As you drive, taking me on a ride ft. Neo (29.09)

As you drive
Taking me on a ride

Boston and around, Massachusetts
afternoon, Sunday 29nd of September
surdité profonde

Soo-min faisaient les cent pas, elle n'attendait plus que ça. Le moral était descendu au plus bas, depuis ce mercredi là, et c'était compliqué de faire semblant quand ça n'allait pas. Elle avait forcé une sortie dans l'après-midi, mais ça n'avait pas suffit – ou lui avait pompé d'autant plus d'énergie, que le jeudi elle était restée dans son lit à laisser tourner en boucle ce qu'elle avait appris, et à quel prix elle s'était occupée du souci. Vendredi, la tête n'avait pas suivi, rendez-vous matinal le samedi, elle en était ressortie complètement anéantie. Les yeux avaient tant coulé que sa peau en avait été irritée, regarder une série romantique à la télé n'y avait absolument rien changé. Heureusement, Neo avait entendu son appel à l'aide, le besoin de respirer avant que l'étouffement le précède. Le message attendu enfin arrivé, il était prêt à partir et à la retrouver. Elle compta les minutes qui pouvaient les séparer, avant que le gong ne vienne à sonner, elle était en bas, regardant dans la direction par laquelle il devrait se présenter. Elle n'entendit pas le bruit de l'engin, mais le reconnut grâce aux vibrations ressentis sous ses pieds joints. Elle le laissa se garer, sur le large trottoir où elle était plantée, et rien que le voir finit par agrandir son petit sourire fatigué. Petit salut de la main effectué avant qu'elle ne se permette de s'approcher. {T'as été rapide}, qu'elle se mit à signer, façon indirecte de le remercier de ne pas avoir traîné – peut-être qu'il n'y avait tout simplement pas d'obstacles sur le trajet pour le retarder. Pas d'habit propre à elle pour aller rouler, mais il y avait tout de même ce casque de sécurité qui était bien taillé, elle l'accepta et n'attendit pas pour l'enfiler. Devant le plus grand, elle leva un peu la tête pour lui laisser accès à la réglette afin que tout soit fait proprement, que le casque soit son allié plus que son ennemi en cas d'accident. {Tu n'es pas trop fatigué}, qu'elle se permit de l'interroger, au courant des nuits blanches qui pouvaient l'empêcher de se reposer. Elle était presque désolée de l'obliger à ainsi tant devoir se concentrer. {Je peux monter}, elle demanda l'autorisation de se servir de lui pour passer l'une de ses jambes de l'autre côté, et ainsi s'installer.

@Neo Jang @Soo-min Woo
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afternoon, Sunday 29nd of September
surdité profonde

Rassurée à demi, elle était consciente qu'il ne voulait pas qu'on s'inquiète pour lui, mais elle ne pouvait s'empêcher de se faire du souci, avec les personnes qu'elle appréciait plis que tout c'était ainsi. Joues plaquées contre l'intérieur du casque que Neo lui avait prêté, elle le laissa terminer de régler les petits détails avant qu'ils ne puissent penser à s'échapper. S'éloigner de cette couverture dans laquelle elle s'était trop souvent enfermée, de cet appartement où les papiers imprimés par le banquier avaient failli l'asphyxier, de ce quartier trop beau pour une fille de pauvres restaurateurs endettés, de cette ville qu'elle avait quittée  « normale » pour revenir  bien « bancale » il y avait de ça quelques années. Elle regarda son cousin s'installer, attendit que le feu vert soit donné pour mettre un pied sur la selle du destrier motorisé, poser une main sur l'épaule qui se trouvait à portée, s'en servit pour passer une jambe de l'autre côté et bien se caler derrière l'homme qui allait la balader. Pouce levé comme moyen de communication, mains qui finirent par attraper le blouson, afin de ne faire qu'un en tournant au niveau des intersections. Vrombissements du moteur qui parcoururent tout son corps, pour le démarrage elle s'accrocha un peu plus fort. Le bolide ne fit qu'un avec l'asphalte, douce était la conduite entre chaque halte. Le vent semblait être de leur côté, à valider le départ vers cette sensation de liberté, il caressait plus qu'il ne contrait, enveloppait plus qu'il ne maltraitait. Et la proximité avait de quoi la réchauffer quand la tristesse l'avait, durant des jours glacée, au point de semer le doute quant au fait qu'elle soit, oui ou non, grippée. Entre eux, ça n'arrivait pas souvent, alors elle prenait tout ce bon que lui transmettait ce moment. Elle n'avait pas vérifié l'heure à laquelle ils avaient commencé, et ne s'inquiéta pas de celle-ci durant le trajet, trop apaisée par la légèreté qu'elle aspirait pendant qu'ils roulaient. Et puis vint l'arrêt, elle descendit, se mit face à lui, les jambes un peu engourdies. Casque retiré, ça ne la dérangeait pas de le porter. Bonne idée, elle parla, car impossible de correctement signer. Elle le laissa se stabiliser sur ses pieds, côte à côte ils finirent par marcher. Autour d'eux les gens semblaient heureux. Ils contrastaient un peu avec son sourire frileux, quand bien même elle faisait de son mieux – ça lui donna un peu les larmes aux yeux. Elle se donna un peu de réconfort, de ces bras qu'elle croisa contre ses côtes d'abord, distance entre elle et Neo qu'elle raccourcit d'un petit pas encore. Tout le monde paraissait avoir chaud, ils avaient même retiré leur manteau, alors pourquoi des frissons frappaient son dos ? Elle avait gardé le silence sur les premières centaines de mètres avalées, avait laissé ses pensées la bousculer et tout son être se décomposer avant d'articuler. Je suis trop triste, je n'arrive pas à m'en séparer, elle fit référence au sentiment qui faisait la majorité. Elle tenta d'inspirer, mais la prise d'air fut saccadée, comme si quelque chose était en train de tout bloquer.

