winter crisis ─ Sheng & Ace

Le manque de main d'oeuvre avec les fêtes qui approchent se faire affreusement sentir, alors qu'il s'agit également de la période où le nombre d'interventions augmente ; pas de choix que de demander de l'aide extérieure, et une intervention nocturne, sur les coups de minuit, rend les disponibilités des professionnels encore moindres. C'est face à cette situation complexe qu'Ace se résigne à envoyer un message à Sheng pour lui demander son assistance, en expliquant rapidement la situation ; une mère et son fils, victimes d'abus dans leur foyer malgré le divorce prononcé, doivent profiter de l'absence de l'homme violent pendant 4h pour déménager en urgence dans un autre domicile. S'ils n'ont pas le trajet à faire pour décharger, une autre équipe s'en occupant sur place, il leur faut surtout remplir le camion bien avant le retour de l'homme, de tous les biens de la mère et l'enfant. Une opération qui nécessite de l'endurance, mais beaucoup de force pour pouvoir soulever en continue des masses parfois lourdes.
Et c'est comme ça qu'il se retrouvent dans ce petit appartement, entourés d'autres bénévoles, à vider les pièces de tout ce qu'elles abritent. T'es prêt à soulever ? Un... deux... trois ! Grosse caisse soulevée à deux, les petits pas précis filant jusqu'à l'ascenseur. J'sais pas ce qu'ils ont foutu dans cette caisse mais ça pèse. Direction l'ascenseur, on devrait pouvoir entrer. Ace ouvre la marche, ignorant la douleur de son pied, et ce n'est qu'une fois qu'ils arrivent à proximité de l'ascenseur qu'il plie les genoux pour déposer la caisse, le temps de pouvoir y entrer. Alors c'est à Sheng qu'il adresse un regard, reconnaissant de sa présence. Merci d'avoir fait le déplacement et désolé d'te déranger aussi tard. D'ici deux heures gros max on devrait avoir fini... ça ira pour toi ?

Le regard s'assure que personne du voisinage ne semble dérangé, et c'est avec satisfaction qu'il constate que pour l'instant, l'agitation ne semble pas déranger. De toute façon, c'est le rôle de la médiatrice présente, un peu plus loin, qui veille à ce que tout se passe sans encombre et que la moindre inquiétude soit adressée ; Ace lui lance un bref coup d'oeil avant de reposer son attention sur Sheng. Elle devrait tout revendre. Repartir sur de nouvelles bases. Ace fronce légèrement le nez avec un regard pour la caisse au sol. Mh, c'est compliqué souvent... Mais les détails seront pour une autre discussion certainement. La valeur sentimentale, la difficulté à aller de l'avant, le support émotionnel que les biens matériels peuvent apporter ; quelques raisons parmi une multitude d'autres, toutes liées aux traumatismes vécus. Quand certains réussissent à aller de l'avant rapidement, d'autres, au contraire, doivent d'abord se remettre des blessures du passé. Mais Ace garde ses pensées pour lui-même, adressant un sourire à son collègue de fortune. Tant que tu lui confirmes que j'étais bien là, je devrais pouvoir m'en tirer, puis, y'a plus de prises que sur des roches volcaniques... Un souffle amusé lui échappe, et le ding de l'ascenseur se fait entendre alors qu'ils se baissent à nouveau tous les deux pour soulever la caisse. T'as mon message pour preuve d'toute façon, mais si jamais ça suffit pas... j'pourrais la rassurer. Ils entrent dans l'ascenseur, et après quelques manoeuvres, parviennent à placer la caisse dans la diagonale, avant que Sheng ne puisse appuyer sur le bouton ru rez-de-chaussée. Mais pourquoi elle douterait d'ta présence avec moi ? J'sais bien qu'on se voit pas souvent mais quand même. J'suis clairement pas la meilleure des excuses. Un peu confus, mais pas sourd au sous-entendu sur la possessivité de Haiwee. Il s'étonne quand même qu'elle ait besoin, potentiellement, d'une affirmation de sa part pour croire en la parole de Sheng ─ ou peut-être qu'il ne s'agissait là que d'une plaisanterie et qu'il se fait des idées ?

En remarquant l'attention de son homologue portée sur le mur, Ace suit son regard pour y voir aussi l'écriture, qu'il ne peut pas bien lire depuis sa position. F mature cherche.... H. au....(248) 123-7... qu'il entend de la bouche de Sheng ; et un sourire mêlé à une grimace apparaît sur son visage, mais n'est guère surpris de voir une telle chose écrite ici. Probablement la raison pour laquelle l'homme se planquait là avec sa petite famille... l'assurance que les voisins ne se mêleront pas de leurs problèmes. Magnifique. Poétique, ouais. renchérit Ace sur le moment.
Puis l'explication face à la requête est prononcée, et Ace arque un sourcil en redirigeant son regard sur son ami, bras croisés. Disons que j'ai douté d'elle récemment. Alors elle pourrait me le rendre. Douter de Haiwe... ? La même Haiwee que du Summer Camp ? Impossible. S'il y a bien une chose qu'Ace ne peut l'imagine faire, c'est tromper Sheng. Mais il n'a pas le temps d'exprimer le fond de sa pensée, que les questions épineuses sont renvoyées. Depuis que tu connais Rose, tu lui as toujours été fidèle ? Le regard d'Ace affiche de la surprise. D'ailleurs. C'est officiel ? Impossible de cacher que le sujet est compliqué ; le regard se détourne automatiquement, l'air se renfrogne, étrangement fermé. Un sujet complexe de toute évidence et... douloureux. J'ai pas été le plus loyal, non. Coupable de sa propre tête, ses propres idées, poussé dans le vice malgré lui, par la colère et la jalousie. On a essayé, ça a raté. À peine un mois. Je suis pas fait pour ça, et j'en veux pas. Des flash de souvenirs brefs lui reviennent en mémoire ; des cris, des supplications, des larmes, des rires, de la colère, des menaces, des soupirs et des "je t'aime", mais le visage reste fermé. Amore est dans le coma actuellement. Mots lâchés alors qu'ils arrivent à destination et que les portes s'ouvrent. Ace saisit l'occasion pour se baisser et inviter Sheng à faire de même, dans le but de sortir la caisse avant que les portes métalliques ne se referment.

