winter crisis ─ Sheng & Ace

Le regard levé sur les numéros qui défilent, Ace se mord la lèvre, bras toujours croisés. Haiwee ? Il hoche la tête. Mh-hm. Haiwee. Une petite touche de légèreté, le sous-entendu que la jeune femme est une terreur plus effroyable que les colères d'Amore, quand elle n'est en vérité qu'une excuse pour ne pas trop en dire. Mets la dans un ring avec lui, je ne donne pas cher de sa peau. Un souffle amusé est décroché, petite victoire sur les anxiétés et le début de fièvre qui s'installe sans même qu'il ne s'en aperçoive. Haiwee, qui lui avait demandé clairement de faire attention à ne pas trop mêler Sheng à tout ça, quand bien même elle trouve certains côtés d'Ace romantique ; combien même ce serait par amour pour une femme. Il a le souvenir qu'elle lui parle d'amour, un peu, mais les mots sont flous dans sa mémoire. Juste le souvenir de son regard et de l'inquiétude qui s'y loge lui restent en image. Mais elle t'apprécie. Oh, il sait. Alors s'en prendre à toi juste pour quelques paroles, j'en doute. Pas pour des mots, songe-t-il. Les portes s'ouvrent et ils quittent l'ascenseur pour revenir dans le couloir jusqu'à l'appartement, et tout est toujours aussi calme. L'ambiance un peu lugubre des lieux ne laisse vraiment pas Ace indifférent, qui se dit quand même qu'une telle misère est inacceptable, mais qu'à défaut d'avoir mieux, c'est toujours mieux que rien. Alors qu'ils se dirigent à nouveau dans la chambre, déjà bien vidée, pour s'occuper d'une commode libre de toute autre masse que la sienne. Enfin, ça c'est ce qu'Ace vérifie en ouvrant les tiroirs un à un, avant de les sceller pour le transport. Le problème c'est pas tellement les mots. Me faire insulter de tous les noms, c'est rien. Et à la limite, ça me toucherait absolument pas, rendu là. Car il en a entendu des choses à son sujet, des affirmations sur ses pensées, ses gestes, ses sentiments. Il a craqué, plus d'une fois, suite aux coups et blessures, à ne pas comprendre en quoi sa seule existence semble maintenant poser débat. Les mains posées sur le bois, il tire sur la commode pour la déplacer un peu, attendant que Sheng en fasse de même pour qu'ils puissent avoir une meilleur prise dessus. Et vous de votre côté ? Des histoires ? Mésaventures ? Ou bien ça roucoule avec ponctuellement quelques coups de becs amoureux malgré tout ? Le regard se lève un court instant vers Sheng, autant pour observer sa réaction que pour attendre la confirmation qu'il est prêt à pouvoir soulever le meuble, étrangement moins lourd que la caisse précédente en dépit de sa taille imposante. Et au signal de l'aîné, ils le soulèvent.