the black dog (dan)

Witter Indutries 11 10 2024

@Ford Fletcher Ambiance

none

Encore quelques notes de griffonnées à la va-vite sur son iPad fraichement acquis, il s’habitue petit à petit à son nouveau train de vie, pouvant s’offrir un peu plus qu’autrefois mais toujours en gardant à l’esprit qu’il ne doit pas abuser, bouffé par la crainte de replonger dans la pauvreté. Ce n’est pas qu’il roule sur l’or mais au moins, maintenant, il peut payer complètement son loyer tout en profitant un peu des bienfaits de la vie à côté.
Alors la tête penchée sur son écran, il analyse les lignes de séquençages sur les cultures qu’il a lancées, jonglant entre son clavier et les coupelles où grandissent les enzymes qui feront labelliser ses recherches. Il tente dès ce mois-ci d’accélérer la cicatrisation des tissus humains sans laisser de stigmates à la chair, usant des propriétés des plantes qu’il a longtemps étudiées. Cette fois, il s’est penché sur une espèce de végétal bien particulière dont il a extrait l’ADN polymérase grâce à un procédé méticuleux bien trop complexe à expliquer. Mais tout ceci n’a été possible que dans ces laboratoires derniers cris puisqu’il n’a jamais eu accès à ce genre de matériel jusque-là.

Alors forcément, puisque le minuteur à sa montre analogique, babiole d’un temps révolu, vient de retentir pour lui rappeler que les heures supplémentaires ne sont pas facturées, il s’arme de patience jusqu’au dernier bip sonore, les yeux toujours rivés sur l’équation sans fin qu’il lui faut décrypter. Rien encore d’assez concret pour déposer un brevet et certains regards dans son dos lui pèsent au point de psychoter. C’est donc pour cette raison qu’il ramène depuis quelques temps un peu de travail chez lui, emportant l’ordinateur portable du bureau contenant ses recherches pour continuer tranquillement une fois rentré. Son sac à l’épaule, il quitte encore une fois les bureaux sans se soucier de la gravité de ces agissements, saluant rapidement l’équipe de nuit qui balaye le grand hall pour descendre dans le parking souterrain. Sa voiture ? Il ne l’a pas encore changée, une petite Zaz Travia qui lui rend toujours bien service alors qu’elle semble plutôt être taillée pour les petits gabarits.

Mais une autre surprise l’attend une fois en bas : la silhouette d’un homme qu’il croit déjà avoir croisé, un mauvais présage pour la suite de la soirée. « Monsieur Hackman, justement l'homme que j'attendais. » Il s’est rapproché et pourtant le scientifique de ne se laisse pas intimider, cherchant les clefs de son véhicule dans la poche beaucoup trop ample de sa veste au lieu de le saluer. « Ford Fletcher, assistant personnel de Mademoiselle Witter. » La tentative de sociabiliser est observée, les empreintes analysées avant de se décider à les effleurer, dans une poignée vite abrogée. « Je me souviens, le portier, » encore amer de ce qu’il s’est pris dans le nez cet été. Un peu plus nerveux à présent, maladroitement, il tente de déverrouiller la serrure, le métal heurtant la carrosserie parce qu'il ressonge à cette humiliation, n'écoutant que la moitié de ce qui lui est reproché. « Je serais curieux de savoir ce qu'il y a dans votre sac. Voyez vous, dans les dernières semaines, vous semblez sortir avec un sac particulièrement rempli ou bien une boîte de carton entre les mains. Vous comprendrez que ça me semble suspicieux. » l’insinuation est assez limpide pour être cernée et il en reste complètement stupéfait.  « Pardon?? » Suspecté de vol pour revendre du matériel de son coté histoire d'arrondir ses fins de mois pourtant un peu plus aisées.... Un comble pour celui qui ne pense qu'a faire avancer cette société sur son temps libre. « J'espère que c'est une plaisanterie. C’est elle qui vous a demandé de me surveiller ? »