MAGIC IN THE AIR | HAILEDRE

Thanksgiving passé il y a peu, il était temps de se préparer pour la prochaine célébration : Noël. En deuxième position dans le coeur du Wayne, même si à ses yeux, les deux fêtes ont quelque chose de similaire. Les deux célébrations impliquaient un repas de famille qui avait tendance à s’éterniser, la présence de ses adelphes et de leur père, ainsi que très souvent, Nilin, leur cousine et sa mère quand l’occasion se présentait. Cette année encore, ils n’avaient renoncé à leur tradition et avaient fêter Thanksgiving comme il se devait, en grande pompe, même si cela aurait pu les conduire à la catastrophe. Réunir quatorze personnes autour d’une seule et même table quand on sait que l’entente entre certains est à peine cordiale relevait du défi. Ou du suicide. Malgré tout, ils avaient tous survécu à cette journée particulière d’automne, et malgré le stress et l’appréhension éprouvée tout au long de la saison, il avait su en garder un bon souvenir Lyssandre, il avait sû voir la beauté dans ce rassemblement inespéré.

Un peu déçu de devoir troquer ses feuilles mortes et courges colorées pour un sapin, il avait tout de même décidé de ne pas rester totalement passif cette saison non plus et de participer à la décoration du campus, à défaut de pouvoir le faire à la Kirkland House cette année. Confrérie qui lui manque d’autant plus ces derniers temps, et ce malgré les différentes initiatives prises par les membres que l’absence de locaux n’arrête pas. Même si des soirées étaient organisées, des séances de révisions programmées, ça n’égalait pas l’hiver dernier, les emballages groupés de cadeaux où chacun partageait sa technique, l’odeur de cookie et pain d’épices qui se dégageait de la cuisine, et tous ces petits gestes qui accentuaient la féérie de Noël.

Un sac de décorations confiés, il se met en quête de retrouver ses partenaires dans la foule d’étudiants venus prêter main forte et de tarde pas à afficher un large sourire en apercevant l’une d’entre elle. « Hey ! Décidément, on ne se quitte plus ! » Qu’il taquine la brune, ravie de devoir s’associer une nouvelle fois à elle. Surtout pour une personne qu’il s’attendait voir disparaître de sa vie en même temps que l’été. « Je me demande bien pourquoi tu pensais ça. J’ai une tête de Grinch c’est ça ? » Son regard perçant reste posé sur elle, attendant une réponse. « Witter ? Comme… » Il ne termine pas sa phrase alors qu’un jeune homme les approche. D’apparence, il ne voit pas de ressemble avec la Witter que lui connait, Wendy, mais pour autant, cela ne veut pas dire que ce lien n’existe pas. « Il y en a à disposition. Ca et des échelles. Je crois même avoir vu des nacelles, même si on peut pas s’en servir. » Probablement qu’il n’est pas très prudent de laisser de tels engins à des étudiants ignorants. « Lyssandre. » Dit-il, la main tendue vers le dernier membre de leur trio.

Il ne prend pas mal la remarque de la brune Lyssandre. En effet, dire qu’elle l’a vu bougon est un euphémisme, parce qu’elle a vu chez le Wayne, pire que cela alors qu’il claquait la porte d’une pizzeria pour prendre l’air, qu’il maltraitait des citrons en compagnie de Ace dans un verger. Non, il n’a pas toujours été joyeux et rayonnant cette été Lyssandre, même s’il a essayé de faire de son mieux, même s’il a tenté d’épargner à ses coéquipiers sa mauvaise humeur et ses états d’âmes les plus sombres. Alors cette comparaison au Grinch - qui finalement se laisse charmer aussi par l’esprit de Noël - n’est pas si terrible que cela, et ce terme “bougon” n’est pas si désagréable à entendre. « On va dire ça comme ça oui. » Soutient-il avec le sourire.

Et alors que tous les deux évoquent le nom du dernier membre de leur trio, il s’étonne Lyssandre, de l’entendre prononcer ce nom avec une certaine appréhension. Compréhensible car si la brune connaissait la même Witter que lui, il y avait de quoi faire des cauchemars. Pourtant, rien ne garantit un quelconque lien entre les deux homonymes, et même si c’était le cas, il préférait attendre de se faire une idée par lui-même le Wayne, avant de jeter la pierre à celui qui souffrait peut-être déjà assez de devoir supporter Wendy Witter à bien des occasions. Une idée rapidement faite alors que le fameux Witter, Dale, semble faire preuve d’un soupçon de mauvaise volonté à peine dissimulée. Mais pas de quoi décourager Lyssandre pour autant. « Et bien dans ce cas là on portera la demoiselle sur nos épaules ! » Pas sûr que l’idée emballe véritablement l’une ou l’autre mais peut-être qu’elle aurait au moins l’avantage de les faire sourire un peu, ou relativiser ces problèmes de hauteurs qu’il ne voit pas vraiment comme tel.

Alors qu’il resserre ses doigts sur le sac qui lui a été confié, prêt à aller décorer tout ce qui peut l’être, il ne bouge néanmoins pas Lyssandre, une fâcheuse question parvenant jusqu’à ses oreilles. « J’avais plutôt tendance à la décrire comme une sorcière…. Mais charogne, ça lui va étrangement bien. » Que le Wayne commente à haute voix, assez satisfait et amusé par cette comparaison. « En tout, c’est sympa de voir qu’elle a toujours l’art de se faire des amis. Même dans sa propre famille. » Comme quoi, elle n’était vraiment pas commune.

Il n’est pas surpris le Wayne de voir que Wendy ne fait pas l’unanimité, que ce soit auprès de Dale, ou même auprès de Haiwee qui pourrait laisser penser qu’elle aime tout le monde. Cela confirme juste ce qu’il sait déjà le Kirkland, qu’il est très certainement masochiste pour supporter la rousse, et surement plus stupide encore pour voir entre eux une forme d’amitié. Quelque chose que visiblement, personne ne comprendrait ici. Mais le sujet, il n’est pas là, bien qu’il y ait des choses à  en dire. Non, le sujet, il était à la décoration des lieux, un projet qui pour le moment, ne semblait pas très bien avancer. Et qui n’avancerait pas si tout le monde prenait un peu trop sérieux les conneries qu’il pourrait affirmer tout au long de la soirée. Il est d’ailleurs étonné de voir Haiwee avec un telle sérieux face à lui. Pourtant, elle le connaissait bien maintenant, elle devrait savoir qu’il n’y a pas grand chose à tirer d’un gars capable de draguer une serveuse pour admirer le cul de ses coéquipiers. « Je déconnais. » Lui précise t-il tout de même encore dérangé par le fait de devoir l'expliciter clairement. « Il suffirait que tu tombes et te blesses, et on passerait tous la soirée à l'hôpital. Et désolé, mais c’est pas trop dans mes plans. » Il en a fini avec les visites à l’hopital, qu’importe le motif, et il préférerait que ça reste ainsi. Mais quand le deuxième jeune homme exprime la possibilité que lui monte sur les épaules de la brune dans le cas ou elle refusait que l’inverse se produise, il arque un sourcil le Wayne, à deux doigts de le provoquer un peu. « Donc escabeaux, échelles c’est non, mais monter sur les épaules de quelqu’un c’est ok pour toi ? Paye ta logique, mais vendu, tu monteras sur les miennes. On a notre solution. Allons-y maintenant ! » Bien qu’il prenne quelques secondes avant de bouger pour voir l’expression de Dale et sa tentative de justifier finalement qu’il ne monterait sur aucunes épaules, encore moins celles de l’architecte.