even the devil was once an angel

Qu'est ce qu'elle foutait ici ? Pourquoi était-elle attirée par lui ? Leurs mondes et leurs personnalités semblaient opposés, et pourtant elle se trouvait bien en bas de cet immeuble, une bouteille de vin à la main et l’esprit déjà embrouillé par les substances qu’elle avait consommées. Elle ne maîtrisait plus grand-chose ces derniers temps, les nerfs à vif, hypersensible, comme une bombe à retardement prête à exploser. Elle avait besoin de s’échapper, de diriger ses pensées vers quelque chose de nouveau. Vers Solal. Ce blond aux faux airs d’ange. Elle pourrait prétendre que sa visite était simplement pour combler sa solitude, mais en réalité, elle était probablement plus intriguée qu’elle ne l’admettait. Il y avait chez lui une obscurité qu’elle voulait percer. Sa silhouette féminine arriva à la porte, et elle frappa. Un sourire fin se dessina lorsqu’il ouvrit, impeccable, presque trop parfait, comme toujours. Elle entra sans vraiment attendre d’y être invitée, retirant rapidement sa veste de cuir. Il fait super chaud ici, ou c’est moi ? dit-elle en secouant la tête, son regard parcourant chaque détail de la pièce. Alors, c’est ici que vit le petit ange ? ajouta-t-elle, amusée, en lui tendant la bouteille qu’elle avait apportée. Les pensées déjà floues, elle ne savait plus trop à quoi s’attendre pour la suite de cette soirée, laissant l’inconnu et l’attraction la guider.

@Poppy Shipley — Existe-t-il une créature plus hideuse encore que les anges ? N'est-ce pas l'arme ultime du Seigneur ? Lorsqu'il désire commettre un acte vil, un massacre. Une punition abjecte de sang, Dieu envoie toujours un. Il n'est pas étonnant que Satan lui-même se déguise en ange de lumière. Comment incarner la crainte la plus terribles si ce n'est sous ces traits ? Sous la perfection austère, le sourire mécanique et la blondeur. Voulez-vous véritablement rencontrer pareille monstruosité ? Approcher votre main su soleil, vous connaîtrez sa brûlure. Assis là dans ton canapé en cuir, les premiers boutons de ta chemise relâché tu patientes. Le visage parfaitement soigné pour l'accueillir, elle. Pauvre pécheresse succombant à tes litanies. Tu trempes tes lèvres dans ton whisky, goûtant à son agréable brûlure. Puis le retentissement de son coup sur la porte. Tu t'empresses nonchalement d'ouvrir. Fracassante. Tant par son entrée que par sa beauté... Cueillir la fleur encore fanée de cette rose turlupine tes pensées. — ... Un vrai plaisir de t'accueillir chez moi. Tu saisis sa veste en cuir ainsi que la bouteille, suspendant l'un et déposant l'autre sur le bar. — Il ne fait pas particulièrement chaud non. Tu souhaites que j'ajuste la température ? Je n'imaginais pas te déshabiller directement à ton arrivé. Tu attrapes un verre propre, lui servant également du whisky. — En effet, tu souhaites visiter ?

Peut-être n’était-elle pas dans l’état d’esprit idéal pour ce genre de soirée. Sa carapace, fêlée par les récents événements, laissait échapper des pensées floues, rarement ordonnées ou claires. Elle aurait dû rester sur ses gardes, mais une étrange envie de lâcher prise l’avait envahie. Juste une nuit, pour mettre de côté ce quotidien morose. Entrée haute en couleurs dans l’appartement du blond, son corps vibrant sous l’effet des substances et des idées qui se bousculaient. Excuse-moi, j’ai oublié la politesse. Bonsoir, Solal. lança-t-elle avec un sourire en coin, déposant un léger baiser au coin de ses lèvres. Après avoir retiré sa veste, elle attrapa le verre de whisky, pas son préféré, mais elle s’en contenterait. T'inquiète pas, le trajet était juste un peu long à pied. Menteuse. Elle préférait cacher l’état de faiblesse qui la rongeait. Carrément. C'est à son appartement qu'on découvre réellement un homme, non ? ajouta-t-elle, curieuse de découvrir l’antre du démon, décidée à observer chaque détail pour démêler le vrai du faux dans cette caricature qu’il incarnait.

