how did it end? — kaze & micah.

Nola chez son papa et le Nirvana sous la supervision de mon nouveau manager, je peux enfin m’accorder une soirée à ne penser qu’à moi. Ou presque, puisque j’ai profité de cette solitude pour inviter Kaze à me rejoindre. Tout est prêt pour faire des pizzas maison, ce que je n’ai pas pris le temps de faire depuis une éternité alors qu’il n’y a rien de plus simple, mais ce n’est pas tant ce pourquoi je m’impatiente le plus. Ça fait un moment qu’on a pas partagé un moment tous les deux et la familiarité que je peux avoir avec lui me manque. Il n’y a ni amélioration ni dégression dans notre relation, seulement un petit train-train qui peine à changer de route. J’essaye, parfois, de nous faire dévier mais j’avoue que je n’y mets plus trop d'efforts dernièrement, trop occupée avec le Nirvana que je viens de racheter et la petite.  C’est à peine si j’ai pris le temps de le contacter dernièrement, et le policier n’a pas fait la démarche de venir vers moi non plus. La douche prise, j’enfile un t-shirt long/robe, plus confortable que réellement sexy, et commence à laver et découper les légumes pour garnir nos pizzas. Je laisse tout en plan lorsque la sonnette retentit dans l’appartement et l'accueille d’un large sourire. — Hey! Une main sur sa joue, j’écrase un baiser à la commissure de ses lèvres et ferme la porte derrière lui. — Comment tu vas? Je lui fais signe de me suivre et reprend le couteau en mains. — Tu manges des champignons? Que je sache si je continue à en couper ou si je m’arrête là. — Serre toi ce que tu veux dans le frigo. Il n’y a pas d’alcool mais il n’en prend jamais donc je ne lui fais pas remarquer.

Il n’y a pas vraiment d’attente particulière pour cette soirée, si ce n’est celle de partager une pizza tous les deux et finir sous les draps. La petite étant chez son papa, j’arriverai peut-être même à garder le policier à mes côtés jusqu’au petit matin, ce qui serait beaucoup mieux qu’un passage en coup de vent qui résume le plus souvent notre relation. Il n’y a rien, ici, qui puisse m’incriminer et donc pas d’inquiétude à avoir. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’il passe. Ça va, merci. Je réponds de manière tout-à-fait banale, sans entrer dans les petits tracas du quotidien que j’aurai sans doute l’occasion de mentionner au cours de la soirée. Si nous prenons le temps de parler. T’aurais du me le dire ! Je dis, une moue désolée aux lèvres, avant de désigner le paquet de Pepperoni du menton. Ce n’est pas la première chose que je mets sur une pizza, mais c’est un classique et heureusement, j’ai prévu le coup. Je veux bien un coca zéro. Les canettes sont dans le bac du fond. Un gin aurait tout aussi bien fait l’affaire mais j’ai pris le pli de ne pas boire en sa compagnie, bien que Kaze n’ai jamais fait de remarques à ce sujet. J’ai observé, déduis, et la vérité est que l'alcool n’est pas un besoin, un coca me fait parfois tout autant si ce n’est plus plaisir. Je bois bien assez après mes services, quand je prends un verre - ou dix - avec le personnel ou que je sors après ma nuit. Ça fait un bail. Quoi de neuf ? Je lui demande, tout en installant la pâte à pizza sur le plan de travail. Elle est faite maison, il n’y a plus qu’à mettre ce que tu veux dessus. Je n’en avais pas fait depuis un bout de même, alors qu’il n’y a rien de plus simple - ou de meilleur.

