(tw) I'm your father - Shade

L’ambiance du petit café se veut chaleureux avec une ambiance douce et ces arômes qui se mélangent dans l’air. Ça clash presque avec cette petite nervosité qui réveille les papillons dans ton ventre. Tu regardes le menu avant de reposer les yeux sur ton fils pour lui demander “Alors, qu’est-ce que tu préfères ici ? Le café ou les desserts ?” Question sans vraiment de buts, saufs pour apprendre un peu plus à le connaître, même si la question est banale. Pourtant, elle semble t’apaiser un peu, surtout lorsqu’il se met à rire comme ça. “Les deux, je crois… Mais surtout les desserts. J’ai une dent sucrée.” Qu’il te répond en rigolant. Il poursuit en commandant un café simple avec un sucre. “Je vais prendre un café noir” que tu demandes avant de payer votre commande. Lorsque les cafés sont faits, vous les prenez et allez jusqu'à la table que Shade choisit. Tu t'assois face à lui et prends une petite gorgée de ton café. Tu grimaces légèrement par la chaleur de ton breuvage qui t’a presque brûlé la langue. Lorsqu'il te demande “Alors ?” Tu l’observes quelques secondes, essayant de rassembler tout le courage que tu as habituellement. Tu réfléchis à comment tu vas lui annoncer, cherchant les bons mots pour cette révélation. Mais… Il n’y a pas vraiment de mots pour ça, n’est-ce pas ? Tu inspires discrètement avant de lui dire “J’ai… Quelque chose d’important à te révéler.” Tu marques une petite pause. “Je suis ton père biologique.” Que tu finis enfin par dire en anticipant sa réaction. Tu ne lui en voudras pas s’il part… Ou s’il ne veut pas te connaître. Après tout, tu es un inconnu à ses yeux. Un homme parmi les autres sans importance. “Je sais que c’est soudain… Et je comprends si tu as besoin de temps pour réfléchir. Mais j’aimerais beaucoup faire connaissance avec toi et faire ta connaissance.” Que tu dis ensuite… En espérant qu’il accepte d’apprendre à te connaître. Tu ne cherches pas à devenir son père… Mais tu as cru aussi qu’il aimerait savoir d’où il vient.

Tu restes là, les mots de l'autre homme flottant dans l'air comme une lourde pluie qui n'arrive pas à tomber. " Je suis ton père biologique. " C’est tout ce qu’il dit, et pourtant, tout se passe en toi, comme un choc électrique qui traverse chaque cellule de ton corps. Tu n’étais pas prêt à entendre ça. Pas du tout. Tu as toujours su que tu n’étais pas du tout de ce monde, mais tu avais trouvé une sorte de paix dans l’ignorance. Tu t’es fait à l’idée que tes parents étaient ceux qui t’avaient adopté, ceux qui t’avaient donné un semblant de stabilité, même si cette stabilité était toute relative. Alors, cette révélation, c’est comme une brèche qu’il ouvre dans un mur que tu as mis des années à construire. Une brèche que tu n’avais pas l’intention d’explorer. Tu prends une gorgée de ton café pour éviter qu’il ne remarque l’hésitation dans tes yeux, mais ça ne fait qu’empirer. Le goût amer te fait presque tousser. Tu n’as pas besoin de ça. Tu n’as jamais cherché à connaître tes parents biologiques. Tu n’as pas besoin de connaître l’histoire qui t’a mené ici, et encore moins les secrets qui pourraient remonter à la surface. Ta famille d’adoption, avec toutes ses failles et ses défauts, c’est tout ce que tu as eu. Et tu as fait en sorte de les protéger, malgré tout. Les protéger contre toi, contre ceux qui pourraient mettre le doigt sur des choses que tu n’es pas prêt à dévoiler. Tu n’as pas le temps de réfléchir, tu sens le poids de l’instant. Il attend quelque chose de toi, peut-être un signe, mais comment répondre à ça ? Qu’est-ce qu’il attend vraiment ? Tu es un homme avec des cicatrices profondes, des blessures que tu n’as jamais vraiment laissées guérir. Alors pourquoi ce type, cet inconnu qui se dit être ton père, semble-t-il vouloir tout remettre en question ? Tu baisses les yeux, cherchant quelque chose de solide, une réponse qui puisse t'échapper, mais tout te semble flou. Tu n’es pas prêt. Pas prêt à ça. Et tu n’as pas envie de l’être. Pourtant... Y'a ce " Pourquoi...? " qui est murmué.

