L'union fait la force. & Astarion.

« L'union fait la force.»

« Saperlipopette !  » Voilà que je jure en français dans mon bureau. Je n’avance guère dans mon enquête. Je suis bloquée…Mais, j’ai du mal à l’avouer, j’ai l’habitude de me débrouiller toute seule. J’ai parfois du mal à travailler avec les autres, je préfère mes livres. Regardant devant moi, je ne m’aperçois pas tout de suite que mes collègues me regardent à travers la vitre de mon bureau. Je fais comme si je ne l’avais pas vu. Je mets le dossier dans mon sac, puis, je dis à ma secrétaire. « Annulez mes rendez-vous, je sors.  » Je ne lui laisse pas le temps de me répondre, que je me sauve comme une voleuse.

Retrouver mon ami va être difficile pour moi, je ne connais pas du tout l’endroit, mais je vais essayer de mettre la main sur lui. @Astarion Ballantine, je ne le connais que de réputation. Je ne sais pas trop comment est-ce qu’il va réagir en me voyant. Je ne sais pas non plus s’il va m’aider ou pas. Je cherche son bureau dans tous les bâtiments de cette université qui n’est pas la mienne.
Je demande aux élèves, parfois ils me répondent, puis, je fini par arriver dans le bâtiment consacré au juridique. Il doit sans doute être là. Je sais que son sourire de charme va me désarmer, mais je sais aussi que je peux le taquiner…Tout une histoire d’alchimie, je vais le convaincre avec mon affaire qui me donne du fil à retordre. En tous les cas, je me demande s’il va pouvoir me donner un coup de main. Je ne donne pas encore des cours ici, je suis juste dans un endroit où personne ne me connait.

J’arrive à son bureau, je tombe sur un étudiant, je demande : «  Bonjour. Est-ce que le professeur Ballantine est-il présent ? » On me regarde d’un drôle d’air, il me demande : « Et vous êtes ? » Je lui répond en souriant : «  Je suis le Docteur Mac Donald. Je suis anthropologue judiciaire. » L’étudiant boutonneux me regarde d’un drôle d’air, il veut me prendre mon dossier, je lui répond : «  Je suis navrée mais vous n’avez pas les accréditations pour étudier ce dossier. Je souhaite juste parler à votre professeur. » Je n’apprécie pas du tout cette attitude. Je vois l’étudiant ouvrir la porte et appelez son professeur en beuglant…Cela commence bien.

Une migraine te scie littéralement les tempes, preuve qu'une fois encore, la soirée a été arrosée dans les grandes largeurs. Quelques étudiants quémandent ton aide en ce début de matinée, t'obligeant à faire au moins mine de leur accorder un petit brin d'intérêt. Alors que tu cherches mille et une excuses rocambolesque histoire de t'enfermer dans un cagibi et y faire une roborative sieste, un pauvre fou ose te péter les tympans sans commune mesure. Aggravation de ma migraine, ça vaut moins dix points lâches-tu sans ménagement, lunettes de soleil toujours sur le pif. Ton cervelet analyse déjà la raison du tintamarre alors que tu pénètres dans la pièce, le dos droit, prêt à faire une fois de plus illusion. Ce n'est cependant pas un vulgaire boutonneux qui te fait face mais une jeune femme des plus charmantes. Manque de bol, pour la séduction, on repassera d'ici... la fin de ta migraine, au bas mot. Je ne pense pas que vous ayez l'accréditation pour débouler sans rendez-vous non plus, cela étant. Ni aimable ni désagréable, un rien de je m'en foutisme vient d'agrémenter la sauce pimentée de tes propos. Tu attends, tes iris sombres scannant non pas le corps aux courbes de rêve de ton interlocutrice mais ses traits. Chaque minuscule réaction de ses muscles faciaux sont autant de détails pour ton esprit maniaque. La petite libellule est déjà entoilée, dans une arène où toi seul dicte les règles.

« L'union fait la force.»

