Superhero on a motorbike - Bibix

J'me promène depuis plusieurs heures dans les rues de Boston. Ma moto pour seule compagnie, je visite cette ville que je connais si peu. Je suis arrivé ici depuis peu de temps et la seule chose que je connais réellement, c'est le circuit de mon géniteur. Lorsque je suis sur ma moto, j'ai l'impression d'être libre et inarrêtable. Je passe au recoin d'une rue que je trouve particulièrement sombre, elle m'interpelle limite. Encore plus quand j'aperçois deux masses assez importantes au fond, qui transmettent directement des émotions malsaines, négatives. Je remarque au loin une jeune femme contre un mur. Je tourne violemment mon guidon, pour prendre la direction de cette ruelle à vive allure. Je freine devant eux, posant mon pied à terre. Je tire la jeune femme contre moi pour qu'elle s'installe sur la scelle, juste derrière moi. En quelques secondes je repars aussi vite. Je passe à la trappe de ses deux mecs vachement balaises. Quelle idée que de se frotter à ses deux mecs baraqués. J'accélère, puis m'arrêtes au coin d'une rue, une fois assez loin d'eux. J'enlève enfin mon casque. Toujours dos à cette fille, cette inconnue. Je souffle en éteignant le moteur de mon compagnon. Putain, ça va ? Je me tourne enfin vers elle, et l'observe vraiment pour la première fois.

« Tss. » Cernée, coincée près du mur dans un cul de sac. C'est ce qui se passe quand tu ouvres trop grand la gueule pour aboyer des mots et que t'es pas à ton avantage. T'as pas de quoi te défendre convenablement, et si l'un a une belle marque rouge sur la joue, c'est pas ça qui va l'arrêter et tu le sais. T'as le regard sévère et tu gardes la tête haute par fierté, et t'es prête à mordre, griffer, frapper, trier, rage comme la plus violente des hyènes si l'un d'eux te touche ; mais ils ont pas le temps. Parce que pile en face, y'a une moto qui déboule et t'éblouies, l'espace de quelques secondes, forçant tes deux agresseurs à s'écarte. Puis t'es pas sûre, on t'attrape, te guide sur la place arrière et t'y prends place, avant que d'un coup, tu ne sois contrainte de t'accrocher à cet inconnu pour ne pas tomber. T'as les yeux fermés au départ, un peu tendue, pas habituée à la vitesse et la moto ; mais rapidement, ça va mieux. Tu regardes derrière toi, les cheveux fouettant le visage, et tu remarques que t'es déjà loin des deux autres. Malgré le soulagement, t'as quand même des questions.
Puis la moto s'arrête, et tu retires rapidement tes mains de l'inconnu, avant de froncer les sourcils, méfiante. Ton sauveur retire son casque et te demande si ça va, et tu devrais exprimer ta gratitude, n'est-ce pas ? Mais non, Bibi. T'as une fierté mal placé, un égo bien trop grand, et un énorme biais. Ton corps recule légèrement, un mécanisme automatique, et tu grimaces en le regardant. Colère ? Frustration ? Confusion ? Il allait galérer à comprendre avec cette tête. Alors rapidement, tu glisses hors de la moto et tu croises les bras, menton levé. « J'ai pas demandé ton aide. » Mais faut pas être devin pour savoir que t'en avais eu besoin ; l'écorchure à ton genou, dont le collant noir est déchiré, est bien témoin du fait qu'on t'a brusquée.

Je regarde en coin la fille. Elle se lève, se pointe devant moi les bras croisés, menton élevé vers mon visage. Elle me fixe de haut. Je ricane en posant mon casque entre mes deux cuisses, toujours posé sur ma moto. Je baisse la tête en rigolant. Un plaisir de t'avoir aidé. J'remet mon casque sur ma tête avant d'ouvrir la visière. Je pointe son genoux, collant complètement déchiré avant de lever le pouce. Je lui signifie que je l'ai vu, compris et que c'est clair : à mes yeux elle avait aucunement besoin d'aide. Au mieux ils l'auraient fracassé au pire j'veux même pas imaginer. Mais finalement j'attends pas de remerciements je m'en cogne. J'enlève la béquille de ma moto d'un coup de talon droit, avant d'faire vibrer le moteur. Bon du coup, la grande fille va se démerder pour rentrer chez elle. J'fais vibrer et avancer légèrement ma moto.

