oneshot ─ Acred #3

« Aucune. » La réponse est sortie instantanément. Soit il dit vrai, soit il ment ; et même si les mots ne sont pas les mêmes, il y a des gestes et des regards qui ne trompent pas. On ne lui fait pas confiance. Plus confiance. Ou bien on ne lui a jamais fait confiance. Ace regarde devant lui quand il parle, la voix monotone, sans colère ni émotion quelconque. « Je ne le suis pas de base, et je fais pas confiance non plus. » Ils sortent de la casse, délaissant la carcasse de moto inutilisable, et Ace récupère son sac vide pour y fourrer sa batte. « Mais j'cherche pas à l'être. » Le sac est repoussé avec force sur le torse de Redd pour qu'il y range sa batte à son tour. « Si tu sais pas c'que tu veux avec elle, j'te conseille juste de la fermer et faire profil bas. »

@Ace Chung -- pas équitable, l'échange. mais tu vas le relever, cette fois. probablement le noté, quelque part au fond du cervelet. pour ne rien oublier. toi qui confis, lui qui ne répond rien. tu comptes pas l'oublier, à gage de revanche, un soir, si l'besoin se présente. phalanges attrapent le sac, contre ton torse. des menaces ou un conseil ? histoire de savoir, sur quel pied danser, maintenant. la batte rangée à l'intérieur. son sac redonné, par la même intensité. pas l'ombre d'un agacement pourtant. juste l'froid, ici.  

La question est pertinente, en vrai, et Ace la comprend ; mais il n'a vraiment pas la tête à se prendre le chou pour des histoires de coeur. Il récupère le sac, indifférent à l'intensité de l'échange, ou même à l'état émotionnel de son pote ─ trop détaché, trop renfermé. Borderline glacial. « Tu le prends comme tu veux. » Il balance son sac dans son dos, le regard se détournant pour observer la rue. « S'tu l'vois comme un conseil, c'est qu't'es moins lâche que c'que tu penses. Et si tu l'prends comme une menace, c'est qu'tu sais que tu vas merder en beauté. » Puis un nouveau regard vers lui. « Dans les deux cas, je m'en branle complet de la finalité. »

@Ace Chung -- t'as fait ce que t'avais à faire, ici. pas l'envie de parler plus, lui non plus. ace. pierre tombale sur pieds, en face de toi. quand toi, tu fais des efforts. au fond, t'en as rien à foutre de ce qu'il a chung. pas ce qui t'intéresse. qu'est ce qui t'intéresse ? cool. pas la peine des fioritures. pulsions malmenées, loin d'être assouvies. capuche du sweat montée sur ta tête. haut de crane couvert. les mains dans les poches. direction opposée, pour retrouver tes quartiers. juste retrouver ton chien après t'perdre en chemin dans la pénombre du soir.

Cool. Ace ne le sait pas encore, qu'il est désolé de traiter Redd de cette façon. Il réalisera plus tard. Il le regarde s'éloigner, mais la confiance est brisé. L'homme à terre deux jours auparavant, qui revit une nouvelle fois le deuil, l'abandon et la trahison, regarde le dos s'éloigner. Mais il l'interpelle. « Redd. » Il attend juste qu'il se retourne un peu. « N'en profite pas pour me buter. » Il ne lui a jamais dit ces mots, avant ; et Ace se détourne pour partir de son côté à son tour, retrouver sa moto plus loin. Y'a plus de confiance, et il le démontre bien. Redd peut bousiller sa bécane au prochain check, et faire en sorte qu'il se plante. Et si Redd n'y a pas pensé, Ace, oui. Preuve qu'il s'attend à un coup en traître.

@Ace Chung -- le pas s'arrête, corps pivote à peine, tendre l'oreille. bout du nez dépasse de la capuche, sur le côté. les mots qui atteignent l'oreille à travers le tissu. pas de réponse. seulement le silence des pas qui s'écrasent le bitume. l'rire léger, perce tes lèvres. étonné même qui te le dises. tu l'savais qu'il te faisait confiance pour sa précieuse. jamais caché. et il n'a plus confiance ace. en toi. pas tes doigts pleins de cambouis. chung capable d'te demander de pas le buter, dans toute son honnêteté, avoue en même temps, sans s'en cacher qu'il va pourtant continuer de te la confier, sa vie. pas blessé qu'il te remette en doute. toi, qui le scande haut et fort, que t'as confiance en personne. pas le premier à jeter la pierre quand on te donne la même. juste étonné, qu'il te laisse la sienne, à l'aveugle, encore, malgré les mots.