Il m’arrive souvent de me questionner sur l’avenir de notre relation, si tant est qu’il y en ait un, mais j’en arrive toujours à la même conclusion: ça n'a pas d’importance. Je ne vis pas pour le passé ou pour le futur mais pour le présent, et si j’aimerais parfois constater que les choses avancent un petit peu entre nous, j’arrive à profiter des moments qu’on partage sans trop en attendre. Je ne sais de toute façon pas où je trouverais le temps pour une relation entre la petite, le club et mes petites affaires personnelles, mais ça ne veut pas dire que je n’y arriverais pas, si l’opportunité se présentait. C’est vrai. Même si honnêtement, je ne retiens pas forcément ce qu’il prend sur ses pizzas d’habitude. Merci. J’ouvre la canette de coca et même si l’on m’a dit mille fois de ne pas boire à la canette, je la porte à mes lèvre pour en prendre une longue gorgée avant de la posé sur le meuble. Je rassemble quelques ingrédients tout en l’écoutant et l’observe avec un sourcil arqué. Quel genre de fantaisies ? Tu deviens hors la loi ? Je ne le questionne jamais trop sur son boulot, de peur qu’il en fasse de même en retour. Ce sont des pans de notres vies qu’on mentionne en surface, sans jamais entrer dans les détails, mais peut-être que Kaze n’est pas aussi droit dans ses bottes que je ne le pense. Je pose un bol de sauce tomate, qui a eu le temps de mijoter cette après-midi devant nous et lui lance un regard désinvolte. Kaze, je t’aime beaucoup mais tu rêves pour que je partage ma pizza. Je ne suis pas de ces filles sans la moindre forme qui compte les calories, moins encore quand il s‘agit de cuisine italienne. Mais tu peux t’inspirer de la mienne si t’es en manque d’imagination. Bien que je ne compte rien faire de spécial, si ce n’est mettre tout ce qui me passe sous la main dessus afin qu’elle soit bien garnie. Et sinon, ça va. Je regrette un peu le temps ou je pouvais proposer de faire des heures en plus pour couvrir un malade mais rentrer chez moi si j’avais des plans. Maintenant, c’est ma responsabilité. Et quand personne n’est disponible, je n’ai d’autre choix que de crier à l’aide pour que quelqu’un garde la petite afin de rester et aider. C’est devenu mon business, mon devoir, et si beaucoup de côtés me plaisent, je regrette parfois ma décision de devenir propriétaire des lieux.

Ça fait un bail qu’on ne s’est pas vu, raison pour laquelle je l’ai invité ce soir, et j’avoue que je suis partie du principe que nos vies étaient tout simplement trop chargées pour trouver du temps l’un pour l’autre. Ce n’est pas juste Kaze, je n’ai plus vu personne ces derniers mois ce qui commence à me peser. Le boulot, la vie de maman, tout ça me plait et fait partie intégrante de qui je suis aujourd’hui mais j’en viens à m’oublier dans l’histoire. Je réalise lorsque le policier se confie sur une mission que ce n’était pas du tout son cas. Il n’a pas disparu parce qu’il avait mieux à faire, il a frôlé la mort sans même que je n'en ai le moindre soupçon. Mon corps se fige et je dois me rappeler de respirer, arrêtant de décorer ma pizza pour me tourner vers lui et le détailler. C’est bête de vérifier qu’il va bien, alors que je ne me doutais de rien il y a trente secondes mais je ne peux pas m'en empêcher.  Putain… Je murmure, attrape un torchon pour m’essuyer les mains avant de les poser sur chacune de ses joues. J’aurais du prendre de tes nouvelles, je suis désolée. Non pas que je pouvais le deviner mais c’est ce qu’on fait pour les gens qui comptent, non ? Kaze ne devrait pas avoir frôlé la mort sans que j’en sache quoi que ce soit. Je note que Thea, qui était sans aucun doute au courant, ne me l’a pas fait savoir non plus mais ça reste entièrement ma faute. Celle de Kaze, un peu aussi, qui n’a pas souhaité m’en informer.  Comment tu vas aujourd’hui ? T’as des séquelles ? Enfin si tu as été blessé ? Car il a pu frôler la mort d’un point de vue circonstance plutôt que factuellement, je saute à la pire des conclusions sans savoir.
Ne juge pas. Je le mets en garde, l’une de mes mains quittant sa joue pour dresser un doigt vers lui, comme si je le grondais. Kaze plaisante sur nos pizzas mais le cœur n’y est plus. Il a faillit y passer. Ça tourne en boucle, alors que je suis là à me plaindre de faire trop d’heures.
Difficilement, mais oui. On s’est rapprochés avec son père, il m’aide beaucoup. Je peux vraiment compter sur lui, même s'il a aussi une vie bien remplie et des horaires compliqués. Je ne m’y attendais pas le moins du monde, lorsqu’il est apparu dans la vie de Nola il y a un peu plus d’un an, mais Kitt est vraiment devenu un pilier dans sa vie. Il a la place que tout père devrait avoir, alors que je m’étais convaincu que ce rôle serait à jamais libre dans la vie de notre fille.