die with a smile ─ Lenace

Ouais. Le regard se détourne, mais pour ses autres questions, il n'est pas sûr d'avoir les réponses. Alors il la laisse faire ce qu'elle a à faire, en même temps qu'il marmonne une réponse vague. J'suis incapable de lui offrir ce qu'elle veut. Elle voulait une belle romance exclusive, une vie d'couple. Je suis pas apte à lui donner ça. Et peut-être que j'le serai jamais. Ace regarde le mur face à eux, langue mordue à l'intérieur de sa bouche alors qu'il réfléchit ; puis d'un coup, sa main se tend à nouveau vers la bouteille et il porte le goulot à ses lèvres pour boire plusieurs gorgées, sans réfléchir. Besoin de ça, finalement. Besoin de repousser les barrières de son esprit, quitte à laisser les fantômes revenir, juste le temps de trouver le courage d'envoyer son message. La bouteille est reposée sèchement et il soupire, passant ses deux mains dans ses cheveux. Fais chier.

penchée au-dessus de la table, la paille artificielle enfoncée dans la narine. attends que tes yeux se détournent pour faire disparaître une ligne. deux. phalanges appuient contre le nez, renifle. ferme les yeux. poudre qui coule jusque dans la gorge. nettoie les restes imaginaires sur le bout du nez. yeux brillants, te regarde à nouveau. la déception écrite entre les lignes de tes aveux. - tu sais pas être qu’à une seule ? t’as vraiment besoin des autres ?.. ou c’est juste ta tête ou la peur qui veulent t’faire croire que tu peux pas ? bouteille portée trop vite à tes lèvres. te regarde enfiler les gorgées. trop. d’un coup. - t’as pas dit que tu pouvais pas boire ? tes doigts qui se perdent dans tes cheveux. tic nerveux. me relève, reviens vers toi. garde les distances. - t’as quoi ?.. la main qui se lève mais se ravise. ose pas te toucher. pas encore.

Si tu m'vois délirer et dire des trucs incohérents ou flipper pour mon ombre, t'as qu'à m'éclater la bouteille sur la tronche pour m'assommer. lâche-t-il à la volée alors qu'il sort son téléphone. Il cherche quelque chose dessus, puis se met à pianoter frénétiquement des mots pendant de longues secondes. Une grimace de douleur sur le visage ; le dernier message à Rose. À peine envoyé, Ace éteint rapidement le téléphone, et d'un mouvement de main sec, le jette avec nonchalance sur la table, où le téléphone glisse, tapant un coin, puis termine par terre de l'autre côté. Ace croise alors les bras, le visage fermé, mais les larmes commençant déjà à briller dans le regard. J'peux te demander un service ? Il se mord la lèvre, hésitant, mais les yeux se remplissent trop vite pour qu'il puisse le cacher, alors il la regarde. T'veux bien pleurer avec moi ? Pas envie d'être le seul à perdre face à la douleur. Pas envie d'être seul à donner un spectacle pitoyable.

- m’donne pas des excuses faciles pour t’éclater la gueule. demi sourire sur les lèvres. sûrement que je l’aurais fait sans état d’âme avant. avant cette soirée. avant de te découvrir différemment ce soir. téléphone à la main, nous plonge dans le silence. le bruit de tes doigts sur l’écran, tes doigts qui hésitent parfois avant de recommencer à écrire. inconsciemment, la douleur creuse tes traits. la paille encore entre les doigts, tangue d’une phalange à une autre. verre de la table basse qui tremble, les yeux qui se lèvent vers toi. vers les tiens. déjà trempés. dents qui grincent, surplus de drogues. hoche la tête à la demande. sans mot. ressens l’explosion qui guette dans tes obsydiennes détruites. et, ça fait quelque chose. de t’voir comme ça. le miroir de mes maux. la demande formulée. les azurs qui se baladent sur ton visage, l’incompréhension avant de capter. - si tu m’prends dans tes bras. service contre un autre. fuir le vide. mélanger ma peine à la tienne.

Quelle belle ironie d'être ici avec Lena ; celle qu'il a pourrie, insultée, humiliée de toutes les façons dont il pouvait le faire. Aucun respect à son égard, aucune affection, et elle le lui avait bien rendu. Pourtant ils sont là, rongés par des douleurs sourdes et abrutissantes. La requête d'Ace est des plus inattendues, sans doute, mais compréhensible vu la situation. Autant que celle de Lena, et Ace n'hésite même pas pour lui répondre positivement. Il s'en fout, que ça soit elle. Peu importe le passé qu'ils ont en commun, ce soir ils sont juste lamentables, honteux, deux torchons souillés par les larmes et la déception. Les bras son ouverts et il se redresse pour l'accueillir contre lui. Pour qu'ils aient quelque chose ─ quelqu'un ─ pour se raccrocher un peu, pour se dire que finalement, malgré la la douleur, ils sont pas si seuls. Et les larmes coulent.

