lighting up our world (alexis)

Dire que j’aime être dehors dans ces conditions serait un euphémisme. Vraiment, s’il y a un moment où j’aime être dehors et profiter des activités proposées par la ville, c’est en décembre pour les fêtes de fin d’année. Qu’y a-t-il de plus beaux que le ciel bleu, le soleil et les quelques degrés qui se battent en duel ? Et pour se réchauffer, il y a toujours des ventes de cafés, thés ou chocolats chauds à tous les coins de rue. L’odeur du vin chaud commence même à se faire sentir et si ce n’est pas quelque chose que j’aime, je sais que beaucoup de Bostoniens sont accro aux odeurs de cette concoction ancestrale. Plantée devant l’entrée du sentier des lanternes, je glisse mes mains dans mes poches en attendant Alexis avec qui j’ai rendez-vous pour cette activité. Je sens que l’on va bien s’éclater toutes les deux à fabriquer nos lanternes et que c’est un moment où l’on va aussi pouvoir continuer à apprendre à se connaître. Un large sourire sur le visage, j’ouvre les bras pour l’enlacer rapidement lorsqu’elle arrive vers moi. Ça va, pas trop froid ? Elle est bien habillée mais nous n’avons pas tous la même résistance au froid. Tout comme pour les hautes chaleurs. Vous ne me trouverez jamais à me dorer la pilule en été, ne supportant pas les chaleurs suffocantes. Un jour peut-être. T’as déjà des idées de comment décorer ta lanterne ? J’en ai eu des tas sur le chemin jusqu’ici, tout comme le vœux que l’on doit glisser à l’intérieur. Certains sont plus égoïstes que d’autres. Et si, lors des bréchets, j’ai émis le voeu le moins égoïste possible, je crois que j’ai besoin d’un peu de magie dans ma vie aujourd’hui !

m'occuper l'esprit après les jours compliqués. peut-être renouveler l'tableau d'la semaine. ça a pas duré longtemps. à finir l'joint avant d'partir, histoire d'assurer la même gueule bienheureuse. faire l'moment, avoir la tronche enthousiaste. c'pas si compliqué. y'a dans l'air une sensation d'fête, à vouloir admirer les illuminations dehors, à vouloir avoir la sensation d'appartenir à la fête familiale quand cette année, j'sais pas où j'vais atterrir pour fêter la naissance du petit gars que mes parents idolâtrent. et dehors, c'dingue ce que ça caille. grosse veste sur les épaules, j'fous mes mains dedans en marchant, l'petit sourire sur les lèvres. comme si les semaines d'avant avaient jamais été compliquées à vivre. plus d'survie, juste la prévision d'un bon souvenir. j'me rends au point d'rendez-vous. olive. pour une deuxième rencontre, un truc créatif qui m'tord le bide d'joie. et la voilà la blonde, l'pas est plus rapide, et l'câlin est vite rendu. c'que j'adore l'contact. tu rigoles ? j'me sens comme une slush là, j'suis givrée. et toi ? pas savoir d'où vient la comparaison. mais ça m'fait marrer. demande des idées, et j'hoche la tête comme une gamine à qui on demande d'faire un dessin pour sa personne favorite. j'dessine spongebob. comme ça, il pourra s'envoler, un petit voyage. et toi du coup ? marcher jusqu'à l'endroit où on doit mettre notre créativité en oeuvre. reparler. par contre après c'est boisson chaude, j'dois dégivrer un peu. rire un peu, ou carrément trop. c'mieux de me sentir comme ça, comme si y'avait plus aucun problème derrière moi.

Je ne peux pas m’empêcher de rire aux mots d’Alexis. Le slush, la hantise de toutes les personnes qui ont grandi avec Glee mais aussi celle des adolescents qui sifflaient ça et se retrouvaient avec un brainfreeze digne de ce nom en été. Mais l’analogie est belle et drôle, je ne peux le nier. Ça va, j’ai l’habitude. Que je souffle rapidement. Tant que le vent ne se lève pas, tout ira bien. Puis, c’est vrai que je suis habituée à tout cela, au froid qui te briserait les os si tu venais à tomber. À ce contact avec la glace, avec la neige. Les températures de Boston ne sont rien à côté de celles que j’ai pu vivre dans le Colorado et dans les nombreuses patinoires que j’ai fréquenté. Le froid, c’est mon monde. Que j’ajoute en haussant les épaules alors que nous nous dirigeons vers le stand pour décorer nos lanternes. Je n’ai pas trop réfléchi à ce que j’allais faire mais en l’écoutant, ça me semble logique. J’y avais pas trop réfléchi mais… J’refuse que Spongebob parte dans ses aventures sans Patrick. On sépare pas des meilleurs amis. Jamais, ça va contre tout ce en quoi je crois. Les amitiés sont tellement importantes dans la vie et être en train de perdre celle que je pensais survivrait à chaque épreuve de la vie me prouve une fois de plus que j’ai besoin de remettre mes idées dans l’ordre. Ça marche. Y a un bar en bas de la rue où ils font de vrais chocolats chauds. Genre c’est du chocolat qu’ils font fondre et pas de la poudre mélangée à du lait. Si ça te tente ? Parce que c’est peut-être trop riche. Moi, je suis de la team Thé et autant dire que ça, il y en a partout. C’est moi qui invite. Parce que ça me semble logique. Surtout que je vois bien qu’elle se les gèle à cause de mes idées. Mais je suis tellement heureuse d’être là. Chaque discussion et moment avec Alexis est un petit bijou en lui même. J’suis pas douée en dessins alors si mon étoile ressemble à rien, tu te moques pas. J’aurais peut-être plutôt dû vouloir me lancer sur Gary, ça aurait été franchement difficile de le louper.

