Santa pas si secret (Nienke)

Fallait-il que Judi, tu l'aimes d'amour jusqu'à la soixantième génération de Ballantine pour oser poser ton divin peton dans ce lieu de perdition. De quoi empester le sucre chaud jusqu'aux dents du fond qui baignent, tu sirotais quand même un verre de vin chaud en attendant la blonde. Les paris venaient de s'ouvrir : parviendriez-vous à ne pas user et abuser de remarques acerbes pendant au moins deux minutes ? Mmh, rien de moins sûr. Au moins ce petit pinard chaud est pas dégueu. La chaleur réchauffe doucement ta gorge tandis que tu fais du sur-place, détestant attendre. La liste des choses que tu pouvais facilement exécrer s'allongeait à chaque millième de seconde de ta vie, risquant par la même occasion de te donner matière à plaquer ce délicieux masque insupportable sur ta face. Au pire des cas, tu mettrais ça sur le vin chaud qui t'aurais collé une aigreur de l'enfer. Au pire bis, tu ponctuerais ta prochaine pique avec un sourire ultra bright rendant impossible toute tentative de baffe ou de coup de genoux mal placé. Christmas spirit, que diable !

Énième soupir, impossible de compter. Alors que tes mirettes d'ébène se perdent sur les couples qui se reprochent le moindre dollar dépensé dans la décoration la plus cher des maisonnettes montées de bric et de broc, tu remues doucement le liquide rouge sombre à l'intérieur de ton verre. Bientôt, le glas de la dernière gorgée sonnerait et avec elle, le retraite de ta patience. Tant de bons sentiments - que tu sais faux bien évidemment - te donnent envie de vomir. Comment cette foutue période, commerciale avant tout, pouvait déchaîner autant de sourires de façades ? Même les tiens paraissaient bien vrais en comparaison, c'est dire. Perdu dans le flot de pensées qui te submerge, tu n'as pas entendu la blonde arriver, et encore moins anticipé la venue de ta paume contre ton épaule. Pourtant, c'est avec un calme à rendre marteau la plus nerveuse des âmes que tu te retournes, faisant face à la demoiselle non sans ponctuer ton volte face d'un sourire éclatant. Fidèle à ton moi intérieur, toujours. Disons que ce petit breuvage rend presque supportable toutes ces effusions dégoulinantes... Cette réponse, presque instantanée, n'inclus pas Nienke de façon tout à fait délibérée : ne pas lui donner une importance qu'elle n'a pas et n'a jamais eue à tes yeux. Si tu as demandé sa présence, c'est avant toute chose pour Judi. De l'aide ? Allons allons comme vous y allez... votre contribution serait plus juste. Et puis que voulez-vous... votre présence est tellement délicieuse... extatique même devrais-je dire. Ton ton est aussi faux que toute cette atmosphère empestant le sucre chaud, mais qu'importe. Aux grands maux, les grands remèdes !