ghosts from the past

encore une journée de cours qu’elle aurait bien aimé sécher. rhea s’avançait maladroitement dans les vastes couloirs de harvard, chaque pas lui donnant l’impression de marcher sur des épines. elle n’aurait pas dû danser avec ses louboutins la veille. à chaque fois, elle se promettait de choisir des talons plus confortables, mais elle finissait toujours par céder à la tentation. un soupir s'échappa de ses lèvres alors qu’elle pensait à la distance qui la séparait encore de la sortie. aujourd'hui, il était hors de question qu'elle fasse une promenade pour rentrer chez elle ; un taxi, c'était tout. après tout, elle avait déjà fait l'effort de se rendre à l'université, il ne fallait pas en demander plus.

rhea s'arrêta net en plein chemin, sortit son téléphone et envoya un message à chloe.

« salut. tu peux m’envoyer 30$ pour le taxi stp ? j’ai trop mal aux pieds. »

puis, sentant soudainement l'envie pressante de se rendre aux toilettes, elle pivota brusquement pour s'y diriger. dans son mouvement, elle heurta une silhouette inconnue, la faisant trébucher et tomber. avant même de voir qui c’était, rhea s'empressa de s'excuser.

⸺ oups ! merde, désolée ! ça va ?

cette voix, cette ombre, cette maladresse......tout lui paraissait familier...?

habituellement, farah aurait exprimée de la colère pour cette maladresse mais, curieusement, ce n'était pas la sentiment qui toucha son cœur mais de la nostalgie.
en cette journée hivernale dans les froids couloirs d'harvard, un doux souvenir de Beyrouth s'installa dans les lieux.


voici que la journée devenait plus surprenante, un doux souvenir de Beyrouth semblait avoir suivi farah dans sa nouvelle vie aux états-unis. c'est pour cette raison que rhea n'aura pas de réponse mais seulement la vue d'une femme qui semblait se frotter plusieurs fois les yeux pour se convaincre qu'elle était devant sa cousine.
rhea était comme une soeur pour elle, toutes deux avaient partagées de grands moments de leur vie comme leur première cigarette ou, même, quand farah avait accueillie rhea qui avait fuguée de chez elle.

rhea s’attendait à croiser n’importe qui à harvard, mais pas sa cousine spirituelle. qu’est-ce qu’elle faisait ici ? enfin, la question ne se posait pas vraiment. contrairement à elle, farah avait toujours eu les meilleures notes au lycée, et elle était adorée des professeurs. si quelqu’un devait se poser des questions sur sa présence ici, c’était bien rhea.

une série d’événements défila soudainement devant les yeux de rhea : sa première cigarette à beyrouth, son premier shot de tequila, et sa fugue la plus mémorable. rhea avait quitté la maison de ses parents et séché l’école pendant plusieurs jours, et farah avait été la seule à l’accueillir, gardant son secret. ainsi, la vue de farah sur ce campus fit naître un large sourire sur le visage de rhea, qui s’élança pour la relever et l’enlacer.

⸺ oh, farah ! c’est pas vrai !

olympe merci, elle ne l’avait pas blessée en la bousculant. rhea avait toujours eu une certaine maladresse en elle. certains trouvaient ça charmant, d’autres agaçant.

⸺ je savais que tu finirais ici. bienvenue à boston ! tu étudies en quoi ? tu vis où ? t'as un copain ?