Les mots sont enfin sortis… Sans vraiment de douceurs. C’était maladroit, tu le sais et tu as continué dans ta maladresse sans réellement lui donner le temps d’assimiler la nouvelle. Tu as pourtant vu la surprise sur son visage. Le choc, dans ses yeux. Tu te pinces les lèvres, alors qu’il reste silencieux. Silence lourd qui semble étouffer le moment. Un silence qui perdure jusqu’au moment où un pourquoi silencieux ne sort d’entre ses lèvres.
Pourquoi… quoi ? Pourquoi tu lui dis maintenant ou pourquoi l’avoir mis en adoption ? La question est bien trop vaste pour que tu puisses choisir quoi lui dire. Tu le regardes quelques instants, comme si tu pourrais trouver le sens de son pourquoi… Mais tu baisses les yeux sur ta tasse que tu serres entre tes mains. “Nous… Étions bien trop jeune, ta mère et moi. Nous voulions te donner une chance d’avoir une meilleure vie. Une famille qui t’aimerait autant que nous t’aimions.” Tu te pinces les lèvres, le regret dans ton regard, parce que tu aurais aimé le garder et l’élever, le voir grandir. “Il n’y pas une journée où je n’ai pas regretté ma décision… Où je n’ai pas pensé à toi.” Tes yeux cherchés les siens pour lui prouver la vérité de tes mots.

Les mots de North flottent dans l’air, lourds de regrets et d’excuses. Et malgré toute la compréhension que tu aurais voulu avoir, une partie de toi ne peut s’empêcher de se refermer sur elle-même, comme un abîme qu’il ne peut traverser. Tu n’es plus un enfant. Tu n’as plus de place pour ces explications. Trop jeune. Oui, tu comprends ça. Mais ça ne justifie pas tout. Ça ne justifie pas ce que tu as vécu avant d’être adopté, ce que tu as enduré dans cette première famille d’accueil. Avant d’avoir été arraché à ce chaos et à cette violence, tu n’avais que tes peurs comme compagnons. Des peurs que tu portes encore aujourd’hui. Tu te forces à respirer calmement, mais chaque parole de North t’agace un peu plus, chaque syllabe te rappelant cette première souffrance qui t’a forgé. Tu te sens comme un étranger à toi-même dans cette situation. Comment peut-il prétendre comprendre ? Lui qui t’a abandonné avant même que tu ne puisses comprendre quoi que ce soit. Et même si tu sais qu’il avait ses raisons, que la vie était bien plus complexe que ce qu’il dit, ça n'efface pas la douleur d’être laissé pour compte. De n’avoir jamais eu quelqu’un pour te dire que tout irait bien. "Tu voulais me donner une meilleure vie," répètes-tu lentement, presque trop calmement, pour que l’amertume ne transparaisse pas dans ta voix. Les mots sonnent comme une moquerie dans ta tête. Comment peux-tu prendre ça à cœur ? Ce n’est pas ce que tu aurais voulu. Ce n’est pas ce que tu as eu. Peut-être que lui, il pensait à toi, mais toi, tu n’as eu que des souvenirs de négligence, de violences, d’abus. Tout ça avant d’être enfin recueilli par les Koch, qui ont, eux, essayé de t’apporter ce que tu n’avais jamais connu : un semblant de stabilité, de sécurité. Mais avant eux, il n’y avait que l’abandon. Tu te passes une main sur le visage, la fatigue pesant sur tes épaules. Le café froid dans ta tasse te brûle la gorge alors que tu le bois machinalement. "Tu dis que tu pensais à moi, mais tu m’as laissé dans l’enfer pendant des années," murmures-tu, la voix tremblante d’une émotion que tu n’arrives pas à maîtriser. "Tu n’as pas cherché à me retrouver, pas une fois. Et tu viens me dire ça maintenant ? Pourquoi ? Pourquoi me le dire, si ce n’est pour apaiser ta propre culpabilité ?" Tu le fixes enfin, son regard cherchant désespérément à capter le tien. Mais tu ne peux pas. Tu baisses les yeux. "Je comprends, ou du moins j’essaie, mais tu sais, ça ne change rien. Ça ne m’enlève pas ce vide… ce fardeau." Un silence lourd se pose entre vous, mais ce n’est pas un silence de compréhension. C’est un silence qui te pèse. Tu sais, au fond, que tu n’es pas prêt pour ça. Et que tu ne veux pas l’être. Pas avec lui. Pas avec cet homme qui, même dans ses regrets, semble vouloir te reconstruire en un instant, comme si tout pouvait être réparé. Mais toi, tu sais que ce n’est pas aussi simple. Parce que rien n’a jamais été simple pour toi.


