just you and i [rosace 18]

tes lèvres qui répondent favorablement à mon appel. à mon manque. cette peur tapie dans l'ombre que tu finisses par les rejeter. assombrit les pensées. effleure l'angoisse de te perdre. le cauchemar que j'souhaite maintenir enfoui. qu'il reste dans les limbes du sommeil. ne frôle jamais la lumière. ne se réalise jamais. douceur qui accompagne mon sourire, les orbes qui suivent le mouvement d'en bas. fixée sur nos doigts liés. perdue dans mes agissements. maintenir le contact ? le prolonger ? m'retirer ? j'sais plus quoi faire. lippe supérieure torturée, mordillée. l'regard qui jongle entre le tien et nos mains. ─ toujours à 9,5 sur 10 ? utilise l'ancien motif de désaccord pour m'sortir de mon propre chaos. j'coule, indubitablement. j'veux pas gâcher ce moment. mais j'me sens même plus légitime. là, assise près de toi. sentiment d'imposture qui m'force à opter pour la distance. ─ j'vais prendre une douche.... distance, distance, distance. prenant la direction de la salle de bain. la serrure restant déverrouillée. au cas où. m'asseyant contre la porte. l'visage enfoui dans les bras. apeurée. le myocarde qui se brise. le gouffre qui s'ouvre à mes pieds. pas prête à basculer. dans ce monde où j'ne suis plus celle qui te rendra heureux.

Elle se défile, encore, et le contact est rompu. Okay. J'reste dispo si la commande arrive pendant ce temps. Mots balancés sans vraiment s'y intéresser, parce que là, c'est la peur d'un abandon qu'il devine imminent qui lui attrape les chevilles et l'empêche de la suivre. À peine arrivés et posés dans la chambre d'hôtel, et Rose le fuit. C'est évident. Ça crève les yeux, et il sait pas comment gérer la chose, alors il reste assis sur le lit, même après qu'elle ait disparu derrière la porte. Se mordant la lèvre, Ace baisse le regard, réfléchissant ; pourquoi être venue si c'est pour rester loin ? Pour s'infliger cette souffrance ? D'un regard vers la porte, il songe à la rejoindre, mais se ravise finalement. Faut qu'il bouge, qu'il fasse un truc. Un prétexte de merde, pour lui laisser l'espace dont elle a besoin ; il suppose. Alors il se relève, récupère la carte d'accès à la chambre, puis s'arrête derrière la porte de la salle de bain. J'vais chercher de l'eau au rez-de-chaussée. Excuse bidon ; sans son téléphone, ni celui de Rose, juste lui et la carte de la chambre. Il sort, et la porte se referme doucement alors qu'il s'éloigne déjà dans le couloir, en proie à la confusion et à l'angoisse.

crâne frappé. mes mains comme bourreau, appliquant la sentence entièrement méritée. les jambes qui ont fui, inconsciemment. non. connerie. consciemment. j'le sais. j'ai pas su gérer. ce besoin de reprendre le contrôle de mes émotions. le contrôle, l'unique aspect de ma personnalité que j'conservais. que j'désirai conserver. et pourtant, j'avais tort. j'maitrisais rien. rien du tout. j'vais chercher de l'eau au-rez-de-chaussée. hein ? tu t'en vas ? où ça ? j'ai pas compris. j'crois ? où est-ce que tu pars ? l'cerveau qui déraille, le coeur qui se brise. pouvant l'entendre. cette fissure interne. j'me relève subitement, actionne la poignée de la salle de bain. la chambre, vide. courre jusqu'à la porte d'entrée. le couloir, vide. j'me laisse tomber. les jambes qui se dérobent sous le poids de la culpabilité. j'suis en train de tout gâcher. ressaisis-toi rose. regarde les choses en face. il est parti. l'corps qui tremble, qui peine à se relever. le rez-de-chaussé il a dit ? j'te suis ? je t'attends ? tu vas revenir n'est-ce pas ? putain mais rose, qu'est-ce qui merde chez toi sérieusement ? j'reviens vers le lit. patiente. fais les cents pas. les battements se font entendre. internes. martèlent la poitrine. bien trop fort. et lorsque tu finis par tourner la poignée, j'peux que me relever. avancer. vers toi. les mains prises, probablement le repas de ce midi. aucune importance. mon corps qui se presse contre le tien. enlace ta nuque de mes bras. ─ me refais plus jamais ça. ne me fais plus peur comme ça... tu... je deviens quoi si t'es plus là hein ? resserre l'emprise. ne compte plus te lâcher. plus jamais.

