cracks in the ice (rose & naim)

chalet au canada, 14.12.24.

@Rose Morelli -- le bois craque, une plainte douce dans le silence. ses épaules raides, figées sous la lumière orange. t’as pas besoin de parler fort. juste d’être là. alors tu t’approches. lentement. t’avais disparu. elle bouge pas. son profil se découpe, parfait, mais trop immobile. t’sens un poids,  comme une ombre. elle inspire, enfin, comme si elle se réveillait. un souffle cassé. t’attends. parce qu’elle le mérite. parce que toi aussi, peut-être. t’sais pas grand-chose d’elle, au fond. juste des bouts volés dans l’intimité. ses silences, ses soupirs. mais c’est ça que t’aimes. deviner entre les lignes. avancer, tâtonne, sur la glace qui craque doucement sous les pas. tu t’installes à côté, sans rien dire. la chaleur du feu effleure vos peaux. elle fronce les sourcils, détourne les yeux. ça te fait sourire. tu penses à quoi ? un ton léger, p't'être déjà trop indiscret. t’essayes de la percer, pas de la briser. elle t’intrigue, rose. vibre comme toi, maintenant. dans l'rien.

chalet au canada, 07.12.24.

@Naim Wolford -- laisse morphée m'entrainer dans ses songes. plonge dans l’insouciance. monde dans lequel j’retrouve un semblant de stabilité. dans lequel j’suis capable de respirer. bercée par le crépitement des flammes. résonne comme une symphonie intime et sauvage. t’avais disparu. l’silence qui se brise. extirpée de force, les paupières reprennent vie. l’esprit qui émerge, détournant les orbes agacées. t’laissant t’installer. l’soupir exaspéré qui s’échappe, réceptionnant un bâillement avant d’étirer mes jambes sur tes genoux. — j’te manquais ? perdu sans moi ? préfère éviter de répondre à ta question initiale.

@Rose Morelli -- le poids de ses jambes sur tes genoux, sa chaleur qui s’imprime doucement. instinct, t’as pas réfléchi. la main se pose sur ses chevilles. contact des dermes. sa remarque te tire un sourire. ça dure une seconde, peut-être deux. grave, sans toi j’sais plus respirer. moqueur, mais léger. pas méchant. puis le silence revient, lourd mais pas désagréable. ton regard se perd dans les flammes, juste un instant. tu murmures, presque pour toi-même. pas tant un glaçon, au final. un coin de sourire en coin. tu tournes à peine la tête, la regardes. le feu, ça te fait rien ? t’fond pas ? légère taquinerie, mais y’a autre chose derrière. un truc plus doux, plus vrai. tes doigts effleurent sa cheville, comme pour vérifier qu’elle est bien là. elle ? vous ? juste le contact. savoir que t'es pas seul. qu’elle reste. te rattaché à quelque chose quand les pensées vacillent.

chalet au canada, 07.12.24.

@Naim Wolford -- laisse tes doigts parcourir mon derme. agréable sensation. effleurement qui allume un frisson instantané. fait vibrer chaque nerf. le regard qui s’agrandit, l’étincelle soudaine qui éclaire l’iris intrigué. coin des lèvres qui se relèvent doucement. presque imperceptiblement. — j’suis déjà devenue ta source d’oxygène ? l’amusement dans la voix. malice qui éveille les rétines, retire les genoux pour changer de position. mon visage posé contre ton épaule. l’plaid qui recouvre l’reste, glacée. — toujours froide. la preuve, même là, j’arrive pas à me réchauffer. l’soupir las qui accompagne ma réponse. l’regard qui se perd dans l’intensité des flammes ensorcelantes. le vide qui m’habite en cet instant. éreintée.

@Rose Morelli -- le silence qui revient, comme un souffle lourd. ses mots, sa voix, l'amusement qui se glisse dans l'air. ça t'arrache un sourire léger, un peu con. les doigts toujours là, effleurant sa peau sans y penser, un frisson sous tes paumes. ses traits dans la lumière. doux, trop calmes. tu tires le plaid sur toi. instinct, le rajustes sur elle, comme si c’était naturel. peut-être que ça l’est. tes jambes trop écartées, vautré dans le canapé. l'corps épais qui prend la place. mais ton regard, lui, reste sur elle. cherche quelque chose, t'sais pas quoi. ça te fait quoi, le vide ? murmure, presque un souffle. question de merde. t’sais pas d’où c’est sorti. c’était pas prévu. quoi à répondre à ça ? les flammes dansent encore, mais ton regard reste sur elle. sur ses yeux qui fixent, son souffle qui semble ailleurs. t’oses pas en dire plus. t’attends. perdu, mais là. à pas oser. l'air con. elle t'intimide, rose. toi. qui sait toujours quoi dire, une merde, une blague. trop confiant. mais elle a ce quelque chose morelli, qui captive. qui t'fais planter.

chalet au canada, 07.12.24.

