rencontre au milieu des livres. (Ellie)

with @Ellie Thatcher
tw : aucun pour le moment // date : mi décembre 2024.

Début décembre, la farandole de boulot s’accumule à l’image d’une guirlande de Noel. Un tas de manuscrits à lire mais également à traduire avant la fin du délai imparti et le tout en gérant les révisions des examens. Un tempo avec lequel tu as toujours composé depuis que tu bosses en parallèle de tes études. Dernière année d’études pour toi, dernière ligne droite. Avoir l’esprit occupé te permet d’éviter de trop penser, surtout avec ce qui se passe entre toi et Bruna ou encore les souvenirs du passé qui te reviennent en boomerang comme pour te culpabiliser. Cet après midi, à la dernière minute, ta supérieure t’a demandé de lui rendre un service. Elle devait aller chercher sa fille qui avait un souci au collège. Compréhensif, tu as tout bonnement accepté de la remplacer afin d’assister à la lecture ouverte de l’un de ses poulains.

Ce dernier est un jeune écrivain de talent et tu le sais parce que tu as vraiment été séduit pas la plume de son manuscrit et le sens profond de l’histoire qu’il a peint de son propre vécu. Ce n’est donc pas une plaie pour toi mais une richesse que de le voir faire sa première lecture ouverte au sein d’une librairie très fréquentée du centre ville. Poussant la porte du commerce littéraire, tu constates que l’ensemble des chaises sont prises et que de nombreuses personnes sont debout et impatiente de l’écouter. Une quinzaine de minutes plus tard, la lecture ouverte commence et c’est avec un sourire de satisfaction que tu l’entends. Au bout d’un moment, une pause se fait et les lecteurs vont à la rencontre de l’auteur. Alors que tu récupères ton iPhone dans ta poche, quelqu’un te tapote l’épaule, prononçant ton prénom.

with @Aleph Wertheimer
tw : aucun pour le moment // date : mi décembre 2024.

Je sais qu’on ne le dirait pas, lorsqu’on me « connait » que je suis capable de me perdre dans les livres, que malgré tout, je m’autorise encore le droit de rêver ; que je souhaite parfois me déconnecter de cette réalité. Quitter ma propre vie, celle de Boston évidemment et l’autre aussi. Il y a des jours où je n’aime être ni Ophélia, ni Ellie. Seulement, une existence ne peut se réinventer à l’infini.

Et même si ça ne me ressemble pas, aujourd’hui, j’ai décidé d’aller à cette lecture ouverte d’un écrivain qui me plaît. Pour ne pas dire qui m’enchante. M’a réappris à m’évader. J’arrive en retard, je le sais, et ça par contre, c’est un trait de caractère commun aux deux moi, ça me fait sourire, c’est bête, n’est-ce pas ?

Alors après quelques minutes d’écoute, la rencontre avec l’écrivain est autorisée, je ne suis pourtant pas du genre pudique, malgré tout, j’hésite à y aller, alors j’interroge quelques personnes déjà présentes qui m’indiquent que c’est à toi, que je dois m’adresser. Etrangement, parce qu’il m’intimide moins que l’écrivain, lui taper sur l’épaule, ça ne me fait rien, « Aleph Wertheimer ? » que je lui demande au moment où il se retourne, je lui offre un sourire, je lui montre que je suis quelqu’un de bien. Une illusion que je joue plus que bien. « Vous travaillez ici, n’est-ce pas ? » je l’interroge parce que j’ai, la tout de suite, l’impression qu’il est encore plus mal à l’aise que moi. Peut-être qu’à bien y réfléchir, ici, je n’ai pas ma place, je ne devrais pas être là.

with @Ellie Thatcher
tw : mention de la perte de sa femme. // date : mi décembre 2024.

Après plusieurs minutes de lecture, le silence imbibe chaque lecteur comme pour la première fois. Le livre de cet écrivain rencontre un franc succès et tu es heureux pour lui car il a bien ramé pour en arriver à un tel succès. Son bouquin s’inspire de fait réel, trop sans doute pour qu’il te ramène à la perte de ta femme. Sensation étrange même après deux années d’ici quelques mois. Une pause est proposé le temps d’un échange, d’un repos. Tu t’apprêtes à lire les messages de ton portable lorsque tu entends que l’on prononce ton prénom. Tu te retournes pour croiser un visage méconnu dans lequel ta mémoire fait rejouer des instants fugace de ton passé avec Nell.

Nell. C’est bien le nom de ta défunte moitié mais sa ressemblance avec la jeune femme est troublante — tant et si bien que tu es perdu l’espace d’une fraction de secondes. Tu ranges le téléphone dans la poche de ton manteau, usant de cet instant pour reprendre de la contenance. Tu secoues la tête, tentant de paraitre plus léger et avenant avant de lui répondre. « Je suis bien Aleph Wertheimer et non … je ne travaille pas tout à fait ici … disons que je viens encourager et veiller sur l’écrivain ? ». Ouais ce n’est pas tout à fait mais presque. « on s’est déjà croisé quelque part dites moi ? ». L’étrange impression de l’avoir déjà croisée ou bien est-ce ses ressemblances avec Nell qui te perturbent à ce point ?

with @Aleph Wertheimer
tw : aucun pour le moment // date : mi décembre 2024.

Ce n’est pas mon genre, d’être intimidée, bien au contraire, il n’y a – en réalité – qu’un seul homme qui m’effraie… Mais aujourd’hui, je n’ai aucune envie d’y songer. Je préfère laisser le passé où il est. Croire que je peux vraiment naviguer dans cette réalité. Oublier celle que j’ai, un jour, été. Je note la réflexion dans son regard, le doute dans le mouvement négatif de sa tête, et je ne sais quoi lorsqu’il s’adresse à moi. « Je suis bien Aleph Wertheimer et non … je ne travaille pas tout à fait ici … » au moins, j’ai bon sur le premier point, je ne vais garder que ça, « disons que je viens encourager et veiller sur l’écrivain ? » Donc, c’est bel et bien à lui que je devais m’adresser, si j’espère approcher réellement l’écrivain sur lequel il dit veiller, mais tandis que j’envisage de le lui demander, c’est sa reprise de parole qui me fait m’arrêter.b Une seconde, je sourcille, les prunelles plantées dans les siennes, à tenter de deviner ce qu’il pense, ce qu’il se passe en lui, et pour réponse, d’abord, je souris. « Je ne crois pas, » j’ai une mémoire des visages, mais comme on dit, on ne sait jamais, alors je viens m’expliquer, « mais je suis serveuse, » du coup, peut-être qu’il a déjà été un de mes clients, qui sait, « au Donovan’s, vous connaissez ? » et de cette amorce de discussion, il n’y a qu’une chose que je peux noter ; j’en ai perdu mes premières volontés.