Être utile, c'est son objectif du moment. qu'il s'agisse d'aider une parfaite inconnue à sortir de sa prison et quitter son bourreau, ou bien des proches d'Amore qu'il ne peut laisser dans un tel état de détresse, Ace a besoin de se rassurer qu'il n'est pas le monstre qu'il a l'impression de voir dans un miroir. La tête ailleurs, il soulève la caisse et ne fait même pas attention aux deux vieilles qui parlent, jusqu'à ce que Sheng fasse une réflexion. J’vais en écraser une. De ? Le regard s'ouvre, et les oreilles captent enfin les messes basses, alors il observe un instant les deux femmes, avant de soupirer silencieusement et se reconcentrer sur sa tâche. Un meurtre accidentel, ça rentre dans le cahier des charges de l'association ?? Ace esquisse un sourire en coin, bref, le temps de souffler son amusement, et enchaîne avec une réponse. Joue la carte de l'homicide involontaire, un meurtre c'est rarement accidentel... N'est-ce pas, Amore ? Mais tous les deux, Sheng et Ace, savent très bien qu'ils ne feront rien. La porte de la résidence ouverte par un autre déménageur, on les guide pour pouvoir passer sans encombre, et le trajet jusqu'au camion se fait sans souci. Après un dernier effort, ils font glisser la caisse à l'intérieur, et Ace grimpe dans le camion pour tirer ladite caisse plus loin. Camion déjà bien rempli, en vrai, très vite avec autant d'encombrants. C'est en revenant vers l'extérieur et en s'époussetant les mains qu'Ace revient sur le sujet d'Amore, se doutant bien que Sheng a des questions silencieuses. Pour Amore... Supposément, un accident de chasse. Il devait être en hôpital psy mais il a trouvé l'moyen de se faire la malle, s'est promené là où il aurait pas dû, et bam. La version officielle, celle qui a été véhiculée par les autorités, mais à laquelle il ne croit absolument pas. Le timing et les menaces de son père envers Amore s'accordent trop bien, sachant qu'Amore n'a pas respecté sa part du marché ─ et Ace ignore si Rose lui en avait fourni les détails, même. Probablement que non, pour le protéger. Les pieds à nouveau à terre, Ace se tourne un court instant pour tousser un peu, dans son coude, avant de se râcler la gorge en réajustant les gants sur ses mains. Et avant que tu me poses la question, j'vais bien. Et je m'en fous de lui. C'est son entourage qui m'importe. L'insistance perpétuelle qu'Amore, il s'en fiche. Il ne veut pas en entendre parler. Même si, dans le fond, certainement qu'il essaie surtout de s'en convaincre, plus qu'il n'y croit vraiment.

Supposément. À l'instant même où Sheng le souligne, Ace sent comme un frisson lui parcourir l'échine. Pas parce que Sheng le souligne, mais parce qu'il réalise à cet instant même que d'un point de vue extérieur, tous les éléments vont certainement le relier à lui, sinon à Fallon. Le très court arrêt qu'Ace a eu, durant cette fraction de seconde, est rapidement camouflé derrière un frottement sur le bras, comme pour se réchauffer, avant qu'ils ne retournent à l'intérieur de la résidence. Puis l'enchaînement de remarque le dérange étrangement. Jouer la carte de l'homicide involontaire, c'est ce que tu disais... Et merde. songe-t-il. Mais il ne dit rien. Et donc, elle te tient pour responsable ? Là, Ace lance un regard en biais à son ami. Vrai qu'il ne sait rien de la majorité des problèmes. Il ne sait pas pour la garde-à-vue, les nombreuses menaces à son égard qui n'ont fait qu'empirer en Novembre, jusqu'à l'explosion d'Amore, à son appartement, quelques jours auparavant. L'air un peu assombri, Ace ouvre la marche et attend l'arrivée de l'ascenseur avec les bras croisés, le regard rivé sur les portes fermées. Non. Elle sait que je n'ai rien fait. Lui par contre pourrait bien trouver des liens avec moi. Il inspire longuement, et lance un regard aux vieilles qui sont toujours dans le couloir ; alors le silence perdure jusqu'à ce que l'ascenseur soit là, que d'autres collègues passent avec du mobilier, et qu'ils puissent enfin entrer dans la boite de métal. Les portes fermées, Ace expire fortement. Ces histoires ont pris des proportions... c'est tellement con d'en arriver jusque là, juste parce que... j'me suis épris de la soeur d'un pote. L'amertume dans la voix. Mais je vais pas te donner plus de détails. Le visage se tourne dans sa direction, cette fois-ci avec un léger sourire. Y'a déjà suffisamment de gens impliqués, et j'ai assez affaire avec Amore sur le dos, pour en plus me rajouter une Haiwee qui veut m'botter le cul parce que je te mêle à mes problèmes. Les menaces de sa copine, il ne les a pas oubliées, loin de là. Peut-être bien qu'elle me terrifie plus que l'autre grand con d'italien, même. Tentative de dédramatiser la situation alors que les portes s'ouvrent sur le bon étage et son couloir.