Il est sarcastique, et t'aimes pas ça. Le fait que tu sois farouche et agressive t'as déjà valu des emmerdes dans la soirée, mais puisque ce gars t'a aidé, il ne te fera probablement pas le même coup, si ? Et pourquoi pas ? Ta méfiance est tenace contre eux. Tous. Ton air se renfrogne alors que tes bras fermés sur son corps continuent de trahir ta position défensive. « Mais je t'en prie. Je n'ai pas besoin de la pitié et de la fausse bienveillance d'un homme. T'espérais quoi, un bisou de remerciement ? » T'es sarcastique et tu grimaces à ces mots. T'aimerais bien partir en vrai, tourner les talons et t'enfuir, juste retourner chez toi en soupirant et préparer une vengeance contre les deux qui t'ont agressée ; mais cet inconnu te bloque la route, et tu veux pas lui tourner le dos. Tu veux pas ne pas le voir venir. « N'espère même pas un merci de ma part. » La tension de son corps est encore trop visible et palpable ; l'agression ne t'a pas laissée intacte, malgré tes grands airs. T'es juste... sur la défensive.

L'cul posé sur ma bécane. J'soupire, visière ouverte. J'la regarde de haut en bas et les émotions qui émanent d'elle sont négatives. J'ai déjà vécu des agressions et je sais pertinemment que ça ne laisse jamais personne tranquille. Arrêtes avec ton air sarcastique. Je m'en cogne de tes remerciements. Poses ton cul sur la bécane, je te ramène juste chez toi. Mon air est nonchalant, froid. Je m'en fou de ses paroles elle ne m'atteint pas. Rien ne m'atteint en réalité. Il m'en faut tellement plus. J'ai juste une conscience qui ne veut pas être entaché par la mort d'une nana. J'relève la tête vers elle, elle a intérêt à vite se décider je déteste attendre. Remercie les cieux de t'avoir laissé en vie, autant de temps, vu comment tu parles mal. Mes bras collés à mon torse à mon tour. j'tiens la bécane sur la pointe des pieds, habitué à gérer ma moto comme un chef.

Tu le fixes, tu détournes pas ton regard, tant par défi que par prudence ─ et t'aimes pas son ton autoritaire. Il est qui pour te donner des ordres, ce gars ? Tu hausses un sourcil, la grimace hautaine te faisant même relever le nez un instant, avant qu'il ne te provoques sur ta langue de vipère. Là, tu claques la langue contre ton palais et tu roules des yeux, détournant ensuite le visage en direction de la grande avenue en bout de rue. T'es loin de la demeure de Donna Marzia, en vrai. Y aller à pied te ferait une sacrée trotte. Mais t'es quand même dérangée par ses mots, alors tu fais deux pas dans sa direction, les bras toujours croisés, et tu plantes ton regard dans le sien. « Peut-être que c'est une conséquence de la vie, justement, signor supereroe. » Sarcastique comme toujours, pour autant, tu te replaces derrière lui sans prévenir, mais tu ne te tiens pas à lui ; plutôt marcher des kilomètres en talons aiguilles que le toucher. tes mains s'agrippent au siège, sur les poignets, et tu gardes cet air courroucé sur le visage, légèrement penchée pour lui balancer des mots qu'il entendra sans peine. « Le musée de Beaux-Arts de Boston fera l'affaire. » Ni merci, ni merde. Il t'a dit qu'il te raccompagnait, pas que tu devais lui flatter l'égo. C'est juste ton taxi.

Je la laisse enchaîner sa p’tite comédia del Arte, qui ne m’touche guère. Je lâche aucun mots. Mon visage reste de marbre comme toujours, aucune émotion ne me trahie. J’ai appris depuis si longtemps à ne rien montrer bordel. J’garde mes bras croisés sur mon torse. Elle termine derrière moi, m’indique une adresse. J’accélère d’un seul coup avant de freiner cinq secondes après. Sourire aux lippes de mon p’tit manège. J’suis peut-être son taxi, mais j’ai sa vie dans mes mains et j’adore savoir ça. Aussi psychopathe que cela puisse paraître. Finalement on est peut-être pas si différents. J’réaccélère, prenant la route. J’slalome entre les voitures, grille quelques feux rouges. Je compte pas passer ma nuit à lui faire le tour d’la ville. Mon bonté finira par m’buter. Une fois devant le musée de beaux-arts, j’me gare tranquille sans même m’retourner vers elle.

