des rêves sous les étoiles (( spencerwaal #9 ))

des rêves sous les étoiles, 15 décembre 2029
mention de difficulté à procréer

Le crépitement discret du feu dans la cheminée était la seule source de bruit dans la petite maison nichée au bord d’un lac gelé, à quelques heures de Boston. Cassie était assise sur le canapé, ses jambes repliées sous elle, une tasse de thé entre les mains. Le regard perdu dans les flammes, elle écoutait distraitement Landon qui terminait de ranger la cuisine derrière elle. L’ambiance était paisible, mais un léger poids semblait flotter dans l’air, comme une brume invisible. « Tu veux en parler ? » murmura-t-elle doucement, ses yeux cherchant les siens. Elle ferma les paupières un instant, comme pour rassembler son courage. Ces derniers mois avaient été marqués par des montagnes russes émotionnelles. Les rendez-vous chez le médecin, les tests négatifs, les conversations difficiles et les moments de doute qui s’étaient accumulés. Ce n’était pas comme ça qu’ils avaient imaginé leur avenir ensemble.


@Landon Fabre-Spencer

Aussi loin que tu te rappelles tu n'avais jamais aimé Noël, encore moins l'ambiance joyeuse qui precédait les festivités. L'accent était mis sur les moments passés en famille, et c'était autant de rappels douloureux sur ce que tu n'avais plus, depuis plusieurs années déjà. Cela te ramenait inévitablement au décès de ton père, survenu en janvier quelques années plus tôt, quatre pour être exact. À cela s'ajoutaient les problèmes que Cassie et toi rencontriez pour fonder votre propre famille. Ces difficultés étaient d'autant plus présentes qu'à chaque fois, c'était la même rengaine. Alors, le bébé c'est pour quand? Tu ne comptais plus les fois où des personnes indiscrètes qui se permettaient de se mêler de ta vie privée, ce que tu ne supportais plus. Ce serait tellement plus simple si chacun se mêlait de ses fesses, aussi tu n'aurais pas à prendre sur toi pour éviter d'envoyer bouler quiconque te posera cette question. Tu étais pourtant au courant que le problème venait de toi, ce qui n'avait rien d'étonnant quand on savait que tes propres parents avaient mis plus de vingt ans avant de t'avoir. Vingt ans, c'est très long, surtout quand on avait cette envie viscérale de fonder une famille, d'être enfin parents, quand la plupart des couples de votre connaissance commençaient à avoir des enfants, ou en avaient depuis plusieurs années. La voix de Cassie te tira de tes sombres pensées, et tu clignas brièvement des yeux comme pour te reconnecter à la réalité. "Pour dire quoi?" Tu répondis en posant ton torchon sur la table - ça n'avait pas changé, que tu calmes tes nerfs en briquant la maison de fond en comble. "Qu'il y a une de mes collègues qui m'a encore cassé les couilles pour savoir quand on allait avoir un bébé?" Tu ne t'en cachais même plus, que ces questions commençaient à sérieusement te taper sur les nerfs, et Cassie le savait parce qu'elle s'était lancée dans ce parcours avec toi, pour voir ensuite vos espoirs brisés à chaque fois.

des rêves sous les étoiles, 15 décembre 2029
infertilité

Cassie le regarda, ses traits empreints d’une tendresse mêlée de tristesse. Elle savait à quel point ce sujet le rongeait, à quel point chaque question, chaque allusion venait raviver une blessure qui n’avait jamais vraiment eu le temps de cicatriser. "Non, pas pour dire ça," répondit-elle doucement, s’approchant de lui. Ses doigts effleurèrent son bras. "Mais peut-être pour te dire qu’on a le droit de ne pas répondre. De ne pas leur donner ce pouvoir sur nous." Elle savait que ces mots pouvaient paraître creux, surtout après tout ce qu’ils avaient traversé ensemble. Mais Cassie refusait de se laisser abattre, même si elle-même ressentait cette douleur lancinante à chaque fois que le sujet surgissait. "Je sais que ça te met hors de toi," continua-t-elle, sa voix calme mais ferme. "Et franchement, je ne peux pas leur en vouloir de ne pas comprendre… Ils ne savent pas. Ils ne savent pas ce que c’est de vouloir quelque chose aussi fort et de ne pas pouvoir l’avoir." Elle baissa légèrement la tête. "Mais on ne peut pas laisser ça nous définir," dit-elle en relevant les yeux vers lui. "Tu es tellement plus que ça, tu le sais ? Ce n’est pas juste cette partie de nous qui compte. Il y a toi, il y a moi, il y a tout ce qu’on construit ensemble, même si ce n’est pas exactement comme on l’avait imaginé." Elle attrapa ses mains, forçant doucement son regard à rencontrer le sien. "Et pour ce qu’ils pensent ou disent… Qu’ils aillent se faire foutre." Un sourire ironique joua sur ses lèvres, une tentative maladroite d’alléger l’atmosphère, même si elle sentait bien que l’émotion restait là, prête à les engloutir à tout moment. Elle serra ses mains un peu plus fort, comme pour ancrer ses mots dans la réalité. "Ce n’est pas fini pour nous," murmura-t-elle. "On a encore le droit d’y croire. Peut-être que ça prendra du temps, peut-être que ça ne ressemblera pas à ce qu’on avait prévu, mais… on trouvera notre chemin. Ensemble." Cassie sentit sa gorge se serrer, mais elle refusa de céder aux larmes. Pas maintenant. Parce qu’ils avaient besoin de se tenir debout, l’un pour l’autre. Toujours.


