thankful for family (parkers)

L'estomac bien rempli, j’attrape ma tasse de thé bien chaude et me dirige vers le salon pour me poser un peu. Mes parents sont en pleine discussion avec ceux d’Enola et je sens que ce moment, il est pour nous deux. Mon regard croise celui de ma cousine et je lui fais signe de venir me rejoindre sur le canapé. J’ai trop mangé. Que je lance en posant ma main sur mon ventre légèrement bombé à cause de toutes les calories que j’ai mangé. Après tout, c’est mon quatrième Thanksgiving juste cette semaine ! Il y a eu le repas de préparation avec mes parents dimanche, les restes du repas avec João lundi, le friendsgiving mardi… Bref, autant dire que je vais passer le mois de décembre sur la glace pour éliminer toutes ces calories avant de recommencer dans quatre semaines et demi ! C’est quand même une fête archaïque quand on y pense. Prendre le temps de dire aux gens que l’on aime que l’on est reconnaissant comme les colons l’ont été avec les amérindiens. C’est hypocrite quand on sait comment ça s’est terminé… On devrait pas avoir besoin de ça pour dire aux gens qu'on les aime. Je bois une gorgée de mon thé bien fumant et ajoute Mais c’est fou, quand t’y penses, que tout a commencé parce que des types voulaient pratiquer leur religion tranquillement. Et ils sont arrivés par le Massachusetts, ça c’est cool. On est dans l’État de leur arrivée. Bon, ils ont eu beaucoup moins de chance que ce que l’on a aujourd’hui mais il s’est passé quatre cent ans depuis et ça, c’est pas rien. Mais ça montre que sans les connaissances des autres… On s’en sortirait pas. Je tourne le visage vers ma cousine et souffle Tu te doutes où je veux en venir… J’ai besoin de conseils. Le dindon de vingt-cinq ans a besoin de l’avis de sa cousine sur la situation. On a pas eu le temps d’en parler par message alors là, c’est le moment.

C’est tout ce qu’elle aime, en réalité, cette ambiance festive, les discussions qui partent dans tous les sens, les repas gargantuesques qui font culpabiliser. Le lancement des périodes de fêtes, la fin du mois de novembre, l’arrivée de décembre et assise encore à la table, elle réfléchit déjà à ce qu’elle va pouvoir mettre comme décoration dans le café, quand son regard accroche celui de sa cousine préférée. « J’ai trop mangé. » qu’elle articule en s’asseyant sur le canapé tandis qu’Enola la rejoint, un sourire aux lèvres, reconnaissante de les avoir tous dans sa vie. Andrew manque à présent à l’appel, même s’il a pris l’apéritif avec eux avant d’être appelé, « C’est quand même une fête archaïque quand on y pense. » Elle arque les sourcils, surprise par les propos d’Olive, « Prendre le temps de dire aux gens que l’on aime que l’on est reconnaissant comme les colons l’ont été avec les amérindiens. » Elle hoche le visage positivement, « C’est hypocrite quand on sait comment ça s’est terminé… » Et cette fois, Enola serre les mâchoires, grimaçant, « Mais c’est fou, quand t’y penses, que tout a commencé parce que des types voulaient pratiquer leur religion tranquillement. » C’est un bon résumé, « Et ils sont arrivés par le Massachusetts, ça c’est cool. » Elle opine encore une fois, mais ne comprend pas pourquoi elle lui fait un cours de rattrapage sur l’origine de Thanksgiving. « Mais ça montre que sans les connaissances des autres… On s’en sortirait pas. » Certes… « Tu te doutes où je veux en venir… » Elle l’apostrophe et leurs regards se croisent à nouveau. Instinctivement, elle pense à son histoire avec Joao, ou encore le fait qu’Andrew et elle ne se comprenne pas vraiment, un comble au bout de quasiment deux ans, mais elle n’en est pas certaine, alors, demander des précisions, elle préfère. « Tu m’éclaires ? » Là, par contre, elle connaît assez Olive pour savoir que sa langue n’aura pas de mal à se délier, sachant que les ainés se sont lancés dans un débat animé. Pour parler, elles ont toute la tranquillité nécessaire.

Ma tasse de thé en mains, j’accueille la chaleur prodiguée par la tasse avec le sourire. Il ne fait pas froid, loin de là, mais cela va me permettre de digérer et ce n’est vraiment pas une mauvaise chose vu les quantités ingurgitées pendant le repas. Je ne vais pas être capable de patiner demain mais peut-être que cela me fera du bien de souffler un peu. Je n’aime pas cette possibilité de ne pas patiner pendant deux jours mais peut-être que c’est ce dont j’ai besoin. Me couper temporairement du sport afin de me reconnecter avec mes émotions. Je ne peux plus continuer comme ça, plongeant la tête dans mes études et le sport pour tenter de faire sens avec ce qu’il se passe dans ma vie. J’ai hâte de passer du temps avec les deux jeunes hommes que je dois voir la semaine prochaine mais il y a toujours ce point lumineux dans mon champ de vision. Tu m’éclaires ? Ça m’arrache un sourire franc. Bon sang, elle pouvait pas trouver meilleure entrée en la matière même si elle essayait ! João. Que je souffle doucement, m’assurant que mes parents n’ont pas les oreilles tendues pour nous écouter. Mais non, les Parker sont en pleine conversation et ne semblent pas intéressés par leur deux merveilleux enfants. Ainsi soit-il, ça m’arrange grandement. Je sais pas quoi faire, quoi dire, comment le dire. Et c’est de plus en plus difficile à gérer. J’aurais peut-être dû l’embrasser sur la patinoire l’autre fois. Mais je me suis dégonflée comme un ballon crevé, fuyant aussi vite que le-dit ballon lorsqu’il se vide de son air. J’y ai peut-être même laissé quelques paillettes en chemin. On a patiné ensemble l’autre jour et genre, il m’a involontairement collé à la paroi et ayant du mal à se rattraper. Je te jure que j’ai vu des étincelles sortir de ses yeux et des coeurs des miens. On était hyper proche mais j’me suis barrée en glissant sous son bras. Peut-être qu’il s’est dit qu’il avait rêvé. Je n’en sais rien. Moi, tout ce que je sais, c’est que j’ai eu envie de foutre une baffe ou deux. Pfff, pourquoi c’est si compliqué. Je gémis ces mots, la mine défaite. Je ne sais même pas ce que je veux mais l’éléphant du magasin de porcelaine me pèse sur la poitrine.