l'habitude. hochement d'tête. l'rappel des dernières conversations, ses racines que j'tente d'replacer sur le bon état. les gros hivers, s'ressemblent pas à ceux d'boston. y'a qu'eux que j'connais, la poudre blanche qui s'fout en manteau large sur la ville, l'froid supportable, à juste cracher une fumée qui fait couler l'nez et qui rafraîchit à grosse dose les poumons. ça vaaaa, si c'est ton monde, boston ça doit être un p'tit rigolo à côté. parce que ça a toujours été supportable, dans l'coin. juste une saison comme elle devrait l'être, froide, avec la gueule extasiée des gamins qui voient leur première neige. y'a après c'qu'on doit décorer sur la lanterne, l'idée m'vient instantanément, qu'il quitte l'océan pour un brin d'air. j'crois que j'ai un problème à vouloir côtoyer l'ciel depuis des semaines. mais y'a l'sourire digne des gamins sur ma tronche, une espèce d'bonheur à peine dissimuler. les meilleurs potes qui s'font un trip à la sauce des nuages. ok j'adopte de taré l'idée. fait froid, après ces mots, j'balance l'idée dégivrer les membres. j'crois qu'avec elle, j'redeviens juste une gamine, à oublier les parents qui gueulent en fond, insultent mon impertinence. nan, elle rappelle les bons moments. ok ça me va de fou. j'aime trop les vrais chocolats chauds, souvent c'juste une découverte. fin j'sais que moi, ça a rien à voir une madeleine de proust, tu vois ? c'juste rappeler que l'âge adulte, c'est moins l'bordel que mon enfance de mon côté. un sourire pour dire merci. presque plus d'thunes. voilà le stand, sont bien rieurs, les gens. j'pourrais t'aider. j'ai passé absolument touuute mon adolescence à les dessiner. dessin animé favori, tagué dans les quatre coins d'la ville quand j'hurle pas, à coup d'peinture, les phrases claquantes d'mon militantisme fou. y'a l'gars qui explique comment faire une lanterne. et l'mieux, c'est de commencer par les dessins. alors j'prends un feutre. oook, rendons jaloux tous les artistes d'l'ancien temps. peu ambitieux, mais c'drôle. moi, j'me mets juste à dessiner l'moderne. formes apprise par cœur, c'simple, pour une fois, d'me concentrer.

Je ne peux m’empêcher de rire légèrement et d’hausser les épaules. Elle n’a pas tort là-dessus. Boston, c’est du pipi de chat à côté du Colorado. Mais la différence principale entre les deux États est simple : le Colorado est habitué à tout cela et ne se fait jamais prendre de court, ce qui est le cas de Boston tous les ans. Je ne compte même plus le nombre de fois où la ville est paralysée alors que cela ne devrait pas arriver. Mais bon, c’est comme ça. Les chaînes sont primordiales dans ces moments mais nous n’avons pas à nous méfier de cela pour le moment. Le visage concentré sur les différents médiums, je me rattache à l’idée de la brune, fascinée par le duo et la dynamique que Patrick et Bob représentent. Il y a souvent Gary, Carlo, Mr Crabe et Sandy mais Patrick me semble le plus facile à réaliser. Et alors que, comme deux gosses, je propose de nous réchauffer plus tard, je chope un feutre rose après les explications et commence à me mettre à la création d’une étoile de mer. Enfin, d’une étoile tout court pour le moment. Il était de quel couleur son short ? Vert ou violet ? Je me souviens que les deux couleurs étaient ensemble mais laquelle en fond ? C’est une réponse que je n’ai plus pour le moment, sans parler du motif… Des vagues ? Des fleurs ? Bordel, ça me semble plus compliqué que ce que je pensais. Ça ne ressemble pas à grand-chose. J’essaye de transformer mon étoile bien pointue en quelque chose d’un peu plus rond, d’un peu moins anguleux… J’aurais vraiment dû me lancer dans Gary… Que je souffle rapidement en glissant les yeux sur Alexis et ses ébauches. ​​Je te jure, si tu te moques de moi, j’me mets à pleurer. J’ai vraiment besoin d’aide pour que mon dessin ressemble à quelque chose. C’est pas donné d’être aussi nulle sur un truc aussi simple. Rendez-moi mes patins, là au moins j’excèle !