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Boston and around, Massachusetts
afternoon, Sunday 29nd of September
surdité profonde – mention dettes   

Les casques délaissés pour qu'ils ne puissent les encombrer, Neo et Soo-min se retrouvèrent à marcher, à suivre la plus grande allée, au milieu des gens qui souriaient sans se forcer – et il y avait de quoi les envier, parce que les bords du sien ne cessaient de tomber malgré ses efforts pour les relever. Déjà quelques jours que ça avait changé, comme si sa marraine la bonne fée avait été soudainement kidnappée par une Maléfique transformée en banquier. Les couleurs de la vie grisées. Elle manquait d'air pour respirer, tétanisée face aux éléments qui s'étaient ajoutés, les nombres qui avaient encore grimpé depuis le jour où elle avait ouvert ce courrier. Le contraste trop difficile à accepter, elle finit par lâcher une part de détresse à l'homme à son côté. Tristesse expliquée par ce sentiment qui ne voulait plus la quitter. Et quand il fut question de poser un mot sur ce qui était en train de l'abîmer, elle peina à inspirer, gorge nouée, la poitrine impossible à soulever ; la culpabilité lui ordonnait de la fermer pour mieux s'ancrer. Les pas suivirent ceux de l'étudiant sans se demander où il pouvait l'emmener, bras davantage croisés sous ses poumons enclavés, le cœur qui finit par accélérer par peur que l'oxygène vienne à disparaître de son cycle tout entier. Ce fut avec le visage pâle qu'elle vint s'installer sur le banc trouvé, loin de la bonne humeur qui ne faisait que davantage l'attrister. Mains accrochées à la dernière planche de bois à avoir été fixée, elle tourna légèrement la tête vers les images signées. Elle ne put parler, la respiration toujours en peine, mais ce n'était pas un problème, elle s'exprimera dans la langue qui était aujourd'hui sienne. {Je pense que le Seigneur veut me faire comprendre que je dois oublier l'idée d'un jour me marier}, elle avoua ce qu'elle avait déduit de ce qui se passait, {il a décidé que j'aurais un accident pour qu'A.N.D.R.È.S veuille me quitter, puis il m'a faite tomber amoureuse d'un homme qui prévoit de s'en aller, et...} Les lèvres se mirent à trembler, la cerise sur le gâteau allait être déposée, véritable raison de l'état dans lequel elle se trouvait. {... Et les économies que j'avais mises de côté pour acheter ma robe de mariée sont allées rembourser une partie des dettes que mon père m'avait cachées}, elle signa d'une traite, aussitôt que ses mains furent prêtes. Fallait-il en dire plus quant à la date à laquelle il avait emprunté ? Neo pouvait le deviner. Il n'y avait eu qu'à une seule période où le restaurant avait été fermé. Des semaines durant alors qu'elle avait été hospitalisée, papa incapable de trouver la motivation de se lever, si ce n'était pour errer autour du bâtiment sans jamais avoir eu le courage d'y entrer. Je vais mettre dix ans à tout rembourser, elle renifla, puis hoqueta, je serai... je serai toute vieille et, et tou-toute moche et, et... et toute ridée, au-auc-aucun garçon n'osera m-me regarder. Encore moins l'épouser. Du revers de sa marche, elle vint essuyer les larmes qui s'étaient octroyées le droit de couler.