les propositions échangées. comme un contrat qu’on vient signer à la sueur de notre perdition. sans comprendre pourquoi c’est toi que j’ai appelé. douleur jumelle. et, même si on s’est craché plein de fois à la gueule, t’es assez familier pour te partager mes faiblesses. celles que je garde trop souvent cachées, planquées sous couches de superficiel. de débauche. plus facile de séduire que de finir séduite. les bras qui s’ouvrent, appelle à l’abandon. grimpe sur tes cuisses, genoux s’enfoncent dans le canapé de chaque côté. bras qui se glisse contre ta nuque, étreinte scellée. dans l’ombre de nos cauchemars. le cœur qui se resserre, les images qui remontent à la tête. - pleure avec moi.. murmurer contre l’oreille. la voix fragile. se casse sur les mots quand les yeux s’imbibent du même mal.

Les deux traînées de Boston. Pas si différents l'un de l'autre, et c'est peut-être pour ça qu'ils se sont autant détestés, à se renvoyer les images de leurs tares qu'ils détestent ─ ou peut-être n'est-ce que lui qui les déteste à ce point, elle qui clame si fort s'assumer. Dans cette étreinte, Ace parvient quand même à retrouver un peu de chaleur humaine et réconfortante, alors que les larmes reviennent tracer des sillons sur ses joues, renvoyant son visage dans la douleur. Les yeux se ferment et il serre ses bras autour de Lena, honteux d'être aussi faible. Il l'aime, Rose ─ juste pas comme il faut. Les mots qui tournent en boucle, lui renvoient à la face qu'il n'est pas normal et que même s'il ressent cet amour, c'est probablement pas suffisant pour qu'il change. Il pleure en silence, ne s'occupe même pas de savoir si la brune fait de même sur son épaule, et le temps s'écoule sans que lui ne fasse autre chose d'autre que laisser la douleur s'exprimer au travers des larmes, des reniflements, et de cette étreinte. Il explose pas en sanglots, mais les larmes coulent sans s'arrêter. C'est fini. Et cette fois il en est convaincu ; c'est fini.

tes bras qui se resserrent. mes doigts qui se plantent un peu plus dans ta nuque. désespoir abandonné dans tes bras. à mouiller ton cou de larmes chaudes. puisées en enfer. et, sûrement que demain, on dira que rien de tout ne s’est passé. que ce moment a jamais existé. que j’ai jamais pleuré pour lui. qu’il m’a jamais fait mal. les mensonges qui font du bien. donnent l’illusion de pas avoir touché le fond. la paume s’aventure sur ta joue, efface l’humidité avant de trouver la force de me décoller. cheveux restent collés sur les lèvres. décroche les mèches pour te regarder. les paupières gonflées et rougies. - merci d’être venu c’soir.. connerie de politesse pour arrêter le silence de tourner. chercher de quoi apaiser sans trouver les mots.

L'étreinte relâchée, Ace se recule lentement, une fois calmé. Les yeux encore humides, les joues brillantes des traces de larmes, et le regard qui ne se lève même pas pour voir Lena ─ mais à ses mots, il esquisse une moue, sourire camouflé derrière la honte et la gêne, avant qu'il ne se laisse complètement aller, dos contre le canapé, avec un soupir. Ses mains passent sur ses yeux et il s'essuit le visage en râlant. J'trouve quand même putain d'ironique qu'on s'voit dans un tel état. C'est minable, bordel. Puis il se penche rapidement pour récupérer la bouteille sur la table, avant d'en boire à nouveau deux bonnes gorgées ; il la tend ensuite à Lena. Y'a au moins une personne qu'est témoin du fait que j'suis pas un connard insensible. Et la réciproque est aussi vraie, hein ?

douleur s’évacue. quand j’sais que le cœur recrache tout ce qu’il a jamais voulu laisser. les sentiments qui se font la malle. aimer jusqu’au dernier coup de poignard. jusqu’à la déception de trop. poitrine qui s’allège, quelque part, recommence à respirer. libérer d’une emprise malsaine. d’une histoire vouée à l’échec. perdue d’avance. rire nerveux éclate sur les lippes. délaisse tes cuisses pour glisser sur le canapé. garde une jambe sur toi. - on fait pitié. rigole encore. l’ironie de la situation. de nous, ici. chez moi. à se soigner à tour de rôle. récupère la bouteille, faire la même. brûler la gorge sèche d’une liqueur qui glisse facilement. - mh.. ouais. t’as intérêt à garder le secret. sinon, j’te tue. sur les genoux, les doigts capturent un bout de ton col pour rendre la menace plus réaliste. et, relâche doucement en finissant à l’autre bout du canapé. jambes tendues. la bouteille encore entre les lèvres.