Je n'ai parlé de ce qu'il se passe dans ma vie à personne. Enfin, à personne d'autre qu'à Vee, bien sûr. Au début, cette histoire me paniquait simplement. Mais il s'agissait là que d'une panique normale, toute personne apprenant ce genre de nouvelle surtout de manière aussi abrupte et inattendue serait paniqué. Enfin, je suppose. Le truc, c'est qu'on ne parle pas d'une annonce "normale" de grossesse. On ne parle pas de deux personnes qui sont en couple depuis un moment et qui ont décidé d'essayer d'avoir un enfant. On ne parle même pas de deux personnes en couple tout court. La situation dans laquelle je suis me panique d'autant plus que j'ai mis en cloque la femme de mon meilleur ami. J'ai mis en cloque la veuve de mon meilleur ami décédé. De celui que je considérais comme mon frère.
J'avais pourtant tout fait pour éviter qu'un jour elle ne voit les sentiments que j'avais secrètement pour elle. J'avais tellement bien réussi. Quand Mike nous a quitté, j'aurais simplement dû m'éloigner de Vee. Je n'aurais plus jamais dû lui adresser la parole. Pour enfin tourner la page, pour enfin autoriser mon cerveau et mon coeur à penser à autre chose qu'à elle ; plus rien n'aurait dû nous relier. Pourtant, elle avait besoin d'aide. Elle avait besoin de quelqu'un avec qui partager son deuil.
Alors j'étais là.
Personne ne sait que j'ai couché avec Vee, alors personne ne sait qu'elle est enceinte. En tout cas, je n'en ai parlé à personne. Et maintenant que cela fait plus de deux mois que j'ai appris la nouvelle, le sentiment de culpabilité qui grandit en moi va finir par me consumer si je n'en parle pas. La première personne à qui j'ai pensé c'était à Stevie C., mon amie de longue date. (oui oui, elles ont le même prénom, c'est peut être pour ça que c'est à Stevie que j'ai eu envie d'en parler en premier, qui sait ?) Elle a dû croiser Mike et Vee plus d'une fois, puisqu'il était mon meilleur ami depuis le lycée.
Je lui ai envoyé un message pour savoir si elle voulait bien passer à la maison parce que j'avais envie de parler. Je pense que c'est de la franchise d'une bonne amie comme elle dont j'ai besoin. J'ai besoin qu'elle me le dise si je fais une connerie. Quand elle sonne à la porte de mon appartement, je lui ouvre et tente de lui offrir un large sourire, voulant déguiser mon angoisse et ma panique pour ne pas lui faire peur dès le début. Même si elle a dû se douter que quelque chose n'allait pas à en juger par le ton des messages précédents. « Hey ! How's it going ? » Je la salue donc, mon accent londonien ressort toujours encore plus quand je suis stressé. Je la laisse entrer dans l'appartement et lui propose rapidement quelque chose à boire. « D'you want something to drink? Coke, tea, coffee? » Je ne veux pas attendre trop longtemps avant de cracher le morceau, mais je n'en oublie pas la politesse. « Not gonna lie to ya, I'm pretty overwhelmed 'bout everything that's been happenin' lately. » Autant que je lui annonce la couleur tout de suite.
(Teddy Edwards)
s o u s h y p n o s e
♛ on a dévalé la pente en moins d'deux, on a fait comme si on savait pas. on a évité les regards ambigus, on a fait comme si on pouvait pas. on a dessiné la zone, évité les roses, repoussé la faune, compliqué les choses mais maudit ami, je veux plus : danser ce slow avec toi.