Sacrifices? Sacrilèges.
Que je sois pendu,
On empalé sur un glaive,
Combien d'ignominies dois-je subir
Pour que tu annonces la trêve?
Je me perds, en silence,
À chaque fois que surgit la douleur.
Si mon regard semble en absence,
C'est pour ne pas finir en pleurs.
***
« C'est à travers nos particularités que notre identité se révèle. » Douces paroles dont l'objet est de rassurer. Si je t'aime, c'est ainsi, sans conditions. N'est-ce pas de cette façon qu'on apprend aux jeunes de s'apprécier? La vérité est peut être un brin moins romantique. Car te voir exister sans défauts équivaudrait à devoir accepter ne jamais mériter ton amour. Si tu étais parfait, aucun ne saurait te résister. Dans ces circonstances là, pourquoi diantre resterais-tu avec un vieux schnock comme moi? « ... Et si la vie n'était que composée de bonheur, il serait bien sobre et sans saveur. » Une façon délicate d'admettre que oui, parfois tes excès d'anxiété m'irritent. Tout comme les miens ont sans doute l'art de te rendre chèvre. Mais le véritable art est celui de savoir communiquer avec tact et subtilité. J'ose espérer l'avoir maitrisé, avec le temps. « Absolument, mon ange. » Tout comme cette fois-ci aurait pu être prévue à l'avance. Cela fait combien d'années que nous sommes mariés? Au bout d'un certain temps, on finit par repérer les angles morts de notre relation.
Tombent alors les mots fatidiques.
Si tu veux, on peut faire l'amour.
Et tout s'arrête, car comment réagir dans pareille situation? Le besoin viscéral de te posséder se montre en conflit avec la frayeur que tu m'offres ton corps comme une monnaie d'échange, simplement afin d'apaiser mes humeurs, sans réellement ressentir la moindre ombre de désir pour moi. Inversement, l'anxiété demeure: est-ce un piège habilement tendu par tes doigts de fée? Me le feras-tu payer, d'ici quelques mois, lors d'une dispute qui n'a rien à voir avec le sujet du jour? M'accuseras-tu d'avoir orchestré la situation pour que tu te sentes obligé de me faire cette proposition si dangereusement alléchante qu'elle en demeure simplement dangereuse? Et que se passe-t-il si je refuse? Quand est-ce qu'une similaire opportunité se représentera-t-elle? Le nombre de moments d'intimité qu'on a partagé cette année se comptent sur les doigts d'une main. Combien d'autres instances nous restera-t-il avant ma mort?
« Qu'est-ce que tu veux faire, mon trésor? » Une réplique, craintive, tentative, que je te renvois. Pourtant, tu connais déjà ma réponse: tu sais que je raffole de toi. Et je ne peux pas m'empêcher de t'en vouloir secrètement pour nous avoir mis dans cette situation: celle où tu te sens coupable de ne pas pouvoir m'aimer comme j'en ai besoin, alors que je me sens coupable pour avoir commis le simple crime de te désirer autant.
Que je sois pendu,
On empalé sur un glaive,
Combien d'ignominies dois-je subir
Pour que tu annonces la trêve?
Je me perds, en silence,
À chaque fois que surgit la douleur.
Si mon regard semble en absence,
C'est pour ne pas finir en pleurs.
***
« C'est à travers nos particularités que notre identité se révèle. » Douces paroles dont l'objet est de rassurer. Si je t'aime, c'est ainsi, sans conditions. N'est-ce pas de cette façon qu'on apprend aux jeunes de s'apprécier? La vérité est peut être un brin moins romantique. Car te voir exister sans défauts équivaudrait à devoir accepter ne jamais mériter ton amour. Si tu étais parfait, aucun ne saurait te résister. Dans ces circonstances là, pourquoi diantre resterais-tu avec un vieux schnock comme moi? « ... Et si la vie n'était que composée de bonheur, il serait bien sobre et sans saveur. » Une façon délicate d'admettre que oui, parfois tes excès d'anxiété m'irritent. Tout comme les miens ont sans doute l'art de te rendre chèvre. Mais le véritable art est celui de savoir communiquer avec tact et subtilité. J'ose espérer l'avoir maitrisé, avec le temps. « Absolument, mon ange. » Tout comme cette fois-ci aurait pu être prévue à l'avance. Cela fait combien d'années que nous sommes mariés? Au bout d'un certain temps, on finit par repérer les angles morts de notre relation.
Tombent alors les mots fatidiques.
Si tu veux, on peut faire l'amour.
Et tout s'arrête, car comment réagir dans pareille situation? Le besoin viscéral de te posséder se montre en conflit avec la frayeur que tu m'offres ton corps comme une monnaie d'échange, simplement afin d'apaiser mes humeurs, sans réellement ressentir la moindre ombre de désir pour moi. Inversement, l'anxiété demeure: est-ce un piège habilement tendu par tes doigts de fée? Me le feras-tu payer, d'ici quelques mois, lors d'une dispute qui n'a rien à voir avec le sujet du jour? M'accuseras-tu d'avoir orchestré la situation pour que tu te sentes obligé de me faire cette proposition si dangereusement alléchante qu'elle en demeure simplement dangereuse? Et que se passe-t-il si je refuse? Quand est-ce qu'une similaire opportunité se représentera-t-elle? Le nombre de moments d'intimité qu'on a partagé cette année se comptent sur les doigts d'une main. Combien d'autres instances nous restera-t-il avant ma mort?
« Qu'est-ce que tu veux faire, mon trésor? » Une réplique, craintive, tentative, que je te renvois. Pourtant, tu connais déjà ma réponse: tu sais que je raffole de toi. Et je ne peux pas m'empêcher de t'en vouloir secrètement pour nous avoir mis dans cette situation: celle où tu te sens coupable de ne pas pouvoir m'aimer comme j'en ai besoin, alors que je me sens coupable pour avoir commis le simple crime de te désirer autant.
(Armand de Contrignac)