Sous les feuillages colorés (ravince)

Tu marches aux côtés de ton mari, chaque contact, aussi léger soit-il, t’arrache un sourire. L’air est frais, vif, mais pas trop mordant, juste assez pour que les joues rosissent et que vos souffles forment de petits nuages éphémères. Les feuilles mortes craquent sous vos pas, tapissant le sol d’un camaïeu de rouille, d’ocre et de rouge fané. L’automne est à son crépuscule, et la forêt s'endort doucement sous cette palette douce-amère.

Lalu trottine devant vous, sa petite queue battant l’air avec enthousiasme. Elle s’aventure de droite à gauche, renifle chaque recoin, disparaît un instant derrière un tronc avant de revenir vers vous, les yeux brillants de joie. Tu la regardes avec attendrissement, heureux de la voir aussi insouciante, aussi vivante. Ton mari te glisse un regard complice, et sans un mot, sa main trouve la tienne. Le monde autour pourrait s’effacer ; ici, dans ce moment, tout est à sa juste place. Tu es là, avec lui, avec Lalu, au milieu de cette forêt qui semble faite pour vous accueillir. Le silence est apaisant, ponctué seulement par le bruissement des feuilles et le bruit discret de vos pas synchrones.

Tu inspires profondément, l’air frais emplissant tes poumons. La chaleur de sa main dans la tienne te rappelle que, peu importe les saisons qui passent, cet instant est une promesse tenue. Et cela te suffit.

Voilà ce que tu appelles une magnifique après-midi en compagnie de ton mari. Tu lui as proposé cette petite activité alors qu'il fait encore clair à l'extérieur... Tu avais terminé ta journée deux heures plus tôt, alors tu t'es dit que vous pourriez profiter des belles journées d'automne, le temps qu'il y en a encore. Tu souris. Son simple contact te suffit à étirer tes lèvres pour montrer au monde que tu es heureux.
Lalu aussi a le don de te fondre le visage avec cette joie. Cette petite bête, qui grandit à tous les jours, te remplit d'un sentiment positif. Tu peux presque dire que c'est le meilleur cadeau que ton mari aurait pu te faire ! Bien que ce soit aussi pour lui, puisque vous voulez l'entraîner pour qu'elle devienne un chien de service pour ses crises épileptiques. Tu jettes un petit regard complice à ton amoureux lorsque la chienne revient avec cet air pétillant avant de venir entrelacer ses doigts aux tiens. Tu tiens la laisse du chiot dans ton autre main, juste au cas où. Tu reposes ton regard devant, laissant l'air froid d'automne caresser ton visage. "Tu crois que tu peux prendre une photo de Lalu ? J'ai oublié mon cellulaire dans la voiture."
Toi et tes photos... Toujours à en prendre. Tu as peur d'oublier. Peur de développer la même maladie que ta mère.

Tu regardes ton mari avec un doux sourire, puis tes yeux sont captivés par la danse aérienne des feuilles qui tombent lentement sur le sol dans une corégraphie au multiple couleurs. Tu baisses les pupilles sur le corps poilu de la chienne avant d'afficher un doux sourire. Lalu a déjà commencé de petites bases de son entraînement puisqu'il faut continuer pendant presque 3 ans. Tu serres gentiment les doigts dans la main de ton compagnon avant de te tourner vers lui quand il te demande pour la photo. Tu sais sa peur, celle qui le dévore pour ne pas devenir comme sa mère. ''- Quelle sorte de photo voudrais-tu ? Toi avec elle ? Elle toute seule ? Moi avec elle ? Dis moi quel genre de photo tu veux ?'' Parce que cette question est trop vague et tu ne peux pas lui donner ce qu'il désire sans plus de précision. ''- Tu sais comment j'aime l'automne ? Que ce soit la température, les couleurs, la senteur ? Les sons...'' Comme le simple fait de marcher dans des feuilles qui craquent sous les pieds.

Tu n'avais pas vraiment pensé à la sorte de photo. Tu regardes Lalu puis ton mari puis Lalu à nouveau. "Tout plein de différente... Du moins... J'aimerais bien en avoir de Lalu, de toi avec Lalu... De nous deux... et de nous, trois" Lui dis-tu avec un sourire. Tu tiens des albums photos que tu aimes regarder de temps en temps... Des souvenirs passés avec ton mari et ta famille. Surtout des moments en famille, comme les petites fêtes et les anniversaires passés avec eux.
Tu serres sa main toi aussi et ton sourire grandit lorsqu'il te parle de comment il aime l'automne. "Oui, je sais... Et j'avoue que c'est l'une de mes saisons préférées aussi." Tu t'arrêtes et t'accroupis pour faire venir Lalu à toi. "Lalu... Ici." Commandes-tu en la regardant arriver en courant. Tu la prends dans tes bras pour l'embrasser avant de te tourner vers ton mari.

Tu comprends ce qu'il veut. Lui aussi, il te dit que l'automne est sa saison préférée et tu le crois sincèrement. Il s'accroupit afin de commander à la chienne de revenir et tu l'observe elle, faire, jusqu'à lever les yeux quand il l'a dans les bras. Tu t'approches venant caresser la tête de la chienne tout comme tu viens ensuite poser la main contre la joue de ton époux. Depuis le mariage... Tu es léger. Tu n'affiches aucun comportement anxieux. Aucun signe d'une nouvelle crise potentielle depuis celle de cet été. Tu t'éloignes en sortant ton téléphone et tu viens le positionner. ''-Tu es prêt !'' Quand il te fait signe que oui, tu te mets à prendre quelques clichés avant de changer d'angle. Tu reviens vers eux et tu lui tends le téléphone pour qu'il puisse avoir un meilleur angle avec son bras. Tu es trop petit à comparé lui pour faire ça. Tu te colle à eux. Puis, quand c'est ton tour, tu tends les bras pour prendre Lalu. Tu enfouis ton nez dans son pelage pour une photo, puis tu souris, la joue contre sa tête et tu offres quelques positions comme ça durant la session avant de poser la petite sur le sol. ''- Tu crois... Qu'un jour on fera ça avec des enfants...?'' Tu n'es pas certain d'avoir eu envie de poser la question, puisque c'est un sujet sensible, à tes souvenirs.