L'angoisse aux trippes, Ace reste au rez-de-chaussée jusqu'à ce que la commande arrive. Il la récupère, salue le personnel de l'accueil, et disparait dans l'ascenseur pour revenir à l'étage de leur chambre. Est-ce qu'il a pris suffisamment de temps ? Est-ce qu'il lui a donné assez d'espace ? Sac dans une main, bouteille d'eau posée dedans, et la carte dans l'autre, Ace actionne la porte de la chambre et y rentre, avant d'être accueilli par une étreinte surprise de la part de Rose. Rose !? Même pas le temps de lui demander ce qui ne va pas, elle lui reproche de lui avoir fait peur. La confusion le reprend, et il réalise à la suite de ses paroles qu'elle pensait qu'il était parti. Carte glissée dans la poche de son jeans, Ace passe un bras autour d'elle et dépose un baiser sur sa tempe. Je pensais que tu avais besoin d'être tranquille, un peu. Le corps se penche légèrement alors qu'il vise la commode voisine avec son bras et y dépose leur repas, de façon à pouvoir enlacer sa bien-aimée de ses deux bras. Il la serre et la berce contre lui, visage dans son cou, rassuré qu'elle cherche encore son contact et qu'elle veuille qu'il reste. Je reste avec toi. Je vais nulle part.

j'te laisse à peine le temps d'entrer. de pénétrer dans notre cocon. supposément. bulle que j'venais de briser. encore une fois. incapable de me décider. de faire un choix. et t'en payes les conséquences. j'suis pathétique hein ? me rendre compte après coup que t'es le seul air que j'souhaite respirer. la seule peau que j'veux toucher. les seules lèvres que j'veux embrasser. c'est donc ça aimer à en crever ? cette sensation, lourde et imposante. la perte de te voir partir définitivement qui balance toutes les incertitudes. les doutes. y'a que toi qui compte après tout. pourquoi j'm'en rends pas compte ? pourquoi j'continue de te repousser quand j'sais que j'te reprendrai dans mes bras dans la minute qui suit ? pitoyable. mais tant pis. ce que tu penses de moi. ce que tu veux avec moi. tant que moi j'te le dis. je te l'avoue. tes lippes retrouvent refuge sur ma tempe, dans le cou. tu renforces l'étreinte, de tes deux bras cette fois-ci. le repas supposément déposé autre part. aucun intérêt. la seule faim qui s'exprime, c'est ce putain d'amour que j'ressens pour toi, qui me consume. si j'l'exprime pas correctement. si j'laisse encore les malentendus nous détruire. communique rose. parle. dis les mots. ─ je t'aime. je t'aime. je t'aime. trop répétitif ? techniquement, j'devais pas les sortir maintenant. mais encore une fois, merde. soulève le menton pour venir récupérer tes lippes. te plaquer contre la porte d'entrée. j'm'enivre de tes baisers. de ton toucher. de ta présence. de ton parfum. ─ ... j'veux rester à tes côtés... j'patienterai... j'deviendrai celle que tu veux que j'sois. si ça me permet d'être la seule ici. pointe le coeur du doigt. exprime tout ce qui m'passe par la tête. m'écarte de tes lèvres pour y revenir. l'sourire qui se pointe. l'dernier baiser. avant de glisser mes mains sur tes joues. basculant légèrement la tête sur le côté. et t'offrant certainement mon sourire le plus éclatant que j'puisse faire. ─ j'suis amoureuse de toi ace. vraiment. et ça me donne envie de sourire. comme la dernière fois... quand toi tu me l'as avoué pour la première fois. tes émotions premières devenant les miennes.

Je t'aime. Les mots qu'elle répète en boucle et qui le laissent sans voix, ne comprenant pas ce besoin de le répéter, aussi subitement. A-t-il donné l'impression d'en douter ? Ou cherche-t-elle à évacuer un trop plein d'émotions ? Il est poussé contre la porte qui se ferme en un claquement sonore dans son dos, et ses lèvres se font capturer par celles de Rose. Ce soudain changement d'attitude est incompréhensible à ses yeux, mais il ne s'en dérobe pas, au contraire ; il renchérit même les baisers, ses mains tenant le corps de l'italienne contre le sien ─ jusqu'à ses mots. Tout serait parfait, et tout aurait pu l'être, si elle n'en avait pas prononcé certains. J'deviendrai celle que tu veux que j'sois. Depuis quand ? Quand a-t-il émit ce souhait qu'elle change pour lui ? Elle réaffirme son amour, encore, et une bataille est livrée en Ace, dans le plus grand silence, alors qu'il reste sans voix. La bouche s'ouvre, pour prononcer des mots qui ne sortent pas, et il finit par souffler avec un sourire, définitivement trop pris de court pour parvenir à rassembler ses pensées. Je... oui... ok... ? Les pensées s'alignent pas ; entre la déclaration d'amour soudaine alors que cinq minutes auparavant il pensait qu'elle allait le rejeter, le refus qu'elle se sacrifie pour lui, et l'envie de lui répondre, le cerveau disjoncte un peu. Mais... il doit lui dire non ? Ou plus tard ? Il papillonne du regard. Je suis... tu me prends totalement de court là... balbutie-t-il. Mais une chose est sûre, dans tout ça. C'est qu'il l'aime aussi. Tu es déjà la seule, ici. Y'a pas de place pour deux. C'est juste toi. insiste-t-il en laissant sa main sur l'emplacement de son coeur. Je t'aime. Telle que tu es. Tu n'as pas besoin de changer pour garder cette place... elle t'appartient déjà. Pourquoi tu veux changer ? Une façon de lui dire qu'il ne lui a rien demandé de tel, lui. Car de la même façon que lui veut changer, c'est pour lui qu'il le fait ; et si elle envisage un changement, il ne faut pas que ça soit pour lui.