Observant l’homme que j’ai devant moi, je lui souris d’un air narquois. Puis, je lui dis : «  L’accréditation peut vous faire témoigner au tribunal en tant qu’expert si elle le désire… »  Je ne vais pas me laisser marcher sur les pieds non plus ! Je regarde l’étudiant, et je lui dis prestement : «  C’est avec votre professeur que je discute, pas avec une jeune pousse comme vous. » J’ai fais l’effort de lui faire comprendre qu’il doit dégager. Après avoir entendu comment est-ce qu’il a appelé le professeur, je me dis qu’il ne doit pas être non plus très calme pour ce genre d’enquête.

Me tournant vers mon interlocuteur, je lui demande : « Est-ce que votre curiosité est bien réveillée ou est-ce qu’elle aurait besoin d’un café ou d’un paracétamol ?  » Je vois bien qu’il n’a pas l’air en forme du tout. Je me demande bien s’il a toute les cellules grises de réveillées…Parfois, on a besoin de calme, je lui dis : « Si vous êtes occupé, je reviendrais plus. Mais mon mystère restera un mystère.  »

Montrant le dossier, je sais bien que d’après sa réputation dés qu’il y a une énigme, il y a toujours une petite voix qui lui dit d’aller lire le dossier. Je ne stresse pas du tout. Je patiente, puis, je ne sais pas trop comment est-ce qu’il va le prendre mais bon. Je souris aimablement. Je ne vais pas l’embêter s’il n’a pas envie de taper la discute.

Cette parfaite inconnue te donne l'impression de te retrouver en face d'une maîtresse d'école. Celle qui tend à la fois la règle pour te massacrer les doigts et fait preuve d'une manipulation dont même toi tu n'oserais pas user. D'un simple geste de la tête, tu pointes la porte à ton étudiant afin qu'il se décide à dégager de là, ton humeur n'étant plus à biberonner. Si vous me garantissez l'absence d'un sabre au milieu de mon front dans les cinq minutes, peut-être. Mais je doute qu'un énième café et un cacheton changent quoi que ce soit à l'affaire. Dieu que tu détestes que l'on use et abuse de ton goût pour les énigmes afin de t'attirer dans une toile d'araignée. Plus qu'un péché mignon, les puzzles mécaniques finissaient par devenir ta malédiction, ton talon d'Achille, l'une des choses t'empêchant de trouver le sommeil tant que l'énigme n'aura pas été résolue. Par chance, ton attirance pour la joute verbale se montrait, la plupart du temps, une carte assez facile à sortir et à jouer pour contrer la chose. Oh ma chère... si vous saviez le nombre de gros bonnets m'ayant fait le coup rien que cette semaine... c'est à en avoir le tournis ! Pourquoi vous écouterais-je vous, plutôt que tous les autres ? Eh oui jeune demoiselle, si elle voulait jouer avec toi, alors joueur tu serais.

« L'union fait la force.»

L’étudiant s’en allant, je souris, je suis contente de voir que j’ai enfin l’attention de cet expert. Je m’aperçois aussi que je suis face à un petit malin comme un singe qui va falloir que je le convainque de m’aider sur cette enquête. « Cela tombe bien, je l’ai oublié chez moi dans mon dojo.  »  Je l’observe un court instant, je me demande bien ce que je peux lui dire de plus, puis, je me dis que je ne vais pas non plus lui répondre méchamment, je lui dis tout simplement avec politesse.

« Il me semble que vous êtes un expert dans vos domaines scientifiques. D’après votre réputation, la curiosité est votre moteur de vie. Les meurtres que j’ai dans mon enquête commencent en France. Malheureusement, j’ai eu un ami policier vivant dans cette ville qui m’a informé que le meurtrier pourrait vivre ici.  »  Ouvrant le dossier, je lui montre les informations que j’ai, je rajoute tout en le regardant attentivement : « Les restes humains retrouvés sur une plage locale montrent des signes distinctifs de blessures anciennes, datant de plusieurs décennies. Au cours de mes recherches, j’ai trouvé un lien sinistre entre ces ossements et une ancienne école abandonnée perchée sur les falaises surplombant la mer. »  Je souris, je ne vois pas trop ce que je peux faire de plus pour le convaincre. Je sais juste que les familles aimeraient sans doute avoir des réponses. Hors actuellement, je ne vois pas trop quoi faire ou dire pour le rassurer sur cette enquête.