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Boston and around, Massachusetts
afternoon, Sunday 29nd of September
surdité profonde – mention dettes – norme culturelle – pensée noire 

La bouche trop occupée à essayer d'absorber de quoi permettre à ses poumons de se gonfler, cœur apeuré de ne plus pouvoir pomper un sang oxygéné, ce furent ses mains qui l'aidèrent à s'exprimer. Elle remerciait intérieurement toutes les personnes qui avaient appris à autrement communiquer, pour l'énergie que ça faisait économiser, pour ces cas précis où les cordes vocales étaient barrées, sur les frettes le capodastre positionné. Elle n'expliqua pas directement, tourna autour pour gagner du temps ; est-ce que lui en voudront ses parents ? Elle n'était même pas certaine que maman avait été mise au courant. La tristesse résidait-elle vraiment dans ce projet de mariage duquel on tentait de l'éloigner ? Peut-être bien. Parce que les pauvres filles qui n'avaient pas trouver leur brun étaient pointées du doigt par les vieux coréens, on parlait d'elles comme si elles ne valaient rien – quel déshonneur pour les siens. Mais il y avait surtout cette culpabilité qui venait la ronger, du fait de ces prêts qui avaient été contractés et qui peinaient à être remboursés. Son père avait joué le fier, à ne pas accepter l'aide de son  « frère », et voilà qu'il se retrouvait dans la misère. Restaurant fermé des semaines entières, le temps que s'estompe la galère, que la dépression se détache de ses affaires. Il avait été voir le banquier pour que sa femme puisse manger, pour que le loyer soit payé et qu'il puisse garder un toit sous lequel s'abriter, pour que les frais d'hôpitaux soient réglés à chaque fois qu'ils étaient facturés, parce qu'il était hors de question que sa fille ne puisse être soignée. Ça les avait plongés dans une situation compliquée de surendettement qu'elle n'aurait jamais soupçonnée et elle finit par craquer. Les larmes impossible à retenir tant elles étaient bombées d'eau salée, trop lourdes pour ne pas tomber ; ses pensées la concernant n'étaient pas très sympathiques. Ce fut le cousin qui éloigna les  « et si...  » merdiques. Bras qui finirent par l'entourer, son corps ne lutta pas lorsqu'il fut rapproché, sur lui elle put se reposer, partager la moitié du poids qui était en train de l'écraser. Neo renforça sa sécurité, comme pour parer l'attaque de ces chiffres qui s'étaient alignés, qui en trois jours s'étaient multipliés. Une ou deux minutes qui valèrent l'éternité, elle avait moins froid, il l'avait réchauffée. Il se recula quand ce fut assez, peut-être trop douloureux de son côté, et un petit sourire tremblotant répondit aux signes qu'il vint lui adresser. À moitié exprimée, la sincérité. Elle n'était vraiment pas certaine que ce jour finira par arriver, mais des mains de son cousin, le souhait qu'elle finisse par se marier valait un trésor tout entier. Acquiescements timides et désolés, dans cette mauvaise aventure devoir les embarquer. Remerciements qui seront signés avant que des doigts ne viennent la caresser. Joue humide qui reçut une tendresse impossible à estimer, trop rare pour qu'un prix puisse être étiqueté. Elle ferma les paupières et se laissa emporter, bouche entrouverte, le souffle de nouveau retrouvé. Elle ne put s'empêcher cette fois d'en redemander, tête poussée un peu de côté pour que le contact soit plus complet. Présence appréciée, prête à défaire la dernière boucle nouée. Je, laissa-t-elle en suspens, un court instant. Il fallait que ça sorte où elle continuera aveuglement de le penser. Caresse quémandée pour donner le courage de se confesser, elle finit par lâcher : je me dis que ça aurait été beaucoup plus simple si je ne m'étais pas réveillée. Si une deuxième chance ne lui avait pas été donnée. Peut-être qu'avec un tonneau de plus c'en aurait été terminé. Elle n'aurait pas bouleversé tant de vies à cause de son infirmité. Celle de ses parents en priorité, d'Andrès qui avait dû se sentir si impuissant face à toutes ces nouveautés, celle de Min-jae qui ne serait jamais tombé amoureux s'il ne s'était pas senti de prendre la responsabilité de la protéger d'un monde peu adapté, de Neo qui devait accepter de passer plus de temps à ses côtés, de dépasser des limites pour que son bien-être soit assuré, celle des filles qui s'obligeaient à choisir des activités plus appropriées. Elle faisait pitié ; les traits furent de nouveau tiraillés par la tristesse face à cette dure vérité.

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afternoon, Sunday 29nd of September
surdité profonde – mention dettes – pensée noire 

Sur la joue une douceur, que Soo-min vint davantage chercher sans peur. Côté du visage attiré, point d'appui, à ses yeux pas si petit, qui lui servit de béquille aussi. Suite à l'impression de sombrer, ça lui procura un sentiment de légèreté, de quelques poids qu'on l'aidait à porter. Elle profita que Neo veuille bien le lui donner, parce que ce n'était pas tous les jours que ça pouvait arriver. Le contact pas forcément apprécié. Bercée par la tendresse de son cousin, nouvel aveu qu'elle mit entre ses mains. Est-ce que ne pas échapper à l'accident aurait été bien, mieux pour les siens ? Elle y avait sérieusement réfléchit au moment où se fit le rapprochement, entre la date de sa mésaventure et le début des problèmes d'argent. Corrélation qui la peina plus que de raison, vie plus simple pour tout le monde si on avait barré de la Terre son prénom. Ce fut le bras de l'étudiant qui vint en réception. Corps basculé de côté, la tête vint se poser – s'écraser sur l'épaule du plus grand, juste un instant. Traits déformés par l'impression d'avoir tout fait foirer, que tout était en train de lui échapper. Répit qu'elle pensait avoir gagné, on ne cessait de vouloir la torturer ; est-ce qu'elle l'avait mérité ? Pour qu'elles raisons on décidait de s'acharner ? Ça paraissait s'accumuler depuis quelques années, où se trouvait la fin tant convoitée ? Puis la plus âgée fut lâchée pour lui permettre de signer, elle en profita pour essuyer les larmes qui avaient encore coulé contre sa volonté – elles prenaient une sacrée liberté. Mots pour contredire, expliquer qu'il n'y avait rien de vrai dans ses dires, que ç'aurait été pire. Mieux pour tout le monde qu'elle soit en vie, ça comprenait qui ? Ses parents, sa famille, ses amis ? Lui aussi ? Elle fut impressionnée par son discours rempli de maturité, comme s'il n' était plus le gamin qu'elle avait eu l'habitude de côtoyer. Il s'ouvrait indirectement sur l'affection qu'ils pouvaient partager, tout du moins c'était ce que c'était en train de lui renvoyer. Vrai ou non, elle ne voulait pas trop se poser la question. Ça faisait du bien, c'était une bonne raison. L'évocation de Min-jae fut peut-être un peu plus compliquée, parce que ça avait un peu capoté entre eux depuis la rentrée. Moins d'échanges de messages et de complicité, pas même un bonjour ou un bonne nuit en soirée, comme si ça prenait trop de temps d'offrir une petite pensée. Des semaines qu'elle avait eu l'impression que ça n'avait été bon que pour l'été, qu'elle s'était faite un peu bernée par l'un des hommes à qui elle donnaient sa confiance les yeux fermés ; il lui manquait ce mois de juillet, et ce mois d'août où la relation avait débuté. La veille, ils s'étaient parlés, il s'était excusé, à voire si ça allait s'améliorer. Elle ne voulut pas plus l'embêter, il avait déjà eu beaucoup à encaisser, alors elle accepta de se lover, le cœur complètement déchiré. Elle voulut s'agripper, à lui comme à un rocher, le roc sûr qui n'allait jamais la lâcher. Mais ce furent ses jambes qui se mirent à se plier, et ses bras décidèrent de les entourer – il lui accordait déjà le droit de se libérer de ses pensées, de s'alléger et de pleurer. Tu vas être trempé, voix basse, elle se permit de l'informer ; vérité annoncée, est-ce qu'une grimace osa le rider ? Un souffle rieur vint à s'échapper entre deux coulées de perles salées. Visage inondé. Tant pis, elle n'avait pas envie tout de suite de se retirer. Parfois, pour atteindre le bonheur qu'on osait se souhaiter, il fallait accepter d'être conduite d'un point A à un point B.

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