We keep going... (Khaël)

Cela fait un mois maintenant que Jaël t’aide avec tes séances de kinésithérapie. Un mois à partager cet espace entre vous, à te voir lutter pour retrouver ta mobilité, à sentir cette tension silencieuse qui s'est installée depuis que vous avez décidé de faire une pause. Une pause, mais pas une séparation. Pas encore, même si certains jours, ça y ressemble. Pourtant, il est là, fidèle à vos rendez-vous, à t’encourager comme il l’a toujours fait, mais tu sens bien que quelque chose a changé. Vous êtes différents, et c’est dur d’accepter que ça pourrait rester comme ça.

Aujourd’hui, tu as laissé le déambulateur. Depuis quelques jours, tu t'appuies uniquement sur une canne, un pas de plus vers une indépendance retrouvée. C’est une victoire, tu le sais. Mais elle n’a pas le goût que tu aurais imaginé. Chaque petit progrès te rappelle la fracture invisible entre vous, ce mur de non-dits qui continue de s’élever. Jaël arrive, comme d’habitude, et frappe doucement à la porte de tes quartiers. Tu t’es habitué à ses visites, à sa manière de ne jamais trop en faire, de rester dans son rôle sans envahir l’intimité que tu protèges si farouchement depuis cette pause.

Tu te lèves avec précaution, t’appuyant sur ta canne, et lui ouvres. Vos regards se croisent. Il sourit, mais c’est un sourire teinté de retenue. C’est ce que vous faites maintenant : vous souriez pour cacher ce qui reste encore en suspens entre vous. La dernière fois que vous avez vraiment parlé de votre relation, c’était juste avant que tout change. Avant l'accident, avant les blessures, avant que cette distance ne s’installe entre vos corps et vos cœurs.

" Salut, " dis-tu, ta voix un peu rauque, comme si ces mots restaient coincés dans ta gorge.