l'rappel de l'hiver, bouffe la peau. y'a l'envie d'me faufiler ailleurs, d'partager un coin d'chaud avec elle. pourtant y'a l'âme gamine, l'artiste intérieure, qui s'fout en première ligne. à s'installer au stand dédie, c'est bob dont j'vais autoriser la liberté. l'laisser s'enfuir dans les airs, près d'soin pote qu'olive s'est décidé à dessiner. y'a comme une concentration abusée, l'impression que ça peut s'fissurer en un rien d'temps si je dévie l'chemin. aucun détour, c'est les feutres que j'prends en mains, l'croquis de cette bonne vieille éponge que j'impose sur l'papier. y'a sa voix en fond, alors j'relève la tête, une demie-seconde avant d'balancer la réponse rapide : il est vert et les fleurs sont violettes. et ça m'amuse, la complexité d'la bête. j'pince mes lèvres, réprime l'rire, parce que des pleurs, c'pas ce que je désire. alors j'lève une main, innocence proclamée, j'le jure sur un livre absent. j'te juuure je me moquerais pas de toi. y'a un truc dans l'regard, persiste comme l'attitude d'une gamine insolente. mais j'cherche un papier, dessine la forme de cette bonne vieille étoile de mer, les détails, et j'lui tends. tiens, prends exemple dessus. j'crois que ça aide pas mal en vrai quand quelqu'un te fait le croquis. l'y aider, pas m'foutre d'elle. vouloir qu'elle passe un bon moment, pas qu'elle s'prenne la tête sur c'personnage emblématique d'mon dessin animé favori. j'lui lance un sourire, une sorte de courage camouflé, avant d'tenter de me concentrer sur c'bob adoré.

Débrouillarde, je me suis toujours débrouillée pour m’en sortir plus que de manière honorable dans la vie. Cependant, n’ayant jamais mis un pied à l’école avant mes seize ans, j’ai clairement loupé le développement de la créativité et des activités manuelles. Je ne sais pas dessiner, je ne suis pas douée avec un pinceau dans les mains - à moins qu’il s’agisse de dessiner des lettres sur un bout de papier - et cette activité, bien que plus qu’intéressante, me semble des plus compliquées. Faire des arabesques sur la glace, beaucoup moins par exemple. Mais nous ne sommes pas sur mon terrain de jeu aujourd’hui, ce qui n’est pas plus mal. Aujourd’hui, j’apprends à connaître Alexis encore un peu plus et son côté très solaire me réchauffe le cœur. Pinky promise ? Que je demande en tendant mon petit doigt ganté dans sa direction. Est-ce qu’on est en train de sceller notre premier pacte, toutes les deux ? Et elle finit par me donner un croquis de la bête à dessiner, ce qui m’arrache un large sourire. Je sautille sur place et enroule mes bras autour de son corps pour quelques secondes. Tactile, comme toujours. Merciiii. Que je souffle en attrapant les médiums adéquats pour réaliser cette heure digne d’un Picasso. C’est bien lui qui dessinait des horloges dégoulinantes, non ? Ah non, ça c’est peut-être Dali… Je n’en sais trop rien, peu intéressée par cette partie des musées. Je trouve cette idée plutôt cool. C’est bien de rassembler les gens autour d’un projet comme ça pour la ville. Il y a toujours beaucoup de choses à dire et à redire mais là-dessus, je n’ai rien à dire. Ma ville est très importante pour moi et malgré la rapidité à laquelle les gens bougent à Boston - à cause d’Harvard et du MIT - il est bien de se poser. Et je trouve que ce moment est là pour ça. Pour sûr, s’il y avait une élection du meilleur lampion, tu gagnerais haut la main. Les traits de son personnage sont incisifs, propres. Alors que moi… Moi aussi. Mais en partant de la fin. Je glousse en regardant mon Patrick de travers. Il n’est pourtant pas si compliqué que ça à dessiner mais les proportions n’y sont pas. Il a deux jambes de la même longueur mais les bras… On repassera.