Tu l'regardes, et tu te méfies de lui comme de la peste ; et il te donne raison quand il accélère subitement et que tu retiens des jurons, avant de freiner brutalement juste après, tes cheveux valsant vers l'avant. La surprise passé, tu t'apprêtes à l'insulter de tous les noms d'oiseaux imaginables mais il accélère à nouveau ; et ton corps repart encore un peu vers l'arrière, alors que tu contrebalances par réflexe et tes mains s'agrippent subitement à sa veste pour ne pas te casser la gueule. Tu serres les dents, l'adrénaline trouvant subitement place dans ton coeur qui panique un peu avec le changement de vitesse brutal. Et tristement, t'en profites même pas. T'es trop furax, trop énervée contre ce gars, alors dès qu'il s'arrête, tu bondis un peu maladroitement hors du véhicule, et tu pestifères. « Toi ! Je vais te maudire, tu m'entends ? » Le doigt pointé sur lui, la colère dans la rétine malgré la peur qu'il t'avait filée. « Ça t'amuse ? T'as pris ton pied à jouer avec ma vie ? Complètement détraqué ! C'est parce que j'ai froissé ton pitoyable égo ? Parce que t'as pas aimé la façon dont je t'ai répondu ? Bouh-ouh ! » Tu mimes de tes poings quelqu'un qui pleure. « Tous les mêmes, irrécupérables. » Mots sifflés entre tes dents serrées. T'as pas peur de lui, non ; mais t'as peur de ce qu'il t'a fait.

J'ai senti ses mains s'accrochaient finalement à ma veste quand j'ai démarré subitement. Ce serai mentir que de pas oser dire que ça m'a décroché un sourire plus qu'amusé. Une fois arrivé, elle descend en trombe de ma moto. Toujours le cul posé dessus. Je l'entends me dire qu'elle souhaite me maudire. Je fais une mine choquée, visière ouverte. Je me pointe du doigt en mimant un visage apeuré. Non, sabrina la petite sorcière veut me maudire ? Putain ma vie va être horrible. Ma main droite claque sur mon casque, au niveau front avant de secouer ma tête de droite à gauche. Je garde mon calme quand elle me fait une leçon de morale digne des meilleurs acteurs de Broadway. J'enclenche le moteur de ma moto, en faisant ronronner cette dernière, dès qu'elle dis un mot. Ce qui me permet de pas l'entendre, et de lui couper la parole toutes les deux secondes. Je ricane sous mon casque, un vrai plaisir que de la rendre folle. Même si elle a pas vraiment besoin de moi pour ça on dirait. Je finis par mettre mes deux pieds sur la moto, pour faire demi-tour de l'autre côté de la route. Assez loin d'elle, je lève ma visière. Je siffle, pour capter son attention. Et termine cette douce soirée par un doigt d'honneur majestueux avant d'accélérer en trombe pour m'barrer loin de la folle du village.

Il t'exaspère. Il t'énerve, t'irrites tellement ! Avec en plus le bruit insupportable de sa moto, tu l'assassines du regard, avant de finir par croiser les bras et te taire, lui adressant à la place un sourire salement forcé. Il ne perd rien pour attendre celui-là, et tu comptes bien lui faire payer, mais t'es patiente. Ça prendra le temps que ça prendre ; et quand il se barre, tu lui hurles des injures en italien, avec sa main tapant ton bras pour en rajouter une couche. « Testa di cazzo! Mangia merda e muori! » Mais il n'a sûrement rien entendu, ce gars. Et toi t'es là, plus très loin de chez toi, mais suffisamment loin pour que la zone soit floue si jamais on cherche ton habitat. Tu vois le gars te faire un doigt d'honneur au loin, et tu grimaces juste en roulant des yeux, avant de tourner les talons et t'éloigner, non sans pester et jurer que la prochaine fois que tu le vois, ce sera lui qui sera à terre, devant toi.

Trad: