Tu avais beau avoir imaginé toute ta vie le moment, rien n’était comparable à ce que tu pouvais ressentir dans ce moment, main dans la main avec l’être qui partagerait bien plus que ton nom de famille. Ici, tout était simple et épuré, et tu te rendis soudainement compte qu’il n’y avait pas besoin d’un mariage luxueux où tout serait dans la démesure pour que tu te sentes telle une princesse au pied de cet autel, face à cet homme d’église. Ton cœur battait la chamade, ta respiration se saccade frénétiquement et tes doigts resserrent doucement ceux de Gabe comme à une ancre qui te faisait savoir que tout ce que tu vivais était bien réel et non le fruit de ton imagination. Un sourire fendit tes lèvres à ses paroles et une douce teinte rosée s’empara de tes joues avant que vous ne soyez côte à côte, scrutant les moindres mouvements de lèvres du prêtre qui, après vous avoir laissé un petit moment, se mit enfin à scander ses paroles sacrées. Tu avais tant de fois entendu ces mots dans les films que tu anticipais presque les prochains, t’impatientant d’arriver aux phrases les plus importantes du crémant. Une légère boule au ventre s’installa alors qu’enfin, tu entendis le patronyme de Gabriel s’élever dans les airs, pourtant, tu savais que sa réponse n’était que positive, mais tu ne réalisais pas encore tout ce qui était en train de se dérouler. Pourtant, lorsque ce fut à ton tour de prendre la parole, tes mots furent naturels, sonnant avec clarté et délicatesse aux oreilles des invités, ou du moins, du personnel qui s’était incrusté à la cérémonie. Tu vis alors les commissures de ton amant s’étirer timidement, et il quitta ton regard le temps d’un instant pour attraper ton alliance et la glisser à ton annulaire de manière si douce que tu aurais cru être une poupée en porcelaine, si fragile qu’il fallait manipuler avec soin. Toi-même, reproduis le geste protocolaire, puis, laissa tes yeux s’abandonner à la rêverie alors qu’ils fixaient cet anneau qui était enfin, officiellement gage de votre union. Tu imaginais toute cette belle vie que tu avais devant toi, tous les moments magiques que tu passerais en sa compagnie et toutes les petites ridules qu’il finirait par avoir avec le temps, chacune d’entre elles représentant un instant précieux de votre mariage. Enfin, était venu le bouquet final, et dans les exclamations des gens, tes joues furent tendrement écrasées entre les paumes de ses mains, tes lèvres rencontrant les siennes dans un baiser tout aussi beau que passionné. Tu étais encore sur ton petit nuage, ayant du mal à comprendre qu’il était à présent tien, mais ce murmure te ramena à la réalité.— Per sempre e per sempre… Que tu réponds alors, toi aussi dans un chuchotement destiné uniquement à lui, comme une promesse beaucoup plus solennelle entre vous que tu serais là pour l’éternité. Reposant tes lèvres sur les siennes, tu te permis de lui voler un autre baiser avant que le bout de ton nez ne vienne se frotter au sien dans un geste d’affection sincère.— Je suis prête à affronter l’univers avec toi, Monsieur Pastor-Moretti. Sans plus tarder, le maître de cérémonie vous invita à venir signer des papiers, afin d’officialiser auprès de l’état votre nouveau statut et tu t’empresses alors de te saisir de ce stylo-bille pour apposer ta signature sur le bas de la page, ainsi que d’inscrire ta nouvelle identité sur cette dernière. Tu observes finalement Gabe faire de même, s’appliquant pour juxtaposer sa signature à côté de la tienne. Dans un geste qui te surprit quelque peu, Gabriel t’attrapa par la taille et te souleva du sol pour vous faire tourner sur vous-même dans un geste d’excitation pure qui ne lui ressemblait guère. Mais la joie immense que vous ressentiez actuellement devait bien s’exprimer comme elle le pouvait. Un baiser échangé alors que tu retrouves la terre ferme, tu glisses ta main contre sa nuque, posant son front contre le tien dans ce geste qui vous étiez si cher.— Maintenant, tu es tout à moi. Mon époux. Mon mari. L’amour de ma vie. Et plus rien ne pourra m’arrêter de t’aimer comme tu m’aimes. Plus rien ne nous séparera, j’te le promets.
(Clémence Pastor-Moretti)