@North E. O'Reagan

Il répète tes mots dans un calme presque faux. Un calme qui semble cacher l'amertume qu'il éprouve envers tes excuses. Tu es conscient que ça prend bien plus pour pouvoir réparer le vide que tu lui as laissé. Mais... Ce n'est pas aussi simple que tu le laisses paraître. Vous n'avez pas eu le choix, parce que vos parents ne voulaient pas que vous éleviez un enfant... Du moins, ceux de ta meilleure amie. Ils ont réussi à te convaincre que tu ne pourrais pas élever ton fils... Trop jeune pour être parents, de leur point de vue. Tes parents, eux, étaient d'accord... Alors tu n'as pas eu de choix. Tu soupires discrètement, une boule se forme dans ton cœur. Tu te dis que tu aurais dû te battre plus fort pour lui.

Tu fronces les sourcils, essayant de comprendre ce qu'il veut dire... Et pourtant, tu comprends que sa première famille d'accueil n'a pas été des plus... Bonne. "Je... Ne savais pas. Je suis désolé..." que tu dis avec le regret qui s'entend dans ta voix. "C'est faux. J'ai cherché à te retrouver et... Je t'ai retrouvé... Ça fait un moment que je veille sur toi à distance... Du moins, depuis que je suis devenu policier. Je n'ai seulement pas eu le courage de venir te voir avant aujourd'hui." Que tu lui avoues avant de baisser les yeux. Oui, c'est vrai que tu culpabilises de l'avoir abandonné. Mais quand tu l'as trouvé, tu l'as vue sourire... Tu l'as vue être bien dans la famille qu'il était. Les Crowley. Tu avais peur de le rendre mal ou qu'il ne veuille pas te connaître ou tu ne sais quoi. Tu as laissé la peur prendre le dessus en te disant qu'il est sûrement mieux sans toi. Et pourtant... Aujourd'hui, te voilà assis devant lui, à lui avouer que tu es son père. "Je sais..." Que tu lui réponds compte au fait que ça ne change rien, que ça ne lui enlève pas le vide qu'il ressent, ni même le fardeau que tu lui as laissé. Celui de l'abandon.

Les mots de North résonnent dans ton esprit, mais ils n'arrivent pas à effacer cette colère sourde qui gronde en toi. Tu le regardes, te demandant comment il ose se présenter à toi maintenant, après tout ce temps, avec cet air de regret dans les yeux. Comment il peut s'excuser, et pourtant, tu vois bien que cela ne suffit pas. Ça ne suffit jamais, pas après tout ce que tu as traversé. Tu restes silencieux quelques instants, les poings serrés, mais tu forces ton corps à ne pas céder à l'envie de fuir. "Tu m'as cherché..." Tu répètes ses mots d'un ton plus sec, te sentant pris dans un tourbillon d'émotions contradictoires. "Pourquoi ne pas être venu avant ? Pourquoi attendre tout ce temps ?" La question reste suspendue dans l'air, aussi lourde que la pluie qui ne tombe jamais. Tu vois ses yeux éviter les tiens. Cette idée qu’il aurait pu être là plus tôt te ronge, te fait douter de ses véritables intentions. Tu tentes de garder ton calme, de ne pas exploser, mais quelque chose bouillonne en toi. Peut-être la douleur des années où tu t’es retrouvé seul, à chercher des repères dans un monde qui ne te laissait que des échos de mensonges. Un souffle plus lourd s’échappe de tes lèvres, une frustration bien trop longtemps contenue. "Je t'en veux, tu sais," dis-tu sans chercher à adoucir la chose, ton regard fixé sur lui. "J'ai dû me reconstruire, et t'es venu quand ça m'a le moins servi." Tu baisses les yeux un instant, pour te recentrer, puis tu le fixes à nouveau. "Je comprends... que vous étiez trop jeunes... Mais est-ce que tu te rends compte de ce que ça m'a coûté ? Et que tu aurais pu venir avant ? Tu n’as pas le courage de tout lui dire, mais cette douleur, elle est là, vivace, un poison qui se faufile dans chaque recoin de ton cœur. Tu mords ta lèvre, cherchant à étouffer cette bouffée de colère. Ce n'est pas juste. "Tu as toujours eu le choix," murmures-tu d'une voix plus basse, presque un reproche. "Tu pouvais te battre pour moi. Mais t’as laissé tomber." Les mots sont durs, trop durs, mais tu ne peux pas les effacer maintenant. Et tu te dis que peut-être c’est le moment de libérer tout ça. Tu prends une longue inspiration, les muscles tendus. "Et maintenant, tu veux quoi, hein ? Que je te pardonne ? Que je te donne une place dans ma vie après tout ce temps ?" Tu secoues la tête, un sourire amer sur les lèvres. "Tu veux que je sois quoi pour toi ?"


@North E. O'Reagan