@Landon Fabre-Spencer

Tu le savais depuis longtemps, que tu étais prêt à fonder une famille. Après tout, n'avais-tu pas épousé ta première femme à l'âge de dix-huit ans tout juste, à la sortie du lycée? Ta vie, cependant, n'avait pas suivi le chemin que tu avais espéré. Tu n'avais pas prévu de te retrouver veuf avant même d'avoir vingt ans et plus encore, de connaître les mêmes soucis d'infertilité que tes parents. Tu avais fait du chemin depuis, mais ton projet de famille était resté intact, malgré les espoirs brisés et les cruelles désillusions. Tu sentais la caresse de Cassie sur ton bras et ce geste eut au moins le mérite de te réconforter un peu même si le problème de fond était toujours là : tu étais incapable de donner un enfant à la femme que tu aimais. Ton corps trembla légèrement sous l'effet de la rage et de la douleur que tu tentais tant bien que mal de réprimer. Tu refusais de craquer même devant ta femme, tenant malgré tout à garder une certaine contenance, ne pas paraître faible. "Et après on s'étonne que je ne veuille pas me mêler aux autres et que je reste dans mon coin pendant mes pauses." Tu étais toujours aussi solitaire malgré les années passées, tu parlais très peu avec tes collègues en salle des profs, tu préférais t'isoler pour déjeuner, fumer une cigarette et lire un bon bouquin avant ton prochain cours. Tu n'avais malheureusement pas pu échapper aux habituels repas de fin d'année entre collègues et tu avais détesté l'expérience. Tu serras les mains de Cassie dans les tiennes. "C'est la première et la dernière fois que j'y vais." Tu coassas d'une voix rauque  tant tu étais contrarié. " C'était censé être un moment convivial, mais ça a été plus un cauchemar qu'autre chose." Il y en a toujours qui se pensaient tout permis, sous prétexte d'apprendre à connaître les autres. Tu étais juste tombé sur la fouineuse de service, la commère qui se mêlait de ce qui ne la regardait pas et qui se permettait de diffuser des ragots sur les autres. Il y en avait au moins une dans chaque équipe et tu n'y avais pas échappé. "Je suis désolé." Tu dis alors en lâchant une des mains de Cassie pour venir caresser ses cheveux. Tu ne savais pas pourquoi tu t'excusais au juste. "Je sais que ce n'est pas facile pour toi non plus, cette situation." Après tout,  c'était bien à deux que vous étiez en train de construire votre famille. Cassie refusait à juste titre de laisser tomber, quand toi tu cherchais déjà un plan B, si le plan A ne fonctionnait pas. "Je..." Tu commenças, hésitant. "Je sais que dans l'idéal on voudrait un enfant à nous mais vu que ça n'a pas l'air d'arriver...est-ce que ce ne serait pas le moment de penser à l'adoption?" Tu savais depuis longtemps qu'il n'y avait pas que les liens du sang qui comptaient, que les liens du cœur étaient tout aussi forts. En ton for intérieur, tu savais que quoiqu'il arrive, qu'il s'agisse d'un enfant adopté ou d'un enfant biologique, tu les aimeras de la même façon, tu les élèveras de manière à ce qu'ils aient les mêmes chances dans la vie et que tu feras tout ton possible pour qu'ils deviennent des adultes stables et responsables, dont tu pourras être fier.