Tu lui fais signe que oui de la tête lorsqu'il te demande si tu es prêt. Tu fais quelques poses avant de prendre le téléphone pour faire un petit selfie avec ton mari. Ensuite, tu lui tends la chienne pour pouvoir jouer au photographe à ton tour. Ton mari est tellement photogénique ! Mais peut-être est-ce parce que tu le trouves canon... Lorsque vous avez terminé, tu attends qu'il dépose le chiot au sol avant de lui donner son cellulaire, tout en écoutant sa question qui te surprend, mais oh comme elle te fait plaisir... Même si tu as cette autre peur d'être comme ton père. "Tu... Veux des enfants ?" Demandes-tu dans un mélange de joie et d'incertitude. Tu ne peux dire exactement le sentiment que tu ressens, mais oui, tu aimerais avoir des enfants un jour. "Oui... Du moins... Je l'espère pouvoir le faire un jour avec des enfants... Bien que j'avoue avoir peur d'être comme mon père." Même si celui qui pourrait devenir comme ton père est Paolo... Et non toi. Parce que toi, tu es trop doux et attentionné.

Oh, tu le vois bien dans les yeux de ton mari qu'il est surpris et tu hausses légèrement les épaules, un peu gêné. "- Je... enfin... oui...?" Parce que ce n'est pas à cause de ton père que toi, tu vas te refuser d'avoir une famille. Tu fronces les sourcils quand il te dit d'avoir peur d'être comme son père. "- Dit Vinnie.." que tu énonces en ayant une expression pensive. "- Tu... veux lever la main sur un enfant ou le protéger ? Tu veux lui donner de la patience ? De l'amour ? T'amuser avec cet enfant...? Bien sûr que tout ne sera pas toujours rose... Mais si tu réponds oui à toutes ces questions et que tu veux une éducation évolutive, communicative... Je ne vois pas en quoi tu seras comme ton père ??"

Tu as souris lorsqu'il te confirme que oui, il veut des enfants. Parce que toi aussi, tu en veux... Bien que tu aies toujours cette peur de devenir comme ton père. Quelqu'un qui les réprimande avec des coups et qui gueule presque tout le temps sur eux. Tu ne t'es jamais entendu avec ton père. Et depuis que tu as déménagé à Boston, tu ne lui as jamais plus parlé. Mais ça n'empêche pas d'avoir peur. Tu tournes la tête vers ton époux lorsqu'il commence à parler, l'air pensif. Il te pose quelques questions que tu n'as pas de mal à répondre oui. Surtout que... Tu ne lèverais jamais la main sur un enfant. De toute façon, tu es bien trop doux de nature. Même si tu as déjà frappé ton compagnon. "Le protéger, et j'avoue que je peux répondre oui à toutes tes questions... Je.. Je vois ce que tu veux dire" Dis-tu avec un petit sourire. Tu comprends le raisonnement de ton mari, c'est beaucoup plus rationnelle que ta peur. "Alors... Est-ce que... Tu aimerais adopter ou trouver une maman porteuse ?" Tu ne veux pas, non plus, aller trop loin dans la conversation, mais il a quand même ouvert une discutions que vous n'avez jamais vraiment pris le temps de discuter. Bien que, tu serais heureux, peu importe, dans la mesure où ton mari sera à tes côtés.

Tu l'écoute, sans l'interrompre et quand il te dit qu'il comprend, tu es soulagé. Quand il te pose la question, toutefois, tu es un peu plus nerveux et tu baisses les yeux. "- J...je ne sais pas...? Autant j'aimerais en avoir un qui est de nous, autant un enfant dans le besoin d'une famille aimante serait une bonne idée je..." Tu pinces les lèvres avant de lever la tête pour regarder ton mari. "- Et toi..? Tu as une préférence ?" Peut-être que son choix pourrait influencer le tien ? Tu ne veux pas prendre la décision tout seul. Pas une décision aussi importante !

Tu reconnais la nervosité de ton mari et tu viens lui prendre la main pour essayer de le rassurer, de lui dire que tu es attentif à lui. "Je crois que... Je n'ai pas vraiment de préférence. Tout comme toi, autant j'ai envie d'en avoir un de l'un de nous, autant j'aimerais aider un enfant dans le besoin. Mais nous pouvons toujours faire les deux." Tu lui souris doucement en baissant les yeux pour le regarder lorsqu'il te regarde. "De toute façon, je crois que nous avons le temps d'y penser. Ce n'est pas une décision qui se prend à la légère. Et de ce que j'ai cru comprendre, pour avoir regardé il y a quelques années, par curiosité... Le processus d'adoption peut être long et difficile. Et je crois que nous avons ta résidence permanente à aller chercher en premier." Dis-tu avant de lever sa main pour l'approcher de tes lèvres et de l'embrasser. "Mais tout ça pour dire que je serais heureux d'avoir un ou plusieurs enfants avec toi, mon amour."