A troubled story (Owen& Freya)

Le centre commercial, Owen, n'aimait pas spécialement y aller. Notre ami n'avait jamais été particulièrement riche, bien au contraire et, ce genre d'endroit était pavé de tentations dont il préférait ne pas s'approcher. Le nombre de magasins que recelait cet endroit était faramineux, suffisamment pour faire perdre la tête à quiconque. De mauvaises langues auraient pu pointer du doigt l'engouement démesuré de jeunes femmes pour cet endroit, où, disait-on, elles pouvaient changer de garde-robe en un seul instant. Malgré tout, depuis peu, l'endroit lui avait offert d'agréables souvenirs, en charmante compagnie, aux côtés de Clea. Une demoiselle au regard envoûtant, avec qui il avait rapidement sympathisé grâce à une application de rencontre. Une journée passée des plus agréables et mémorable, malgré un stress constant, à deux doigts de la panique, titillé par l'envie de fuir, loin de cet endroit. De son côté, la demoiselle ne s'était pas gênée pour le taquiner, avec douceur, ne pouvant s'empêcher de remarquer sa timidité et sa maladresse en sa présence. Là où, certaines, auraient pu jouer de cela, elle se contentait de s'en amuser, bon enfant. Des boutiques ensemble, une glace et un dessin. Cette joie et ces battements de cœurs ne purent cependant l'éloigner bien longtemps du souvenir de Freya. Une blondinette, ravissante, avec qui il avait eu la … Chance de partager une année de sa vie. La fin fut cruelle, désastreuse, humiliante et meurtrière, mais, malgré tout, cela n'enlevait pas les bons souvenirs en sa présence. Certes, la voir dans les bras de cet autre homme lui avait brisé le cœur et lui avait arraché une part de son âme. Certes, découvrir que si elle s'était mise avec lui, c'était pour emmerder son paternel, mais … Malgré tout, Owen avait passé une année merveilleuse. Sentiment qui semblait ne pas avoir été partagé par la jeune femme. Après tout, comment aurait-il pu lui convenir ? Comment avait-elle pu tenir aussi longtemps en sa compagnie ? Lui … Lui, n'avait jamais rien à lui offrir, il n'avait jamais eu de grandes qualités à partager alors, avec le recul … Oui, elle ne pouvait que partir pour quelqu'un d'autre. Malgré tout, notre ami aurait préféré que cela se fasse de manière un peu plus … Comment dire ? Propre ? Qu'elle lui annonce, une pointe de tristesse dans la voix, que tout était fini ; peut-être même une petite culpabilité, aussi ? Qui sait ? Peut-être l'aurait-il mieux vécu.

Ainsi, c'est avec un cœur mitigé que le jeune homme arpentait les allées de l'endroit, se remémorant les bons souvenirs, avant que la mélancolie ne vienne à l'envahir de nouveau. Une raison supplémentaire de ne pas vraiment mettre les pieds ici. Pourquoi était-il présent, me direz-vous ? Parce que, malheureusement, il avait besoin de crayons et de marqueurs que l'on ne trouvait que dans un seul magasin, ici, dans ce centre, au dernier étage. Ironique, n'est-ce pas, que de l'obliger à revenir, ici, pour entretenir la seule chose qui l'animait réellement ? Seule chose qui, certainement, avait poussé la blondinette à le choisir, lui. Pouvait-il y avoir pire profil, à présenter à un père fortuné ? Certainement pas.

Ainsi, ce jour-là, le jeune homme était déterminé pour passer le moins de temps possible dans cet endroit. Un peu pour ne pas être tenté par d'éventuels achats compulsifs, mais aussi pour ne pas être submergé par des souvenirs qui le mettraient à mal pour le reste de la semaine, voire même du mois suivant. La chance sembla lui sourire, en voyant l'ascenseur vide, prêt à partir. Accélérant le pas, l'étudiant finit par l'avoir, ne pouvant s'empêcher d'avoir une agréable sensation de nostalgie, sans réellement savoir pourquoi. Des images de Freya, souriante, gracieuse et charmante, lui revinrent en tête, ce qui lui tira un sourire idiot, un instant, avant de se rendre compte du pourquoi du comment. Elle était là, elle aussi, dans cet ascenseur. Était-ce son parfum ? Ou simplement sa présence qu'il avait comme sentie, avant même d'arriver ? Le jeune homme n'aurait su l'expliquer, mais, l'idée même de rester là le fit paniquer. Malheureusement pour lui, son ex-copine avait vu le coup de venir, fermant les portes avant de bloquer l'ascenseur, ce qui le fit longuement soupirer, dépité. Les mots de son interlocutrice lui tirèrent un petit rire, léger et amusé. « C'est ... » Il se retourna, un sourire taquin sur les lèvres. « Ça rendrait certainement l'annonce de la mort plus agréable, pour certains. » Un ricanement, éphémère, dans un souffle, avant de se frotter nerveusement la base de son crâne. « Je … » Un long soupir. « Je suis désolé. Je ... » Une légère grimace, le regard fuyant. « C'est juste que, tout ça, là. » Qu'il ponctua d'un index faisant des va-et-viens entre eux. « Ça n'a pas encore vraiment cicatrisé. C'est … C'est toujours un peu … Tu sais, le bordel dans ma tête, je … Je voulais pas rajouter une couche à tout ça. » Le visage dépité et triste. « Je ... » Une profonde inspiration. « Je sais que … C'était … C'était pour embêter ton père et ... » Un froncement de nez violent. « Je l'ai appris, oui, mais c'est ... » Un sourire mélancolique, le regard fuyant. « Je me disais que peut-être ça … Ça pourrait changer et … » Un long soupir. « J'ai été naïf, je … J'ai juste pas été à la hauteur et … Et voilà. Il … Il n'y a rien à rajouter à tout ça. » Son cœur continuait à se serrer, tandis que le reste de son âme semblait vouloir s'échapper de son enveloppe. Son regard semblait abattu et, bien sûr, on aurait pu croire que le jeune homme tentait de se recroqueviller sur lui-même, comme s'il espérait s'enfuir de cette situation, d'une manière ou d'une autre.