des rêves sous les étoiles, 15 décembre 2029
infertilité, mention d'adoption

Cassie sentit son cœur se serrer à ses mots. L'idée d'adopter, elle l'avait déjà envisagée, bien sûr. Mais entendre sa suggestion à ce moment-là, après ce qu'ils venaient de traverser, la fit vaciller entre espoir et tristesse. Elle le regarda, cherchant dans ses yeux une certitude, un appui, une réponse à cette question qu'ils évitaient tous les deux depuis trop longtemps : combien de fois pouvaient-ils encore encaisser un échec avant de s'effondrer ? Elle ne dit rien immédiatement, laissant le silence s'installer entre eux. La caresse dans ses cheveux était douce, presque apaisante, et pourtant elle sentait une boule se former dans sa gorge. "Je..." commença-t-elle enfin, la voix légèrement tremblante. "Je ne suis pas contre, tu sais. L'adoption, je veux dire." Elle inspira profondément, serrant légèrement la main qu’il tenait encore dans la sienne. "Mais est-ce que ce n’est pas... comme si on baissait les bras ? Comme si on abandonnait notre rêve d’avoir un enfant à nous ?" Elle détourna le regard, sentant une larme silencieuse rouler sur sa joue. Ce n’était pas de la colère, ni même de la déception, juste un immense mélange de fatigue, d’amour, et de ce poids constant qu’ils portaient ensemble. "Je veux dire... je sais que ce n’est pas une solution facile. Mais j’ai peur, tu comprends ? Peur qu’on se dise qu’on n’a pas essayé jusqu’au bout. Et peur aussi de l’échec, encore une fois. Parce que s’il y a bien une chose que ces dernières années m’ont apprise, c’est que chaque espoir brisé fait encore plus mal que le précédent." Elle releva les yeux vers lui, cherchant une lueur dans son regard, quelque chose à quoi s’accrocher. "Mais en même temps... je sais que tu as raison. Ce qui compte, ce n’est pas la façon dont cet enfant entre dans nos vies, mais la façon dont on l’aime, dont on l’élève." Elle esquissa un sourire triste, essuyant sa joue du revers de sa main. "C’est juste que... je veux être sûre qu’on est prêts, tous les deux. Que ce n’est pas une décision qu’on prend parce qu’on est fatigués ou parce qu’on a peur de continuer. Parce que si on fait ce choix, je veux qu’on le fasse avec tout notre cœur, pas comme un plan B, mais comme un nouveau rêve à construire ensemble." Cassie inspira profondément, rassemblant son courage. Elle savait qu’ils devaient avoir cette discussion, qu’elle était inévitable, mais cela n’en rendait pas la chose plus facile. "Alors... si c’est ce que tu veux vraiment, si c’est ce que nous voulons vraiment... peut-être qu’il est temps qu’on commence à en parler sérieusement. Pas pour fuir ce qu’on ressent, mais pour aller de l’avant, ensemble." Elle relâcha enfin un sourire, plus sincère cette fois, malgré la douleur toujours présente. Parce qu’au fond, ce qui importait le plus, c’était lui, c’était eux. Et Cassie savait qu’ils trouveraient leur chemin, quel qu’il soit, tant qu’ils restaient unis.


