Sunday Bloody Sunday [Wittriver

Si de coutume, elle ne célèbre pas Thanksgiving, cette année, elle a l’impression de ne pas s’arrêter. Mais pour celui-ci, ce n’est pas comme si elle avait eu vraiment le choix, parce qu’elle espère vraiment que l’équipe du journal va rester soudée. N’a pas envie de voir le Crimson faire naufrage sous sa direction.
Alors ils sont tous réunis – ou presque –, dans la salle d’un restaurant, prêts à bruncher. Les conversations fusent dans tous les sens, les rires s’entendent, ici et là, et elle réalise de plus en plus combien elle aime ça. Combien elle a envie d’être journaliste. Comme elle a eu raison de décider de changer de cursus et de ne pas rester les bancs de la politique.

Elle est assise au milieu de ses collègues, lorsque la dernière absente fait son entrée… accompagnée. Et elle ne peut pas mentir, en voyant la silhouette du garçon postée à côté de la sienne, elle manque de s’étouffer. L’employé d’hier, elle mettrait ses mains à couper, elle le reconnait. Si bien qu’elle éprouve une sensation désagréable, sans vraiment savoir pourquoi. Cela dit, ce n’est toujours pas son genre de porter un jugement, elle lui laisse le bénéfice du doute, et se contente de prononcer, « Bonjour, » en souriant, et invite le couple à prendre place à proximité d’elle, et poursuit d’un sourire l’incitant à se présenter, « Haiwee, et tu es… ? » elle n’a pas entendu, ou pas écouté, trop estomaquée, et tandis qu’elle lui demande, elle se décide pour de la dinde, totalement de mise en cette période.

Les bonnes manières sont de mise du côté de son interlocuteur, attrapant sa serviette de table pour la glisser comme il se doit sur ses jambes, chose que la brune n’a pas fait. Mais elle n’est pas mal à l’aise pour autant, elle est habituée à dénoter maintenant. Puis tant que Sheng ne ressent aucune honte à se tenir à côté d’elle, elle imagine que ce n’est pas bien grave. « Heu,.. Dale. » Elle incline le visage vers lui, ses lèvres s’arquant en un sourire contrit.

L’attention de la Haiwee glisse simplement sur la pigiste qui l’accompagne, elle remarque ses phalanges qui se posent sur celle du jeune homme, assumant la relation qui les lie, et donnant à l’amérindienne, finalement, un air amusé. Fanatique de comédie romantique, elle devine leurs débuts, la journaliste en herbe et l’employé de rayon serviable, dans un mois, ça aurait été le début d’une romance de Noël à bien y penser. Secouant le visage, c’est à la dinde qu’elle revient, « C’est rien. » Elle fronce les sourcils pour les mots et pour son piètre couteau, tandis qu’elle se concentre à nouveau sur lui, « Des vapeurs. » Ce n’est pas très… correct de se mêler, Haiwee, « Il fait chaud ici. » Alors ses illusions à leur sujet s’étiolent, ce n’est que maintenant qu’elle a l’impression de voir les choses dans la réalité. Les films d’amour sont soudainement éloignés. Que ce soit à cause de sa partenaire ou encore du repas, il n’a aucune envie d’être là. En même temps… C’est pour cela qu’elle n’a pas insisté pour que son propre petit ami l’accompagne à ce déjeuner. « Je sais ce dont tu as besoin… » qu’elle murmure, désignant la dinde de sa fourchette, « d’un vœu. » pour voir son envie de disparaître se réaliser.

Il semble partir dans une réflexion mentale que l’étudiante en journalisme a du mal à interpréter, comme si sa proposition méritait d’être soupesée. Le pour et le contre de l’autre côté. Cela dit, elle se fait patiente en un soupir, dans tous les cas, c’est bel et bien la dinde qu’elle va choisir. Et si ce n’est pas avec lui, c’est en étant accompagnée d’un autre convive qu’elle compte bien conjurer le mauvais sort, et ainsi prendre sa revanche sur la victoire de Sheng lors de sa première tentative de ressortir gagnante au jeu du bréchet.

Puis enfin, après quelques secondes, il accepte sa proposition en un sourire. Alors, rapidement, la brune prend les devants. Elle se redresse, attrape la volaille, et elle commence à la découper de façon peu orthodoxe, mais après tout, ils ont à présent un but précis dans ce début de repas, alors… « A défaut de m'aider à récupérer un casque… » dit-elle tout en continuant sa quête de l’os magique, précise donc qu'elle l'a reconnu, massacrant au passage la chair juteuse de l’animal, heureusement que durant le repas avec les Franklin c’était Sheng qui avait pris le relai. Enfin, peut-être qu’ici ce n’est pas non plus conseiller, lorsqu’on occupe le poste de rédactrice en chef… Néanmoins, c’est à présent trop tard pour se défiler. L’os convoité bientôt dévoilé.