@Naim Wolford -- ça te fait quoi le vide ? dernier mot qui résonne, impacte l’esprit. lâche un soupir, tend une main dans le vide, dirigée vers le plafond. avais-je véritablement une réponse à t’apporter ? sentir son âme dépérir. l’néant qui la nourrissait. constamment. ce sentiment ignore que l’monde continue de tourner. quand l’mien semble s’être arrêté. m’sentant déconnectée de cette réalité que j’souhaitais tout bonnement fuir. m’complaisant dans le déni. la voilà, ma vérité dérangeante. — comme si y’avait un immense trou, juste ici. descend le bras pour venir chercher tes doigts. les poser sur ma poitrine. à l’endroit même où l’myocarde fragmenté reposait. étrangement apaisé. en ta compagnie. — que ma vie n’a plus de sens ? quoi que j’fasse, j’ai pas l’impression d’avancer. j’reste bloquée sur mes échecs. tellement frustrant… d’me sentir aussi vulnérable. aussi démunie.  

@Rose Morelli -- ses doigts qui cherchent les tiens. sa poitrine sous ta paume, chaude. tu sens ce qu’elle dit, sans qu’elle ait besoin de continuer. ça te cogne dans le crâne, dans la cage thoracique. ce vide-là, toi aussi tu l’connais. un peu trop bien. ricanes. un son bref, sec, presque douloureux. sarcastique. le vide, j’le connais. genre vieux pote, tu vois ? les mots sortent, un peu amers. lèves les yeux vers le plafond, tes doigts vacillent toujours sur sa peau, mais t’es loin, ailleurs. j’avance pas non plus. bloqué, comme un con, coincé dans mes propres conneries. c’est pas glorieux. un soupir t’échappe, lourd, fatigué. t’laisses tomber la tête en arrière sur le dossier. tes billes noires croisent le plafond. l'fond sonore aux crépitements des flammes. elles dansent, elles, au moins. toi, rien. tes ébènes reviennent sur elle, un instant figé. ses doigts toujours mêlés aux tiens. t’te redresses un peu, doucement, comme pour revenir dans l’instant. sourire taquin, tendre, étire un coin de tes lèvres. t’es vraiment gelée, en fait. t’fais mine de retirer ta main, mais laisses tes doigts entrelacés aux siens. un prétexte. une excuse. tu bouges sous le plaid, viens te rapprocher, glisser un peu plus près d’elle. ton épaule qui effleure la sienne, le poids de vos corps qui s’aligne. chaleur partagée, contraste avec le froid qu’elle traîne. ça te réchauffe au moins ? ou j’dois t’porter jusqu’au feu ? moqueur, toujours. mais tes gestes sont là. une proximité qui s’installe, lente, presque naturelle. ambiguë. le genre qui s’dit rien mais qui flotte dans l’air, palpable.

chalet au canada, 07.12.24.

@Naim Wolford -- le vide, j’le connais. genre vieux pote, tu vois ? esquisse un sourire. acquiesçant d’un regard compréhensif avant de m’en détourner. retrouver le plafond. ce blanc immaculé qui constrastait avec les émotions quotidiennes. celles qui épuisent le psyché. pénalisent le bien-être. toi aussi, tu les partages ? tu les ressens ? ça fait du bien. égoïstement. d’savoir que j’suis pas la seule plongée dans ce bordel émotionnel. ce chaos incessant. — et j’suppose que toi aussi t’as pas de solution ? pour te débloquer ? question qui n’attendait en réalité aucune réponse particulière. juste un soutien affectif. prenant ce que t’avais à me donner. — pas besoin non. tu devrais prendre ta température. t’es brûlant. peut-être même plus que ces flammes qui crépitent. qui rassurent. le contact maintenu, j’hausse un sourcil. amusée. par ce corps maladroit qui tente tant bien que mal de retrouver le mien. maintenir épiderme contre épiderme. — j’ai froid ici l’doigt qui pointe la joue. une lueur joueuse qui illumine le regard.  

@Rose Morelli -- les mots résonnent dans ta tête, tournent en boucle, se fracassent. des solutions ? t’en as jamais eu. jamais su comment réparer, ni toi ni personne. t’es là, coincé dans ton propre bordel, à jongler avec les morceaux cassés. depuis toujours, en vrai. alors ça te fait marrer, doucement, ses mots. l'ironie. amer. un ricanement qui monte, puis meurt dans le silence. ta main remonte doucement, effleure la sienne, longe sa mâchoire, s’arrête là. le contact, léger, mais présent. tes iris plongées dans les siennes. t’essayes d’y lire quelque chose. comprendre ce qui brûle, ce qui gèle. froid là ? c'est pas commun ça, morelli. faudrait consulter. sourire en coin. tendre, taquin. ton se fait plus léger, mais y’a toujours ce truc au fond. ce poids. j’suis pas médecin, mais j’ai deux trois bases. infirmier, tu vois. ça peut dépanner. tu te redresses, doucement, glisses un peu plus près. tes lèvres effleurent sa joue. un baiser, rien de plus. rapide, mais là. sincère. ta main qui resserre la sienne, qui s’ancre, comme pour dire reste là. comme pour te convaincre toi-même. tu baisses la voix, plus grave, plus douce, presque un murmure. reste comme t’es, rose. t’sais, j’comprends peut-être pas tout. sûrement pas. mais j’m’en fous. j’suis là. le feu crépite encore. ta main toujours dans la sienne, vos souffles qui s’entrelacent, presque imperceptibles. chaleur contre froid. ou peut-être l’inverse. t’sais plus. mais t’sais que t’as pas envie qu’elle bouge.

chalet au canada, 07.12.24.