@Landon Fabre-Spencer

Tu ne savais pas si c'était normal de vivre autant d'épreuves. Depuis le début, ton histoire avec Cassie n'avait jamais été simple, comme si l'univers cherchait à vous tester. Tu ne croyais pas au destin, ni au karma, tu croyais seulement en Dieu et il semblerait que celui-ci était en train de vous mettre à l'épreuve et de tester ta foi. Tu ignorais si avoir un enfant était dans Ses plans pour toi mais tu devais encore y croire. Comme toujours, tu réfléchissais, modifiant tes plans à chaque nouvel élément dont tu avais connaissance. Tu connaissais les réserves de Cassie vis à vis de l'adoption et tu comprenais son point de vue, tout du moins en partie. Cela méritait une discussion plus approfondie que celle que vous aviez en ce moment, sur un coin de table, littéralement. Tu l'écoutais sans dire un mot, le cœur serré de la voir pleurer, encore une fois. Au plus profond de toi, tu attendais le jour où elle t'annoncera enfin une grossesse et plus le temps passait plus tu voyais cet espoir s'effriter. Tu avais également conscience que, dans la mesure où Cassie était plus âgée que toi, elle n'avait pas tout le temps du monde devant elle. Tu devais choisir tes mots avec soin pour la rassurer, apaiser ses doutes. "Tu sais..." Tu commenças en caressant doucement sa joue pour y chasser les traces de larmes qui s'y étaient aventures. "Ça arrive plein de fois, de se lancer dans une procédure d'adoption qui aboutit et finalement le bébé débarque peu de temps après. " Tu te mordis la lèvre, cherchant tes mots. "Bien sûr il en va de notre responsabilité de traiter les deux enfants de la même façon et de ne pas favoriser celui qu'on a eu naturellement, tout en se préparant à ce que celui qu'on aura adopté veuille connaître la vérité sur ses origines et faire en sorte de l'assister le plus possible dans sa quête de vérité." Tu partais loin dans ta théorie mais c'était un des nombreux cas de figure qui pouvait se présenter, une possibilité que vous ne pouviez pas ignorer. "Désolé, je divague." Tu baissas la tête, quelque peu embarrassé d'échafauder des théories fumeuses sur un sujet aussi sensible, aussi important pour vous deux. Tu relevas le regard vers elle et tu esquissas un faible sourire. "Je ne sais pas de quoi l'avenir est fait ni ce qui nous attend mais je peux te promettre qu'on réessaiera autant qu'il le faudra et qu'on atteindra notre but. " Tu caressais son visage, laissant ton regard la sonder, toujours avec cette gravité qui te caractérisait. "Tu te souviens des vœux qu'on a échangés quand on s'est mariés? Pour le meilleur comme pour le pire." Tu les connaissais par cœur, les voeux que tu avais écrits ce jour là, sans doute parce que tu avais répété ces mots encore et encore, jusqu'à t'en imprégner complètement, au point que tu t'en rappelais encore aujourd'hui .

des rêves sous les étoiles, 15 décembre 2029
infertilité, mention d'adoption

Cassie essuya ses larmes d’un revers de main, son souffle encore légèrement tremblant. Elle n’avait pas vraiment voulu pleurer, mais les mots de son mari, ses gestes empreints de douceur, avaient fissuré la carapace qu’elle s’efforçait de maintenir ces derniers jours. Tout semblait si fragile, comme si le moindre mouvement risquait de faire s’écrouler ce qu’ils avaient construit. Elle le regarda, ses yeux rougis croisant son regard grave et sincère. Il avait ce talent pour choisir des mots justes, même lorsqu’il doutait, même lorsqu’il tâtonnait. Cassie savait qu’il réfléchissait toujours mille fois avant de parler, surtout sur des sujets aussi importants que celui-ci. "Je m’en souviens, oui," murmura-t-elle, un sourire timide se dessinant sur ses lèvres malgré la tension. "Et toi, tu te souviens de ce que je t’ai dit dans mes vœux ?" Elle marqua une pause, cherchant à rassembler ses pensées. "Je t’ai promis de ne jamais abandonner, quoi qu’il arrive. Et pourtant… parfois, j’ai l’impression de faillir à cette promesse. Quand je pense à tout ce qu’on traverse, à chaque épreuve, je me demande si je suis assez forte pour nous deux." Ses mains tremblaient légèrement alors qu’elle les posait sur la table entre eux. Elle baissa les yeux un instant, avant de relever le regard, cette fois avec une lueur déterminée. "Mais tu sais quoi ? Je ne veux pas abandonner. Ni sur toi, ni sur nous, ni sur ce rêve qu’on a de devenir parents. Même si ça me terrifie, même si parfois je me sens... incapable, je veux continuer. Avec toi." Elle inspira profondément, laissant ses mots flotter entre eux, dans le silence chaleureux de la pièce. "Peut-être qu’on ne sait pas de quoi l’avenir est fait, mais tu as raison. Ce n’est pas une raison pour arrêter de se battre. Si ça doit prendre des mois, des années, alors on fera ce qu’il faut. Même si je doute, même si je pleure parfois… je te promets que je ne laisserai jamais ça nous briser." Sa voix se brisa légèrement sur la fin, mais elle sentit une étrange sensation de légèreté en elle. Dire ces mots à haute voix lui donnait presque l’impression de reprendre le contrôle, de ne plus laisser ses peurs dicter ses pensées.


