la moue en regardant les boules, et approuve l'idée que c'est trop rond. Faut des fesses musclées, pas rondes. Pour autant... Elles ont quand même un peu de volume et de rondeur non ? De mémoire. demanda-t-il en se redressant ─ non pas qu'il ait pu lorgner dessus lui, depuis sa position où son propre fessier était à l'air. Lyssandre levé, Ace le suit du regard, jusqu'à ce qu'il vide le contenu sur le sol, et l'idée convainc rapidement Ace. Oooh je vois... on va... lui modeler le fessier nous-même, en quelque sorte... Sourire en coin. Il regarde les boules côtes à côtes, laissant son ami fouiller. Mais quand même... ça fait... gros. Genre les deux boules intactes côte à côte ça fait un GROS cul... mes deux poings, si on rajoute encore un truc par dessus. Puis faut pas oublier que sur l'devant aussi c'est arrondi... Il penche la tête, tourne une boule sur elle-même. Tu crois qu'il faut faire le devant, aussi ? L'slip et tout ? Regard malicieux à Lyssandre, le rire au bord des lèvres.

La confusion de Ace laisse Lyssandre perplexe. Il se demande si finalement, ce n’était pas quelque chose de moins commun qu’il ne l’imaginait, si ce n’était pas ses souvenirs à lui, qui étaient biaisés. Pourtant il se souvient des fous rires avec ses frères, avec les jumeaux, à la mention de certains mots. Des rires qu’il retrouvait chez les enfants d’un de ses triplés, surement parce qu’il les éduquait comme eux l’avaient été. Dans l’amour et la joie avant tout, que rien ne pouvait atteindre. Mais il n’insiste pas le Wayne, car il sait que toute les familles ne sont pas soudées comme peut l’être la sienne, que tous les enfants ne sont pas aussi préservés que eux l’ont pû l’être malgré certaines épreuves de la vie. Peut-être que finalement, Ace n’avait pas pu grandir avec cette légèreté. Peut-être que l’ambiance chez lui était bien différente de celle que Lyssandre avait connue dans son enfance.  Mais malgré cette différence pourtant évidente, ils étaient là, tous les deux, à s’amuser devant ce concept original auquel ils avaient pensé, et qui, en tout cas le Wayne l’espérait, ferait rire leur ancien capitaine et sa petite amie. « Oui, mais moins ronde quand même. Genre tu sens que Sheng se contente pas de faire que des squats à la salle quoi. » Le meilleur exercice apparemment pour dessiner le fessier d’après celles et ceux dont c’était l’objectif. Et pour remédier à ce soucis de rondeur - qui n’en est un que dans cet exercice de création - il a une idée le Wayne. Dans le bazar qui lui sert occasionnellement pour ses propres créations, il retrouve de la pâte à mastic, de quoi coller les morceaux ensemble, mais aussi les restructurer. « Je pense qu’on va devoir couper à plusieurs endroits oui. Mais du coup, on pourra coller les morceaux et recouvrir les coupures avec de la pâte. Comme ça on verra pas les marques de cutter, ce qui sera plus joli, et en plus, on galèrera moins à les former. Parce que si on tente de le faire directement avec la découpe, on risque de se foirer et de pas avoir des trucs avec arrondis. Ou droits. » Il imagine déjà le massacre, une fesse coupée de travers et ne peut s’empêcher de rire en imaginant la tête du principal concerné en lui offrant la dite boule. Mais c’était sans compter sur cette nouvelle épreuve d’imagination que lui proposait Ace. « J’y avais pas pensé ! » Il ouvre grand la bouche le Wayne, comme choqué de n’y avoir pensé lui-même.  « Non mais attends, parce que si on fait le devant, le slip et tout, ca veut dire qu’il va falloir estimer la taille de ce qu’il y a en dessous… Et là, va pas falloir faire les radins ! » Il éclate de rire parce que la conversation a un côté surréaliste, mais en même temps, pouvaient-ils représenter Sheng comme on représentait les dieux grecques ? Non, impossible.