Les billes sombres d'Ace passent d'un oeil à l'autre de Rose alors qu'il l'écoute, surpris. Pas ce à quoi il s'était attendu, honnêtement. Il l'avait imaginée le repousser, lui dire que c'était fini et qu'elle ne saurait pas encaisser. Qu'elle ne tolèrerait pas ses débordements, ses faux pas, quand bien même elle essayait ─ mais ces mots-là, ceux qu'elle prononce, il y croit. Aveuglément. C'est comme si la lumière qu'elle dégage naturellement s'amplifiait davantage et chassait un peu plus les ombres qui l'entourent, et c'est facile de voir à l'expression d'Ace que c'est plus que ce qu'il avait espéré. Soulagement, amour, espoir, reconnaissance ; y'a tout qui fracasse la porte du coeur, et ses bras reviennent entourer les épaules de Rose pour venir la serrer contre lui avec force. Cette étreinte est différente, chargée en émotion, et elle peut le sentir aux battements de coeur un peu fou dans la poitrine d'Ace, alors qu'il enfouit son visage contre elle. Je t'aime, Rose. Je t'aime tellement, t'as pas la moindre idée, j'ai l'coeur qui va exploser. La pensée martèle ; il l'aime, si fort, si passionnément, même si le monde entier pourrait en douter. Lui, il en est absolument certain.

l'indécision me consume de l'intérieur. rend mes pensées irrationnelles. complique les décisions à prendre. tout se mélange. ce bourdonnement incessant qui tiraille les nerfs. ce martèlement intolérable qui prend d'assaut la poitrine. l'épouvante vérité qui m'fait comprendre mon issue. devoir prendre sur soi. ne pas reculer. accepter. j'le promets, en cet instant. sans vraiment mesurer les conséquences de cet engagement. savoure l'étreinte que tu me proposes. plus intense. plus vive. plus émotionnelle. pouvant ressentir cette peine qui se désagrège. cette culpabilité qui t'condamnait en silence. j'suis en train de t'en libérer, n'est-ce pas ? m'condamnant probablement moi-même par la même occasion. pensée dissimulée. écartée. préférant me concentrer sur ces mots employés. déversés. réchauffent le palpitant. anime ce brasier tout entier qui brûle pour ton âme. ─ en me serrant aussi fort, j'risque de mourir étouffée par ton amour. ce serait dommage non ? les mains guidées par la douceur qui te font légèrement reculer. que j'puisse poser mon front contre le tien. ─ c'est ok pour toi ? de le me répéter ? de me le rappeler ? suffisamment pour que j'puisse plus douter ? ou qu'on me fasse croire l'inverse ?

L'étouffer n'est pas son but, aussi Ace relâche son étreinte légèrement, sans pour autant retirer ses mains d'elle. Il s'amuse de la réflexion, le souffle se perdant furtivement sur les lèvres de Rose alors qu'il sourit. Autant de fois que nécessaire. Ses mains viennent alors encadrer son visage en douceur, et il dépose un premier baiser sur ses lèvres, reprenant ensuite la parole. Tu peux questionner tout ce que tu veux à mon sujet, mais s'il y a bien une chose sur laquelle je te demande de me croire aveuglément, c'est ça. Il récupère à nouveau une de ses mains, qu'il maintient à l'emplacement de son coeur, insistant pour qu'elle en sente les battements. Tu la sens la différence ? Quand tu es près de moi, quand tu me touches, ou quand je te dis que je t'aime. C'est pour toi. Uniquement pour toi qu'il fait ça. Le rythme légèrement plus accéléré, plus agressif, semblant vouloir bondir hors de sa poitrine alors que ses lèvres reviennent chercher les siennes, main derrière sa nuque, offrant un long baiser à Rose.