@Landon Fabre-Spencer

Quelque part, tu avais l'impression de faillir à ton devoir, non seulement en tant que mari mais aussi en tant qu'homme, comme si tes problèmes de fertilité portaient atteinte à ta masculinité. C'était presque une incapacité chronique, de ne pas cocher les cases, de ne pas remplir les attentes que l'on nourrissait à ton encontre. Tu le savais, que votre vie à deux ne correspondait en rien à ce que vous aviez imaginé, fantasmé. Cela te ramenait inévitablement aux débuts de votre relation, quand elle avait eu envie d'un autre alors que tu étais incapable de donner ce qu'elle était partie chercher auprès de lui. Ça te frustrait d'autant plus que tu étais parfaitement au courant que certains couples se déchiraient à cause d'un désir d'enfant non assouvi. Tu te souvenais de ton propre père qui s'était presque résigné à son sort, il ne t'attendait plus, et dans son cas, au vu de son âge, c'était trop tard. Évidemment, les mots de Cassie te rendaient un peu triste, parce qu'ils faisaient cruellement écho à ce que tu ressentais parfois, attisant cette vieille hantise de ne pas être assez. Tu hochas la tête aux mots de ta femme, qui te choisissait encore, malgré tout.  "Je sais. " Tu répondis simplement, et tu le pensais vraiment, jusqu'au plus profond de ton être. "Je prie souvent, tu sais. J'espère toujours un miracle, encore plus en cette période où, paraît-il, tous les vœux se réalisent." Tu n'aimais toujours pas Noël mais tu en entendais si souvent parler, du fameux miracle de Noël, que tu souhaitais que cette stupide magie de Noël vous touche également et qui ne semblait fonctionner que dans ces téléfilms à la con. "Quelque part, j'ai quand même la sensation d'échouer, de manquer à tous mes devoirs et d'avoir fait une promesse que je ne pourrai pas tenir." Et tout le monde savait que tu n'avais qu'une parole, parce que tu étais avant tout un homme d'honneur, même si les contours de ta moralité étaient parfois très flous et surtout, à géométrie variable. "Ça me fait chier de me dire que ce n'est pas vraiment la vie qu'on voulait." Tu te mordis la lèvre, incapable de dissimuler l'éclat de tristesse dans ton regard. La réalité vous avait trop souvent rattrapés et ça faisait un mal de chien.

des rêves sous les étoiles, 15 décembre 2029
infertilité, mention d'adoption

Cassie observait son mari avec une intensité qui contrastait avec la douceur de la pièce, où la lumière tamisée de Noël se posait sur les meubles, apportant un air presque irréel à ce moment pourtant si chargé d’émotions. Elle ressentait chaque mot qu’il disait, chaque sous-entendu qu’il laissait s’échapper, et cela la perçait de l’intérieur. Elle le savait. Il portait sur ses épaules un fardeau qu’il avait du mal à partager, même avec elle. Il était rare qu’il se laisse aller à de telles confessions, mais ce soir-là, l’air semblait lourd, et la douleur dans sa voix était palpable. Elle savait que derrière ses mots, il y avait une souffrance qu’il n’arrivait pas à dissiper, une part de lui qui se sentait brisée. En l’entendant parler de cette sensation d’échec, elle sentit son propre cœur se serrer, bien plus qu’elle ne l’avait imaginé. Elle n’avait jamais vu son mari sous cet angle, vulnérable et incertain. Elle posa doucement sa main sur la sienne, sans chercher à le rassurer immédiatement, mais juste pour être là, pour lui offrir un peu de chaleur dans cette froideur qui semblait envahir l’espace entre eux. C’était difficile de savoir quoi dire. Comment réagir à ce genre de déclaration sans risquer d'aggraver les choses ? "Je sais que c’est dur…" dit-elle enfin, sa voix calme et posée, mais son cœur battant à tout rompre.  "Mais tu n’échoues pas. Ni en tant que mari, ni en tant qu’homme. Et certainement pas en tant que père." Elle marqua une pause, cherchant les bons mots, ceux qui pourraient alléger un peu le poids qu’il portait.  "Tu n’as rien à prouver à personne. Pas à moi, ni à Dieu. Tu fais tout ce que tu peux, et c’est déjà plus que suffisant." Elle le regarda longuement, ses yeux sincères, remplis de compassion et de force. Elle voulait lui transmettre toute la certitude qu’elle ressentait au fond d’elle. La certitude qu’il était assez.  "Je ne veux pas un miracle de Noël, tu sais." ajouta-t-elle, son regard se faisant plus doux.  "Je ne veux pas de ce miracle-là. Je veux juste... toi. Et peut-être qu'on n’a pas la vie qu’on imaginait, mais on a la nôtre. Et je suis prête à la vivre à tes côtés, même si elle ne ressemble pas à ce qu’on pensait." Elle inspira profondément avant de prendre sa main, la serrant doucement dans la sienne, comme pour lui rappeler qu’ils étaient ensemble dans cette épreuve, qu’aucune promesse ne serait brisée tant qu’ils se tiendraient l’un l’autre.  "On trouvera une solution, peu importe le chemin. Mais il faut qu’on le prenne ensemble." Elle sourit alors, un sourire serein, presque timide, mais plein de vérité.  "Et puis, tu sais... ce n’est pas Noël qui fait les miracles. C’est nous, toi et moi, en tant que couple." Elle se pencha un peu vers lui, effleurant son visage de sa main, pour lui donner un baiser léger sur la joue, dans l’espoir de le réconforter, de lui apporter cette chaleur qu’il cherchait, cette chaleur qui semblait lui échapper à chaque moment où il se sentait insuffisant.  "On n’a pas encore tout essayé. Et tu sais quoi ?" Elle lui lança un regard complice, un petit éclat dans les yeux.  "Si quelqu’un peut réaliser un miracle, c’est bien nous." Elle se mordit légèrement la lèvre, espérant que ses mots parviendraient à apaiser un peu ses inquiétudes. Ils avaient traversé tant de choses ensemble, pourquoi ne pourraient-ils pas surmonter celle-ci aussi ?





