Ruins of trust

Tullio était assis dans l’obscurité de son salon, les rideaux tirés comme pour masquer le tumulte de ses pensées. La pièce baignait dans une pénombre oppressante, seulement percée par la lumière vacillante d’une bougie qu’il n’avait pas pris la peine d’éteindre. Devant lui, sur la table basse, un verre de vin à moitié vide portait encore les traces de ses doigts nerveux. Il n’y avait pas touché depuis un long moment, mais il semblait incapable de le retirer de son champ de vision, comme si ce geste simple nécessitait une force qu’il ne possédait plus. Il s’était promis d’être fort, de tenir bon cette fois. La rupture était récente, mais Tullio savait que cette décision était la bonne. Pourtant, elle laissait derrière elle un vide glacial. Retomber dans les bras de Ruben, même après la trahison, avait semblé si naturel au début. Le sourire de Ruben, ses mains familières, ses excuses pleines de promesses... Tout cela avait brièvement suffi à raviver une flamme vacillante. Mais Tullio ne pouvait plus ignorer ce qui s’était brisé entre eux, cette fissure profonde qui ne se colmaterait jamais, peu importe leurs efforts. La trahison avait tout changé. Chaque regard, chaque mot, chaque étreinte portait désormais le poids du doute. Ruben avait essayé, il avait insisté sur l’idée de recommencer, de construire quelque chose de nouveau sur les ruines. Mais Tullio savait, dans le fond, que les fondations étaient trop fragiles. Leur amour était devenu une maison de verre, prête à éclater au moindre faux pas. Alors, il était parti. Pas dans un accès de colère, pas avec des reproches ou des cris. Il était parti dans un silence lourd, chargé de résignation. Et maintenant, seul, il se demandait si cette solitude était un prix juste à payer pour retrouver un semblant de paix intérieure. Pourtant, il ne trouvait pas cette paix. Son regard se posa sur une photo oubliée sur une étagère : eux deux, plus tôt, insouciants. Ruben riait, la tête renversée, et Tullio le regardait avec cette lueur d’admiration et d’amour pur qu’il n’arrivait plus à se rappeler sans douleur. Il détourna les yeux rapidement, mais l’image resta gravée dans son esprit. Il passa une main sur son visage, ses doigts s’attardant sur ses yeux fatigués. Une larme glissa silencieusement sur sa joue. Il ne pleurait pas Ruben, pas vraiment. Il pleurait ce qu’ils avaient été, ce qu’ils auraient pu être, et ce qu’il savait qu’ils ne seraient jamais plus.