Je sors une photo, il y a des inscriptions qui sont gravées sur les os. Je me dis que je ne peux pas le nier, je laisse mon interlocuteur réfléchir à ce qu’il va me dire. Je rajoute tout simplement. « D’après ce que j’ai découvert, c’est un ancien rituel qui est à l’origine de tout cela. Mais vous avez la possibilité d’entrer dans la tête du tueur. Est-ce que vous aurez sinon un collègue pour m’aider si vous n’êtes pas bien, je peux aller ailleurs.  »  Je montre la porte, je ne veux pas forcer les gens. S’il ne veut pas ce n’est pas grave. Je demanderais à d’autres personnes.

Le flot de paroles qui s'échappent des lèvres de ton interlocutrice te font aussitôt regretter de ne pas t'être enfilé une boîte entière d'opiacés. De quoi planer suffisamment longtemps pour que la voix de cette inconnue se perdre dans les méandres de ton système nerveux central. Les samouraïs n'ont donc pas tous disparus, je tiens le scoop du siècle ! Yeux exorbités, tu ne fais même pas illusion trente secondes : ce trait d'humour ne possède même pas une microdose de sympathie. Tout ce que tu souhaites, c'est la laisser finir sa petite explication et lui présenter la formidable porte, Graal de ta délivrance, ayant l'avantage de pouvoir se clore et même se fermer à double tour. On n'arrête pas le progrès. Et vous avez appris votre petit speech par cœur ? Cute. Sans nul doute la professeure est-elle une pointure dans son domaine, mais attendre de ta part un renvoi d'ascenseur de compliment, c'est croire à la poupée qui tousse. Comme quoi, le progrès a tout de même ses limites. Je pourrais régler votre affaire les yeux fermés, il faut plus qu'un mal de crâne et une Hermione Granger en puissance pour m'abattre. Bien que tu détestes profondément les évidences, en voici une : le test. Tu voulais savoir combien de temps elle pourrait tenir avant de tenter une mandale d'anthologie ou de t'insulter. A croire que dernièrement, tu n'aies de respect que pour ceux en mesure de tenir leurs nerfs, quelque soit le tsunami d'emmerdes s'imposant à eux. J'adore que l'on me couvre de compliments et chocolats mais je ne suis pas un garçon facile, ma chère.

« L'union fait la force.»

« J’espère que vous appréciez les blagues, parce qu’en général j’en dis pas mal. Enfin, passons, nous nous éloignons du sujet. » Prenant une chaise, je fini par m’asseoir et je pose devant moi sur la table libre les éléments que je voudrais lui montrer. « J’aime préciser les choses lorsque je travaille. Mais, j’ai comme l’impression que ce n’est pas votre façon de travailler. » Je ne vais pas m’énerver, cela ne sert à rien du tout. J’ai face à moi une personne fatiguée, qui je pense à besoin de se reposer. Seulement, il est tout de même curieux de ce que j’amène. Une personne complexe telle que lui ne doit pas être prise à la légère. Je vais lui expliquer calmement. Il me donnera son point de vue qui est sans doute bien arrêté.

« Et bien, si vous pouvez la résoudre, cela serait formidable. Les familles vous seront reconnaissantes. » J’ouvre le dossier, et je patiente, je ne sais pas comment est-ce qu’il travaille où par quelle partie il commence. En tous les cas, je lui dis en riant : « La magie n’existe pas d’un point de vue scientifique, mais si vous y croyez cela ne me dérange pas. » Les lutins, korrigans etc ne sont pas les mêmes légendes que ce livre. Alors en Irlande, on ne l’entend pas de la même oreille. « Personne n’est facile, c’est ce qui fait le complexe humain. » Ouvrant mes poches de pantalon, je lui dis en souriant : « De plus, je n’ai pas de chocolats dans mes poches. » Je suis patiente, alors il peut y aller, je finirais bien par le faire travailler. Quand la curiosité nous tient….