@Landon Fabre-Spencer

Tu parlais rarement de ta foi parce que c'était un sujet très intime à tes yeux. Cela se savait que tu étais croyant parce que tu allais régulièrement à l'église mais c'était extrêmement rare que tu l'évoques ouvertement comme tu venais tout juste de le faire. Tu avais avoué sans détour que tu priais pour qu'un miracle arrive mais le tout-puissant était resté sourd à tes prières. Tu te sentais au pied du mur et tu ne savais pas dans quelle direction tu devais aller. Bien plus qu'un miracle, c'était d'une lueur d'espoir dont tu avais besoin, d'entrevoir enfin le bout du tunnel. Tout se mélangeait dans ta tête, et la seule certitude que tu pouvais avoir en ce bas monde, c'était la présence de Cassie à tes côtés. Elle serrait ta main avec fermeté, comme pour te communiquer à travers ce simple geste ce que les mots ne parvenaient pas à exprimer. "Tu crois? " Tu soufflas tout bas, le cœur battant à tout rompre contre tes côtes. Tu serras sa main entre les tiennes et tu portas vos mains enlacées à tes lèvres, comme pour la bénir. Tu te sentais chanceux, d'avoir Cassie à tes côtés, tu le réalisais encore plus dans ce genre de moments un peu difficile, où ta foi était vacillante à l'instar d'une bougie qui tremble face au vent. Tu aurais aimé être plus courageux, plutôt que de te réfugier dans ta forteresse dès que quelque chose n'allait pas. Tu éprouvais des difficultés à t'ouvrir, à t'exprimer, même encore maintenant. Tu fermas les yeux lorsque ta femme embrassa ta joue et tu posas ton front contre le sien. Tu restas un moment silencieux et immobile, t'imprégnant de son parfum délicat, de son souffle chaud sur ta peau. "Même s'il m'arrive de douter, je crois que tu as raison." Tu te redressas légèrement pour pouvoir regarder son beau visage. "Je crois même que je vais prendre certaines mesures." Ton ton était beaucoup trop solennel compte-tenu de ce que tu allais lui dire mais tant pis. " La prochaine fois qu'une de ces mégères se mêlera de ce qui ne la regarde pas, elle ira voir ailleurs si j'y suis." La situation ne te faisait pas rire, en réalité, parce que les gens pouvaient se montrer blessants en se montrant trop intrusifs.  " Quant aux petites sauteries entre collègues, je m'abstiendrai, à l'avenir, je ne suis pas obligé de sociabiliser autour de la machine à café." Tu laissais volontiers ces simagrées aux autres, d'autant plus que tu avais horreur des small talks. " à la rigueur, je pourrai toujours leur dire à quel point j'aime ma femme et que je suis extrêmement chanceux de l'avoir à mes côtés." Tu serrais toujours la main de Cassie entre les tiennes et tu la regardais avec intensité. "Je t'aime." Ton cœur se gonfla d'amour et de reconnaissance lorsque tu prononças ces mots, car encore une fois tu étais terriblement sincère et tu ne le disais pas encore assez.