@Poppy Shipley — Le règne de l’isolement. Austère. Sobre. Froid. Dans ses moindres détails. Sur l’ensemble de ces surfaces. La solitude abyssale seulement provoquée par la présence d’effets personnels. Presque de trop dans cette demeure autosuffisante. T’accrochant comme un parasite à ces murs. Son baiser dessine un léger sourire sur ton visage, récompense à cette initiative… Est-ce ainsi que les autres procèdent ? Par un ballet indolent d’attention effeuillant les intentions ? Si tu devais agir sans le couvert d’un masque, sa chaire serait déjà marquée de tes dents. Tu sentiras son parfum sur ta peau. « Pour l’un de tes baisers, je suis prêt à oublier toutes les politesses. » Un léger rire s’extrait de ta bouche alors que tu avances dans le salon, écartant les bras pour lui présenter. « Puis-je donc connaître ton avis ? » Tes yeux parcourent les étagères gorgées de livres, des cadres photos… Avant de disparaître vers le bar et la cuisine ouverte. « Ne te prive pas d’être curieuse. »

Un lieu qui ne ressemblait en rien à son quotidien, une atmosphère imprégnée d’une odeur presque aussi stérile que celle d’un hôpital. L’âme semblait arrachée d’entre les murs, ces espaces trop grands, ces futilités éparpillées à travers la modernité. Un monde différent s’ouvrait à elle, un monde qu’elle n’était pas certaine d’apprécier. Pourtant, ce soir, ses pensées étaient en fusion. Elles mettaient de côté tout ce qui pouvait déranger, le temps d’un instant, pour laisser place à la facilité. Une pause hors du temps, où toutes les barrières semblaient levées. Tu appelles ça un vrai baiser ? lança-t-elle, amusée, bien consciente que sa passion et ses flammes s’exprimaient autrement que dans ce simple geste. Sa silhouette féminine avançait dans cette antre, son regard curieux glissant sur les couleurs si neutres qu’il semblait presque impossible d’y trouver des indices. Ses pas la menèrent devant une vaste bibliothèque. Là, enfin, elle trouva une certaine familiarité, un semblant de réconfort dans cet endroit. Les livres avaient toujours été ses alliés dans les moments de solitude. Du bout des doigts, elle fit glisser son index sur les tranches des ouvrages, s’amusant parfois à en reconnaître certains titres. C’est très austère. Tu es là depuis peu ? demanda-t-elle en se tournant vers lui, un air d’analyse dans le regard. On dirait que t’as jamais vraiment voulu te poser ici. Comme si tout ça était éphémère. ajouta-t-elle, haussant légèrement les épaules avant de retourner son attention vers les livres. Je peux au moins dire que t’as d’bons goûts. murmura-t-elle, un sourire au coin des lèvres. Son cœur manqua un battement lorsqu’elle aperçut une photo dissimulée parmi les ouvrages. Elle saisit l’image, son regard s’arrêtant sur un visage qu’elle avait tant tenté d’éviter. À ses côtés, l’ange, souriant dans ce moment fraternel immortalisé. Son cœur s’emballa, et ses pensées, si bien contenues jusque-là, explosèrent. C’est quoi cette merde, Solal ? le ton chargé de colère et de confusion, la photo toujours entre ses doigts tremblants.

@Poppy Shipley — « Seulement un baiser, pour le véritable j'imagine que je dois encore m'armer de patience... Mais si tu es d'humeur généreuse, n'hésites pas. » Ta voix résonne presque entre les murs alors que tu te diriges vers la cuisine, tes pas claquant contre le parquet. Les deux verres sur le bar, le liquide ambré. Un glaçon. Le service est rapide et tu retournes à sa découverte. Elle, l'exploratrice détaillant ton intérieur. « Depuis plusieurs années déjà. C'est... Fonctionnel et efficace. » Tu déposes son verre sur la table basse, profitant d'un tien pour avaler une gorgée. « Mh. Peut-être bien. Je passe assez peur de temps ici, seulement des heures de sommeil en réalité. » Ses pérégrinations font naître un sourire sur ton visage. Incapable de décrocher sa proie. « Je suis flatté d'un tel compliment. Ils sont suffisamment bien assortis aux tiens ? » Et l'instant. Fût une époque, tu étais persuadé que la violence résidait dans les coups, dans la guerre, dans le sang. Dans les éclats tonitruants, les respirations hurlantes et la bave rageuse. Avec les années, tu as compris qu'elle est aussi dans le silence, qu'elle est parfois invisible à l'œil nu. La violence s'avère aussi cruelle dans ce temps qui recouvre les blessures, l'enchaînement irréductible des jours, cet impossible retour en arrière. Elle nous échappe, elle se tait, tapie dans l'ombre. Elle est inexplicable, opaque à nos pensées. Obsédante, enivrante à s'en gorger, à boire sa coupe jusqu'à la lie. L'éclair traverse son regard, la photographie serrée dans sa paume. Ta démarche est lente, tortueuse jusqu'à sa silhouette si sombre sur cette palette aseptisée. « Une vieille photographie. Pourquoi ? » Tu observes l'image, ton sourire et sa présence. A lui.