Un léger rire trahit l'hilarité qui est actuellement la tienne face à son répondant. Fort bien, en plus de ne pas avoir l'air complètement idiote, la demoiselle savait répliquer sans même user de pique. Bon point pour elle, et autant dire que tu étais avare en la matière quand tu t'y mettais. Ah, si jeune et si perspicace ! Tu joins aussitôt des mains comme si la lumière divine venait de frapper ton être, papillonnant des cils telle la sublime tête à claques que tu adorais être pour emmerder ton monde. Mais bien sûr, voilà ce qui manquait à mon palmarès : les bisous baveux des mamans papas... Bien que ton discours ait très clairement pour but de la décourager, de la faire sortir de ses gongs et claquer la lourde en ayant vu bien d'autres avant aujourd'hui, il te fallait reconnaître un point précis : elle ne lâchait pas l'affaire. Mieux encore, elle poursuivait, quasi imperturbable. Restait à savoir combien de temps ce joli vernis de contrôle mettrait à craqueler délicieusement sous tes remarques, non pas acerbes, mais aussi insupportable qu'un évier qui fuit toute une nuit durant. Pas de chocolats ? Je suis choqué ! C'est pourtant la base de toute bonne négociation psychologique... vous savez, la carotte, le bâton, ce genre de délices... Pas une seconde tu n'avais laissé tes iris se perdre sur la photo que la professeure t'avait pourtant tendu en agitant le drapeau énigme à résoudre. Ce qui, même pour toi, relevait du miracle. Jolie mais trop terre à terre... un point de moins, maîtresse MacDonald...

« L'union fait la force.»

« Oh un compliment, que cela est généreux de votre part. » Je le vois se mettre les mains comme un prêtre, je lui dis en souriant : « Vous avez louper votre vocation. Je crois qu’il recrute au ministère. » Les moines sont toujours en manque de personnels. Je me demande bien comment est-ce qu’il va réagir. En tous les cas, je vais continuer à suivre mon chemin. La journée ne fait que commencer.

« Dix victimes, vous aurez donc dix bisous baveux. » Je ne sais pas vraiment comment est-ce qu’il va le prendre. Mais bon, maintenant que j’ai mis les deux pieds dans le plat, je vais continuer. Je rajoute des images de la scène de crime dans tous les sens. Je vois bien qu’il a jeté un œil dessus depuis le début de notre conversation. « La carotte et le bâton ? Je suis plus pour une autopsie et une balade en forêt. Mais c’est à vous de voir quelles sont vos préférences. » Je n’ai pas grandi en ayant un bâton au-dessus de la tête. Du coup, je ne connais pas trop cette façon de penser.

« Ce n’est que l’apéritif. » Sortant les photos des corps marqués avec des signes assez improbables. On peut voir qu’ils ont été scarifiés avec une lame dans tout le dos. Ils sont attachés à des arbres ou échoués sur la plage entourés de drôles morceaux de bois. « Les signes ne sont pas dans les langues. On dirait de l’ésotérisme religieux ou autre. » Je sors des photos qui montrent les signent en plus grands. Les nœuds des cordes sont aussi en gros plan. Je le laisse observer les photos attentivement.

Quand je vais vous envoyer la note vous trouverez ça nettement moins généreux d'un coup... Le pire dans l'histoire ? Tu serais totalement capable d'envoyer une fausse facture au bureau de la professeure - dont tu trouverais sans peine l'adresse, tu n'en doutais pas - histoire d'être droit dans tes bottes. Ne jamais laisser sous entendre, même subrepticement, que c'est par charité pure que tu agissais dans la vie. Rien ne pouvait être plus éloigné de la vérité, à moins d'être dans tes petits papyrus. En revanche, la suite de son discours t'échappe. Autant dire qu'il n'en faut pas davantage pour ranger la carte de l'humour au vestiaire. Ministère ? J'ai une tête d'escroc public numéro un ? Pas d'insulte ! Moins cinq points, encore... Ou peut-être pas encore totalement. La motivation frôlait déjà le moins huit mille, mais là... je n'ai même plus de chiffre tellement mes doigts sont plein de retenues. Alors que tu lèves les yeux au ciel, un tantinet exaspéré par l'insistance de la demoiselle n'ayant définitivement pas compris que donner des détails du dossier ne serait pas suffisant pour t'assoir sur ta promesse, tu te contentes de cligner lentement des yeux. Pour qu'il y ait apéritif, il faut qu'il y ait alcool et amuse-gueules dans l'équation. Là, ma dernière irm est plus fun...